La maison de Béthune est une famille éteinte de la noblesse française, d'extraction féodale, originaire d'Artois. Elle n'est pas à confondre avec des familles homonymes de nos jours. Elle descendrait de Robert Ier de Béthune, dit Faisseux (vers 970 - vers 1038), bien que plusieurs auteurs aient exprimé des réserves à ce sujet. Sa filiation est suivie de manière plus assurée depuis Guillaume (III) de Béthune, mort vers 1243.
Cette famille a occupé un rang considérable dans la noblesse française et plusieurs de ses branches reçurent un titre ducal. Elle fut notamment illustrée par le grand ministre d'Henri IV, Maximilien de Béthune, duc de Sully. Elle a formé les branches de Sully, d'Orval, de Chabris-Selles et de Charost, toutes éteintes dont la dernière en 1833.
La maison de Béthune tiendrait son nom de la ville de Béthune, en Artois.
Pour Henri Jougla de Morenas, si la maison féodale de Béthune, originaire d'Artois, à laquelle appartenait Conon de Béthune, un des chefs de la 4ecroisade, remontait sa filiation à Robert Ier de Béthune, chevalier, vivant au début du XIesiècle, l'ascendance du ministre Sully n'était elle prouvée que depuis Guillaume (III) de Béthune, mort avant 1243, qui d'Isabelle de Pontrohart laissa Guillaume (IV) de Béthune, auteur des Béthune-Locres-(Sully) et des différentes branches de cette famille[1].
Les premiers Béthune (-Sully) étaient en effet seigneurs de Locres (Lokeren, province de Flandre-Orientale). Gustave Chaix d'Est-Ange émet les mêmes doutes que Jougla de Morenas: «Ce changement de nom [Locres en Béthune] coïncidant avec ce changement d’armoiries [celles des seigneurs primitifs de Béthune en celles de Béthune-Sully] a paru suspect à plusieurs historiens et on a pu se demander si Guillaume de Locres ou de Béthune, mari d’Isabelle de Pontrohart (+ 1278) et auteur de la maison de Béthune-Sully, appartenait bien à la famille des seigneurs primitifs de Béthune comme l’affirment les généalogistes[2]».
Il est toutefois aujourd'hui généralement admis que les Béthune-Locres-Sully sont bien des Béthune, la possession de Locres par Guillaume (III) († 1243) semblant cohérente avec les fiefs apportés par Mahaut/Mathilde de Termonde à son mari GuillaumeII de Béthune, épousé vers 1200: Termonde, Meulebeke/Molenbeek/Molbecq/Moerbeek (Moerbeke?), Locres/Lokeren, et Guillaume (III) étant plausiblement un frère cadet de leur fils Robert VII: c'est la position adoptée par les sites Racines & Histoire[3] et Medieval Lands[4].
RobertIIFasciculus († vers 1067 ou peut-être en 1071 à Cassel), x une fille de Liétard II de Hénin; (→ Robert aurait un frère puîné, Baudouin de Béthune, souche des sires de Carency ([3], p.2 et 25-26; et [6], p.126-129); le site MedLands ne commence la lignée des Béthune-Carency qu'à partir d'Elbert Ier, au début du XIIesiècle, qui pourrait être le fils de Baudouin;
RobertIIIle Chauve († vers 1097/1101), seigneur de Béthune et Richebourg, avoué de St-Vaast d'Arras et de St-Bertin, régent de Flandre lors de la première Croisade
Robert IVle Gros (vers 1090 - 1128) x vers 1105 Alix, fille de RobertII de Péronne, dame de Warneton; (→? Robert IV aurait un frère, Adam (Ier) de Béthune, qui fonderait la branche de Bessan/Beth'san ([3], p.17): Beit Shean en Galilée?)
