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frontières de l'Europe avec les autres continents De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La définition des limites de l’Europe est sujette à controverse, la géographie physique ne la donnant pas immédiatement. En effet, le continent européen n’existe pas en tant qu’unité physique : il est un finistère de l'Asie et constitue avec elle un supercontinent dénommé Eurasie. Les limites de l’Europe sont donc une convention.
À l'est, les limites ont souvent été créées artificiellement non seulement en fonction de critères géographiques, mais également en raison de considérations culturelles, voire politiques et religieuses. Depuis l’antiquité jusqu’au règne du tsar Pierre le Grand (1682 - 1725), la limite orientale de l'Europe était fixée au fleuve Tanaïs, appelé par la suite le Don. Pierre le Grand mène une politique de réorientation de l’empire russe vers l’Europe, en fondant Saint-Pétersbourg capitale ouverte sur la mer Baltique, et en chargeant le géographe Vassili Tatichtchev de déplacer vers l’Est la frontière de l'Europe. Ce dernier choisit l'Oural et le Caucase.
Les frontières bordant la Méditerranée, la mer Noire, les détroits du Bosphore, des Dardanelles et de Gibraltar et enfin l’océan Atlantique ne sont en revanche pas modifiées[1].
Traditionnellement, on divise les terres émergées de notre planète en six parties du Monde (Europe, Asie, Afrique, Amérique, Océanie, Antarctique) qu'on appelle souvent, par commodité et tradition historique, des continents[2],[3]. Certaines parties du monde sont séparées par des frontières terrestres, ce qui en fait techniquement un seul continent. C’est le cas de l’Europe et de l’Asie que les scientifiques considèrent comme un seul continent, l’Eurasie. La limite entre Asie et Europe est donc plus culturelle ou historique que géographique ou géologique.
La classification des terres entre les différentes parties du monde, appelées continents, persiste et est toujours largement utilisée, bien que cela soit un « pur artefact »[2]. En particulier, les traités établissant différentes institutions transnationales européennes précisent que pour appartenir à ces institutions, un État doit être « européen ». Cependant, aucune définition ne vient préciser ce que l'on entend par « État européen ». Le territoire de certains États est indiscutablement sur le continent européen ; d'autres n'en font indiscutablement pas partie ; enfin, l'appartenance ou non à l'Europe de certains autres est discutée. Les limites de l'Europe géographique ne sont pas tracées[2].
Plusieurs limites ont donc été proposées par différents géographes et historiens depuis l'époque de Pierre le Grand[4]. Dans l'ensemble, on considère que l'océan Arctique au nord, l'océan Atlantique à l'ouest et la mer Méditerranée au sud sont les frontières maritimes de l'Europe.
À l'est, on considère depuis le XVIIIe siècle, sous l'influence du savant russe Vassili Tatichtchev, repris par l'Encyclopédie[3], que la chaîne de l'Oural, le fleuve Oural, la mer Caspienne, la chaîne du Caucase, la mer Noire, les détroits du Bosphore et des Dardanelles et la mer Égée marquent la limite géographique entre l'Europe et l'Asie. Cette limite fut dès lors assez généralement acceptée, mais la partie entre l'Oural et la Caspienne et celle sur le Caucase varient parfois suivant les auteurs.
Cependant, les géographes contemporains reconnaissent volontiers que la limite terrestre « Oural » est largement conventionnelle[4]. Les monts Oural sont facilement franchissables, et n'ont jamais marqué une quelconque frontière politique ou culturelle. Le fleuve Oural est de même facilement franchissable et sans signification particulière autre que conventionnelle.
D'autre part, cette limite conventionnelle, qui remonte à la volonté de la Russie impériale de Pierre Le Grand de s'inscrire dans le jeu des Nations, est plus exactement celle au-delà de laquelle l'Europe ne s'étend pas : dans le flou de la frontière, ces points extrêmes sont assurément asiatiques. Inversement, la zone asiatique s'étend bien en deçà de cette limite. L'affirmation de Metternich voulant que « L'Asie commence à la Landstraße »[5], posant une limite extrême dans les faubourgs de Vienne, est probablement excessive. Mais, comme le montrent les cartes anciennes, la conception traditionnelle des pays indiscutablement européens s'arrête à l'isthme situé sur une ligne reliant Odessa, sur la mer Noire, et Kaliningrad sur la mer Baltique. Cette autre limite extrême de l'Europe correspond aux frontières de l'Ukraine et de la Biélorussie, mettant toute la zone russe dans une situation intermédiaire « un peu asiatique, un peu européenne ».
