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compositeur et pianiste français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Francis Poulenc (/fʁɑ̃.sis pu.lɛ̃k/[1]) est un compositeur et pianiste français, né le à Paris où il est mort le .
Nom de naissance | Francis Jean Marcel Poulenc |
---|---|
Naissance |
Paris (8e), France |
Décès |
(à 64 ans) Paris (6e), France |
Activité principale | Compositeur, pianiste |
Style | Musique de la période moderne |
Lieux d'activité | Paris, Noizay |
Collaborations | groupe des Six |
Maîtres | Charles Koechlin, Ricardo Viñes |
Distinctions honorifiques | Officier de la Légion d’honneur (1953) |
Site internet | http://poulenc.fr |
Œuvres principales
Le père de Francis Poulenc, Émile Poulenc (1855-1917), est l’un des fondateurs des établissements Poulenc frères, qui deviendront plus tard le groupe Rhône-Poulenc[2]. Sa mère, Jenny-Zoé Royer (1864-1915), fille d’artisans parisiens[2], lui apprend le piano alors qu'il n'a que cinq ans[2]. À partir de 1915 il se perfectionne auprès de Ricardo Viñes, qui lui fait rencontrer notamment Erik Satie, Claude Debussy et Maurice Ravel[3].
Pendant son enfance il est fréquemment à Nogent-sur-Marne où habite son grand père, Louis François Royer, au 4 rue de la Muette, où par ailleurs sa sœur Jeanne est née le 26 mai 1886.
Après une scolarité au lycée Condorcet, il connaît à dix-huit ans une première réussite lors d’un concert de musique « d’avant-garde » donné au théâtre du Vieux-Colombier, dirigé alors par la cantatrice Jane Bathori[4]. Sa Rapsodie nègre (1917) lui ferme la porte du Conservatoire de Paris[4], mais attire l’attention du compositeur Igor Stravinsky, dont l'appui lui permet de faire publier ses premières œuvres aux éditions britanniques Chester[5],[6],[7].
Grâce à son amie d’enfance Raymonde Linossier (1897–1930)[8], il fréquente en compagnie de son ami Georges Auric (son « frère jumeau »[9]) la Maison des amis des livres, tenue par Adrienne Monnier[8]. Il y fait la connaissance des poètes d’avant-garde, tels que Jean Cocteau, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Paul Éluard[10], dont il mettra de nombreux textes en musique.
Il compose Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée (1918), un cycle de mélodies reprenant des poèmes de l'œuvre éponyme de Guillaume Apollinaire, et en confie la première exécution à Suzanne Peignot (1919)[11]. Notons égallement un enregistrement notable de cette oeuvre enregistré avec Poulenc en personne au piano et Pierre Bernac pour le chant. C'est à cette époque que se crée, sous l'impulsion de Jean Cocteau et d'Erik Satie, un collectif de jeunes compositeurs que le critique Henri Collet surnomme en 1920 le « groupe des Six », en référence au « groupe des Cinq » russes. Constitué, outre Francis Poulenc, de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud et Germaine Tailleferre, il se veut une réaction contre le romantisme et le wagnérisme, mais aussi, dans une certaine mesure, contre le courant impressionniste, incarné notamment par Claude Debussy. Le groupe des Six ne créera pourtant que deux œuvres collectives : un recueil pour le piano, Album des Six, et un ballet, Les Mariés de la tour Eiffel (sur un texte de Cocteau).
De 1921 à 1925 Poulenc étudie la composition avec Charles Koechlin[12]. Il reste néanmoins une sorte d’autodidacte : « Mon canon, c’est l’instinct », dit-il un jour[réf. nécessaire]. La première de son ballet Les Biches, donné par les Ballets russes de Serge de Diaghilev, dans des décors et des costumes de Marie Laurencin, a lieu en janvier 1924.
En 1926 il rencontre le baryton Pierre Bernac, à qui il demande d'interpréter les Chansons gaillardes composées la même année[13]. Pierre Bernac deviendra son interprète fétiche (Franck Ferraty parle de « partenaire affectif privilégié »[14], bien que selon Wilfrid Mellers « malgré les inclinations homosexuelles de Francis, lui et Bernac ne furent pas amants »[15]) et pour lequel il composera 90 de ses 145 mélodies[16]. Il l’accompagne au piano à partir de 1935 (et jusqu'en 1959) dans des récitals de musique française à travers le monde entier.
