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anthropologue, pédagogue, poète et fabuliste De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Louis-François Jauffret, pionnier de l'anthropologie, pédagogue novateur, moraliste, fabuliste, est né à La Roquebrussanne (Var) le et mort à Marseille le . Frère de Gaspard-André Jauffret, évêque de Metz, de Jean-Baptiste Jauffret, directeur de l'institution impériale des sourds-muets de Saint-Pétersbourg et de Joseph Jauffret, maître des requêtes au conseil d'état.
Louis-François Jauffret | |
Louis-François Jauffret[1] | |
Fonctions | |
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Fondateur de la Gazette des Nouveaux Tribunaux | |
– (2 ans) |
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Secrétaire de la Société nationale des Neuf Sœurs | |
– (1 an) |
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Auteur jeunesse, conférencier en histoire naturelle de l’homme | |
– (11 ans) |
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Secrétaire perpétuel de la Société des observateurs de l’homme | |
– (5 ans) |
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Principal de collège, fabuliste | |
– (7 ans) |
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Secrétaire perpétuel de l’Académie de Marseille, bibliothécaire | |
– (23 ans) |
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Prédécesseur | Simon-Célestin Croze-Magnan |
Successeur | Paul Autran |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | La Roquebrussanne, Var |
Date de décès | (à 70 ans) |
Lieu de décès | Marseille |
Fratrie | Mgr André Jauffret, Jean-Baptiste Jauffret, Joseph Jauffret |
Conjoint | Dorothée de Ferry-Lacombe |
Profession | journaliste, pédagogue, fabuliste, moraliste, bibliothécaire |
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Issu d'une famille de notables de Provence (son père est notaire à La Roquebrussanne), Louis-François Jauffret fait ses études chez les Jésuites à Aix-en-Provence, puis chez les Oratoriens à Marseille, et enfin au collège Sainte-Barbe à Paris. Très précoce, muni d'une mémoire prodigieuse, il éveille tôt l'attention de ses professeurs. Il reçoit son brevet de bachelier le . Pendant le temps de ses études, le jeune Louis-François Jauffret est surveillé par son frère l'abbé Gaspard-André Jauffret (futur évêque de Metz), alors prêtre au Séminaire Saint-Sulpice (Paris).
Formé à l'Ancien Droit, il obtient un diplôme d'avocat en , et achète une charge au Parlement de Paris grâce au soutien de son oncle Jacques Gassier (avocat au Parlement d'Aix). À cette époque, Bochart de Saron, Premier Président au Parlement de Paris, le repère et le charge de la composition de ses discours[2]
L'abolition des parlements par les députés de la Constituante en le contraint à modifier ses projets. Comme beaucoup d'hommes de loi, il se tourne vers le journalisme. Avec Jean-Jacques Lenoir-Laroche, il devient rédacteur du journal de tendance royaliste modérée l'Assemblée nationale lancé par Perlet[3].
Un an plus tard, il fonde la Gazette des Nouveaux Tribunaux[4], principal recueil de jurisprudence sous la Révolution. Cet hebdomadaire, qui parait tous les lundis par cahiers de 32 pages au format in-8°, est une entreprise éditoriale collective rédigée, au-delà de Jauffret, par des hommes de lettres (Pierre-Auguste Miger), des journalistes (Jean Joseph Dussault) et des jurisconsultes (Auguste-Charles Guichard, Mathieu-Antoine Bouchard). La fréquentation des tribunaux le confronte à toutes les bassesses et tous les crimes dont est capable le genre humain. Philanthrope, il plaide notamment la cause des détenus qui attendent parfois depuis des mois (voire des années) leur jugement.
Louis-François Jauffret échappe à la journée du 10 août 1792 grâce à de puissants amis. À cette époque, il suit le "procès du siècle" et publie le premier une Histoire Impartiale du Procès de Louis XVI qui connaît un succès public.
Attiré par une carrière littéraire, Jauffret est introduit par le fabuliste Florian et l'abbé Sicard à la Société nationale des Neuf Sœurs, dont il devient le secrétaire en 1792 (jusqu’à sa dissolution fin 1793)[5]. Il participe également au Lycée des Arts. Dans ces sociétés, il se fait remarquer par des lectures de morceaux scientifiques et littéraires, et se lie avec de nombreux hommes de lettres et savants de son époque (Jussieu, Houdon, Lalande, l'abbé Grégoire, etc).
Devenu suspect pendant la terreur, il se réfugie à Orléans avec ses frères puis dans son village natal de La Roquebrussanne en Provence, où la réputation dont jouit sa famille le met hors de danger. Là, il épouse sa cousine Dorothée de Ferry-Lacombe.
Après la chute de Robespierre, il regagne Paris et publie des Romances historiques (1794-1795), tirées de faits divers réels, mises en musique par Méhul. Destinées à « consoler » des peines de la Terreur, et à « panser les plaies », elles connaissent un grand succès.
Dès 1791 Jauffret publie sur son temps libre un recueil d'idylles, Les charmes de l'enfance et les plaisirs de l'amour maternel, qui sera réédité cinq fois. Cet ouvrage, dans le genre de Gessner, annonce sa passion pour tout ce qui touche au développement de l’enfant, au lien filial, et plus généralement aux nouvelles méthodes éducatives fondées sur les principes de la nature.
En , il reprend la place laissée vacante par la mort de Berquin, et fonde le Courrier des enfants, puis le Courrier des adolescents. Chaque numéro de ces journaux contient "des anecdotes touchantes, de jolies histoires, des dialogues sur les merveilles de la nature, de petits drames dont les acteurs sont des enfants, et dont le sujet est toujours la satire d’un ridicule ou l’éloge d’une vertu"[6]. Cette entreprise le fait figurer parmi les pionniers de la presse jeunesse [7].