Une définition originale a même été proposée, qui passe par les voies navigables des plaines russes, en se fondant sur l'idée qu'il devait être possible de naviguer autour d'un continent[6]. Cette limite part de la mer Blanche, remonte le long de la Dvina septentrionale et son bras la Soukhona pour atteindre le canal de la Dvina. Ce canal permet d'atteindre la Cheksna, dans le bassin de la Volga, jusqu'à la retenue de Rybinsk. Franchissant le barrage, la limite descend le long de la Volga, jusqu'au canal Volga-Don, qui permet de rejoindre le Don jusqu'à la mer d'Azov et la mer Noire. Ce chemin était d'ailleurs anciennement emprunté par les Vikings. Une autre voie navigable possible semble être l'autre affluent de la Dvina septentrionale, la Vytchegda, puis le canal Catherine qui rejoint la Kama le grand affluent de la Volga. Il existe aussi la voie navigable Volga-Baltique et depuis 1933 le canal de la mer Blanche ou le Belomorkanal qui relie le lac Onega à la mer Blanche. Plus au nord et à l'est dans le prolongement de la Volga puis de la Kama et du canal Catherine on pourrait aussi éventuellement envisager un petit tracé non-fluvial entre la Vytchegda et la source de l'Ijma pour rejoindre la Petchora jusqu'à la mer de Barents. Dès le XIXe siècle il existait d'ailleurs un projet de construction d'un canal Petchora-Kama.
Plus au sud entre le Caucase et le petit Caucase le Rioni et la Koura pourraient aussi constituer une autre limite fluviale dessinée sur la carte ci-dessus avec toutefois encore une interruption entre les deux fleuves. La mer Caspienne serait alors dans la continuité puis le fleuve Oural. Dans les steppes kazakhes la source de la Tobol n'est pas très loin et cette rivière rejoint l'Irtych le grand affluent de l'Ob jusqu'à son embouchure dans la mer de Kara. Dans cette représentation la Turquie et le sud du Caucase pourraient se rajouter à cette zone intermédiaire à la fois asiatique et européenne.
Dans la vision purement anthropologique de la première moitié du XXe siècle, « la pensée classique des anthropologues » étend « le substratum biologique des populations européennes au-delà des frontières politiques de l'Europe » et établit « d'abord la présence d'une commune humanité » sans établir « une conjonction entre identité politique, identité culturelle et identité biologique »[7]. L'Europe anthropologique comprend donc non seulement l'Europe géographique mais aussi toutes les populations « europoïdes » du pourtour méditerranéen (Proche et Moyen-Orient, Afrique du Nord...). Ainsi pour Marc Sauter, à la fin de l'ère coloniale, marquée par une vision raciste de l'humanité, « les frontières que tracent le géographe et l'historien ne signifient pas grand-chose... En fait, sur le plan anthropologique, l'Europe déborde largement les mers méridionales, la chaîne du Caucase et les steppes russes pour englober toute une humanité. Racialement, l'Europe est partout où la peau de l'homme est blanche »[8].
Dans l'avant-propos de son livre paru en 1950 "les races de l'Europe" Marc Sauter écrit : « L'Europe se cherche et s'interroge. Ses intellectuels et ses doctrinaires voudraient savoir si l'Europe est plus qu'un nom d'atlas, si la coexistence de tant de peuples et de groupes minoritaires dans ce qu'on appelle souvent la péninsule de l'Asie suffit à justifier une vie commune ; s'il existe un dénominateur commun qui les réunisse, lien ténu peut-être, mais bien réel. (...) Or, plus que de l'Europe, il s'agit des Européens. C'est eux qui, au cours de l'histoire, ont donné à notre continent sa physionomie propre, culturelle, religieuse, linguistique. Car, enfin, les steppes asiatiques se prolongent jusqu'en Hongrie ; la zone méditerranéenne englobe autant l'Afrique du Nord que la Grèce ou le Languedoc ; ce qui veut dire que la géographie physique et biologique ne suffit pas à définir l'Europe. (...) Mais voici qu'à leur tour les Européens sont multiples, divers de langue, de religion, de mœurs. Ils sont divers aussi par la race. (...) ».
La conception anthropologique moderne de l'Europe est sans-doute très éloignée de celle du XIXe siècle. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale il est même question d'abandonner l'étude des races, sujet de controverse. La diversité des peuples, la richesse de leur histoire et une immigration extra-européenne significative font de l'Europe un continent à part dans le monde.
Malgré les mythes grecs, il semble que le mot qui désigne le continent européen, doive être rapproché d'un mot sémitique plus ancien (Ereb) signifiant couchant. D'ailleurs, la princesse phénicienne Europe part vers l'occident, enlevée par Zeus.