Baudouin († vers 1113), sans postérité;
GuillaumeIer († 1138) x vers 1129 Clémence d'Oisy († vers 1165), fille d'Hugues IId'Oisy châtelain de Cambrai
Mathilde/Mahaut (vers 1155 - † 1220) x 1oGauthier II, châtelain de Bourbourg, frère cadet de Baudouin: postérité, 2o Hugues de Houdain, et peut-être 3o BaudouinII de Comines aussi évoqué ci-dessous;
GuillaumeII de Béthune (vers 1160 - vers 1214) x Mathilde (1185-1224), dame de Termonde, Locres et Meulebe(e)ke/Molenbeek/Moerbeek (Moerbeke-Waas?), d'où:
Daniel († vers 1227), sans postérité de sa femme Eustachie, fille du comte Gaucher IIIde Châtillon-St-Pol et d'Eustachie Candavène;
Jean, comte de St-Pol par son mariage en 1228 avec la mère de sa belle-sœur Eustachie, Elisabeth Candavène;
Adélaïde († 1253), x ~1215 Gaucher II de Nanteuil-la-Fosse († 1224);
Mahaut/Mathilde, x 1o BaudouinII de Comines († vers 1213/1218) —à moins que ce soit sa tante Mahaut ci-dessus qui épouse 3o BaudouinII de Comines?—, 2o Geoffroi/Godefroi/Godfried IIIde Bréda († 1227), 3o son cousin Gilbert († 1239), fils de Gautier/Walter/Wouter IV van Zotteghem de Rassenghem et de Richilde de Mortagne-Tournai, elle-même fille d'Evrard Radoul III et Mahaut de Béthune ci-dessus, 4o? Arnould IV van Diest († 1258),
Clémence († vers 1246), x ~1242 son cousin Godefroy/Godfried IVde Bréda, fils cadet de Geoffroi III et Mahaut de Béthune ci-dessus; - Elisabeth, dame de Harponlieu (à Dourges?), x 1o Jan van Steelant seigneur (ou avoué) d'Huysse et Wachtebeke, écoutète héréditaire d'Assenede, 2oHéllin Vde Wavrin (Postérité de ces deux unions), et 3oHugues III d'Antoingd'Epinoy,
Guillaume (III) (vers 1202 - ), seigneur de Locres et Meulebeeke/Molembeke, auteur de la branche de Béthune-Locres-(Sully).
Guillaume (III) de Béthune (vers 1202 - ) seigneur de Locres et Meulebeeke/Molembeke, fils cadet de GuillaumeII († 1214) et de Mathilde de Termonde ci-dessus, mari d'Elisabeth/Isabeau de Berghes (des châtelains de Bergues-St-Winoc), dame de Roesbrugge/Raebrugge alias Pont-Rohart/Pont-Rouwaert[7], fondatrice en 1234/1236, avec son mari Guillaume, de l'abbaye victorine Beata Maria Nova de Roesbrugge/Pontrohart (les religieuses sont connues comme Victorines ou filles de St-Victor[8],[9]). Parents de: - Gilles, † vers 1247; - Mathilde/Mahaut, dame de Meulebeeke et Roesbrugge, x 1oJean II châtelain de Péronne et de Lille, † 1244, et 2o RobertII de Wavrin: Postérité; - Jeanne, x Evrard Radoul V Van Peteghem, fils d'Evrard Radoul IVde Mortagne-Tournai, petit-fils de Baudouin, arrière-petit-fils de d'Evrard Radoul III ci-dessus (et d'une autre femme que Mahaut de Béthune sœur de Robert V): Postérité; et:
GuillaumeIV, † 1255, x Béatrix dame d'Hébuterne: Parents de -? Jean de Béthune (x vers 1275 Jeannette fille de Raoul IIde Coucy[10], ([3], p.4 et 18-24) , mais on a aussi fait descendre cette branche de Baudouin de Béthune ci-dessus, † 1212, comte d'Aumale ([6], p.91 et 142-149; et [3], p.3): les filiations semblent donc quelque peu incertaines…), et de:
Guillaume V, sire de Locres et d'Hébuterne, † vers 1279, x Jeanne, fille Jean III de Nesle-Falvy-La Hérelle qui fut comte de Ponthieu par son 2emariage, d'où:
Guillaume VI (vers 1270-1340), x Marie de Roye de La Ferté-en-Ponthieu (-La Ferté-lès-Saint-Riquier) dame de Vendeuil, d'où:
Mathieu, sire de Locres et d'Hébuterne, † 1348, père de Marie qui épouse 1oGautier V de Hondschoote, et 2o Philippe van Maldeghem; et le frère de Mathieu,
Marie, dame d'Escornay, † vers 1400, x Eustache de Voudenay sire de Baye, du Baizil, Mareuil-en-Brie, Congy, vicomte d'Ostel (ces fiefs venaient des Briennede Conflans (à Villeseneux): l'héritière Jeanne de Conflans, fille d'Eustache de Conflans et d'Allemande Flotede Revel, était la mère d'Eustache de Voudenay), † 1392 sans postérité (Marie, veuve héritière de son mari lègue Mareuil, Baye, Congy, Le Baizil, Ostel, à son frère Jean II de Béthune);
Jeanne, † 1380, x Jean IIIde Roye d'Aunoy (d'Aulnay?): postérité
Jean II de Béthune (vers 1359-1415 à Azincourt), frère des précédents, sire d'Autrêches, d'Havrincourt et des Hauts-Bois d'Havrincourt, Baye, Mareuil-en-Brie, Congy et Toulon (Vert-Toulon?), vicomte d'Ostel, x 1401 Isabeau, fille de Robert VIId'Estouteville: (pour la suite, généalogie plus détaillée à l'article Maximilien)
Maximilien III François de Béthune, 2educ de Sully, lieutenant général du roi en Dauphiné (1644), d'où les ducs de Sully de Maximilien IV (3educ) à Maximilien VI (5educ).
