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brassage de la culture grecque et indienne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L’art gréco-bouddhique désigne, selon le terme consacré par la thèse de doctorat d'Alfred Foucher soutenue et publiée en 1905[N 1], l'ensemble des productions picturales, statuaires, toreutiques et monétaires issues de la synthèse des styles grecs et indo-bouddhistes. Le travail d'Alfred Foucher a été continué par l'italien Mario Bussagli (it), professeur d'histoire de l'art de l'Inde et de l'Asie centrale, à partir de 1942. Contrairement à Alfred Foucher, il ne se rend pas sur place mais, obtient des informations et des sources grâce à ses anciens étudiants[1]. Cet art naît tout d'abord au Gandhara (Pakistan, région de Peshawar, correspondant au territoire de la satrapie la plus orientale de l’empire des Perses achéménides) au début de notre ère, sous l'Empire kouchan, à la faveur de la rencontre culturelle entre peuples nomades d'Asie centrale, monde grec, monde indien et monde irano-perse. C'est probablement l'éclectisme religieux de ce milieu qui a favorisé, là où le bouddhisme était majoritaire sans être une religion d’État, la formation d'ateliers illustrant un art qui leur était familier, relatant la vie du Bouddha, mais sur lesquels ne pouvaient manquer de peser les influences diverses issues des activités militaires, diplomatiques, commerciales et intellectuelles intenses à cette période. Cet art, au-delà de sa définition complexe, connaît plusieurs développements et styles régionaux au cours de l'Antiquité tardive et jusqu'au VIIe siècle de notre ère.
L'art gréco-bouddhique se caractérise notamment par un fort réalisme issu de l'art hellénistique, transmettant mouvement, émotions et vitalité des corps, appliqué non plus seulement aux figures traditionnelles de l'art grec oriental, mais à la figuration du Bouddha, des bodhisattvas, et de scènes associées au bouddhisme. L'origine socio-culturelle de l'art gréco-bouddhique est à situer dans les tout derniers royaumes gréco-bactriens du IIe siècle av. J.-C., puis du fait de l'interaction entre communautés indo-grecques et royaume des Kouchans.
On retrouve cet art dans la sculpture, la peinture, la monnaie et l'architecture, notamment à Taxila[2].
Les œuvres appartenant à cet art ont été majoritairement portées à notre connaissance par le pillage et l'orientalisme du XIXe siècle puis par d'importants travaux d'archéologie avec le concours de différents pays, dont le Royaume-Uni, la France et l'Italie au XXe siècle.
L'art gréco-bouddhique connut un fort succès en Asie centrale puis rayonna jusqu'en Chine, en Corée, et au Japon. Sans cesse recyclée, son influence a été majeure et définitive dans toute l'Asie durant plus de deux millénaires. Il influença également l'expression artistique et architecturale d'autres religions, notamment l'hindouisme en Inde, avant que celles-ci ne s'étendent. On peut percevoir les conséquences indirectes de cet apport grec en Asie jusqu'aux confins de l'Asie du Sud-Est. Ainsi on ne peut s'étonner de rencontrer de nombreuses références à l'art grec, figuratives, décoratives ou architecturales, transformées et renouvelées, sur les temples khmers d'Angkor par exemple.
