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homme politique et révolutionnaire français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
François Noël Babeuf, connu sous le nom de Gracchus Babeuf, né le à Saint-Quentin et mort guillotiné le (8 prairial an V) à Vendôme, est un révolutionnaire français.
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
François Noël Babeuf |
Pseudonyme |
Oussama Amae |
Nationalité | |
Activités | |
Conjoint |
Marie-Anne Babeuf (d) |
Enfants |
Émile Babeuf Camille Babeuf (d) Caïus Babeuf (d) |
Parti politique | |
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Archives conservées par |
Il forma la « Conjuration des Égaux » contre le Directoire et fut exécuté. Ses idées inspirent un courant de pensée, le « babouvisme », qui préfigure le communisme et l'anarchisme[2].
Baptisé le en la paroisse Saint-Nicaise (Saint-Quentin), François Noël Babeuf est le fils de Claude Babeuf, employé dans les fermes du Roi, et de Marie Catherine Ancherel.
Dès l’âge de 12 ans, il travaille comme terrassier au canal de Picardie. À 17 ans, il réussit à se faire engager comme apprenti chez un notaire feudiste à Flixecourt. Babeuf devient alors un spécialiste du droit féodal[3]. En 1781, âgé de 21 ans, il commence à exercer pour son propre compte à Roye comme géomètre. Il y est également commissaire à terrier[4].
Le , il épouse à Damery (Somme) Marie Anne Victoire Langlet (baptisée à Amiens le , morte après 1840), fille d’un quincaillier d’Amiens et ancienne femme de chambre, avec laquelle il a cinq enfants : Catherine-Adélaïde-Sophie, née en , morte à Roye le ; Robert, dit Émile, né le à Roye ; Catherine-Adélaïde-Sophie, née le à Roye, morte le 18 messidor an III ( ; Jean-Baptiste-Claude, dit Camille, né le , interné comme fou en 1808, mort le en se jetant du quatrième étage de la maison où il logeait et travaillait, chez le bijoutier Lirot ; Caïus Gracchus, né le 9 pluviôse an V ( à Vendôme, tué par une balle perdue en 1814, lors de l'invasion[5],[6].
Inspiré par la lecture de Rousseau, et constatant les conditions de vie très dures de l’immense majorité de la population, il développe des théories en faveur de l’égalité. En 1788, il commence la rédaction du Cadastre perpétuel. Dans cette brochure, publiée en 1790 à Paris, il propose une évolution de la législation pour collectiviser les terres tout en gardant leur exploitation individuelle[4]. Babeuf est également partisan de l’abolition de l’esclavage[7].
En mars 1789, Babeuf participe à la rédaction du cahier de doléances des habitants de Roye. À la suite de l’échec de son Cadastre perpétuel et surtout au début de la Révolution française, il devient journaliste, vivant entre Paris et Roye. Il est ainsi correspondant du Courrier de l’Europe (édité à Londres) à partir de septembre 1789.
Il se bat contre les impôts indirects, organise pétitions et réunions. Son activité et son audience lui valent d’être accusé d’incitation à la rébellion[8]. Il est arrêté le et emprisonné. Il est libéré en juillet, grâce à la pression du révolutionnaire Jean-Paul Marat. Le , il assiste à la Fête de la Fédération. À la même époque, il rompt avec le catholicisme (il écrit en 1793 : « Le christianisme et la liberté sont incompatibles »). En , Babeuf imprime un nouveau journal qui n'aura que trois numéros, Le Journal de la Confédération : « …On assure que les ténébreux cachots, ces sépultures des vivants dont nous avons tiré nos frères d'armes par nos justes clameurs, se repeuplent journellement d'une foule considérable d'autres victimes toujours prévenues du fameux crime de lèse-nation. Les plus scrupuleuses précautions et les plus invincibles mystères sont employés pour éviter qu'aucuns renseignements puissent transpirer sur le compte de ces derniers, et de là, il n'est plus difficile de consommer l'horreur, de les garder dans ces souterrains mortels… ».
Il lance son propre journal en octobre 1790, Le Correspondant picard, journal révolutionnaire fort avancé dans lequel il s’insurge contre le suffrage censitaire mis en place pour les élections de 1791. Le journal est contraint à la disparition quelques mois plus tard, mais Babeuf continue à se mobiliser aux côtés des paysans et des ouvriers picards. Le , il est élu commissaire pour la recherche des biens communaux de la ville de Roye. Dans une brochure qu’il publie en , il écrit que la propriété féodale est « le fruit de l’expropriation et de la violence »[9]. La même année, il se prononce publiquement pour la mise en place de la République.
En , Babeuf est élu à l’assemblée électorale de la Somme[10]. Il est ensuite administrateur au district de Montdidier. Mis en cause dans une affaire de droit commun, il doit fuir à Paris en février 1793[11].
À son arrivée dans la capitale, Babeuf noue contact avec l’écrivain Sylvain Maréchal et prend parti pour les jacobins contre les girondins. Il entre en mai 1793 à la Commission des subsistances de Paris. Il y soutient les revendications des sans-culottes, osant dénoncer un nouveau pacte de famine organisé par Pierre-Louis Manuel, procureur général de la Commune ; ce qui suscita contre lui des haines violentes.
