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L'hébraïsme, à partir duquel se développa le judaïsme, naquit dans un peuple qui situait sa naissance lors de la sortie de l'Égypte pharaonique après des siècles d'asservissement, et attribuait cette libération à YHWH. Cependant, en dehors de ces principes, qui n'étaient pas vécus comme des spéculations théologiques abstraites mais des expériences historiques, sur lesquelles tout le monde s'accordait, le judaïsme ne fut jamais monolithique, engendrant des courants réunissant un nombre plus ou moins grand d'adeptes.
Parmi les grandes lignes de clivage entre ces courants figurent les divergences d'interprétation du texte biblique, ainsi que le rapport à une tradition orale parallèle et supposée concomitante de la Torah, appelée la Torah orale.
Dès l'Antiquité, les juifs de l'époque du Second temple de Jérusalem sont éclatés en de nombreuses « sectes ». Celles-ci disparaissent après l'unification interprétative réalisée par le Talmud entre le IIe siècle et le Ve siècle, le karaïsme restant le seul contestataire, de moins en moins influent, de cette interprétation.
Une nouvelle diversité apparaît au XIXe siècle en Europe, avec la remise en cause par le judaïsme réformé et ses différents courants de tout ou partie de l'interprétation talmudique de la Torah.
Les courants du judaïsme sont en principe distincts des subdivisions ethniques juives et des mouvements politiques juifs. Cependant, les interactions avec ceux-ci ne sont pas rares, et le rapport au sionisme engendre des interprétations théologiques fort différentes au sein des courants du judaïsme orthodoxe comme des mouvements non rthodoxes.
Après le retour des exilés de Babylone, les Israélites éclatent entre Judéens (Juifs) et Samaritains.
Ces derniers établissent un sanctuaire sur le mont Garizim et récusent la centralité de celui de Jérusalem. Ils ne sont, aux yeux des Judéens, pas des Israélites, mais des descendants de populations déportées par Sennacherib ayant mêlé leurs pratiques païennes aux coutumes et croyances locales[1].
Ils rejettent également les Livres des Prophètes, accusant Élie d'être à l'origine du schisme, ne reconnaissant de canonicité qu'à l'Hexateuque (Pentateuque et Livre de Josué). Ils établissent leurs propres Livres des Chroniques.
L'interprétation de la Torah que font les Juifs, ainsi que la Torah orale, ne sont pas davantage acceptés, bien que les Samaritains ne s'opposent pas à l'idée d'une tradition orale, et en possèdent une, qu'ils nomment le Memar Marqah.
De ce courant subsistent actuellement deux communautés totalisant, en 2019, 820 personnes[2] à Holon et à Naplouse.
Le judaïsme de l'époque du Second Temple, qui fait suite à cette rupture est divisé en de nombreux groupes : outre les Sadducéens, Pharisiens, Esséniens, la Quatrième philosophie, mieux connus car décrits par l'historiographe juif Flavius Josèphe comme les « quatre grandes sectes », il faut ajouter :
Plusieurs facteurs expliquent cet émiettement :
La secte des Sadducéens est la moins connue de toutes car elle n'a laissé aucun document derrière elle, si ce n'est un hypothétique Sefer Tzedoukkim dont le contenu est douteux. Les doctrines mises dans la bouche de Sadducéens dans le Talmud pourraient n'être que des prétextes à la réfutation de ces idées par les Sages, et leur description par Flavius Josèphe ne se fait que par comparaison symétrique avec les Pharisiens. Il s'agissait probablement d'une classe de prêtres, confiante en son rôle central et héréditaire dans le culte, se reposant sur l'autorité de la Lettre, c'est-à-dire la Torah et elle seule.
Certains acceptent la Torah orale, d'autres non, certains courants acceptent des livres de la Bible que d'autres rejettent[6], certains professent l'éternité du monde quand d'autres sont créationnistes, certains professent l'immortalité de l'âme (pharisiens) que d'autres rejettent (sadducéens[7]), certains courants se montrent ouverts aux convertis quand d'autres les rejettent, certains courants se montrent ouverts à la culture hellénistique (dominante dans le Moyen-Orient de l'époque), que d'autres se font un point d'honneur de refuser.
Après la destruction du second Temple de Jérusalem en 70 de notre ère, ce judaïsme éclaté perd son autorité centrale. Le peuple juif perd aussi progressivement son État, réduit d'abord au statut de royaume vassal par les Romains, puis finalement supprimé pour devenir une simple province. Enfin, une nouvelle religion apparaît, le christianisme. Issu du judaïsme, le christianisme primitif met l'universalisme en avant. Les références au « peuple juif » et au « royaume de Juda » (dont le rétablissement était espéré par les Juifs) en disparaissent dès la fin du Ier siècle.
À la suite de la destruction du Second Temple, et devant la menace de dilution et d'oubli de la tradition, les Sages pharisiens décident de mettre la Torah orale par écrit, rompant ainsi avec un tabou ancien[8]. le judaïsme pharisien s'impose, ainsi que sa lecture de la "Torah écrite" (dont elle a d'ailleurs fixé le canon) à travers le prisme de la Torah orale, tradition orale d'exégèse textuelle et légalistique reçue, selon la tradition pharisienne, de la bouche de Moïse lors du don de la Torah, et compilée sous forme des Talmuds babylonien et galiléen. Les principaux contestataires de l'époque du Temple, les Sadducéens, ainsi que le mouvement apparenté des Bœthusiens, s'étaient écroulés en même temps que cette institution sur laquelle se fondait toute leur autorité.
Le rejet de cette Loi par les Samaritains (qui avaient développé leur propre tradition orale, le Memar) était tenu pour insignifiant. Si elle fut ignorée des communautés juives trop éloignées des centres d'enseignement et de diffusion de cette Loi, comme les Juifs de Chine, d'Éthiopie ou d'Inde, elle fut rapidement réapprise par les descendants de ceux-ci désireux de réintégrer le judaïsme.
La seule opposition significative à l'hégémonie pharisienne sur l'orthopraxie, mais non sur l'orthodoxie, eut lieu au VIIIe siècle de l'ère commune et fut le fait d'un courant scripturaliste, le karaïsme, auquel auraient adhéré 10 % des Juifs du temps de son âge d'or entre le IXe et le Xe siècle. C'est également à la suite de cette dissidence interne que le judaïsme pharisien fut rebaptisé "rabbanite" ou "rabbinique", du nom de ces Sages, dont les jugements fixaient la conduite à tenir des générations ultérieures. Le karaïsme fut contré et son influence diminua progressivement, les Karaïtes ne représentant plus de nos jours que 0,2 % de la population juive totale.
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