Cette forme d'art hybride, syncrétique, apparaît après que les derniers souverains indo-grecs, héritiers des conquêtes d'Alexandre le Grand, sont entrés en contact avec des bouddhistes indiens, en particulier sous Démétrios Ier (200-180 av. J.-C.) et Ménandre Ier (160-135 av. J.-C.), appelé Milinda en sanskrit. Ces dynastes se revendiquent de l'héritage grec porté par les armées d'Alexandre le Grand dans la région au IVe siècle av. J.-C., puis par les Séleucides jusque dans les années 250 av. J.-C., avant le morcellement de la partie la plus orientale du royaume séleucide. Les monnaies de ces souverains transmettent dès le IIe siècle av. J.-C. la jonction des héritages grecs et indiens, avec notamment l'insistance sur la figure de l'éléphant comme symbole de la conquête de l'Inde. Ces royaumes grecs orientaux fonctionnent sur le modèle de la cité grecque, à l'instar de la ville d'Aï Khanoum en Afghanistan actuelle, comportant les traits classiques de la ville grecque : sanctuaires, remparts et habitations d'architecture grecque, diffusion de la littérature grecque, monnayages grecs. La pénétration des éléments grecs en Inde se fait notamment au IIIe siècle av. J.-C., comme en témoigne le développement de la ville de Pataliputra, centre d'un rayonnement culturel dans tout le nord-ouest indien à partir de la montée en puissance des dynastes gréco-bactriens. Dans leur sillage, plusieurs villes sont fondées sur le modèle grec : Sirkap, par exemple, au Pakistan actuel, a livré de nombreux vestiges architecturaux relevant d'un style grec, ainsi qu'une production originale de palettes en pierre présentant des scènes typiques du baroque hellénistique telles des Néréides chevauchant des Kétos.
Entre le IIe siècle avant notre ère et la fin du Ier siècle de notre ère ou même le début du IIe siècle l'usage de « palettes à fard » se répand puis disparaît. Ces objets du quotidien des familles d'origine grecque plus ou moins lointaine sont le signe d'une osmose entre le style grec des classes moyennes et les milieux culturels du Gandhara en transformation constante, car les populations sont toujours mobiles, mais dans ces régions et à cette époque tout particulièrement. S'y manifestent clairement les liens entre l'Asie centrale hellénisée et le Gandhara, qui se place sur le grand axe marchand entre l'Inde et les steppes.
Henri-Paul Francfort propose de distinguer trois ensembles[3]:
1 : Dans cet ensemble, peut-être le premier dans l'ordre chronologique, où la culture grecque est la plus reconnaissable tant par le style que par les thèmes, on peut reconnaître des compositions mythologiques comme ce couple entre des arbres qui évoque Apollon et Daphné et celui où la femme est en position dominante : certainement Héraclès et Omphale[4]. Les palettes sont en pierre beige, grise ou olive, réalisées au tour et comportent deux registres plus ou moins nets. Le style évoque l'art grec et hellénistique et son influence à Rome[5].
2 : Le deuxième ensemble, dès le IIe siècle avant notre ère, influencé par l’art parthe, est dit « indo-parthe ». Les décors montrent une scène de sacrifice (rappelant l’art de Doura et de Palmyre), des griffons à réminiscences achéménides ; les objets sont en pierre noirâtre, ils ne sont pas souvent tournés et comptent deux registres, l’inférieur étant incisé d’une palmette stylisée. Lorsque la néréide monte en amazone, représentée de face, et que son voile se gonfle sous le souffle de la brise marine, peut-être faut-il évoquer l’art romain (Ara Pacis Augustae à Rome qui date d’entre 13 et 9 av. J.-C) plutôt que l'art hellénistique[5].
3 : Le troisième ensemble est qualifié de « Saka » ou « indo-scythe ». Les palettes, jamais tournées, sont taillées dans un schiste, entre verdâtre et grisâtre. Elles sont compartimentées et fréquemment ornées d’un fond de feuilles de lotus dans la partie basse, y compris au dos. Les scènes de boisson mettent en scène des couples vus en buste. Les monstres marins, parfois montés, y sont fréquents, et ils méritent d’être désignés comme des makara plutôt que des ketè, tant ils sont indianisés plus qu’hellénisés ici[5].
Par ailleurs :
À Hadda, ce sont des représentations de dieux grecs tels Atlas qui sont produites, aux côtés de divinités du vent qui furent des modèles reproduits jusqu'au Japon. De nombreuses scènes dionysiaques de style néoclassique attique sont connues pour ce site archéologique qui livra par ailleurs de nombreuses œuvres d'art gréco-bouddhique. Certaines par exemple montrent des banqueteurs jouant de la musique ou buvant du vin dans des amphores.
