La maison d'Harcourt est une famille subsistante de la noblesse française, d'extraction féodale, originaire de Normandie. Sa filiation est prouvée et suivie depuis 1094[1], ce qui fait d'elle l'une des plus anciennes familles françaises subsistantes. Elle a formé vers 1100 deux lignées qui se sont perpétuées séparément, en France et en Angleterre. La lignée française a notamment produit la tige de Bonnétable, qui s'est scindée dès 1407 en deux branches aujourd'hui seules subsistantes: la branche aînée d'Olonde, dont le chef est marquis d'Harcourt depuis 1817, et la branche cadette de Beuvron, dont le chef est duc d'Harcourt depuis 1700[2],[3],[4],[5].
Lorsque le chef vikingRollon obtint en 911, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, les territoires qui allaient constituer le duché de Normandie, il distribua lui-même des domaines à ses principaux fidèles qui l'accompagnaient dans ses expéditions contre les Anglais et les Neustriens. Des terres considérables, et notamment la seigneurie d’Harcourt, près de Brionne, auraient été attribuées pour prix de ses exploits à Bernard le Danois, régent du duché de Normandie en 942.
La tradition familiale fait de Bernard le Danois l'auteur de la maison d'Harcourt, mais la filiation des premiers seigneurs d'Harcourt n'est que supposée, faute de preuves écrites originales. Éric Mension-Rigau écrit qu'elle fut reconnue par LouisXIV lors de l'érection du marquisat de Harcourt en duché en 1701 mais qu'il n'existe pas de preuves de filiation[6]:
Torf, baron de Tourville, fils de Bernard le Danois et de Sprote, princesse de Bourgogne;
Turquetil (ou Turchetil[7])[note 1], fils de Torf et d'Ertemberge de Brioquibec (Bricquebec). Il fut gouverneur de Guillaume le Conquérant durant sa minorité. Il aurait vécu d'environ 960 jusqu'au milieu des années 1020, et il apparaît en 1002 dans une donation à l'abbaye de Fécamp[7],[note 2];
Anquetil d'Harcourt, fils de Turquetil et d'Anceline de Montfort-sur-Risle, est le premier seigneur d’Harcourt connu sous ce nom. Il épousa Ève de Boissey;
Yves d'Harcourt, mort après 1166, s'est implanté en Angleterre au début du XIIesiècle. Sa descendance forma plusieurs branches, dont seule subsiste la branche d'Ankerwycke.
Seigneurs de Wytham, puis de Stanton, puis vicomtes et comtes Harcourt (éteints en 1830)
Branche d’Ankerwycke
Branche de Pendley (éteinte en 1846)
Seigneurs de Ranton
Comtes Harcourt
La branche aînée des Harcourt anglais obtint la pairie, sous les titres successifs de baron, vicomte, et comte. Cette branche des comte Harcourt(en) de Stanton-Harcourt s'éteignit avec la mort du maréchal William Harcourt, 3ecomte Harcourt, en 1830.
Philip Harcourt (c.1635-1688), seigneur de Stanton-Harcourt, eut pour fils:
Simon Harcourt (1661-1727), 1erbaron Harcourt (1711) et vicomte Harcourt (1721), garde des Sceaux (1710-1713) et lord grand chancelier d'Angleterre (1713-1714), dont:
Simon Harcourt (1684-1720), membre du Parlement, dont:
Simon Harcourt (1714-1777), 2evicomte Harcourt et 1ercomte Harcourt (1749), ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris (1768-72), Lord Lieutenant d'Irlande (1772-77), gouverneur du Prince de Galles, futur GeorgeIII (1751-52), dont:
La descendance de JeanIer d'Harcourt produisit notamment la tige de Bonnétable, qui se scinda en deux branches, la branche d'Olonde et la branche de Beuvron (plus tard ducs d'Harcourt), toutes deux subsistantes.
Dans la branche d'Olonde, le marquis Georges d’Harcourt-Olonde (1808-1883) fut également ambassadeur à Londres et à Vienne. Les d'Harcourt barons d'Olonde devinrent marquis d'Harcourt avec Guillaume d'Harcourt († 1745), et l'un de ses arrière-arrière-arrière-petit-fils, Victor-Amédée-Constant d'Harcourt (1848-1935) a fondé la branche des actuels comtes d'Harcourt.
Comme ce fut le cas pour de nombreux seigneurs normands, les importantes possessions des d'Harcourt en Angleterre et en France les mirent dans une position difficile pendant les conflits entre Capétiens et Plantagenêts. Dans ce contexte, la famille d’Harcourt joua son propre jeu: se rendre indépendants à la fois des rois de France et des rois d'Angleterre; aussi, après la conquête de la Normandie par Philippe Auguste en 1204, les d'Harcourt furent les chefs habituels des mouvements féodaux normands dirigés contre le roi de France. Mais en avril 1356, le roi Jean le Bon fit exécuter Jean V d'Harcourt, proche de Charles II de Navarre .