Accusé dans l’affaire qui avait entraîné son départ de Montdidier, il est emprisonné du 24 brumaire an II () au 30 messidor an II (), et est acquitté à Laon où Pierre Charles Pottofeux exerce la fonction de procureur général syndic. Dix jours après sa libération, c’est le coup d’État contre Robespierre, et les Montagnards, dont il était le partisan, perdent le pouvoir le 9 thermidor an II (). Babeuf critique l’action des Montagnards concernant la Terreur, disant : « Je réprouve ce point particulier de leur système », mais inscrit son action dans leur continuité, tout en voulant passer de l’égalité « proclamée » à l’égalité dans les faits (la « parfaite égalité », pour laquelle il milite). Sous sa plume, Robespierre devient « Maximilien l'Exterminateur ». Il le présente, lui et son adversaire Jean-Baptiste Carrier, comme les auteurs d'un plan « populicide » orchestré à deux[12],[13].
À partir du , Babeuf publie le Journal de la Liberté de la presse, qui devient le 14 vendémiaire an III () Le Tribun du peuple. Ce journal, où il combat avec la dernière violence la réaction thermidorienne, acquiert une forte audience. Il adhère, à la même période, au Club électoral, club de discussion de sans-culottes. Le 3 novembre, il demande que les femmes soient admises dans les clubs.
Abandonnant le prénom Camille, qu’il avait adopté en 1792, il se fait alors appeler Gracchus, en hommage aux Gracques, initiateurs d’une réforme agraire dans la Rome antique. Babeuf défend la nécessité d’une « insurrection pacifique ».
Accusé par Tallien d'outrage envers la Convention nationale, il est de nouveau arrêté, et incarcéré à la prison d’Arras, le 19 pluviôse an III (). Nombre de révolutionnaires étant alors sous les verrous, c'est l’occasion pour Babeuf de se lier avec des démocrates comme Simon Duplay, Augustin Darthé ou Philippe Buonarroti. À leur contact, il modifie ses idées[14]. Il ne semble pas jouer de rôle dans l’insurrection du 1er prairial an III ()[15].
Rendu à la liberté le 26 vendémiaire an IV () par la loi d’amnistie qui termine la session de la Convention nationale, il relance rapidement la publication du Tribun du peuple.
Le gouvernement a une politique de répression de plus en plus forte, avec la fermeture du club du Panthéon, où sont présents nombre d’amis et de partisans de Babeuf, et tente d'arrêter ce dernier en janvier 1796. Étant parvenu à s’enfuir, il entre dans la clandestinité.
Cette impossibilité d'agir légalement aboutit à la création de la « Conjuration des Égaux »[16], dirigée par lui-même, Darthé, Philippe Buonarroti, Sylvain Maréchal, Félix Lepeletier (frère de l’ancien député Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau), Pierre Antoine d'Antonelle et Robert-François Debon. Le réseau des « Égaux » recouvre tous les arrondissements de Paris et de nombreuses villes de province. À sa tête, un Directoire secret, dirigé par Babeuf, coordonne la lutte.
Le but est de continuer la Révolution, d’appliquer la Constitution de l'an I (1793), et d’aboutir à la collectivisation des terres et des moyens de production, pour obtenir « la parfaite égalité » et « le bonheur commun ». Pour Babeuf et ses acolytes, l'Égalité est l'axe qui donne un sens à la Révolution. La démocratie est également un objectif majeur, par exemple dans le numéro 42 du Tribun du peuple, Babeuf écrit : « Les gouvernants ne font des révolutions que pour gouverner. Nous en voulons enfin une pour assurer à jamais le bonheur du peuple, par la vraie démocratie »[17]. Bientôt des pamphlets circulent : ils annoncent l'abolition de la monnaie, le logement des pauvres chez les riches et les distributions gratuites de vivres[14].
Le Directoire est bientôt alerté par des indiscrétions. Paul Barras, attentiste, préfère se concentrer sur le danger royaliste[14]. Lazare Carnot, lui, est résolu d'écraser la conjuration[14],[18]. Le , il fait voter une loi qui punit de mort l’apologie de la Constitution de 1793 et les appels à la dissolution du Directoire[19].
Le complot est stoppé le 21 floréal an IV ()[4] : grâce aux informations d’un indicateur, Georges Grisel, la police arrête Babeuf ainsi que Buonarroti, Darthé et les principaux meneurs des Égaux. Une tentative populaire de les libérer échoue le (11 messidor). Une seconde tentative échoue également. Pour éviter que le peuple ne les libère, les Égaux sont transférés à Vendôme.
Une haute cour est constituée et le procès s’ouvre à Vendôme le en présence de deux ministres. Il ne s’achève que le [20]. Babeuf, à qui l'on reproche l’initiative du complot, et Darthé, qui s’est enfermé lors des débats dans le mutisme le plus total et à qui l’on reproche la rédaction de l’ordre d’exécution des Directeurs, sont condamnés à mort[19]. En entendant sa condamnation à mort, Babeuf se frappa, dans le prétoire même, de plusieurs coups de stylet, et fut porté mourant, le lendemain, à l'échafaud. Darthé, qui avait également tenté de se suicider, est guillotiné avec lui le 8 prairial an V (). Buonarroti, Charles Germain et cinq autres accusés sont condamnés à la déportation. Cinquante-six autres accusés, dont Jean Pierre André Amar et Pierre-Charles Pottofeux, sont acquittés, bénéficiant probablement de la solidarité des anciens parlementaires montagnards[14],[18].
Le corps de Babeuf aurait été transporté et enterré dans une fosse commune de l'ancien cimetière du Grand Faubourg de Vendôme, dans le Loir-et-Cher[21]. Ses enfants furent adoptés par Lepeletier et Turreau.
L'historiographie donne au personnage une grande importance. L'historien robespierriste Albert Mathiez condamne son attitude lors du 9 Thermidor mais salue en lui un continuateur de Robespierre[14]. Georges Lefebvre, Victor Daline et leurs continuateurs affirment l'originalité de sa pensée communiste[14].
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