Le centre de développement de l'art gréco-bouddhique, qui se formule comme la synthèse d'emprunts à des cultures diverses correspond d'abord au bassin du Gandhara et à plusieurs régions voisines. Des groupes de culture différente s'y rencontraient sur les routes commerciales, les « routes de la soie ». Sous Aśoka Maurya, empereur indien ayant vécu au IIIe siècle av. J.-C., le bouddhisme s'était implanté au Gandhāra ainsi que dans les régions limitrophes. Il avait fait de ces régions une seconde Terre sainte, en y localisant des vies antérieures (jātaka) du Bouddha. L'art gréco-bouddhique apparaît dans un contexte de morcellement entre des royaumes qui participent d’un même ensemble indo-iranien, sous l’influence de l’Asie centrale, mais portant encore en eux les profonds héritages grecs laissés par le passage des armées d'Alexandre et par les États qui naquirent à leur suite.
Il semblerait que l'art gréco-bouddhique ait pour origine le maintien, après l'effondrement des dernières dynasties hellénistiques, de certains groupes de culture et de langue grecques. De nombreuses communautés monastiques bouddhiques s'étaient depuis lors installées dans cette région, en l'absence de religion dominante associée à un pouvoir politique fort. Cette absence de religion dominante s'explique surtout par la grande tolérance religieuse de l'Empire Perse puis par le faible nombre de Grecs dans les régions nouvellement conquises. Installées à flanc de montagne, ces communautés cohabitent et donnent progressivement naissance à un répertoire pictural et iconographique commun, un « art gréco-bouddhique » ayant pour principal moteur la volonté des commanditaires, souvent des bouddhistes laïques, commerçants à cheval sur les deux mondes, vivant des contacts permis par la route de la Soie. Selon certains chercheurs, plusieurs sculpteurs hellénistiques fréquentèrent des centres de création d'art bouddhique, tels Sanchi et Bharhut[7]. L'utilisation de la palmette hellénistique ou du motif de chèvrefeuille seraient une des traces de ces contacts[8]. Tournés vers l'Inde, l'Iran, les steppes, l'Asie centrale orientale et la Chine, nourris par les représentations humaines de l'art grec, ils furent à l'origine du foyer initial de l'art gréco-bouddhique du Gandhara, là où furent réalisées les premières représentations humaines de Bouddha[9].
L'art du Gandhara servit pendant longtemps à désigner l'ensemble des arts gréco-bouddhiques[13] qui ont pris des formes spécifiques sur une large partie de l'empire Kouchan et bien au-delà, sur les routes commerciales dites Routes de la soie. Le concept d'art gréco-bouddhique est aujourd'hui distingué de l'art indo-grec (qui ne relaie pas de représentations liées au bouddhisme).
Le concept d'art indo-grec est calqué sur le concept d'art gréco-bouddhique pour élargir les thématiques vers ses formes non-bouddhiques et pour pouvoir prendre en compte d'autres interférences dans cet espace qui va de l'ancienne Inde du nord à l'Afghanistan ancien jusqu'à la Bactriane. Un espace qui était aussi ouvert aux cultures iraniennes et à celles provenant d'Asie-centrale et du monde des steppes. Une petite guerre sémantique a vu s'affronter les deux concepts : celui d'art gréco-bouddhique et celui d' « art romano-bouddhique ». Au début du XXIe siècle émerge, de ces débats, la notion d'« Orient hellénisé »[14], notion définie notamment par Daniel Schlumberger dès 1968[15]. En 2014, la publication de l'ouvrage Art et civilisations de l'Orient hellénisé permet de moduler le concept d'acculturation et de signaler les diverses formes de résistance à (ou de fusion avec) l'hellénisme.
Une autre polémique concerne la nomination d'art "gréco-bouddhique", certains spécialistes suggèrent la nomination d'art gréco-romano-bouddhique voire romano-bouddhique. Cependant, les influences romaines sont beaucoup plus faibles et récentes que les influences grecques mais on note tout de même des éléments romains comme le détail des toges dans les sculptures. La nomination d'art gréco-bouddhique a par la suite été acceptée par la communauté scientifique[1].