En 1927 il achète le Grand Coteau, une maison à Noizay, en Touraine, où il se réfugie dès lors pour composer. Le Grand Coteau est aujourd'hui ouvert à la visite chaque été. En 1928, il écrit pour la célèbre claveciniste Wanda Landowska le Concert champêtre pour clavecin et orchestre. L’œuvre est dédiée à son amant, le peintre Richard Chanlaire. Il crée son Concerto pour deux pianos en 1932 avec Jacques Février, fidèle interprète de ses œuvres.
La mort de plusieurs amis et celle du compositeur et critique Pierre-Octave Ferroud, puis un pèlerinage à Rocamadour en 1935, le ramènent vers la foi catholique dont il s’était détourné depuis la mort de son père en 1917. Même s'il continue à composer des mélodies légères, comme les Quatre chansons pour enfants (1934) sur des textes de Jean Nohain, certaines de ses œuvres se font plus sombres et austères. En 1936 il compose les Litanies à la Vierge noire de Rocamadour, pour chœur de femmes et orgue (qu’il orchestrera ultérieurement), suivies de la Messe en sol majeur pour chœur mixte a cappella[17] (1937) et des Quatre motets pour un temps de pénitence (1938-39).
Pendant la Seconde Guerre mondiale Poulenc écrit texte et musique des Animaux modèles, ballet plein d’humour créé à l'Opéra de Paris en 1942 sur une chorégraphie de Serge Lifar, avec les costumes de son ami, le peintre et décorateur de théâtre Maurice Brianchon. L’œuvre peut être vue comme un acte de résistance en ce qu’elle fait entendre un passage de Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine – que les officiers allemands ne reconnurent pas à l'époque. La même année il compose la musique du film La Duchesse de Langeais de Jacques de Baroncelli.
En revanche sa cantate Figure humaine (1943) sur des textes de Paul Éluard doit attendre 1945 pour être créée (à Londres), sans doute en raison du poème qui la conclut : Liberté[18]. Poulenc la dédie à Pablo Picasso dont il « admire l'œuvre et la vie »[19]. En 1946 il crée à la radio un conte musical pour piano et récitant, l'Histoire de Babar, le petit éléphant, d'après le personnage créé par Jean de Brunhoff. Grâce à Max de Rieux[20] il se lie d'amitié avec la jeune soprano Denise Duval, à laquelle il confie le rôle principal de son opéra bouffe Les Mamelles de Tirésias (d’après la comédie éponyme de Guillaume Apollinaire), créé à l'Opéra-Comique en 1947[21]. Poulenc continue à alterner mélodies, chœurs profanes (Huit chansons françaises, 1946) ou religieux (Stabat Mater, 1950), pièces orchestrales (Sinfonietta, 1947), de chambre ou pour le piano.
Le il donne son premier récital avec Pierre Bernac aux États-Unis. Il y rencontre notamment la soprano Leontyne Price, qui le met au programme de ses récitals, et le compositeur Samuel Barber, dont les Mélodies passagères seront créées à Paris par Bernac et Poulenc en février 1952.
En 1953 le directeur des éditions Ricordi commande à Poulenc un ballet sur sainte Marguerite de Cortone pour la Scala de Milan. Poulenc décline l'offre mais s'intéresse au livret en italien que Flavio Testi a tiré d'une pièce représentée à Paris l'année précédente au théâtre des Arts par Jacques Hébertot, Dialogues des carmélites, d'après un texte inédit de Georges Bernanos. Malgré des problèmes de droits et de santé, Poulenc se lance à corps perdu dans un sujet qui ne tarde pas à l'obséder, les angoisses de Blanche de la Force face à la mort faisant écho aux siennes, confronté à la longue agonie de son compagnon de l'époque, Lucien Roubert, un voyageur de commerce[22]. Il adapte lui-même le texte de Bernanos pour une version française et achève sa partition en août 1955, au moment même de la mort de Lucien. Dialogues des carmélites est créé en italien à Milan le avec Leyla Gencer (Mme Lidoine) et Virginia Zeani (Blanche), puis, dans la version française originale, à l'Opéra de Paris le 21 juin suivant sous la direction de Pierre Dervaux, avec Régine Crespin et Denise Duval dans les mêmes rôles. La première aux États-Unis a lieu en septembre de la même année au San Francisco Opera avec Leontyne Price, qui fait sa première apparition sur une grande scène d’opéra dans le rôle de Mme Lidoine.