À l'origine, cette catégorie Europe/Asie sert d'abord à distinguer les deux côtés de la mer où habitent des Grecs. Pour les Grecs qui considéraient alors la mer Égée comme une mer intérieure, l'Europe correspond à la Grèce européenne (car les Grecs qui vivaient également en Asie Mineure avaient le sentiment d'être aussi grecs que ceux habitant en Europe), par opposition avec l'Asie qui désigne, dans un premier temps, uniquement l'Asie Mineure (Anatolie actuelle). La coupure entre Europe et Asie naît ainsi comme une distinction entre ouest et est de la Grèce, l'Europe et l'Asie sont les deux grandes régions constituant la Grèce et se subdivisant elles-mêmes en plusieurs régions historiques. Pour les Grecs antiques et leurs successeurs, la Grèce européenne n'est pas plus « grecque » que la Grèce asiatique.
Ce mot, tardivement, vient à désigner la partie des Balkans au-delà du Péloponnèse, « et ce qu'il y a plus loin » vers le nord et vers l'ouest. Elle s'oppose à l'Asie, qui commence en Asie Mineure, et s'étend au-delà. Cette conception n'est que locale, les contrées lointaines étant inconnues de Ptolémée. Cependant, elle donne la première définition d'une limite géographique de l'Europe : le Bosphore.
Les Grecs ont fondé des colonies (les Clérouquies) sur tout le pourtour de la mer Noire, et naviguaient couramment jusqu'en Tauride et en Crimée (Hersones, Théodosie) au nord, et en Colchide à l'est. Mais la limite eurasienne n'a jamais été nette à cette époque. Les Grecs situaient parfois l'autre limite entre Europe et Asie en Colchide, point de la mer Noire le plus éloigné du Bosphore, plaçant ainsi le Caucase en Europe, et l'Anatolie en Asie. Cette frontière passait à l'époque dans la vallée (donc plus au sud que le Caucase, la limite actuellement retenue), sur le fleuve Rioni en Géorgie, axe de pénétration vers le cours du Koura, en Azerbaïdjan, jusqu'à la Caspienne. D'autres fois (par exemple dans la géographie de Ptolémée, ils faisaient passer la limite au nord de la mer Noire, par la mer d'Azov, et au-delà le long du Don. La légende de Persès fils d'Hélios reflète ainsi peut-être la première querelle mythologique sur la position de cette limite.
L'Europe s'est formée progressivement au fil de l'histoire.
La première mention historique de l'Europe en tant que communauté sociale se trouve dans la description de la bataille de Poitiers, où l'historiographe décrit que les "troupes européennes" découvrent les tentes musulmanes. Une première Europe politique naît peu après avec l'empire de Charlemagne, qui unit une partie de l'Europe latine et une majorité de l'Europe germanique. Cette unité politique fut éphémère, mais l'idée d'une communauté sociale européenne y prend ses racines. Les différentes composantes européennes s'y rattacheront progressivement au fil de l'histoire.
La composante « slave » historique était historiquement centrée sur l'Ukraine occidentale (vers le IIIe siècle) et s'est étendue vers le sud (dans tous les Balkans), l'ouest (l'actuelle Pologne) et le nord (principautés russes primitives). Le rattachement de ces composantes slaves a suivi des histoires différentes, marquées par deux grands chocs culturels. Au nord de la mer Noire, les invasions des peuples des steppes et leur reflux progressif, dans ce qui apparaît comme le « ventre mou de l'Europe » (Huns, Avar, Khazar, Magyars, Coumans, Horde d'Or). Au sud, à la suite de l'effondrement de l'empire byzantin, la conquête de l'empire ottoman sur les Balkans, et son reflux progressif.
Initialement autonomes avec la culture viking, les pays scandinaves sont rentrés naturellement dans la sphère européenne, par le simple jeu du renforcement de leurs liens économiques, culturels et religieux avec les sphères germaniques et slaves.
La zone qui s'étend entre Carpates et mer Caspienne, au sud, est longtemps restée dans la mouvance culturelle des peuples des steppes (Huns, Avars, Coumans, Khazar, Petchenègues, Oghuz...). Le rattachement de ces zones à la mouvance européenne suit les conquêtes successives de la Pologne, puis de la Russie. On [Qui ?]peut distinguer trois grandes aires dans cette bande de terres fertiles :
Les frontières politiques ne reflètent pas fidèlement ces limites historiques, mais dans ces zones de grandes plaines, la position exacte est peu importante. On a donc trois bandes : Ukraine européenne sans trop d'état d'âmes, zone coloniale russe de transition (Astrakhan limite asiatique, mais la partie plus au nord plutôt russe), et zone coloniale non acculturée à partir du Kazakhstan.
