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album d'Alan Stivell De Wikipédia, l'encyclopédie libre
À l'Olympia est le premier album live et le quatrième album original d'Alan Stivell, produit en mai 1972 par le label Fontana. Il est enregistré en public à l'Olympia, le célèbre music-hall de Paris, le .
Sortie |
Mai et Septembre 1972[1] |
---|---|
Enregistré |
Olympia (Paris) |
Durée | 43 minutes (approx.) |
Langue | breton, anglais, gaélique |
Genre | Musique bretonne, folk, musique celtique, rock celtique |
Format | 33 tours |
Producteur | Frank Giboni |
Label |
Fontana / Phonogram Philips Polydor |
Critique |
Albums de Alan Stivell
Singles
Avec une solide expérience musicale, et principal acteur du renouveau de la harpe celtique, Alan Stivell s'entoure pour la première fois d'un orchestre de neuf musiciens. Le concert étant programmé sur Europe 1, l'une des trois radios françaises, le jeune chanteur breton bénéficie d'une audience estimée à sept millions d'auditeurs. Il propose une musique bretonne réarrangée et modernisée par l'ajout d'instruments folk et rock, ce qui est une innovation majeure. Chantant principalement en breton, il ajoute un air gaélique et deux chansons en anglais, donnant une dimension interceltique à sa musique. Des chansons bretonnes s'illustrent dans les hit-parades : l'instrumental Pop Plinn, qui marque l'interprétation d'une danse bretonne pour la première fois à la guitare électrique, ainsi que les chansons Suite Sudarmoricaine et Tri Martolod, entonnées tels des hymnes fédérateurs.
Ce concert, comprenant exclusivement des titres inédits, marque le début de la deuxième étape du renouveau breton. Plus de deux millions d'albums se sont vendus dans le monde, en France, mais aussi en particulier dans les pays celtiques et les États-Unis. S'ensuit une « vague » bretonne et celtique en France et en Europe à moindre échelle, avec des décalages temporels, ayant même des répercussions dans le bloc de l'Est et au Maghreb. Celle-ci voit la naissance de nombreux groupes et porte la popularité de l'artiste durant les années 1970.
Alan Stivell découvre la musique celtique par son apprentissage très jeune de la harpe celtique, un instrument recréé par son père. En Bretagne, il acquiert un solide bagage musical dans la musique traditionnelle. À son expérience de penn-soner (chef d'orchestre) pour le Bagad Bleimor, s'ajoutent ses prestations dans les milieux folk à Paris (jusqu'à Londres en 1968). Il ressent une attirance pour le rock et les musiques ethniques, ce que conjuguent les Beatles en 1967 sur l'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band[4]. Lui-même était influencé par les instruments indiens, orientaux et africains, des sonorités qu'il découvre dès son enfance dans les quartiers de Paris. La vague folk en Angleterre, qui démarre après la parution des deux premiers albums du groupe écossais The Incredible String Band en 1966 et 1967, permet l’éclosion d’un grand nombre de nouveaux groupes folk dans les mondes celtique et anglo-saxon[5].
Du fait de l'origine du rock, revenir à des thèmes traditionnels avec cet « instrumentarium moderne » est pour lui une ambition : « La culture rock, j’y ai goûté très tôt en découvrant à la radio Chuck Berry, Gene Vincent… J’ai vécu ça comme une grande bouffée de fraîcheur et d’oxygène. Déjà passionné par la musique celtique, qu’on écoutait à la maison, j’y retrouvais des influences gaéliques totalement absentes de ce qu’on entendait alors. Et puis, son côté technologique m’attirait. »[6] Son admiration pour les « têtes chercheuses » qu’étaient à ses yeux les Beatles, fait radicalement évoluer son projet de rock chanté en breton : « Plutôt que de copier un style à l’identique, j’ai imaginé faire évoluer ma propre musique en y intégrant par touches ce qui m’intéressait ailleurs. »[6]
Participant à l'enregistrement d'albums dès l'âge de 15 ans, il décide de devenir professionnel et signe en 1967 un contrat d'artiste avec la maison de disques Philips. En , sort son premier album Reflets, un premier essai de musique pop celtique ouverte sur le monde. Il commence à s'entourer de musiciens à la fin des années 1960, après sa rencontre avec le guitariste Dan Ar Braz près de Quimper en 1967. Fin 1971, il forme son groupe de musiciens, avec notamment Gabriel Yacoub, multi-instrumentiste de la mouvance folk du Centre américain de Paris, qui fait venir son ami violoniste René Werneer[7]. Deux jours avant le concert à l'Olympia[8], « Dan » appelle en catastrophe son ami batteur Michel Santangeli, avec qui il joue dans les bals rock, pour accompagner Stivell[9]. Bien que ne connaissant pas les morceaux de Stivell, l'ancien batteur des Chaussettes noires et des Chats sauvages (groupes pionniers du rock'n'roll dans l'Hexagone) parvient à adapter son jeu et intègre une formation considérée par beaucoup comme un groupe à part entière[10], un line-up qui reste en place jusqu'en .