Il est suivi en 1958 par La Voix humaine, tragédie lyrique d’après Cocteau, dédiée à son dernier amour, Louis Gautier, un travailleur manuel rencontré en 1957[23]. En 1960-61, il est aux États-Unis pour les créations des Mamelles de Tirésias et de La Voix humaine. Son Gloria pour soprano solo, chœur mixte et orchestre est créé simultanément à Boston par Charles Munch et à Paris par Georges Prêtre (janvier-février 1961). La même année, il publie un livre sur Emmanuel Chabrier.
Il meurt le d'une crise cardiaque à son domicile du 5, rue de Médicis, face au jardin du Luxembourg. Il est enterré à Paris, au cimetière du Père-Lachaise (division 5)[24] avec sa nièce, Brigitte Manceaux (1914 - 1963), fille de Jeanne Poulenc, qui fut sa secrétaire et confidente.
Ses deux dernières compositions sont créées de façon posthume en avril et juin 1963 : la Sonate pour hautbois et piano par Pierre Pierlot et Jacques Février, et la Sonate pour clarinette et piano par Benny Goodman et Leonard Bernstein.
Le critique Claude Rostand, pour souligner la coexistence chez Poulenc d’une grande gravité, due à sa foi catholique, avec l’insouciance et la fantaisie, a forgé la formule célèbre « moine ou voyou ». Ainsi, à propos de son Gloria, qui provoqua quelques remous à sa création, le compositeur lui-même déclara : « J’ai pensé, simplement, en l’écrivant à ces fresques de Benozzo Gozzoli où les anges tirent la langue, et aussi à ces graves bénédictins que j’ai vus un jour jouer au football. »
Poulenc a composé près de deux cents mélodies ou chansons, la plupart accompagnées au piano, les autres par un orchestre de chambre ou un grand orchestre.
Les premières œuvres sont souvent des chansons légères telles Toréador (1918), « chanson hispano-italienne » ou le cycle Cocardes (1919) sur des textes de Jean Cocteau (Poulenc était fasciné par le cirque, le music-hall et par des chanteurs comme Maurice Chevalier[25]), mais à partir de sa rencontre avec Pierre Bernac, les mélodies se font plus lyriques, mettant en musique le plus souvent des poèmes de son cercle d’amis : Apollinaire, Louise de Vilmorin, Max Jacob et surtout Paul Éluard. Par la suite, il alterne les deux genres, revenant à la fantaisie avec, par exemple, en 1942 Chansons villageoises, et en 1960 La Courte Paille.
Parmi ses adaptations de textes d’Apollinaire, Bleuet (1939) et Montparnasse (1945), mélodie qui demanda à Poulenc trois ans de travail pour trois courtes pages[26] présentent le Poulenc de la maturité. Tout à fait à l’opposé, une œuvre comme Les Chemins de l’amour composée pour la « diva de l’opérette », Yvonne Printemps, pour la pièce d'Anouilh Léocadia (1940), correspond à sa veine populaire, tout comme Voyage à Paris du cycle Banalités (1940).
C (1943), sur le poème de guerre de Louis Aragon Les Ponts-de-Cé, est une de ses mélodies les plus souvent reprises.[réf. nécessaire] Liberté, sur le poème Liberté d’Éluard, clôt la cantate Figure humaine, créée sur la BBC en 1945 et dont la première française n’eut lieu qu’en 1947.
Cocteau notait à propos des chansons et mélodies : « La particularité de Poulenc, c'est de mettre le texte en évidence. Le poème Liberté d'Éluard y gagne. On se demande si le texte ainsi chanté n'est pas la seule forme possible de déclamation d'un poème[27]. »
Poulenc a laissé plusieurs enregistrements comme pianiste soliste ou accompagnateur. On dispose aussi d’enregistrements, parfois supervisés par lui, interprétés par des artistes qu’il privilégiait de son vivant, comme le baryton Pierre Bernac, la soprano Denise Duval, le pianiste Gabriel Tacchino ou le chef d’orchestre Georges Prêtre.
Sont notamment nommés en son honneur :
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