Les Balkans sont avec la Grèce antique le premier centre de civilisation classique en Europe. Ils donneront à l'Europe la base de sa culture, Platon, Aristote, Socrate, Pythagore, Périclès ou encore Alexandre le Grand de Macédoine sont tous des enfants des Balkans. Les Balkans deviendront par la suite le centre européen de l'Empire romain d'Orient. Au moment des grandes invasions ils seront la zone d’expansion des « Slaves du Sud » (le terme Yougoslaves n'est pas correct dans ce contexte, parce qu'il désigne la population d'un État concret - la Yougoslavie; c'est un mot artificiellement créé à cet effet qui n'est pas usité pour les Slaves du Sud comme tels), l’histoire culturelle de la péninsule balkanique est dominée par l’invasion des Ottomans qui y imposèrent leur administration pendant 4 siècles. Cette administration resta largement étrangère par rapport à la population autochtone en majorité chrétienne orthodoxe : il n’y a guère qu’au Kosovo et en Albanie que cette occupation a conduit à une majorité musulmane dans la population locale (musulmans majoritaires en Bosnie-Herzégovine également, plus quelques minorités éparpillées un peu partout dans les Balkans). À partir du XVIe siècle, l’histoire des Balkans est celle d'un lent recul des Ottomans, qui s’achève au traité de Sèvres (1920), à la suite duquel la Turquie ne conserve dans les Balkans que la province de Thrace.
Dans les Balkans, le rattachement à la mouvance européenne s’est historiquement confondu avec la libération de l'occupation ottomane.
L'adhésion progressive des différentes régions à la mouvance européenne relève plus d'un état de fait que d'une démarche officielle et explicite. Les composantes culturelles en sont variées, et la plupart des composants historiques ont cessé d'être pertinents de nos jours. Ceux-ci comprennent :
Le problème de l'Europe est qu'elle est en premier lieu, une vue de l'esprit. Suivant les âges et les cultures de chaque pays, l'Europe a eu des significations différentes, depuis l'antiquité jusqu'à aujourd'hui. Cela s'explique par le fait que l'idée d'Europe, Afrique, Asie et Amériques sont apparues avant la cartographie du monde. Si ces derniers se sont bien révélés dans la suite des continents tels qu'on les définit aujourd'hui (il aura fallu attendre le percement du canal de Suez afin de séparer l'Afrique et l'Eurasie), cela n'est pas le cas de l'Europe.
Cela n'a pourtant pas empêché le concept d'Europe de prospérer en tant que supraterritoire, c'est-à-dire comme un ensemble de souverainetés, notamment à travers le Saint Empire. Le déterminant n'est pas alors géographique mais simplement politique et religieux. Lorsqu'il a fallu fixer des frontières européennes à partir de quelque chose de tangible et donc physique, des obstacles naturels ont été désignés.
Ce fut ainsi le cas, lorsque Pierre le Grand voulant justifier l'appartenance de son pays au concert des nations européennes, essaya de repousser autant que possible la frontière orientale entre Europe et Asie afin que la plus grande partie des Russes chrétiens soient considérés comme européens. Déjà à cette époque, les frontières de l'Europe se mouvaient selon les velléités d'appartenance européenne, selon la théorie de la frontière isobare.
Un autre exemple révélateur est celui du Caucase. Selon le pays ou la mode, le Caucase, chaîne montagneuse partant de la mer noire à la mer Caspienne, est la frontière entre l'Europe et l'Asie. Le but est alors de prouver que l'Europe est une péninsule de l'Asie séparée par l'Oural et le Caucase et qu'elle possède donc une définition géographique propre. Or cette tentative ne se conforme absolument pas à la définition de péninsule qui est une partie de terres émergées rattachée à une masse continentale par une zone relativement moins large qu'elle.
Dans d'autres interprétations[Lesquelles ?] de l'Europe, ce n'est plus le Caucase qui fait référence, mais la mer Caspienne ainsi que le fleuve Koura. Les raisons sont là aussi politiques, selon que l'on veuille ou non inclure la Géorgie, l'Arménie, la Turquie et l'Azerbaïdjan dans l'Europe, les frontières se déplacent plus ou moins [pas clair] vers le nord. En réalité, on le voit, l'Europe n'est ni un continent, ni un sous-continent, ni une péninsule, ni une quelconque entité géographique scientifiquement déterminable. L'Europe est simplement une abstraction utilisée pour rendre compte d'un ensemble de peuples et pays géographiquement proches. En cela, l'Europe est une région géographique dont les limites sont essentiellement politiques et donc très instables, voire ambiguës. Il n'existe donc aucune base scientifique solide pour affirmer qu'un pays est strictement « en Asie » et non « en Europe ». Mais, à partir du moment où il est situé sur le continent eurasiatique, on pourrait définir le caractère européen ou non d'un pays selon d'autres critères que géographiques.
