Le nom féminin caulerpe, formé à partir des mots grecs καυλός (kaulόs), tige, et ἕρπειν (hérpein), ramper, ou erpes, herpest (ramper, reptile), signifie tige rampante[1].
Bien que ne possédant pas, comme toute algue, de tissus distincts, les caulerpes développent des parties différenciées: d'une part une sorte de tige rampante, souvent légèrement enfouie dans le sable, d'autre part des frondes vertes dressées (d'aspects très variés selon les espèces) qui prennent naissance sur ce stolon. La structure cellulaire est de type siphoné: toutes les parties de l'algue sont en fait constituées d'un enchevêtrement de filaments tubulaires à plusieurs noyaux. La multiplication végétative est souvent prédominante, par croissance ou par fragmentation des stolons.
Certaines caulerpes sont communes sur les fonds sableux de faible profondeur.
Dans les lagons des zones tropicales, elles peuvent constituer, en mélange avec les zostères, des herbiers ou prairies sous-marines que viennent brouter les tortues vertes.
Des bouleversements écologiques sont provoqués par un clone de Caulerpa taxifolia en mer Méditerranée. Alors que l'espèce en était absente, des fragments échappés d'aquarium ont pu se multiplier et se développer de manière fulgurante et très envahissante, valant à l'algue le surnom d'«algue tueuse»[2].
Quelques espèces, en particulier Caulerpa lentillifera et Caulerpa racemosa,
au goût poivré, sont consommées sous le nom de «raisins de mer» ou de «caviar vert» à Okinawa. Elles sont aussi utilisées dans la cuisine indonésienne, soit crues, soit enrobées de sucre. Elles sont cultivées dans les eaux de l'île de Cebu aux Philippines, à la fois pour la consommation locale et l'exportation vers le Japon.
En Europe, une rumeur semble entourer Caulerpa racemosa, selon laquelle elle pourrait provoquer des empoisonnements.
En réalité, au lieu d'un alcaloïde toxique, c'est un pigment jaune, la caulerpine, qui est métabolisé par certaines espèces du genre Caulerpa (notamment Caulerpa serrulata, Caulerpa urvilliana, Caulerpa racemosa par exemple). Ce pigment absorbe les rayonnements UV dans certaines longueurs d'onde, et pouvait de ce fait être utilisé en cosmétologie pour la réalisation de filtre solaire.
Or, en 2004, la presse alertait l'opinion sur la prolifération en Méditerranée de Caulerpa racemosa, après avoir relaté celle de Caulerpa taxifolia, qui contenait, elle, une substance toxique, la caulerpenyne. Il semblerait que cette conjonction de faits et la similitude phonique entre les noms des substances aient donné naissance à cette sombre réputation[3] apparemment infondée de Caulerpa racemosa qui continue d'être consommée crue ou cuite sans effet toxique constaté.
André Cailleux et Jean Komorn, Dictionnaire des racines scientifiques: 3ème édition revue et augmentée de plus de 1200 entrée nouvelles, Paris, SEDES-CDU, , 264p. (ISBN2-7181-3708-8), p.59, 101, 123
Alexandre Meinesz, Le roman noir de l'algue "tueuse": 'Caulerpa taxifolia' contre la Méditerranée, Paris, Belin, coll.«Débats», , 319p. (ISBN978-2-7011-2077-5, ASINB0014S4XI2)