Alphonse Daloz
notaire, créateur de la forêt du Touquet, à l'origine de Paris-Plage puis du Touquet-Paris-Plage De Wikipédia, l'encyclopédie libre
notaire, créateur de la forêt du Touquet, à l'origine de Paris-Plage puis du Touquet-Paris-Plage De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Alphonse Daloz, né à Paris dans l'ancien 1er arrondissement, le et mort à Nice le , est un notaire français, créateur de la forêt du Touquet, à l'origine de Paris-Plage puis du Touquet-Paris-Plage.
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Cimetière du Père-Lachaise (depuis le ) |
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Alphonse Jean Baptiste Daloz est né à Paris le 10 germinal de l'an 8 c'est-à-dire le [1]. Il est le fils d'André Louis Joseph Daloz et de Marie Catherine Sophie Gary[2].
Alphonse Daloz épouse en premières noces le [3], Armandine Alphonsine Pignatelli d'Aragon Bigottini, fille naturelle d'Émilie Bigottini, danseuse étoile de l'Opéra de Paris, et du prince Pignatelli qui l'a reconnue. Elle est richement dotée. Elle meurt à Créteil le [4], après lui avoir donné deux enfants. Elle lui a fait promettre de s'occuper de son frère, n'ayant pas confiance en sa mère pour s'occuper de ce garçon. Le à Paris, Alphonse Daloz épouse en secondes noces Herminie Juliette Henriette Petiniaud, fille de Jean Baptiste François Pétiniaud (député de Saint-Domingue (colonie française) au Conseil des Cinq-Cents[5]) et de Joséphine de Lacoste. Il tient la promesse faite à sa première épouse de s'occuper de son jeune frère, Charles, alors âgé de 17 ans. Charles devient l'amant d'Herminie, puis est supplanté par un autre. Peu de temps après, le couple effectue une demande de séparation aux tribunaux. La séparation est effective par jugement du tribunal[6].
On connaît peu de chose sur sa vie professionnelle si ce n'est que le , il fait l'acquisition de l'étude de Me Gilbert, notaire à Paris, il la conserve dix ans. Le , il la cède à Me Linard qui la conserve quatre ans, puis quatre titulaires se succèdent jusqu'en 1889, et enfin Me Baillet.
Une fois retiré des affaires, il rêve de se livrer à une exploitation agricole[16].
L’État met en vente par adjudication le domaine du Touquet, il s'agit d'un « lais de mer » c'est-à-dire des terrains dunaires à l'embouchure de la Canche de plus de 1 600 hectares, au lieu-dit Le Touquet, pour en faire un terrain de chasse. Ce domaine est vendu, en 1836, à M. Doms, citoyen belge, mais au bout d'un an le paiement n'a pas encore été fait, l'État le remet en vente et le Alphonse Daloz l'achète aux enchères avec son associé M. Alyon pour 150 000 F[19],[20],[21].
Fortune faite et après avoir cédé son office notarial, passionné par la nature et la chasse, Alphonse Daloz se consacre à l'élevage et à l'agriculture sur ses terres du Touquet. Ils établissent des pâturages et construisent de vastes étables pour 70 vaches et bœufs. L'affaire étant peu rémunératrice, son associé M. Alyon demande à vendre presque toutes ses parts. Le , Alphonse Daloz en acquiert une partie, M. Marion une deuxième et M. Naurois le reste. Ils s'essayent à la culture de pommes de terre, de topinambours et de seigle, une féculerie et une distillerie sont installées près des bâtiments existants, à l'emplacement où, en 1903, John Whitley installe un théâtre puis une salle d'armes. Ces expériences durent neuf ans, Alphonse Daloz dit :
« Je vois toujours de l'argent sortir de ma caisse, mais je n'en vois jamais rentrer. »
Le , M. Alyon se retire complètement de l'affaire, suivi, le , par M. Marion. Alphonse Daloz rachète toutes leurs parts, M. Naurois reste encore cinq ans, mais le il vend ses parts, « le domaine de la société de Stella-Plage », à Charles Louis Rigaud, le gendre d'Alphonse Daloz.
Alphonse Daloz est maire de Cucq de 1855 à 1865. Parmi les décisions importantes qu'il prend, il y a la construction de la mairie le , l'avis favorable pour la construction du pont sur la Canche le et la construction de l'école communale des garçons le .
En 1856, aidé par son gendre Charles Louis Rigaud, Alphonse Daloz tente l'aventure que venait de réussir Nicolas Brémontier dans les Landes de Gascogne en 1786 : fixer les dunes par des plantations de pins maritimes. Ils décident donc de planter sur 800 hectares, une forêt pour fixer le sable très mobile en y faisant pousser 4 500 arbres (essentiellement des pins maritimes).