Branche d'Orval
François de Béthune (1598-1678), fils cadet du ministre Sully, duc d'Orval (à Nogent: voir à cet article), pair de France, lieutenant général des armées du roi (1652), grand-voyer de Paris (1616), surintendant des Bâtiments de France (1616), d'où les ducs de Sully de Maximilien VII (6educ) à Maximilien X (8e et dernier duc; Maximilien IX n'a pas été duc car prédécédé).
Branche de Chabris
Philippe de Béthune (vers 1566 - 1649), diplomate, frère du ministre Sully, dont:
Hippolyte de Béthune (1603-1665), dont:
Henri de Béthune (1632-1690), dont:
Louis de Béthune (1663-1734), comte de Chabris, lieutenant général des armées navales (1734), dont:
Armand Joseph de Béthune (1738-1800), 5educ de Charost, pair de France, lieutenant général (1792), maire du 10earrondissement de Paris en 1799.
Il subsista jusque vers 1925-1930 une descendance naturelle de la branche de Chabris, représentée par Armand-Maximilien Béthune[11], né le à Chabris (Indre), fils d'Anne Louis Maximilien Constant Béthune, né à Paris le , décédé le au château de Chabris, qui était lui-même le fils naturel reconnu d'Armand Louis de Béthune, marquis de Chabris (1756-1833)[12]. Ce dernier descendant de la maison de Béthune épousa en premières noces à Paris, le Mélanie Marie Thérèse Allain-Cavan, veuve en premières noces de Villalon et en secondes noces de Claude Aloys, comte de Bréqueville, morte le [13]. Il épousa en secondes noces le aux Mesnuls Amélie-Georgette Ehrler (1853-1924, veuve en 1904 de Georges-Lucien Soyer, dont postérité), propriétaire du château des Mesnuls à Montfort-l'Amaury, et fille du célèbre carrossier du Second Empire[14],[15]. Cette dernière demanda quelque temps après le mariage son annulation, sur le motif qu'en épousant son conjoint, elle pensait épouser un membre d'une famille noble, alors qu'il n'était qu'un enfant naturel adultérin. Le motif ne fut pas retenu par les tribunaux[16].
La famille de Béthune de Saint-Venant, dite de Béthune-Sully (branche cadette des Béthune des Planques-Hesdigneul), intenta en 1912 à Armand Maximilien Béthune un procès afin de lui interdire de prendre le nom de Béthune-Sully. Elle fut déboutée en première instance de sa demande, et cette décision fut confirmée par jugement de la 5echambre du tribunal civil de la Seine du , et le défendeur confirmé dans son droit à porter le nom de Béthune-Sully comme issu d'une filiation naturelle reconnue de la famille de Béthune[12],[17]. Cependant, par arrêt de la Cour d'Appel de Paris du , il lui fut interdit de porter la particule "de" avant Béthune, et également le nom de "Béthune-Sully", jugement confirmé par la Cour de cassation en date du [11],[18].
«RobertIer Fasciculus/Faisseux avoué de St-Vaast d'Arras, p.7 note 3», sur Dictionnaire historique et archéologique du département du Pas-de-Calais, arrdt. et canton de Béthune, t. Ier, Commission départementale des Monuments historiques, chez Sueur-Charruey à Arras, 1875
«Béthune, p.84-149», sur Dictionnaire de la Noblesse, t.III, par François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois et Jacques Badier, chez Schlesinger à Paris, 1863
(de) «Roesbrugge-Haringe, no429», sur Doublons toponymiques et frontière linguistique franco-germanique, par Maria Besse, aux Editions Max-Niemeyer à Tübingen, 1997
«Pont-Rouwaert près de Bergues, p.900», sur Histoire de Cambrai et du Cambrésis: 3epartie, de l'Etat de la noblesse du Cambrésis, par Jean Le Carpentier, à Leyde, 1664
«L’expansion victorine en Flandre et en Artois, XII-XIIIe s.», sur De quelques fondations féminines de l'ordre de Saint-Victor implantées en Flandre au XIIIesiècle, par Isabelle Guyot-Bachy, in Revue du Nord 2004/3-4 (no356-357), pages 665 à 680, mise en ligne par Cairn.info
Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXesiècle, vol.4, Évreux, C. Hérissey, , 414p. (lire en ligne), p.189-194
André Du Chesne, Histoire généalogique de la maison de Béthune, Paris, Sébastien Cramoisy, , 400p. (lire en ligne)
Père Anselme de Sainte-Marie, Honoré de Fourny, père Ange de Sainte-Rosalie et père Simplicien, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne et de la maison du roi, et des anciens barons du royaume, t.4, Paris, compagnie des libraires, , 950p. (lire en ligne), p.210-219
Nicolas Viton de Saint-Allais, Nobiliaire universel de France: recueil général des généalogies historiques, t.7, Châtillon-sur-Seine, Bachelin-Deflorenne (impr. E. Cornillac), coll.«Dictionnaire de la noblesse de France», , 546p. (lire en ligne), p.134-172