On notera que les Romains utilisaient déjà le vocable d'Asia Minor (Asie Mineure) pour la partie occidentale de l'Anatolie. Le fait de placer la plus grosse partie du territoire turc en Asie ne date donc pas de la période contemporaine.
« Il s’agit dès lors pour comprendre de revenir à la source de cette « frontière naturelle » : c’est la cartographie de la Renaissance, la cartographie de la France Gallia dessinée et présentée avec des contours donnés par la nature. Une confusion s’instaure qui aura de beaux jours devant elle : entre la barrière naturelle et la frontière politique. On fait par conséquent de la frontière une ligne figée, inviolable, à défendre coûte que coûte. L’Europe a été longtemps présentée comme délimitée par des frontières dites naturelles : l’Oural à l’Est les détroits du Bosphore et des Dardanelles au sud ; c’est oublier que ce sont les cartographes convoqués par Pierre le Grand qui ont défini cette frontière de l’Oural pour mettre en œuvre la décision du tsar d’intégrer la Russie dans l’Europe ; de même c’est oublier que l’espace Bosphore-Dardanelles a toujours été un espace de l’échange, du contact, de la continuité et cela à l’échelle locale, régionale et mondiale ; les détroits n’ont jamais représenté une frontière. Nous proposons de revenir à la définition proposée par Jacques Ancel géographe qui écrit en 1938 un ouvrage sur la Géographie des frontières : ce dernier la définit comme un isobare politique et donc cela contient l’idée de déplacement et de disparition des frontières puisqu’en météorologie les isobares sont définis par des pressions qui changent, évoluent. »
— P. Picouet, maître de conférence à Lille 1, Quelles frontières pour l’Europe ?, 12 mai 2005[9].
« Gilles Pécout et Pierre-Yves Péchoux s’accordent sur le fait que la géographie du XIXe siècle manifeste une incertitude quant aux limites du continent européen. On peine à trouver des critères pour une Europe autre que celui très vague de « la civilisation ». À l’époque des nations [le XIXe siècle], dont les frontières d’État font d’ailleurs problème, personne ne pense à l’Europe comme à une construction politique à borner un jour. C’est avec les premiers plans concrets (le plan Briand d’Union fédérale européenne, présenté en 1929), que le problème politique fait vraiment surface (Antoine Vauchez et Guillaume Sacriste). »
— Raymond Huard, « Pour une histoire culturelle de la guerre au XIXe siècle », Revue d’histoire du XIXe siècle, 2005-30 [10].
« D’un point de vue géologique, l’Europe n'est pas un continent. La manière dont nous avons tracé la frontière entre l’Europe et l’Asie ne suit pas la géographie physique, mais la géopolitique. Si les monts Oural sont considérés comme une division « naturelle », c'est à cause du fait que la plupart des Russes sont chrétiens, et vivent du côté ouest de cette montagne. Mettre Istanbul en Europe et l’Anatolie de l’Ouest en Asie est une manière de rappeler que Byzance, renommée Constantinople, a été une capitale de la Chrétienté. Dans ce sens, le choc de la chute de Constantinople en 1453 peut encore être ressenti 450 ans après les évènements. Beaucoup d’intellectuels argumentant contre la candidature turque dessinent encore une carte de l’Europe qui coïncide essentiellement avec le concept médiéval du monde chrétien. L’essence de la géopolitique est que l’idéologie, qui inclut la manière dont on voit l’histoire, dessine alors la carte. »
— Thierry de Montbrial, Debating the borders of Europe, 21 mai 2004, IFRI[11].
Une anecdote est rapportée par Jean Birnbaum : lorsque le jeune Krzysztof Pomian, né à Varsovie et déporté au Kazakhstan parmi d’autres Polonais par Staline, est revenu en Pologne, un adulte lança lorsque le train traversait la Volga, bouleversé : « Nous voici en Europe, enfin ! »[12].
Sur le plan juridique également, l'Europe n'a pas de limite précise. Ses limites dépendent du point de vue selon lequel on se place.