Il y a eu plusieurs polémiques et débats liés à la nomination de cet art. Alfred Foucher l'avait nommé « art du Gandhara », en référence à la région originelle de celui-ci. Cette dénomination, d'abord contestée par ses collègues, a été rapidement acceptée.
Datation : les datations des œuvres sont celles (dans la mesure du possible) proposées par les musées, et peuvent être revues en fonction de l'état de la recherche.
Les souverains Kouchans dont l'apogée se situe sous Kanishka Ier prirent progressivement le relais des rois indo-grecs dans la protection du bouddhisme. Un des aspects notables de la statuaire gréco-bouddhique kouchan, une sculpture en schiste de couleurs variées, est la représentation figurative du Bouddha, autrefois représenté sous forme symbolique (roue, empreinte des pieds), dans un style inspiré de l'art hellénistique avec des drapés aux plis simples, verticaux. Les premières représentations figuratives de Buddha, aux premiers siècles de notre ère, apparaissent en deux points éloignés de l'empire Kouchan : d'abord au Gandhara puis à Mathura. Après l'effondrement de l'empire kouchan au IIIe siècle une myriade de petits royaumes donne une seconde vie à l'art gréco-bouddhique avec des sculptures travaillées dans le stuc ou modelées dans la terre, puis séchées simplement. Le stuc et la terre sont des matériaux peu coûteux et faciles à modeler, cela pourrait suggérer une sorte d'industrialisation de l'art du Gandhara afin de vendre les sculptures à des marchands itinérants[16].
C'est au début de notre ère, au Gandhara[17], autour de Peshawar au Pakistan actuel et peut-être dans les régions voisines en Afghanistan, dans un territoire correspondant à celui de l'empire kouchan (env. Ier – IIIe siècles, au temps de sa plus grande puissance) où la forte présence de l'hellénisme gréco-bactrien des siècles précédents se faisait encore sentir, qu'apparaissent ainsi les premières représentations de Bouddha. Il existe - au-delà de cette première innovation - une sculpture bouddhique antérieure à l'arrivée des Kouchans, réalisée dans des grès roses spécifiques à la région de Mathura, qui étaient « probablement »[N 2] connus des sculpteurs du Gandhara, mais celle-ci ne figurait pas le Bouddha.
Il s'agit alors d'une forte innovation iconographique. Le premier stéréotype de cette représentation bouddhique s'accompagne parfois des « sept Bouddha du passé » et du « Bouddha de l'avenir », Maitreya. Cette association originale permet de supposer que ces images furent précisément produites dans le contexte théologique et idéologique du bouddhisme hinayana, ou « petit véhicule », terme couramment employé pour désigner les écoles anciennes du bouddhisme (nikâya). L'apparition de l'art gréco-bouddhique arrive au moment où les fidèles de plusieurs religions, dont le bouddhisme, souhaitent avoir une représentation de dieu et dans notre cas, de Bouddha. Auparavant, Bouddha n'était pas représenté mais suggéré par des symboles comme la roue du Dharma par exemple[1].
D'autres figures semblent apparaître dans le même temps, notamment le paradis bouddhique, ainsi que les premières représentations du bodhisattva Avalokiteshvara ce qui corrobore la présence précoce, dans la région, du bouddhisme Mahayana au tout début de notre ère.
L'art gréco-bouddhique du Gandhara emprunte largement à l'art grec hellénistique tardif en ce qui concerne le traitement des corps, le mouvement, le drapé et certains attributs vestimentaires. La faible quantité d’œuvres connues rend cependant difficile l'analyse sérielle des œuvres et leur mise en parallèle. Il faut alors en référer d'abord à quelques cas précoces de productions pour formuler un acte de naissance stylistique. En ce qui concerne l'art bouddhique, on remarque que Bouddha a une image sereine et apaisante qui évoque sa douceur et son humanité. On retrouve également des notions de l'art indien avec la représentation des femmes par exemple. Elles sont minces, élégantes et ont les jambes croisées. Elles portent beaucoup de bijoux et divers ornements. Leurs seins sont représentés comme deux globes parfaits.
