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personnage littéraire inspiré de Di Renjie De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le juge Ti est un personnage littéraire inspiré de Di Renjie (狄仁杰, Ti Jen Tsié selon la romanisation de l'EFEO, employée dans la traduction française des romans où il apparaît, et Dí Rénjié en pinyin), une figure historique qui vécut en Chine sous la dynastie des Tang, au VIIe siècle de notre ère.
Juge Ti | |
Naissance | Ti Jen-Tsie |
---|---|
Origine | Chinois sous la Dynastie Tang |
Sexe | Masculin |
Activité | Magistrat, détective |
Créé par | Robert van Gulik |
Interprété par | Michael Goodliffe Khigh Dhieg Chongliang Sun Andy Lau Jiming Chen |
Première apparition | Trois enquêtes résolues par le juge Ti (1949) |
Dernière apparition | Assassins et Poètes (1968) |
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L'extraordinaire capacité de déduction du juge Ti le rendit célèbre de son vivant, si bien qu'il entra dans les annales judiciaires chinoises. Il termina sa carrière comme ministre de l'impératrice Wu Zetian.
Le magistrat est repris dès le XVIIIe siècle comme héros d'un roman policier chinois, Dee Goong An (Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti). Ce texte, redécouvert et traduit en anglais par le diplomate néerlandais Robert van Gulik dans les années 1940, est publié en 1949. Désireux de faire renaître le roman policier chinois traditionnel, van Gulik amorce à partir de 1957 une série en dix-sept volumes des aventures du juge Ti Jen-tsie, romans et nouvelles, alliant rigueur historique et qualité littéraire, qui relatent un total de vingt-quatre enquêtes.
Le personnage du juge Ti est ensuite repris dans les années 1990 par deux Américains, Eleanor Cooney et Daniel Altieri, dans deux romans : L'Impératrice des mensonges et La Révolte des lettrés. Ces récits sont indépendants de ceux de Van Gulik.
Le Français Frédéric Lenormand a ressuscité à son tour le juge Ti dans une série de romans toujours en cours aux éditions Fayard. La série compte 21 tomes à ce jour. Contrairement aux affaires racontées par Eleanor Cooney et Daniel Altieri, les récits français s'insèrent scrupuleusement dans la chronologie tracée par Robert van Gulik mais la psychologie des personnages diffère radicalement de celle des héros de ce dernier.
Le Néerlandais Janwillem van de Wetering, mieux connu pour sa série des policiers Grijpstra et De Gier, a donné en 1997 le recueil Le juge Ti prend son luth, incluant la courte pièce homonyme.
Plus récemment, Zhu Xiaodi (朱小棣), un auteur chinois vivant aux États-Unis, a écrit un recueil de nouvelles intitulé Les Nouvelles Affaires du Juge Ti (Tales of Judge Dee) (2006).
Le Français Sven Roussel a quant à lui publié en 2008 La Dernière Enquête du juge Ti.
Comme tous les juges de district de son époque, le Juge Ti s'est entouré d'une équipe qui le suit de poste en poste ; différents mais complémentaires, ils lui permettent d'atteindre un redoutable niveau d'efficacité.
Robert Van Gulik, orientaliste et sinologue distingué, dit avoir voulu mettre au goût du lecteur occidental le roman policier chinois (sous sa forme écrite mais aussi théâtrale) qui présente des caractéristiques inaccoutumées pour lui[1] : le nom du coupable est connu dès le début (Van Gulik se libérera de cette convention-là), les supplices infligés au criminel (qu'il s'agisse de la torture au tribunal ou de l'application de la peine capitale) sont décrits dans leurs moindres détails.
Les fantômes des victimes se mêlent parfois de l'enquête et viennent guider le magistrat enquêteur, qui peut aussi être inspiré par des rêves (là encore Van Gulik recourt à ce procédé, parfois en introduisant son roman par une séquence onirique située à une époque bien plus récente que celle de la Dynastie Tang).
L'aspect énigme à résoudre (le Whodunnit cher aux anglo-saxons) est certes présent, c'est la concession faite aux habitudes du lecteur occidental mais les enquêtes du Juge Ti revêtent des caractéristiques bien spécifiques qui en font tout leur charme.
