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chanteur lyrique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Gérard Souzay (né Gérard Marcel Eugène Tisserand le à Angers, Maine-et-Loire, et mort le à Antibes, Alpes-Maritimes) est un chanteur classique (baryton) français.
Nom de naissance | Gérard Marcel Eugène Tisserand |
---|---|
Naissance |
Angers, France |
Décès |
(à 85 ans) Antibes, France |
Activité principale |
Artiste lyrique Baryton |
Style | Mélodie française et Opéra |
Il est considéré comme un excellent interprète de mélodies reprenant le flambeau de Charles Panzéra et Pierre Bernac[1].
D'une famille musicienne angevine, Gérard Souzay grandit à Chinon (il prendra plus tard son nom d'artiste d'un village des bords de Loire). Ses parents se sont rencontrés à la première représentation de Pelléas et Mélisande en 1902. Après ses classes au collège Rabelais à Chinon, il entre à la Sorbonne à Paris pour étudier la philosophie et y rencontre Pierre Bernac, qui décèle ses dons vocaux et l'encourage à étudier le chant.
Souzay entre au Conservatoire de Paris en 1940, étudiant avec Claire Croiza et Jean-Émile Vanni-Marcoux. Il commence à chanter comme ténor mais en 1943, sur les conseils du chanteur lyrique Henri Etcheverry, il devient baryton. Il s'essaye aussi à la composition et en 1942, trois de ses adaptations de poèmes de Paul Valéry sont données en concert par Pierre Bernac. Après avoir obtenu un prix de chant et un prix de vocalise, il continue à développer sa voix sous la conduite de Bernac, quoique tenant à se différencier par des méthodes et des idées plus récentes sur la prononciation[réf. nécessaire]. Attentif à ne pas se cantonner au répertoire français, il étudie le lied, particulièrement Schubert et Schumann, sous la conduite de Lotte Lehmann.
Il donne ses premières représentations publiques en 1945 : des récitals et des concerts dont le Requiem de Fauré à l'occasion du centenaire du compositeur au Royal Albert Hall à Londres. Il acquiert rapidement une renommée internationale pour le récital, d'abord accompagné par Jacqueline Bonneau, sa condisciple au Conservatoire de Paris, mais comme elle est réticente à voyager, il s'associe étroitement dès 1954 avec le pianiste américain Dalton Baldwin, association qui perdure jusqu'à la fin de sa carrière[2].
Amateur de mélodies et de chansons populaires, Gérard Souzay est vite amené à chanter dans 13 langues différentes dont l'hébreu, le portugais et le russe. Cependant, il ne maîtrisait pas lui-même toutes ces langues (il avouait ne parler que français, anglais et allemand en sus de quelques rudiments d'italien ou d'espagnol), d'où certaines imprécisions de prononciation[3]. Dans la musique contemporaine, il se produit dans La Danse des morts d'Arthur Honegger et à la première du Canticum Sacrum d’Igor Stravinsky. Le compositeur Jacques Leguerney (1906-1997) écrit de nombreuses mélodies pour Souzay et sa sœur, la soprano Geneviève Touraine, qui avait créé en 1942 les Fiançailles pour rire de Francis Poulenc (leurs deux frères ont également été chanteurs).
Sa carrière lyrique commence en 1947 avec l'opéra-bouffe Il matrimonio segreto de Domenico Cimarosa au festival d'Aix-en-Provence mais ne prendra jamais le pas sur les récitals. Dans les années 1950, il chante notamment les rôles-titres de L'Orfeo de Claudio Monteverdi et de Don Giovanni de Mozart ainsi qu'Almaviva dans Les Noces de Figaro, Lescaut dans Manon de Jules Massenet, Méphistophélès dans La Damnation de Faust d'Hector Berlioz et surtout Golaud dans Pelléas et Mélisande de Claude Debussy.
Il fait ses adieux à la scène à la fin des années 1980 et consacre les dernières années de sa vie à enseigner aux États-Unis, en Europe et au Japon. Il travaille principalement le phrasé et l'interprétation du chant plutôt que la diction française.
Il est également passionné de peinture abstraite et publie en 1983 un livre, Sur mon chemin[4], dans lequel une sélection de ses peintures est accompagnée par de commentaires sur l'art et la vie. Il meurt dans sa maison d'Antibes le , et est inhumé au cimetière des Semboules de cette même commune.
Conscient de l'importance des mots qu'il prononce, Gérard Souzay insiste grandement sur les sonorités des consonnes, tout en gardant une bonne souplesse de diction. La précision de son phrasé s'accorde avec un tempo assez lent pour l'enregistrement qu'il propose de la mélodie française. Un exemple frappant de ce phénomène est son interprétation de la mélodie Après un rêve de Fauré. Contrairement à d'autres chanteurs lyriques, qui préfèrent insister sur la fougue et l'émoi du rêveur, Souzay fait surtout ressentir l'utopie, l'illusion du rêve qui s'enfuit.
S'il est baryton Martin, Souzay n'en possède cependant pas la voix caractéristique. Son timbre chaud et sombre le rattacherait plutôt à une voix de baryton plus grave, comme la voix de baryton dramatique. Ainsi, il interprète brillamment le rôle de Golaud dans le Pélléas et Mélisande de Debussy, rôle normalement attribué à une voix de baryton-basse[5]. Néanmoins, son étendue vocale et ses aigus claironnants le rattachent sans contredit à la voix de baryton Martin.
Les premiers enregistrements de Gérard Souzay datent de 1944 avec les sopranos Germaine Lubin et Geneviève Touraine (ce furent presque les seuls duos qu'il enregistra, à part les derniers avec Elly Ameling). Il enregistre pour le label La Boîte à musique avant de signer avec Decca. Il enregistre par la suite pour Philips et EMI. Une discographie complète a été publiée en 1991, listant plus de 750 titres[6].
Souzay a remporté à trois reprises le grand prix du disque, dont un prix pour son enregistrement des mélodies de Maurice Ravel. Il a également participé aux intégrales des mélodies de Fauré et de Poulenc.
Un grand nombre de ses premiers enregistrements (early recordings) ont été réédités, bien que Souzay les ait désavoués et ait cherché à interdire leur retransmission à la radio, leur préférant des enregistrements plus tardifs.
Dans les années 1950, le style de Souzay devint la cible d'un ensemble de critiques après avoir été cité par Roland Barthes dans son essai Mythologies[7] pour illustrer l'analyse sémiologique. Barthes, qui qualifiait d'ailleurs Souzay d'« excellent baryton », écrivait : « ... ayant, par exemple, à chanter une “tristesse affreuse”, il ne se contente ni du simple contenu sémantique de ces mots, ni de la ligne musicale qui les soutient : il lui faut encore dramatiser la phonétique de l'affreux, suspendre puis faire exploser la double fricative, déchaîner le malheur dans l'épaisseur même des lettres; nul ne peut ignorer qu'il s'agit là d'affres particulièrement terribles. Malheureusement, ce pléonasme d'intentions étouffe et le mot et la musique, et principalement leur jonction, qui est l'objet même de l'art vocal. »
« Il faut d'ailleurs rappeler ici que l'esprit mélodramatique, dont relève l'interprétation de Gérard Souzay, est précisément l'une des acquisitions historiques de la bourgeoisie : on retrouve cette même surcharge d'intentions dans l'art de nos acteurs traditionnels, qui sont, on le sait, des acteurs formés par la bourgeoisie et pour elle. »
Quelques années plus tard, Barthes fit des critiques semblables à l'encontre du baryton Dietrich Fischer-Dieskau[8].
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