Sur le reliquaire de Bimaran, daté environ du Ier siècle de notre ère et découvert à Darunta en Afghanistan (en)[18], Bouddha est représenté de face avec un léger déhanchement et, apparemment, en mouvement (par le jeu des jambes fléchies et un pied détaché du sol) comme un moine itinérant. Cette représentation d'un mouvement en cours, suspendu par la mimèsis du mouvement, est issu de la tradition de sculpteurs grecs encore bien implantée dans la région. Depuis l'époque classique et hellénistique, la figuration du mouvement, de la vie et du pathos dans l'art statuaire constitue en effet un enjeu créatif et stylistique constant dans l'art grec, les sculpteurs rivalisant alors dans leurs ateliers et au gré des commandes de solutions techniques et mécaniques pour donner, par la position des membres, par le hanchement, par l'orientation et la densité du drapé, l'illusion d'une action en cours de réalisation, suspendue dans la pierre ou dans le bronze.
Le reliquaire présente aussi et à une même échelle des divinités indiennes, dont Brahmā et Śakra, protecteurs de la religion bouddhique, à l'intérieur de niches voûtées (arcs chaitya) et d'éléments d'architecture gréco-romaine (pilastres). Il y a au total huit figures en haut-relief : deux groupes identiques de Brahmā-Bouddha-Śakra, et deux dévots ou Bodhisattvas entre les deux. Le tout décoré par deux rangées de rubis du Badakhshan taillés en oves et encadrés de fleurons à quatre pétales. Des aigles occupent des traingles entre les arcs chaitya[19].
Dans le reliquaire de Bimaran, les dieux de l'hindouisme rendent ainsi hommage au Bouddha, manifestant leur subordination, en accord avec la conception bouddhique selon laquelle ils sont assujettis à ce qu'exprime la roue de la L1992, loi. Par ailleurs ce travail de l'or au repoussé correspond, en termes de style et de travail d'orfèvrerie, à celui découvert à Tillia tepe, daté du Ier siècle av. J.-C. et commandé par un peuple nomade : Yuezhi, scytho-sarmates ou Sakas[20].
Dans la médaille de Tilia Tepe, très légèrement antérieure au reliquaire, Bouddha est en marche, là encore, vers la droite. Il fait tourner la Roue le texte inscrit l'indique. Au revers, un lion très semblable à celui représenté avec Héraclès et le lion de Némée dans un bas-relief du Gandhara au Metropolitan Museum, se déplace lui aussi, mais vers la gauche, comme allant à la rencontre de Bouddha. La légende du revers mentionne « Le lion qui chasse la peur », en accord avec un des principes fondamentaux du premier bouddhisme : chasser la peur de la mort. Ici encore, c'est dans le répertoire iconographique grec qu'est pris la solution de composition : celle de la très classique représentation d'Héraklès face au lion de Némée. Dans cet épisode fameux de la mythologie grecque, Héraklès ignore la peur et arbore un nu héroïque traduisant la force et la jeunesse comme un seul message.
La solution trouvée dans le reliquaire pour la représentation de Bouddha, probablement mise au point avec le consentement des religieux au cours du Ier siècle, fut généralisé et devint le modèle pour les représentations de Bouddha debout. Le corps étant devenu immobile, plus frontal, les pieds parallèles dans la sculpture de pierre et avec des pieds dans des directions opposées sur les monnaies.
Parallèlement à cette inspiration hellénistique, d'autres artistes délaissent la fluidité du mouvement au profit d'une frontalité et d'une symétrie plus hiératiques. Le hanchement est quant à lui épisodiquement utilisé dans la figuration humaine en association avec l'inclinaison de la tête des personnages figurés.
La principale autre formule iconographique pour représenter Bouddha est mise au point entre les 25 et 50 de notre ère, dans la région du Swat. Elle privilégie la représentation d'un Bouddha assis, portant une dhoti, les mains l'une dans l'autre, posées sur les genoux et un arbre de la bodhi (pipal) s'élevant au-dessus de son crâne[N 3]. Cette formule peut avoir été à l'origine de la série des bodhisattva-s kapardin / Buddha-s figurés dans la même pose assise, la main droite levée (en abhaya-mudra), produits dans la région de Mathura[21]. La solution dérivée de ce prototype initialement sculpté dans le Swat, fut ensuite conçue sans la dothi mais en robe monastique, sans l'arbre et avec une auréole.