S'interroger sur les limites de l'Europe sur le plan juridique revient à aborder la question de la souveraineté sur le plan interne et « westphalien », pour reprendre la terminologie moderne proposée par le politologue américain Stephen Krasner, spécialiste des questions de souveraineté à l'université Stanford.
Voir :
La théorie dominante en droit est la hiérarchie des normes, introduite par le juriste autrichien Hans Kelsen, qui postule que le droit est un ensemble de normes juridiques, placées selon une pyramide hiérarchique.
Le droit positif actuel considère que le plus haut niveau est constitué par le bloc de constitutionnalité, puis vient le bloc de conventionnalité dans lequel on trouve le droit communautaire, le droit international... Le niveau du droit purement national est le bloc de légalité.
D'un point de vue juridique, les États européens qui appartiennent à l'Union européenne sont donc tenus de transposer le droit communautaire dans les droits nationaux. La procédure de transposition des directives européennes ne concerne donc que les États membres de l'Union européenne, sur les domaines considérés comme appartenant aux compétences de l'Union européenne, soit essentiellement le premier pilier de l'Union européenne, constitué par la Communauté européenne.
Zone euro et Union européenne
Du point de vue de la souveraineté domestique, une difficulté apparaît par rapport à la zone euro, qui ne comprend pas tous les membres de l'Union européenne : en effet, le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède n'ont pas intégré la zone euro. L'application des directives européennes, qui comprend certains aspects financiers (voir notamment la mise en œuvre des normes IAS/IFRS), peut donc s'en trouver affectée.
Libre-échange et Union européenne
Du point de vue de la souveraineté westphalienne, une seconde difficulté apparaît du fait que :
Sur un plan financier, il est donc difficile d'établir des limites précises sur les transferts de capitaux entre l'Union européenne et l'extérieur. Sur le plan de l'infrastructure informatique qui sous-tend ces transferts, la gestion des réseaux informatiques européens n'est pas encore pleinement organisée, et que la gouvernance d'Internet fait l'objet de débats.
Du point de vue du troisième pilier de l'Union européenne, la plupart des contrôles aux frontières ont été reportés aux limites de l'Espace Schengen, qui est différent de l'Union européenne.
Dans le domaine sportif, les organismes qui s'occupent des compétitions continentales intègrent souvent des fédérations couvrant des territoires s'étendant en dehors des limites traditionnelles de l'Europe.
Ainsi, en football, l'Union des associations européennes de football (UEFA) intègre, outre la Turquie et Chypre, tous les pays du Caucase, mais également le Kazakhstan et Israël.
En basket, la FIBA Europe intègre ces mêmes pays à l'exception du Kazakhstan.
Il en va de même en athlétisme avec l'Association européenne d'athlétisme.
En Formule 1, l'édition 2016 du Grand Prix d'Europe se déroula sur le Circuit urbain de Bakou, au sein de la capitale azéri avant d'être renommé Grand Prix d'Azerbaïdjan à partir de 2017
L’Union européenne de radio-télévision comprend des membres de la plupart des pays du pourtour méditerranéen (y compris l'Afrique du Nord), et même au-delà (Jordanie). C'est elle qui organise le Concours Eurovision de la chanson. Théoriquement des pays du Maghreb pourraient donc y participer — le Maroc a dailleurs participé une unique fois en 1980 —. Dans les faits, seul Israël, ainsi que désormais depuis 2015 l'Australie, prend régulièrement part à ce concours comme pays « extracontinental ».
Bien que cette classification soit purement pratique, l'ONU, pour son conseil de sécurité, a divisé les pays selon des aires géographiques pour les membres non-permanents. Ainsi, la Géorgie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie sont inclus dans l'Europe Orientale. L'Europe occidentale est contenue dans un groupe qui repose moins sur une convention géographique que culturelle, puisque l'Amérique du Nord, l'Océanie et la Turquie sont inclus, appelé "Groupe des États d'Europe occidentale et autres États".
Île colonisée par la Norvège en 874, l'Islande est devenue danoise en 1380. Autonome en 1919, elle devient une république indépendante en 1944 après avoir été une monarchie avec union personnelle au roi du Danemark.
À cheval sur les plaques tectoniques européennes et américaines — d'où son activité volcanique importante — et bien que plus proche, en distance, du continent américain que de l'européen (296 km du Groenland, 431 km des Îles Féroé)[réf. nécessaire], l'Islande est toutefois considérée comme européenne, en raison de son peuplement d'origine scandinave. Elle est en outre membre des principales organisations européennes, comme l'Espace économique européen (mais pas de l'Union européenne).
