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peintre français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Henri-Eugène Le Sidaner, né le à Port-Louis (Île Maurice) et mort le à Paris, est un peintre postimpressionniste français.
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Henri Eugène Le Sidaner |
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Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 3695, 1 pièce)[1] |
Fils d'un capitaine au long cours, mort au cours d'une tempête dans la Manche en 1880, Henri Le Sidaner passe son enfance à Dunkerque. Boursier de cette ville, il part étudier la peinture à Paris, où il découvre l'impressionnisme et la peinture d'Édouard Manet qui le trouble. En 1882, il est reçu à l'École des beaux-arts de Paris, puis en 1884 y est admis dans l'atelier d'Alexandre Cabanel qui le soutiendra toujours.
Il part s'installer à Étaples en 1884 à l'hôtel Ioos. Il dit: « j'ai le souvenir le plus émouvant du jour et de l'heure où je subis l'impression inoubliable de mon arrivée à Étaples, de ce bain dans l'air et la lumière, de la sensation de vie saine et vierge qui m'attendait[2] ». Il y rencontre d'autres peintres venus travailler comme lui dans la région, comme Eugène Chigot, son ami d'enfance, avec lui, il organise en 1892 le salon des peintres d'Étaples dédié à cette colonie des peintres français et étrangers qui fréquentent cette région[3]. Il y restera jusqu'en 1893, travaille dans la solitude le plus souvent et ses œuvres de l'époque se rapprochent du réalisme sentimental d'un Jean-Charles Cazin[4].
En 1887, il expose au Salon des artistes français et peint de jeunes bergères dans le décor des dunes du Nord. En 1891, il est nommé officier d’Académie par le ministère de l'Instruction publique, et obtient une médaille de troisième classe et une bourse de voyage pour son tableau La Bénédiction de la mer, vaste composition acquise par l'État, actuellement au musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Châlons-en-Champagne. Il entretient une correspondance nourrie avec ses amis Henri Martin, Edmond Aman-Jean, Ernest Laurent ou encore Henri Duhem[5].
En 1892, il visite l'Italie et la Hollande — où il se lie avec le peintre Frits Thaulow — et fait des portraits de jeunes Hollandaises. Au Salon, il présente L'Autel des orphelines (musée des Beaux-Arts d'Arras) dernière importante composition religieuse pour cet artiste non-croyant, mais troublé par le sentiment de recueillement. Il se lie d'amitié avec Émile Claus. Il quitte Étaples et s'installe à Paris au 5, rue Émile-Allez, où il a pour voisin le musicien Gabriel Fauré, interprète des poètes symbolistes. Il se lie à plusieurs personnalités proches du symbolisme, comme Émile Verhaeren et Georges Rodenbach, ou les critiques Camille Mauclair et Roger Marx. Il rejoint la Société nationale des beaux-arts, présente le Départ de Tobie et une première série de deux motifs à des heures différentes : Paysage de neige et Soir de neige.
En 1895, il expose chez Georges Petit — qui le représentera —, concentre son inspiration sur les effets crépusculaires et continue de détruire la plus grande partie de sa production. Sa première exposition personnelle à la galerie Mancini en 1897 connaît un succès critique et il expose Les Âmes blanches et Lumières cendrée au Salon. En 1898, il expose à La Libre Esthétique à Bruxelles, et Le Dimanche, sommet de sa période symboliste, est présenté au Salon. Un séjour décisif à Bruges de 1898 à 1900 avec sa compagne Camille Navarre, et dont Jules Rais écrira qu'il y « tendit un miroir aux buées de la mort[6] », consacre son inspiration symboliste[7]. En , il rejoint la Société nouvelle de peintres et de sculpteurs, avec une première exposition collective à la galerie Georges Petit à Paris en mars 1900[8].
Gustave Soulier écrit dans La Revue blanche en 1901, qu'il est le « Maeterlinck de la peinture »[9].
Après avoir vécu près de Beauvais, à Gerberoy, il s'installe à Versailles[10],[11], où il demeurera jusqu'à sa mort, d'un infarctus, à Paris. George Desvallières, Albert Acremant, Camille Mauclair et Georges Huisman ont prononcé des discours lors de son inhumation à Versailles.
Henri Le Sidaner est le père de l'écrivain Louis Le Sidaner, le cousin du dramaturge Albert Willemetz, dont il a fait le portrait en 1937, et le frère de Marthe, qui a épousé, en 1908, le peintre Georges Rouault. Marcel Proust le cite dans À la recherche du temps perdu, le comparant à Elstir.
Pour rendre hommage à Henri Le Sidaner, plusieurs communes ont donné son nom à une voie de leur commune : Créteil, Dunkerque, Étaples : rue Henri Le Sidaner, Gerberoy, Montpellier et Versailles.
C'est sur les conseils du céramiste Auguste Delaherche que l'artiste découvrit Gerberoy, petite ville délaissée de l'Oise où il acheta une maison qu'il restaura peu à peu. Ses différents déplacements en France et à l'étranger lui avaient procuré maintes sensations intimistes. Seul Gerberoy fut propice à une création fertile en devenant presque le thème principal de son œuvre (plus d'une centaine de toiles produites). Dès 1901, il propose au Salon des vues de la cité, puis il se focalise progressivement sur la partie architecturale phare de la maison, à savoir la façade, ses fenêtres, ses volets. Dans la recherche de l'instant intime, de « l'arrêt sur image », les toiles de Gerberoy émanent d'une douceur de vivre incomparable en même temps qu'elles déclinent selon l'heure et la saison des accords chromatiques variés. L'artiste passe le printemps et l'été de l'année 1903 à Gerberoy, où il commence à peindre des motifs d'intérieur à la fenêtre ouverte et des tables de jardin, des crépuscules. À l'aide d'un soigneux arrangement de nature morte, le peintre décline harmonieusement la sensation du « temps qui s'arrête[12] ».
Son jardin est orné de son buste réalisé par le sculpteur Pierre Roche.
Aux alentours de l'année 1900, il se consacre désormais à une peinture intimiste dont se trouve exclue la figure humaine : jardins déserts, tables servies pour d'hypothétiques hôtes, campagnes solitaires, expriment une vision silencieuse et paisible avec une technique post-impressionniste[13] et un chromatisme retenu aux nuances chaudes, à la tonalité raffinée et douce qui nimbent ses scènes moins de mystère que d'une espèce de religiosité. Son inspiration au contact de nombreux voyages s'élargira et perdra son mystère au profit d'un art plus décoratif, dont le succès ne se démentira pas. Décrivant les personnages que le peintre à disposées dans un calme paysage (Le Dimanche, 1898, musée de la Chartreuse de Douai) : « elles sont un chœur blanc de rêves indécis, de figures neigeuses, aux yeux naïfs[14]… », déclare Gabriel Mourey.
Le Sidaner bénéficiera en 1931 d'une importante rétrospective à Bruxelles, inaugurée par la reine Astrid[9].
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