Après la mort sans postérité de William Harcourt en 1830, 3e et dernier comte Harcourt, son cousin Edward Venables-Vernon-Harcourt, archevêque d'York, hérita du majorat et prit le nom et les armes de la maison anglaise Harcourt, par autorisation royale du . La famille des Venables-Vernon-Harcourt est ainsi créée, descendant des Harcourt par voie féminine, et subsiste encore aujourd'hui. Sa branche aînée accéda à la pairie en 1917, mais le titre de vicomte Harcourt s'est éteint en 1979 avec la mort du second vicomte Harcourt.
Henry d'Harcourt (1654-1718), 1erduc d'Harcourt (branche de Beuvron), membre du conseil de Régence (1715), désigné par LouisXIV dans son testament pour être gouverneur du Dauphin (futur LouisXV) à la suite du maréchal de Villeroy, ambassadeur extraordinaire à Madrid (1697-1699 et 1700-1701), contribua à l'installation des Bourbons sur le trône d'Espagne
Robert d'Harcourt, de l'Académie française, auteur de L'Évangile de la force (1936), un des premiers livres à dénoncer les dangers du nazisme, et ses fils, Anne-Pierre d'Harcourt (1913-1981), auteur de The Real Enemy, et Charles d'Harcourt (1921-1992), tous deux déportés à Buchenwald
Amaury d'Harcourt (1925-2018), vicomte, chargé des chasses présidentielles de Chambord (1974-1981), condamné en 2008 pour complicité d'assassinat dans l'affaire Bissonnet[10].
Écartelé: 1er et 4e, d'Harcourt; au 2e, de sable[15] au sautoir d'argent, cantonné de quatre aigles du même (Saint-Ouen de Beauval); au 3e, de gueules à trois chevron d'argent (de Warignies, seigneurs de Blainville).
Écartelé: aux 1er et 4e de gueules à deux bandes d'or (qui est d'Harcourt), au 2e d'azur semé de fleurs de lys d'or à un lambel à trois pendants de gueules, chaque pendant chargé en pal de trois châteaux d'or (qui est d'Artois), au 3e bandé d'azur et d'or à la bordure de gueules (qui est de Bellême-Ponthieu), et sur le tout parti au 1 de gueules à un écusson d'argent accompagné en orle de huit angemmes d'or, (qui est de Tancarville), au 2 d'azur à sept besants d'or 3, 3, 1 et un chef d'or (qui est de Melun).[16]
Saint Louis, afin d'éviter l'accroissement du fief de Saint-Sauveur, en donna une partie à un des puînés, Raoul, qui reçut les domaines de Carentan et Auvers[7]
«Duché d'Harcourt (p. 114-124) et Maison d'Harcourt (p. 124-161)», sur Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, t. V, par les Pères Anselme, Ange et Simplicien, et Honoré Caille du Fourny, à la Compagnie des Libraires associés, à Paris, 1730
«Maison d'Harcourt, p. 282-323», sur Dictionnaire de la Noblesse, t. X, par François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois et Jacques Badier, chez Schlesinger Frères, à Paris, 1866
Université Inter-Âges de Basse-Normandie - Antenne de Cherbourg (préf.Rodolphe de Mons), Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214p. (ISBN2-85480-543-7), p.50.
On trouve aussi pour la famille de Saint-Ouen de BeauvalD'azur, au sautoir d'argent, cantonné de quatre aigles du même. Source: Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t.1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887
Gilles-André de La Roque, Histoire généalogique de la maison de Harcourt, Paris, Sébastien Cramoisy, 4vol. in-fo, 1662 Tome ITome IITome IIITome IV
La Chenaye Desbois, Dictionnaire de la noblesse de France, 3eéd., tome 10, Paris, Schlesinger, 1863-1876
Dom Lenoir, Preuves généalogiques et historiques de la Maison d'Harcourt, publiées par M.le marquis d'Harcourt, Paris, Champion, 1907, XLIX-343-74p.;
Revue Art de Basse-Normandie no78, La Famille d'Harcourt, histoire, iconographie, 1979, 68 pages, tableau généalogique dépliant;
Franck Marthaz, La famille de Harcourt à la fin du Moyen Âge, XIVe-XVe, mémoire de DEA, Université de Rouen, 1994;
Georges Martin, Histoire et Généalogie de la Maison d'Harcourt, 3eéd. en 2vol. in-8o, Lyon, l'auteur, 2013;
Romain Auguste Laurent Pezet Les barons de Creully, Bayeux, St.-Ange Duvant, 1854
Dictionnaire de biographie française, 1989
Dictionnaire des parlementaires français
André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll.«Inédits et introuvables du patrimoine Normand», , 319p. (ISBN978-2-91454-196-1), p.64-65
Fonds d'archives
Les papiers de la famille d'Harcourt (branche marquisale) sont conservés aux Archives nationales sous la cote 380AP[1]. Ils sont consultables sous forme de microfilms.