Le détroit de Gibraltar marque conventionnellement la limite entre l'Afrique et l'Europe. Il est possible de discuter le fait que le Maghreb n'a rien à voir avec la culture européenne, qui correspond plus à des ajouts de diverses influences que d'une seule et unique civilisation. Qui plus est la partie occidentale du Maghreb a été l'objet de la Reconquista (concept créé 4 siècles plus tard), après la prise de Grenade en 1492 (ce qui explique[réf. souhaitée], encore aujourd'hui, le statut de Ceuta ou de Melilla). L'Andalousie, l'Algarve et le nord du Maroc conservent nombre traits communs, outre leur nom d'origine arabe et les nombreux mariages mixtes entre les trois[Lesquelles ?] communautés pendant Al Andalus jusqu'en 1492.
Encore une fois, les frontières sont décidées par les êtres humains et les sociétés dans lesquelles ils vivent. Que dire des Ibères et de leurs descendants Espagnols, Portugais et Berbères[13] ? De plus, le Maroc avait demandé son adhésion à l'Union européenne en 1984.
Par ailleurs, l'Afrique du Nord, considérée par plusieurs auteurs comme le « berceau de la latinité chrétienne »[14], était considérée par les anthropologues et « raciologues » du XXe siècle, tel Carleton Coon ou Madison Grant comme faisant partie de « l'Europe anthropologique ». Ainsi ce dernier écrivait-il en 1916 : « Au point de vue zoologique, depuis le début de l'époque tertiaire, l'Afrique du Nord, au nord du Sahara, fait partie de l'Europe. Cela est vrai à la fois des animaux et des races humaines »[15].
L'archipel de la Nouvelle-Zemble, russe depuis 1594, est situé au large de l'Oural. Il est bordé par la mer de Barents à l'ouest, par la mer de Kara à l'est et par l'océan Arctique au nord. Il constitue la « frontière » traditionnelle mais arbitraire, la plus septentrionale, entre l'Europe et l'Asie.
L'Oural, chaîne de montagnes peu élevée et facilement franchissable est le type même d'une frontière plus symbolique que volontairement séparatrice des deux continents. Un cours d’eau du même nom se jette dans la mer Caspienne, assez loin de la chaîne de montagne.
Les Russes considèrent une petite chapelle sur l'avenue principale de Novossibirsk comme le centre géographique de leur pays. Cette ville importante compte d'ailleurs plus de pubs irlandais que de restaurants chinois, et la population, l'ambiance et le mode de vie n'y ont rien d'asiatique. Aujourd'hui les frontières officielles de l'Europe viennent de Pierre le Grand qui a fixé les nouvelles frontières européennes au début du XVIIIe siècle. Il a chargé son géographe Tatichtchev de fixer des frontières qui seraient les plus éloignées possibles à l'est. Il fixa donc la frontière orientale de l'Europe à l'Oural, ce qui a alors été admis par les puissances européennes.
Le Caucase est une zone géographique, massif montagneux et régions avoisinantes, qui peut poser problème quant à sa définition et à son appartenance. En effet, il a été choisi comme limite entre Europe et Asie. Or, les pays de la Transcaucasie — Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie — sont traditionnellement associés à l'Europe par des liens culturels[précision nécessaire] (ils sont notamment membres de diverses associations culturelles et sportives[réf. souhaitée]).
En 1798 les Russes commencent à conquérir les terres au sud de Rostov-sur-le-Don. Nominalement ces terres méridionales étaient en Asie, un peu comme les rives de la mer Noire avant la fondation d'Odessa peuplée de Tatars de Crimée peuple altaïque cousin des Turcs.
Le Caucase est associé depuis l'Antiquité au monde grec avec la Géorgie et l'Arménie qui étaient des royaumes en contact avec les cités du royaume du Pont (Bosphore). Au Moyen Âge à partir de 500/600, la christianisation enracine un peu plus ces territoires en Europe, de par le lien avec les Églises d'Orient et l'Empire romain d'Orient (Romanie ou Empire byzantin). L'ensemble des régions ayant subi la triple influence de l'hellénisme, de la romanité (latin, importance du droit, assimilation de l'extérieur) et du judéo-christianisme (monothéisme, rapport essentiel aux textes et à l'écriture) serait selon Paul Valéry sa propre définition de l’Europe.
Les Croisades associent l'Arménie qui crée même une annexe en Cilicie (Turquie du Sud : royaume arménien de Cilicie vers 1050).
Ainsi les liens avec l'Asie : contact perse et turc, mais aussi européens : russe vont donner la coloration caucasienne. L'entrée des trois pays : Azerbaïdjan, Arménie et Géorgie dans le Conseil de l'Europe en 2000 pose question : ces pays peuvent-ils entrer dans l'UE ?