Quant au prototype du bodhisattva pensif, mis au point à la fin du Ier siècle à partir d'une tradition grecque, appliquée à plusieurs bodhisattva-s[N 4], il fut progressivement généralisé dans tout le monde gréco-bouddhique puis au-delà dans toute l'Asie orientale jusqu'au Japon, comme on peut le voir dans la pose de délassement de Miroku Bosatsu - « Maitreya »[22] (vers le VIe – VIIe siècle) au Kōryū-ji.
Sous l'égide des souverains Kouchan puis de leur successeurs, l'art gréco-bouddhique connaît des formes de monumentalisation, ainsi qu'un essaimage. Les bouddhas de Bamiyan, détruits en 2001 par les talibans, étaient l'une des réalisations les plus spectaculaires de cet art. Le Musée Guimet de Paris conserve des pièces de taille plus modeste de l'art du gréco-bouddhique du site de Hadda, comme un gracieux Génie aux fleurs du IIIe siècle ou IVe siècle. Toute cette sculpture devait être peinte, certaines, en terre séchée, ont conservé des traces parfois importantes de peinture. Des fragments de fresques ont été préservés qui trouvent leurs échos dans les peintures murales conservées par le climat sec du désert du Taklamakan dans les oasis de la Route de la soie.
Aujourd'hui l'analyse stylistique et contextualisée des productions gréco-bouddhiques permet de distinguer plusieurs ères (gréco-bouddhiques ou indo-grecques, selon les auteurs[N 5]) aux styles différenciés, bien que leur évolution et leurs interactions soient sensibles et que toutes relèvent en partie de l'art gréco-bouddhique, avec des racines plus anciennes, antérieures aux Kouchans, souvent grecques et iraniennes.
Voici les principales phases et leur foyer principal de diffusion[24] :
Au-delà de l'art du Gandhara, par essaimage, on identifie plusieurs autres arts gréco-bouddhiques ou gréco-iraniens (en particulier pour la Bactriane[25]) :
Inspiré de l'hellénisme.
Shotorak près de Begram et Païtava, près de Charikar, à l'esthétique d'une majesté un peu lourde.
Vallée de la Kaboul : style « gréco-afghan »[38]. Le site archéologique de Haḍḍa, en Afghanistan, a été rendu célèbre par la découverte de nombreuses statues de style greco-bouddhique, modelées en stuc. Ces œuvres, nourries d'une inspiration hellénique, et le site, sont considérés comme un maillon fondamental dans la chaîne d'interactions ancienne entre Occident méditerranéen et monde indo-iranien. Situé dans la plaine fertile de Nangarhār, à une dizaine de kilomètres au sud de la ville de Jelālābād, non loin de la vallée moyenne de la rivière Kaboul, Haḍḍa doit notamment sa prospérité à sa position, favorisée par les axes de communication reliant Kāma et Nagahāra (nom de l'ancienne ville à l'ouest de Jelālābād) à Patchir et Āgām, et, plus loin, à Pāratchenār. Un étonnant ensemble sculpté en terre, de très grande qualité, sur le monastère bouddhiste de Tapa Shotor (Hadda) a été totalement détruit par les Talibans en 1992, après avoir été soigneusement dégagé par une équipe d'archéologues entièrement afghane[39]. Selon Zemaryalai Tarzi le plus ancien niveau date de l'époque indo-parthe. Selon J. Boardman l'ensemble sculpté aurait été modelé dans le style indo-grec, juste à ses débuts. Le monastère, dans son ensemble, aurait pu dater du IVe siècle.
Monastères tardifs.
À l'influence indienne marquée.
À Toqquz-saraï, Turkestan chinois (Xinjiang), région de Kashgar.
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