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écrivain, romancier et traducteur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Claude Duneton, né le à Lagleygeolle (Corrèze) et mort le à Lille (à 76 ans), est un écrivain, romancier et traducteur[1] français, historien du langage, chroniqueur à la radio et dans la presse et comédien. Il milite en faveur des langues régionales, notamment l'occitan[2], et d'une langue française puisant sa source dans le peuple.
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Claude Jean Duneton |
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Fils de paysans[3], Claude Duneton vit une enfance rude sous l'Occupation[4], quitte l'école par manque d'argent et devient apprenti ajusteur à Brive. Il est à nouveau scolarisé en classe de cinquième à l'âge de 16 ans et, sautant des classes, il entame une scolarité brillante. Il termine major de sa promotion de l’École normale de Tulle et intègre même le prestigieux lycée Henri-IV à Paris[4].
De culture occitane[3], il devient cependant enseignant d'anglais, durant une quinzaine d'années[3],[4], puis abandonne la carrière[4]. Il souhaite une langue française ouverte aux apports populaires et dialectaux, comme l'est, à ses yeux, la langue anglaise ; il l'évoque en 1973 dans son ouvrage Parler croquant, qui rencontre un « immense succès[5] ».
Il se fait également connaître par ses livres sur l'institution scolaire et sur la difficulté à faire aimer les lettres en raison du conformisme de l'enseignement de la langue française et des préjugés de classe, comme il le développe dès 1976 dans son ouvrage Je suis comme une truie qui doute[3], puis dans Anti-manuel de français (1978), avec Jean-Pierre Pagliano, et dans À hurler le soir au fond des collèges : l'enseignement de la langue française en 1984. Il est également préfacier de l'ouvrage collectif Chère école de notre enfance (2010).
À la suite du succès de son ouvrage Parler croquant, le magazine Elle lui propose de tenir une rubrique de langage[5], au milieu des années 1970. Il y travaille durant presque quatre ans[6]. À la suite de ces chroniques, il s'attèle à la rédaction de La Puce à l'oreille, publié en 1978, une anthologie des expressions populaires avec leur origine, comme l'indique son sous-titre, un de ses livres les plus populaires — dont deux nouvelles éditions revues et augmentées sont publiées, en 1984 et en 2001[5]. Depuis cet ouvrage, il écrit de nombreux autres livres autour des expressions et du langage populaire, et est surtout connu comme un dénicheur d'expressions dont il cherche à retrouver les significations originelles et leurs dérivés ou, comme il les nomme lui-même, leurs « remotivations »[6].
À partir de 1981, aux côtés de Nicole Vimard, il devient directeur de collection de la nouvelle collection « Points Virgule »[7] des éditions du Seuil. Dès sa création, les deux directeurs acceptent de publier la version française de l'ouvrage d'Howard Buten Quand j'avais cinq ans je m'ai tué, qui avait fait « un flop »[8] dans sa langue originale. Howard Buten déclare vingt ans plus tard : « Cela a tout de suite marché. Le titre en français était meilleur qu'en anglais, la collection venait de démarrer[8] ». L'ouvrage connaît alors le succès grâce à sa version française[8], et pour cela, « Nicole Vimard et Claude Duneton [sont] deux éditeurs auxquels il voue une reconnaissance éternelle[8]. »
Il retrouve les manuscrits de l'œuvre d'Alain Cahen qu'il fait également publier à titre posthume chez Seuil en 1983, et dont il signe les préface ou postface.
La Chienne de ma vie, publié initialement en 1991, est un récit de son enfance corrézienne, durant l'Occupation. L'ouvrage, qui connaît plusieurs rééditions, est couronné du Prix 30 millions d'amis et du Prix Terre de France / La Montagne[9] en 2007.
À partir du milieu des années 1990, il est chroniqueur au Figaro littéraire, dans la rubrique « Au plaisir des mots » ; en 2004 sont publiées certaines de ces chroniques, dans l'ouvrage du même titre Au plaisir des mots. Il écrit également des dizaines de tribunes pour L'Humanité[10].
Membre de l'association Défense de la langue française depuis 1996[11], il est nommé membre du Conseil supérieur de la langue française en 2003[12].
Ses ouvrages autour de la langue française sont nombreux. Depuis La Puce à l'oreille en 1978, il écrit, entre autres, Le Bouquet des expressions imagées en 1990 — qui lui demande onze années de travail[13], et qui est récompensé par le Prix Roland de Jouvenel 1991, décerné par l'Académie Française[14] — Le Guide du français familier en 1998, La Mort du français l'année suivante, Au plaisir des mots en 2004, Pierrette qui roule. Les terminaisons dangereuses en 2007, et son dernier ouvrage, Petit dictionnaire du français familier, paru l'année de sa mort, en 2012.
Il contribue également à plusieurs ouvrages sur ce thème, en tant que préfacier, pour Pierre Merle Le Dico de l'argot fin de siècle (1996) et Nouveau dictionnaire de la langue verte (2007), pour Lorédan Larchey, Dictionnaire de l'argot parisien (1996), ou pour Albert Doillon Dictionnaire de l'argot (2007). De façon plus anecdotique, il fait partie du jury de l'académie de la Carpette anglaise[15].