Les affaires criminelles à résoudre vont toujours par trois, suivant ainsi la matrice du Dee Gong An (trois affaires criminelles résolues par le juge Ti) un roman chinois du XIIIe siècle que Van Gulik a traduit et adapté avant de composer lui-même les autres opus de la série. Il reconnait toutefois s'être inspiré d'ancien romans et nouvelles chinois pour nombre d'entre eux, les citant dans certaines éditions.
Les procédés criminels sont parfois d'un étonnant raffinement, rappelant certains romans d'Agatha Christie, mais les mobiles des crimes sont solidement ancrés dans la réalité la plus triviale : appât du gain, crimes à caractère sexuel, appétit du pouvoir, complot politique, etc.
Pour les années 1940 - 1950, les romans de Van Gulik font preuve d'une audace inaccoutumée, profitant de ce que l'environnement exotique lui permet de s'affranchir de certaines pudeurs et bienséances qui étaient la norme des romans policiers anglais contemporains : l'auteur n'hésite pas à aborder des réalités alors dérangeantes : homosexualité masculine ou féminine, déviations sexuelles, maladie mentale, viol, corruption, contrebande, crimes couverts par la raison d'Etat.
La religion est aussi quelque peu malmenée : le juge Ti est amené à enquêter dans deux monastères, l'un taoïste (Le Monastère hanté) où un pieux laïc retiré se livre à la dépravation la plus sordide sous la protection du supérieur du monastère, et l'autre bouddhiste (Le Squelette sous cloche) dans lequel de pseudo-moines violent des femmes en mal de descendance pour faire croire aux vertus de fécondité de leur déesse.
Le Juge Ti, profondément confucéen, méprise aussi bien le taoïsme que le bouddhisme, quitte à se faire des ennemis à la Cour Impériale.
L'élément érotique est très présent dans les enquêtes du Juge Ti : on n'en sera pas surpris, car l'auteur a également écrit un traité sur la vie sexuelle dans la Chine ancienne, et illustre ses livres de gravures érotiques de sa propre main.
L'auteur insiste aussi sur la modernité des méthodes d'enquête du VIIe siècle chinois : la police scientifique et la médecine légale y sont très présentes, incarnées par l'indispensable fonctionnaire qu'est le Contrôleur des décès.
Les rapports de pouvoir et les complexités administratives de la société impériale sont un autre thème récurrent : le juge Ti, petit magistrat intègre, doit faire preuve d'habileté pour faire triompher la justice dans une société menée par les puissances d'argent et les intrigues de palais.
Le petit peuple des villes chinoises est un autre héros récurrent des enquêtes du juge Ti : artisans, boutiquiers et même mendiants organisés en guildes aux règles strictes, moines, vagabonds, poètes de cour, étudiants et candidats aux examens littéraires, acrobates, actrices, courtisanes de haut vol et putains de bas étage, voyous et escrocs de tous poils sont les acteurs pittoresques et bien campés des enquêtes criminelles du perspicace magistrat.
Toutes les classes de la société chinoise ont leur place dans les romans de Van Gulik, façon de rappeler que dans la Chine médiévale était supposée régner une égalité devant la loi dont le magistrat local était le premier garant.
Le juge Ti, même s'il délègue souvent les enquêtes dans les bas-fonds à ses lieutenants, ne manque pas d'aller lui-même sur le terrain, déguisé en mendiant, en médecin ambulant ou en herboriste, un trait qui n'est pas sans rappeler certaines enquêtes de Sherlock Holmes.
Van Gulik affectionne aussi les scènes de table (qu'il s'agisse de réceptions dans la haute société où de ripailles dans une accueillante taverne) les scènes de beuverie (où l'ivresse révèle parfois les caractères et aide la vérité à se manifester) les évocations de spectacles d'acrobates, de danse et de jonglerie et les scènes de théâtre chinois ou de concours de poésie (qui n'ont rien de décoratif ou de gratuit car s'y retrouvent des indices propres à faire avancer l'enquête).
Les bagarres (où les femmes tiennent parfois la dragée haute au sexe supposé fort) sont l'occasion d'évoquer les arts martiaux et l'escrime chinois moins connus dans les années 1940 que de nos jours.
Au total, l'auteur, à travers ses techniques narratives et scénaristiques réussit à créer un univers très personnel, qui, loin de lasser le lecteur par la répétition d'un procédé, contribue au contraire à le fidéliser.
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