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théoricien socialiste libertaire, militant anarcho-syndicaliste De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Gaston Leval, de son vrai nom Pierre Robert Piller, né le à Saint-Denis et mort à Saint-Cloud le , est un théoricien socialiste libertaire et militant anarcho-syndicaliste, également historien de la révolution sociale espagnole de 1936.
Pierre Robert Piller | |
Surnom | Gaston Leval |
---|---|
Nom de naissance | Pierre Robert Piller |
Naissance | Saint-Denis |
Décès | (à 82 ans) Saint-Cloud |
Première incarcération | 22 novembre 1938 condamné à quatre ans et demi pour insoumission |
Origine | français |
Type de militance | syndicaliste insoumis |
Cause défendue | CNT socialisme libertaire anarcho-syndicalisme syndicalisme révolutionnaire |
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Fils de communard, il travailla jeune comme maçon et chaudronnier et commence à fréquenter très tôt les milieux libertaires. Suspecté de vol, il est arrêté à Herblay, le , par la police qui le trouve porteur de brochures anarchistes, mais est acquitté faute de preuves. Piller dit Pierrot, est à cette époque membre du groupe des Amis du Libertaire, du groupe de jeunes anarchistes qui se réunissent au Foyer populaire de Belleville.
À la veille de la guerre il milite au groupe d’Ivry et travaille comme garçon maçon « dix heures de travail par jour ».
Le , après avoir participé aux ultimes manifestations contre la guerre et avoir reçu une convocation au conseil de révision pour le , il quitte Paris, muni d’un sauf conduit pour la Ferté Bernard (Sarthe) pour soi-disant aller y travailler aux carrières, mais en fait part pour l’Espagne afin de se soustraire à ses obligations militaires. Appelé le au 39e Régiment d’infanterie de Rouen, il est déclaré insoumis le suivant.
Réfugie en Espagne, il participe activement au mouvement libertaire et anarcho-syndicaliste, notamment avec la Confédération Nationale du Travail (CNT) et, en particulier, la revue Estudios[1]. Il collabore à de nombreux titres de la presse libertaire espagnole tout en exerçant divers métiers (charretier, photographe, etc). Au printemps 1920 il est arrêté et emprisonné à Valence. À sa sortie de prison, il retourne à Barcelone.
En 1921 il est nommé lors d’un plenum clandestin de la Fédération des groupes anarchistes de Barcelone délégué-adjoint de la CNT pour assister et prendre part, à Moscou, au Congrès constitutif de la IIIe Internationale des syndicats rouges. Arrivé en juin à Moscou, il y reste jusqu’en 1922. Il rencontre Victor Serge qui « décrivait dans ses articles un monde libéré » mais qui cachait déjà « sa pensée véritable ». Leval ne « pouvait lui pardonner ce double jeu et ce double langage. » Entré en relations avec Emma Goldman et Alexandre Berkman, il recueille des informations sur les anarchistes emprisonnés et parvint à visiter la prison Boutirky. Reçu par Lénine, qu’il qualifie à son retour « d’homme de droite », auquel la délégation espagnole venait demander la libération des anarchistes en grève de la faim depuis onze jours, il eut la surprise de constater le silence prudent des délégués français. À son retour de Russie, sous le nom de Gaston Leval, il fut brièvement emprisonné à Berlin puis expulsé.
Il était à cette époque considéré par les services de renseignement français comme un agent bolchevique. Après un séjour de quelques mois en Italie, il retourna en Espagne pour faire rapport au Comité National de la CNT lors de la conférence nationale anarchiste tenue à Saragosse. Il écrit de nombreux articles dans la presse anarchiste espagnole (Nueva Senda, Solidaridad Obrera, Redencion…) et internationale (Le Libertaire, Der Syndikalist, Le Réveil anarchiste) sur son séjour en Russie.
Après avoir été brièvement emprisonné à Barcelone, Gaston Leval voyage dans toute la Péninsule, puis devint instituteur à Vigo et à La Corogne dans l’école rationaliste créée par l’association ouvrière libertaire Despertar maritimo.
En 1924, il s’embarque pour l’Uruguay et l’Argentine où il participe activement au mouvement libertaire local et survit en donnant des cours de français et en écrivant dans la presse. Il revint en Espagne en 1934 où il reprend une collaboration active dans le mouvement libertaire et la Confédération Nationale du Travail.
Après la victoire du mouvement libertaire en à Barcelone, il refuse le poste que lui propose la Generalitat de Catalogne et participe à un réseau d'achat d'armes en France. En 1937 il est membre du groupe Los Solidarios (Fédération Anarchiste Ibérique) de Barcelone et de la section des journalistes du syndicat CNT des professions libérales. Pendant plus de huit mois il étudie soigneusement et accumule un important matériel sur les collectivités organisées par le mouvement libertaire dont il fera la matière de son livre Espagne libertaire 36-39.
En 1938, il rentre en France et reprend sa collaboration au Libertaire. Le , il est arrêté pour insoumission, le tribunal militaire le condamne, le , à quatre ans et demi de prison et il est incarcéré à la prison de Clairvaux. Il s’en évade le , se réfugie en province, puis avec Louis Lecoin entre dans les restaurants populaires organisés par le Secours national du maréchal Pétain, ce qui lui vaut d’être écarté temporairement de la Fédération anarchiste en . Sous les noms de Gaston Leval et Robert Le Franc, il reprend sa collaboration au Libertaire, ainsi qu’à la revue Études anarchistes.
Bon orateur, Gaston Leval intervint dans nombre de réunions publiques. En , toujours sous la menace d’une arrestation pour son insoumission, il se réfugie à Bruxelles.
Il revient en France en 1953 où il peut enfin légaliser sa situation. Au cours d’un congrès tenu à Paris les 25-, il fut de ceux qui reconstituèrent l’ancienne Fédération anarchiste qui avait disparu pour faire place sous l’impulsion de Georges Fontenis à une nouvelle organisation, la Fédération communiste libertaire.
En 1955, il rejette le qualificatif "anarchiste" trop marqué à son idée[2]. Il fonde Groupe socialiste libertaire qui se constitue en Centre de sociologie libertaire lequel eut pour tribune les Cahiers du socialisme libertaire devenu Cahiers de l’humanisme libertaire et, ultérieurement, Civilisation libertaire, publiant en tout 254 numéros. Le Centre de sociologie libertaire se proposait, compte tenu des bouleversements survenus dans nos sociétés, d’enrichir ce qui demeurait valable des acquis doctrinaux libertaires par des études répondant aux réalités d’aujourd’hui, et, dans la mesure du possible, de demain. Ainsi « des réalisations collectives concrètes » tels que coopération, syndicalisme, communes, influenceront-elles « au maximum l’évolution de la société dans un sens libertaire ». En ce qui concerne le problème de la liberté « c’est, en dehors de l’atelier, de l’usine, du laboratoire, que pourra se manifester la liberté humaine ». C’étaient là des réflexions originales sur l’épineux problème des lendemains de révolution[3].
Pendant les événements de mai-juin 1968, Gaston Leval participe à plusieurs débats dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne occupée.
Selon Léo Campion, dans son livre Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas, Gaston Leval a été initié franc-maçon à la Loge « La Chaîne d'Union » du Grand Orient de France à Paris[4].
Une trentaine de brochures et livres en français, espagnol, italien, anglais, dont en français :
De très nombreux articles en espagnol et en français dans la presse libertaire européenne et sud-américaine et sous divers pseudonymes dont Silvio Agreste, José Benito, Felipe Montblanc, Josep Venutto.
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