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pratique qui consiste à consommer un individu de sa propre espèce De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le cannibalisme est une pratique qui consiste à consommer, complètement ou partiellement, un individu de sa propre espèce. L'expression s'applique à la fois aux animaux qui dévorent des membres de leur groupe, cannibalisme animal, et aux êtres humains qui consomment de la chair humaine, cannibalisme ou anthropophagie.
Le substantif[1],[2],[3] « cannibale » est un emprunt[1],[2],[4], par l'intermédiaire de l'italien cannibale[5] et du latin[2], à l'espagnol[1] caníbal[6] qui provient du mot caniba ou cariba utilisé par les Taïnos que Christophe Colomb a rencontrés lors de son premier séjour sur Hispaniola. Il désignait alors, selon le journal de bord de Christophe Colomb[7], les redoutables populations de l'est de l'île qui combattaient les autres peuples indigènes et mangeaient leurs victimes. En débarquant à la Guadeloupe en novembre 1493, Christophe Colomb et son équipage ont découvert des ossements humains qu'ils ont alors attribués aux mêmes peuples Cariba, Caniba, devenus Caribales ou Canibales[8]. Les Caniba de Christophe Colomb sont, dans son imaginaire, des sujets du grand Khan. « La confusion de ce nom générique et la racine canis (chien) ont assimilé les mangeurs d'hommes aux mythiques cynocéphales qui peuplaient l'imagerie médiévale »[9]. Le mot caraïbe est alors employé pour désigner les autochtones des Petites Antilles mais aussi les anthropophages du Nouveau Monde, avant de se répandre en Europe et de prendre la forme « cannibale » dans le sens de « sauvage » mangeur d'homme, l'horreur se cristallisant sur ce terme alors que celui d'anthropophagie était déjà utilisé[10]. En 1572, Montaigne y consacre une partie du premier livre (I, 31) de ses Essais, et Shakespeare s'en inspire en 1611 pour créer le personnage maléfique de Caliban dans sa comédie La Tempête.
Le cannibalisme, lorsqu'il concerne la consommation de viande humaine par des humains, est également appelé « anthropophagie », du grec anthropos (homme) et phagein (manger). Les deux termes peuvent s'utiliser indifféremment, mais les spécialistes[Qui ?] distinguent parfois les deux expressions selon l'origine de la pratique (cannibalisme étant réservé aux peuples « sauvages »), selon ses modalités (le cannibalisme comporterait plus souvent un aspect rituel), ou encore selon la finalité de cette pratique (on emploierait de préférence le terme, plus neutre, d'anthropophagie s'il est question d'une pratique de survie, alors que le cannibalisme revêt une dimension symbolique : il s'agit de s'approprier les qualités de la victime, ou encore d'effrayer les ennemis.)[11]
On distingue l’endocannibalisme, qui consiste à manger les membres de son groupe humain, et l’exocannibalisme, qui consiste à manger des membres d'un autre groupe humain.
Le sens de cannibalisme a été élargi. Alors que le terme anthropophagie désigne le fait pour un être humain de manger d'autres êtres humains, le terme cannibalisme désigne également le fait pour un animal de consommer d'autres membres de son espèce.
Le verbe « cannibaliser » est parfois utilisé dans des sens connexes :
Les premières traces de cannibalisme remontent à la préhistoire. De nos jours, le premier animal dont les traces archéologiques laissent supposer qu'il pratiquait occasionnellement le cannibalisme serait le dinosaure carnivore Majungasaurus, qui vivait il y a environ -70 millions d'années, sur le site de Mahajanga, à Madagascar. Chez l'humain, le site le plus ancien actuellement connu est Atapuerca, en Espagne, vieux de 800 000 ans[12]. On a trouvé en 1994, 11 ossements humains (enfants, femmes, hommes) avec des marques de décapitation, des stries de boucherie et des fractures anthropiques (notamment sur des os à moelle) opérées par des outils en pierre, le tout mêlé à des restes d'animaux (bisons, cerfs, moutons sauvages).
La Bible considère le cannibalisme comme une malédiction (Lévitique 26 verset 29[13], 2 Rois 6 verset 28). Paul VI a implicitement rappelé que cette règle est toujours en vigueur pour les catholiques lorsqu'il a absous, à raison de conditions exceptionnelles, l'anthropophagie de survie pratiquée par les rescapés du Vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya[14].
Dans l'Antiquité, l'accusation de cannibalisme était déjà monnaie courante. Dans son Histoire romaine, Tite-Live la met dans la bouche du consul Varron lorsque celui-ci s'en prend aux envahisseurs carthaginois (livre XXIII, cap. V, 12-13). Un siècle plus tard, Tacite raconte à dessein un épisode d'anthropophagie de survie au cours duquel des Germains enrôlés de force dans l'armée romaine de son beau-père Agricola se seraient mutinés et auraient fini par s'entre-dévorer. Il s'agit là encore de jeter le discrédit absolu sur une troupe séditieuse[15].
Les premières traces de cannibalisme au Ier siècle remontent à Marie de Bathéchor qui, privée de ses biens et de nourriture par les Romains et les brigands, tue son fils et mange sa chair pour survivre[16].
Au XIXe siècle, le Ratu Udre Udre, un chef cannibale d'un peuple fidjien vivant dans le nord de l'île de Viti Levu, s'est fait connaître par sa cruauté. Selon les chiffres, le bilan de ses victimes s'élèverait de 872 à 999 personnes[17], même si des chiffres inférieurs ont été avancés[18].
Les premiers vrais travaux scientifiques sur le cannibalisme sont menés dans les années 1970 et 1980 par des chercheurs comme Laurel R. Fox[19] et Gary Allan Polis qui montrent que cette pratique est répandue dans la nature et qu'elle est liée à des phénomènes complètement naturels (par exemple certains chimpanzés, le sanglier, le lion et l'ours, sont souvent placentophages et teknophages, la dévoration étant précédée d'un infanticide), s'expliquant notamment par la sélection sexuelle et des conditions environnementales difficiles (manque de nourriture, compétition[20]).
Le cannibalisme est étudié, chez les ethnologues et anthropologues[21], tantôt dans le cadre d'une culture précise, d'une société spécifique (Hélène Clastres pour les Tupinamba, Marcel Detienne pour la Grèce)[22], tantôt comme phénomène universel (E. Sagan, H. Harris)[23].
Le cas le plus célèbre est sans doute celui des Tupinamba du Brésil, étudiés au XVIe siècle[24].
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