Il propose en 1985, sous le titre Le Chevalier à la charrette, une adaptation depuis l'ancien français de l'ouvrage du XIIe siècle Lancelot ou le Chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes, et traduit quelques ouvrages depuis l'anglais – par exemple, en 1991, La Duchesse de Malfi, pièce de théâtre de John Webster (XVIIe siècle).
Au début des années 1990, il présente sur France 3 l'émission Aléas : le magazine de l’imprévisible.
Il s'intéresse également à la chanson française, et préface dans les années 1980 et 1990 plusieurs ouvrages sur le sujet, dont un de Renaud et deux de Gilles Vigneault. En 1984, il écrit La Goguette et la gloire, autour du personnage du bossu Mayeux, personnage emblématique du Paris du milieu du XIXe siècle, créé par le dessinateur Traviès[16]. En 1832, Douze aventures érotiques du bossu Mayeux publiées de façon anonyme, sont censurées. À la suite de ses propres travaux, Claude Duneton attribue l'ouvrage au poète et chansonnier Émile Debraux (1796-1831). Il préface une nouvelle édition de ces Douze aventures érotiques du bossu Mayeux, publiée en 1995 aux éditions Les mille et une nuits, ouvrage dont la paternité est donc attribuée au chansonnier[17].
Ces travaux autour d'Émile Debraux le mènent vers un énorme nouveau projet qui lui prend quinze ans de travail : une Histoire de la chanson française, « monumental ouvrage[13] » de 2 200 pages publié en 1998 aux éditions du Seuil en deux volumes : 1.– Des origines à 1780 et 2.– De 1780 à 1860. Comme il l'explique lui-même avec humour : « Je suis tombé sur Émile Debraux. J'étais tellement épaté par ce que je découvrais que je me suis dit : « C'est fou qu'un type pareil ait disparu sans laisser de trace. » En fait, je me suis lancé dans cette histoire pour faire connaître Debraux[13] ! »
Il préface en 2003 l'ouvrage collectif Un siècle de chansons françaises (partitions avec paroles et musiques de 2 709 chansons de 1879 à 1999, en neuf volumes de 301 œuvres chacun) édité par la Chambre syndicale de l'édition musicale[18], puis, en tant que chanteur, enregistre également des reprises de chansons de goguettes du XIXe siècle, d'Émile Debraux — évoqué supra — ou de Charles Colmance, dans l'album La Goguette d'enfer, CD publié à titre posthume en 2014[19].
Il écrit plusieurs romans, dont Le Diable sans porte en 1981, L'Ouilla en 1987, Rires d'homme entre deux pluies qui obtient en 1990 le Prix des libraires, ou Marguerite devant les pourceaux sélectionné pour le Prix Goncourt 1991[20].
Il fait aussi œuvre d'historien dans plusieurs ouvrages : Petit Louis, dit XIV, l'enfance du roi-soleil en 1985, et dans Le Monument, publié en 2004, qui narre la vie et la mort des jeunes gens dont les noms sont inscrits sur le monument aux morts de son village[4], micro-contribution à l'histoire de la guerre de 1914-1918. L'ouvrage est sélectionné pour le Prix Renaudot[21], et récompensé du Prix Maurice-Genevoix[22] la même année. À la même époque, il redécouvre un recueil de poèmes d'Albert-Paul Granier, Les Coqs et les Vautours[23], témoignage de la Première Guerre mondiale publié à compte d'auteur en 1917, et le fait rééditer en 2008[23]. En 2007 est publié son roman historique, La Dame de l'Argonaute, autour de la naturaliste française Jeanne Villepreux-Power (1794-1871).
L'histoire des jouets le passionne également. En 2005 paraît son ouvrage Au plaisir des jouets : 150 ans de catalogues, un essai illustré « mêlant avec bonheur histoire personnelle et grande histoire, références littéraires et considérations sociologiques[24] », depuis le XIXe siècle.
Claude Duneton est aussi comédien. Il joue dans quelques téléfilms et dans une quinzaine de longs-métrages, dont deux sous la direction de Krzysztof Kieślowski. Également acteur de théâtre, il interprète entre autres la pièce radiophonique Probablement les Bahamas, du dramaturge britannique Martin Crimp, jouée en 2006 au Théâtre Ouvert pour Radio France dans une mise en scène de Louis-Do de Lencquesaing[25].
Il reçoit en 2006 un Prix d'Académie pour l'ensemble de son œuvre[26].
Partageant sa vie entre la maison familiale de ses grands-parents à Lagleygeolle, village corrézien de son enfance, et Paris, il est père de quatre enfants[4] et grand-père de l'acteur Louis Duneton[27].
Claude Duneton meurt à 76 ans, le à Lille[4]. Il est inhumé trois jours plus tard à Lagleygeolle[28].
Un volumineux ouvrage collectif lui rend hommage en 2023 Claude Duneton façon puzzle[29] (éditions Unicité).
Préfacier, sauf autre mention.
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