Loading AI tools
De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les affaires courantes sont les affaires qu'une autorité désinvestie de ses fonctions peut, dans l'attente de la nomination de son successeur, expédier sans s'exposer au grief d'incompétence.
Le terme est le plus souvent utilisé pour parler d'un gouvernement qui vient de démissionner en attendant qu'un nouveau gouvernement soit formé.
La notion "d'affaires courantes" désigne à la base l'ensemble des tâches, affaires, décisions que peut prendre l'autorité sans avoir besoin de ses pleines prérogatives. Cette définition est plutôt large et vague, et la notion d'affaires courantes n'est guère délimitée clairement, relevant plus de l'expérience politique et de la coutume que du droit et de la législation. Néanmoins, le professeur de droit Francis Delpérée donne trois catégories d'affaires relevant des affaires courantes:
Si le chancelier demande à être relevé de ses fonctions, le président fédéral confie l’intérim à un ministre[1]. Si le gouvernement fédéral démissionne ou est renversé par une motion de censure, le président fédéral nomme tout ministre comme chancelier à la tête d'un gouvernement fédéral provisoire, dont les membres sont les ministres sortants[2].
Un gouvernement d'affaires courantes désigne le gouvernement sortant. Il exerce le pouvoir, de façon réduite, avec des compétences limitées[3]. Ce cas peut se produire dans plusieurs situations : lorsque le gouvernement a perdu la confiance de la chambre des représentants, lorsque les chambres du Parlement fédéral belge sont dissoutes, lorsque le gouvernement est démissionnaire ou dans l’attente d’un nouveau gouvernement après des élections[4]. Ce variant de gouvernement est donc souvent un type de gouvernement intérimaire.
Le mandat du président du gouvernement prend fin le jour de la tenue des élections législatives, en cas de décès, de démission, de vote d'une motion de censure ou de rejet d'une question de confiance. Sauf en cas de décès, il assure la gestion des affaires courantes jusqu'à l'investiture de son successeur. En cas de censure, il reste en fonction jusqu'à l'assermentation du président du gouvernement issu de la motion de censure constructive. Il est alors dit « en fonction » (en funciones).
Les Troisième et Quatrième républiques sont caractérisées par une forte instabilité gouvernementale, et par de longues crises ministérielles : entre 1945 et 1958, la France n’a pas eu de gouvernement pendant une durée cumulée d’une année. Durant les périodes de crises, les gouvernements « expédient les affaires courantes »[5],[6]. Cette notion juridique était inscrite à l'article 52 de la Constitution du 27 octobre 1946 : « en cas de dissolution [de l'Assemblée Nationale], le Cabinet, à l’exception du président du Conseil et du ministre de l’intérieur, reste en fonction pour expédier les affaires courantes. Le président de la République désigne le président de l'Assemblée nationale comme président du Conseil. Celui-ci désigne le nouveau ministre de l'intérieur en accord avec le bureau de l'Assemblée nationale ». Après la révision de 1954, l’article 52 est ainsi rédigé : « En cas de dissolution, le Cabinet reste en fonction. - Toutefois, si la dissolution a été précédée de l'adoption d'une motion de censure, le président de la République nomme le président de l'Assemblée nationale président du conseil et ministre de l'intérieur. »[7].
L’usage depuis la Troisième République, et toujours en vigueur sous la Cinquième est qu’après une élection présidentielle, le Premier ministre présente la démission de son Gouvernement au Président nouvellement élu (ou plus rarement au Chef d'Etat sortant). Le Premier ministre d’un gouvernement démissionnaire est alors chargé d’expédier les « affaires courantes »[10], il ne peut pas par exemple déposer de projet de loi, ou proposer une révision de la Constitution[11].
Selon le Secrétariat général du gouvernement le point de départ de la période des affaires courantes commence à compter de la date de la signature du décret mettant fin aux fonctions du Gouvernement (et non à la date de la présentation de la démission) et la date de fin se situe à la nomination du nouveau Gouvernement (et non à la nomination du Premier ministre)[12]. Ce dernier point ne fait pas consensus parmi les spécialistes de la Constitution[13].
L'expédition des affaires courantes se limite aux mesures permettant d'assurer le fonctionnement régulier de l’administration et la continuité des services publics (organisation des services, paiement de dépenses engagées notamment). Le gouvernement peut prendre des décrets, des arrêtés et des circulaires pour mettre en application des lois déjà votées[14].
Selon la loi organique, le fait que le Gouvernement soit démissionnaire permet de lever l’incompatibilité institué dans l’article 23 de la Constitution entre le mandat de député et les fonctions de membre du Gouvernement[15]. Toutefois, là aussi, l’interprétation de cette loi ne fait pas consensus[16].
La justice administrative limite ce pouvoir depuis un arrêt du Conseil d'État en 1952, qui annule un décret qui « ne peut être regardé comme une affaire courante »[6],[5]. Ainsi la jurisprudence définit ses affaires dans un double sens : les décisions d’administration quotidienne et les décisions urgentes[17].
Le Conseil d’État a jugé le 19 octobre 1962 que « selon un principe traditionnel du droit public, le Gouvernement démissionnaire garde compétence, jusqu'à ce que le Président de la République ait pourvu par une décision officielle à son remplacement, pour procéder à l'expédition des affaires courantes »[18].
En cas de dissolution de l’Assemblée nationale, le Président et les questeurs assument les pouvoirs d’administration générale du Bureau jusqu’à l’entrée en fonctions de la nouvelle législature[19].
En cas de dissolution de l'assemblée délibérante d'une collectivité territoriale autre qu'une commune, de démission de tous ses membres en exercice ou d'annulation devenue définitive de l'élection de tous ses membres, son président est chargé de l'expédition des affaires courantes[20],[21],[22],[23],[24],[25],[26]. En cas de dissolution du conseil municipal d'une commune ou de démission de tous ses membres en exercice, ou en cas d'annulation devenue définitive de l'élection de tous ses membres, ou lorsque le conseil municipal ne peut être constitué, une délégation spéciale est chargée des « actes de pure administration conservatoire et urgente »[27].
Lorsque le mandat du Premier ministre s'achève pour cause de démission, de refus de confiance ou d'ouverture d'une nouvelle législature, le Premier ministre sortant expédie les affaires courantes jusqu'à l'élection de son successeur. Il ne peut modifier la composition de son gouvernement et son pouvoir réglementaire est restreint aux seules nécessités d'urgence. Cependant, s'il est décédé, a perdu son droit de vote ou s'est vu frapper d'une incompatibilité, le ministre qu'il a désigné, ou le premier d'entre eux s'ils sont plusieurs dans ce cas, exerce, avec les restrictions précédemment évoquées, ses fonctions jusqu'à l'élection d'un nouveau Premier ministre.
Aux Pays-Bas, on parle de Gouvernement démissionnaire (en).
Le mandat du président du Conseil des ministres prend fin par décès ou démission. Il continue d'expédier les affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet.
Suivant la constitution portugaise, le gouvernement doit se limiter à « assurer la gestion des affaires publiques » avant le vote de son programme par l'Assemblée de la République ou après sa démission[28].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.