Le , les deux associés se partagent le domaine, Alphonse Daloz, en prend les trois-quarts, environ 1 250 ha, situés plutôt vers la Canche et Charles Rigaud le reste, environ 350 ha, situé vers Berck, entre Cucq et la mer. Ils continuèrent le boisement des vastes espaces qui n'ont pas encore été ensemencés, le pin maritime devant être semé dans des plantations d'oyats exécutés au préalable. En 1864, la forêt est déjà fort séduisante. Quand Alphonse Daloz parle de ses arbres, il les appelle ses « enfants ».
En 1864, n'habitant plus guère à son domicile du 11, rue du Mont-Thabor à Paris, Alphonse Daloz se fait construire un grand chalet appelé « le château », à l'emplacement de l'actuel « Palais de l'Europe »[22].
En 1870, il remarque que la mer ronge sa forêt du côté de la Canche, il demande à l'administration que la digue soit prolongée jusqu'à la pointe, il obtient satisfaction, mais à partir de cette époque, c'est l'inverse qui se produit sur la côte de Camiers, et la mer a tendance à se retirer du côté du Touquet. Conséquence heureuse pour Alphonse Daloz, son domaine ne cesse de s'agrandir en direction de la mer. Alors qu'en 1857 on compte 250 mètres entre la plage et les phares, plus tard on en compte 500 mètres.
Pour embellir sa forêt, il décide de planter d'autres espèces d'arbres, comme les blancs de Hollande, les trembles, les frênes, les ormes et les chênes. Il y réussit à merveille, et en 1875, un agronome distingué, F. Robiou de La Tréhonnais, émerveillé par les résultats obtenus, publie la brochure Le Touquet, histoire d'une forêt pour signaler l'œuvre d'Alphonse Daloz. il écrit[ÉL 1] :
« Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, mélangées aux pins, et croissant à leur abri, je remarquai les essences les plus diverses, depuis le pin maritime, première évolution de cette magnifique forêt, jusqu'au chêne lui-même en passant par les peupliers, les trembles, les saules dans toutes leurs variétés, l'aulne, le bouleau, le frêne, le sapin du Nord, le tamaris, le troène, le sureau jusqu'au merisier... dans certaines parties, j'apercevais même de vigoureuses pousses de chèvre-feuille, dont les lianes parfumées s'élançaient spontanément le long des tiges, et passant d'un arbre à l'autre, en réunissaient le feuillage au moyen de leurs festons gracieux et fleuris. On eut dit un coin de la forêt vierge... »
En , Alphonse Daloz invite son ami, Hippolyte de Villemessant, fondateur du quotidien Le Figaro, à une partie de chasse. Ce dernier, émerveillé par le décor qu'il qualifie d'« Arcachon du Nord », lui dit :
« Comment se fait-il que vous n'ayez pas songé à créer une plage à cet endroit ? Ce serait merveilleux ! la plage et la forêt ! Et si on appelait cette station « Paris-Plage », voulez-vous que j'en lance l'idée, nous monterons une affaire... »
Un commencement de publicité a lieu avec de très beaux articles dans le Figaro, mais s'arrête prématurément avec la mort d'Hippolyte de Villemessant.
En 1880, Alphonse Daloz reprend l'idée à son compte et décide de lotir une partie de son domaine, d'en faire une station balnéaire et de lui donner le nom de « Paris-Plage ».
C'est ainsi qu'en 1882, Alphonse Daloz crée le premier lotissement (partie du Touquet aujourd'hui à l'ouest du boulevard Daloz). Ce premier lotissement appelé Paris-Plage est dessiné par le géomètre Raymond Lens et achevé le . Les deux premières maisons (La Vigie et l'Avant-Garde) construit par l'entreprise Dequéker, propriétés d'Henri Saumon, y sont construites dès 1882, le deuxième propriétaire est Léon Garet avec le chalet Suzanne construit en 1886.
Le il promulgue le premier règlement de la station balnéaire, lequel est longtemps le code des premiers habitants, à cette époque, la ville de Cucq n'a rien à voir dans le domaine d'Alphonse Daloz, le châtelain du Touquet est maître chez lui. Cela dure jusqu'à l'époque où les possesseurs du domaine font appel aux pouvoirs publics pour l'entretien de la route départementale, la fondation d'école publique et les questions d'hygiène.
Alphonse Daloz meurt à onze heures du matin sur la promenade des Anglais à Nice le [23]. Il est inhumé le au cimetière du Père-Lachaise (6e division)[24].
Après la mort d'Alphonse Daloz, l'entente se fait entre les différents héritiers : Mme veuve Lombard née Jeanne Rigaud et son fils André ; Mme René Marie Petit-Leroy née Louise Rigaud ; M. Eugène Daloz alors consul à Bogota. Ce dernier confie sa procuration pour la gestion du domaine à Marguerite Marie Camusat de Saint-Edme, son épouse en 1885.