La Révolution des Roses s'est appuyée sur cette motivation, de même que le drame tchétchène pose la question de l'intervention de l'UE comme pour les guerres de Yougoslavie.
Aux États-Unis, le terme « caucasien » a longtemps désigné les personnes « de race blanche, ou race caucasienne »[16] dans un contexte de politiques migratoires et de naturalisation restrictives. Cet usage s'appuyait sur une classification établie par l'anatomiste allemand Johann Friedrich Blumenbach (1752-1840)[17]. Cette terminologie a été reprise dans les statistiques du gouvernement fédéral et des différentes institutions pour désigner des personnes blanches, initialement exclusivement considérées comme d'origine européenne, mais cette définition est obsolète depuis 1997[18].
Selon une vision répandue[Qui ?], le contour de l'Europe élargie peut s'affiner et s'imaginer à partir des États membres du Conseil de l'Europe[réf. nécessaire].
L'entrée possible de la Turquie dans l'UE pose la question de cette limite traditionnelle entre l'Asie et l'Europe. Il s'agit bien d'une limite géographique, mais s'agit-il d'une limite culturelle ? La réponse est plus complexe, les marquages grecs, romains et surtout byzantins et ottomans ont façonné les territoires des deux côtés du détroit. L'influence grecque s'est accentuée avec l'empire byzantin (présence depuis l'Antiquité sur des terres originellement iraniennes (Lydie…), tandis qu'à la période ottomane, l'Empire ottoman a envahi l'Europe et a propagé sa culture et sa religion dans la partie européenne qu'il occupait, tout particulièrement en Bosnie-Herzégovine et en Albanie.
Chypre constitue un cas d’école dans les discussions concernant le caractère européen ou non d’un pays. Étant une île de la Méditerranée, il est difficile de la placer dans un territoire en particulier. Sur un plan purement géographique, située à proximité de la Turquie et du Proche-Orient, il semblerait logique de la rattacher à ce qui peut être considéré comme l’Asie. Or, tant du point de vue historique, que culturel et politique, Chypre est un territoire à dominante européenne. Que ce soit sous Richard Cœur de Lion, les Vénitiens, Byzance, le roi franc Guy de Lusignan, l’Empire ottoman, puis britannique, l’héritage grec y a toujours survécu, ainsi que pour beaucoup le sentiment d’appartenance à la Grèce et donc à l’Europe. C’est dans cette dernière velléité, le rattachement à la Grèce, que se trouvent les racines de la guerre civile, entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs, qui mènera à la séparation de l’île. Aujourd’hui encore, la république de Chypre (seul État de l’île reconnu par la communauté internationale) ainsi que la très grande majorité des habitants de l’île se considèrent comme Européens et absolument pas comme appartenant à l’Asie. En 2008, l'île est séparée en deux États, un au sud, hellénophone et reconnu par la communauté internationale, l’autre au nord, turcophone et reconnu seulement par la Turquie. Autant les Chypriotes grecs que les Chypriotes turcs se sentent avant tout Chypriotes et donc légitimement Européens.
Anecdotiquement, on peut noter que les « cartes de l'Europe » dans les manuels scolaires de géographie n'allaient que rarement assez vers l'Est pour inclure Chypre. Depuis l'entrée de Chypre dans l'Union européenne, les cartes de l'Europe sont systématiquement assez étendues pour l'inclure.
Le Groenland est géographiquement situé en Amérique du Nord de par sa proximité avec le Canada particulièrement. Possession du Danemark depuis 1380, il est habité par des Inuits. Depuis 1979, il bénéficie d'un statut d'autonomie. En 1973, le Groenland en tant que partie du royaume du Danemark est entré dans la Communauté économique européenne mais s'en est retiré en 1985, restant toutefois associé en tant que territoire d'outre-mer.
Depuis les élections législatives de 2009[19], les partis indépendantistes sont entrés au parlement du Groenland. Des succès électoraux consécutifs posent la question de l'indépendance et des relations internationales tournées à la fois vers les acteurs de la zone Arctique[20] et également vers les investisseurs intéressés par les richesses du sous-sol ou de la mer[21].
La France a cinq départements d'outre-mer (DOM) qui sont « partie intégrante de l'Union européenne ».
Les Collectivités d'outre-mer (COM) ont des statuts différents vis-à-vis de l'Union européenne même si leurs habitants, citoyens français sont donc des citoyens de l'Union européenne:
Territoires à statut particulier
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