En , il complète son activité d’auteur pour la jeunesse, en ouvrant au Louvre un "cours amusant et instructif d’histoire naturelle, de géographie, de littérature et de morale à la portée des enfants"[8]. Il prend la forme d’un conte, intitulé le Récit des voyages de Rolando et de ses compagnons d’infortune dans les quatre parties du monde[9]. Très moderne dans son approche pédagogique, ce voyage fictif destiné aux enfants est un succès.
À cette même époque, Jussieu (qui le consulte pour l'éducation de ses enfants), l'encourage à publier son premier livre de vulgarisation scientifique à destination de la jeunesse : Le Voyage au Jardin des Plantes. Cet ouvrage contribue à le faire connaître dans ce genre. Dans la même veine pédagogique, il publie en 1798 Les Merveilles du corps humain, et annonce qu'il entend décliner cette approche à toutes les matières pour former un "cours complet d'instruction". En , aidé de Cuvier et de Lacépède, il innove en éditant un Jeu zoologique et géographique, composé de 52 figures de quadrupèdes et de bipèdes, "dessinées avec la dernière précision"[10]
Après avoir écrit plusieurs livres pour instruire la jeunesse, Louis-François Jauffret conçoit l'idée d'organiser des promenades pédagogiques[11], sur le mode des anciens sages, "faites dans le dessein de donner aux jeunes gens une idée du bonheur qui peut résulter pour l’homme de l’étude de lui-même, et de la contemplation de la nature". L'ouverture de ces excursions a lieu à Saint-Cloud, le . Il y parle d'histoire naturelle, expose les grandes divisions de cette science et développe les relations qui existent entre les sens de l'homme et les objets qui l'environnent, sous les rapports de la nécessité, de l'utilité et de l'agrément. Elles se poursuivent, deux fois par an, jusqu'en 1803.
Dès 1790, Jauffret avait montré un attrait pour les sciences. Il avait défendu le projet d'établir en France une Manufacture de végétaux artificiels, d'après les procédés de Wenzel, fleuriste de la reine. Ce cabinet végétal encouragé par Jussieu et Bernardin de Saint-Pierre, devait servir aux progrès de la botanique, de la médecine, et des arts. Jauffret devait en être l'intendant. Mais, malgré de puissants soutiens, il ne vit jamais le jour.
Vers 1799, Jauffret, précurseur méconnu des sciences de l'homme[12], soumet à ses amis savants le projet de créer une société consacrée à l'anthropologie. L'idée est accueillie favorablement, et la société est créée en janvier 1800. Jauffret en est nommé secrétaire perpétuel, et Maimieux (1753-1820) président. Première société d'anthropologie, la société des observateurs de l'homme[13] mérite à elle seule un article. Elle réunit les plus grands savants de l'époque. De 1800 à 1804, date de sa dissolution, les principales activités de la société dans lesquelles Jauffret a pris une part active sont les suivantes :
Enfin, dans le cadre des Observateurs de l'homme, il a l'idée de créer un Muséum spécial consacré à l'homme. Précurseur de la graphologie[15], il souhaite rassembler une collection de manuscrits d'hommes célèbres[16], dans un objectif anthropologique.
Depuis la publication de ses idylles en 1791, Jauffret s'est toujours intéressé à la petite enfance, notamment au développement des facultés intellectuelles, physiques, et morales des premières années. Pour stimuler la recherche dans ce domaine, il organise en 1800 un prix dans le cadre de la Société des observateurs de l'homme : "Déterminer par l’observation journalière d’un ou plusieurs enfants au berceau l’ordre dans lequel les facultés physiques, intellectuelles, et morales se développent, et jusqu’à quel point ce développement est secondé ou contrarié par l’influence des objets dont l’enfant est environné, et par celle, plus grande encore, des personnes qui communiquent avec lui." Lui-même a déjà entrepris de noter, tous les six mois, les progrès de son fils depuis sa naissance jusqu'à ses six ans. Il publie le résultat de ses observations en 1806 dans un ouvrage intitulé Éducation pratique d'Adolphe et de Gustave.
En 1806, il entreprend un voyage en France, mais des difficultés financières importantes l'obligent à chercher un emploi. Il quitte définitivement Paris, à la plus grande surprise de son frère aîné et de ses amis, et rejoint l'université comme principal au modeste collège de Montbrison (de 1808 à 1812), puis de Saint-Étienne (de 1813 à 1815). Il est nommé officier de l'université en 1815.
À Montbrison, il écrit sa première fable. Après six ans de travail à décrire les vices et les vertus humaines à travers ce genre littéraire pour lequel il se passionne, il publie ses Fables Nouvelles, qu’il dédicace à Madame Royale, duchesse d'Angoulême (il s’honore de n’avoir pas adressé un vers à l’empereur). Publiées fin 1814, elles reçoivent un accueil flatteur des critiques littéraires (il est comparé à Florian), et sont un succès de libraire. Il entreprend également des recherches sur les fabulistes, qu'il publiera quelques années plus tard (Lettres sur les fabulistes anciens et modernes, 1826)
En 1815, des affaires personnelles le rappellent en Provence. Il s'installe à Marseille et reprend la propriété de ses beaux-parents Ferry-Lacombe (La Combe, près de Trets). Il lance quelques journaux (l'éclaireur marseillais, puis le journal de Marseille et le mémorial marseillais).
En 1817, il est reçu membre résidant de l'Académie de Marseille, dont il devient secrétaire perpétuel en 1818. Il est nommé conservateur de la bibliothèque de Marseille la même année. Il meurt en 1840 à Marseille et tombe dans l’oubli. Son éloge mortuaire est prononcé par Joseph Méry.
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