À partir de 1887, tous les deux ans, la famille Daloz entreprend des coupes claires dans la forêt, au grand désespoir des propriétaires, qu'elle vend pour les mines de charbon du Nord. Ces coupes portent sur des espaces variant de 5 à 15 ha dont le rendement produit de 30 à 50 000 F suivant l'importance. Durant plusieurs années également, à la suite de l'arrêt de la location de la chasse, la solution trouvée contre la prolifération des lapins a été de les attraper pendant l'hiver, et de les expédier principalement en Belgique pour le repeuplement des forêts, cela rapporte annuellement de 4 à 5 000 F.
En 1891, l'État impose aux consorts Daloz l'établissement d'une digue, à l'endroit de la grande échancrure, entre la route départementale et la Canche, pour arrêter l'envahissement de la mer et éviter la détérioration de la route départementale toute nouvelle. Le marché est passé avec l'entreprise Charles Prévost le pour un montant de 8 000 F. Sur cette nouvelle plaine ainsi créée, la famille Daloz y cultive des céréales.
En 1894, Madame Daloz se décide à créer de nouvelles zones de lotissement, derrière la rue de Metz, jusqu'au pied de la forêt. C'est Charles Prévost qui, par un marché amiable en date du , est chargé de l'entreprise de ces travaux. La superficie était de 14 ha pour un forfait de 50 000 F, moitié en espèces et moitié en terrains. La méthode fut la même que lors du lotissement de Raymond Lens.
Durant les années 1896 et 1897, le terrain des consorts Daloz est sensiblement diminué par la vente des terrains en bordure de mer, pour la création de « Mayville » pour une superficie de 163,35 ha, avec un front sur la mer de 3,5 km et une profondeur de 500 m. Cette vente est faite pour un montant de 800 000 F échelonnée sur plusieurs années.
Les consorts Daloz décident de mettre en vente leur domaine, le , un premier essai d'adjudication a lieu, pour une mise à prix de 2 600 000 F, il n'y a aucun amateur. Le , un second essai est tenté pour une mise à prix de 1 300 000 F pour les 1 120 ha restant déduction opérée de la vente du territoire à « Mayville », à Paris-Plage même environ 17 ha, des terrains et dunes situés partie au midi, partie au nord environ 48 ha, d'autres terrains sur le littoral, au-delà de « Mayville » vers Merlimont sur une profondeur de 500 m soit environ 65 ha et enfin le château du Touquet, la forêt du Touquet et tous les terrains boisés et dunes en arrière du littoral, le tout tenant à Paris-Plage pour environ 989 ha : « On peut s'adresser, pour visiter, à M. Cléret, régisseur du château, et pour tous renseignements à Me Oger, notaire à Étaples ; à Me Merlin, notaire à Paris, au 24, rue de Bourgogne ; à Me Bertrand-Taillet, notaire à Paris, au 66, rue Pierre Charron et enfin à Me Félix Morel d'Arleux, notaire à Paris, au 35, rue du Faubourg Poissonnière, dépositaires du cahier des charges ». Une nouvelle fois, aucun amateur ne se manifeste. Une nouvelle adjudication a lieu en pour seulement 900 000 F, mais toujours sans succès.
Une dernière adjudication a lieu le pour un montant de 600 000 F, l'adjudication a lieu à Paris, John Whitley qui est présent, est déclaré adjudicataire pour 870 000 F.
Ainsi s'achève l'histoire d'Alphonse Daloz et de sa famille avec le Touquet et Paris-Plage, le domaine du Touquet, après être resté en leur possession, pendant 70 ans, passe entre les mains de John Whitley, qui le remet au “Touquet Syndicate Limited” pour le compte duquel il avait opéré l'achat[ÉL 2].
En 1903, le chalet Daloz est transformé en hôtel de la Forêt sous l'impulsion de John Whitley[ÉL 3],[16].
En juin 2024, à la suite de recherches généalogiques effectuées par un service de la commune, les membres de la famille Chomette, descendants directs d'Alphonse Daloz, sont retrouvés et renouent avec l'histoire la commune et de leur ancêtre. Ils sont les invités d'honneur de la commune lors d'une réception organisée à cette occasion à l'hôtel de ville[25].
Pour rendre hommage à Alphonse Jean Baptiste Daloz, ses prénoms et nom sont donnés à plusieurs voies de la commune : la rue Saint-Jean et la rue Saint-Alphonse (aujourd'hui rue Léon Garet) et l'une des plus voies les plus importantes : le boulevard Daloz. La première chapelle Saint-André de Paris-Plage, aujourd'hui remplacée par l'hôtel des postes, est dédiée à son fils André, mort jeune.
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