Dans le music-hall de Bruno Coquatrix, temple de la musique populaire qui voit passer les plus grands artistes de l'époque, a lieu, la plupart des lundis, une soirée produite par la radio Europe 1, entre 1957 et 1974[11]. Ce spectacle a la particularité d'être diffusé lors de l'émission Musicorama, proposée par Lucien Morisse, directeur des programmes de la station[12]. Il semble bien que Morisse ait été sensible à la popularité d'Alan Stivell lors d'un de ses concerts, à l'automne 1971, au Vieux-Colombier, quand le public fut si nombreux qu'il fallut en organiser un second, le soir même, avec l'autorisation de Marthe Mercadier, qui dirige le lieu à cette époque[13]. La programmation habituelle des concerts du lundi alterne rock, soul, folk et autres, recevant des artistes internationaux tels que Leonard Cohen, Simon & Garfunkel, Chuck Berry, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Joan Baez[14]... Dans le paysage radiophonique de l'époque, seules trois radios nationales sont présentes, bénéficiant chacune d'une audience importante : France Inter, la radio du monopole d'État, et les périphériques, Radio Télévision Luxembourg et Europe 1.
Le concert d'Alan Stivell se déroule en deux parties : une première acoustique-folk et une seconde électrique, dans un style qualifié à l'époque de pop celtique ; autrement dit, du progressive-folk avec fusion de musique celtique et de rock (en quelque sorte, la naissance du rock celtique)[16]. La soirée fait voyager en Celtie, de la Bretagne natale à des excursions plus au Nord (Irlande, Écosse). Sur scène, Stivell est entouré de deux harpes – dont celle construite par son père –, et de neuf musiciens qui forment un groupe d'amis solide et homogène. Le journal Ouest-France présente un compte-rendu du concert le mercredi, en considérant qu'Alan Stivell venait là d'accéder au statut de « vedette à part entière », « en faisant la preuve de ses énormes possibilités » et « en donnant l'impression de savoir jouer de tous les instruments »[17].
Le journaliste de Ouest-France, Charles Le Quintrec, relève la présence dans la salle de Bruno Coquatrix et de la chanteuse Marie Laforêt[17]. Les 2 500 places sont occupées par une foule compacte et festive, arborant les drapeaux Gwenn ha du dans les travées et ne résistant pas à l'appel de la danse[n 1]. Le poète Xavier Grall, présent dans la foule, témoigne : « J'étais hier à l'Olympia, au récital de Stivell, très beau, très sympa, la salle était enthousiaste. Cela a fini par des danses dans les travées. Allons, on ne se sera pas battu pour rien. »[18] Plus tard, il avoue aussi qu'il lui « arrive de pleurer de joie en entendant Alan sur les ondes »[19]. Dans Le Cheval couché, Grall évoque à propos du concert, à la fin d'un long compte-rendu, un « moment de haute grâce » et un peuple « à son âme restituée »[20]. L'écrivain André-Georges Hamon, présent également dans la salle, témoigne dans son livre en 1981 : « Désormais, on pouvait revendiquer sans honte le fait de parler, de penser et d’être breton. […] L'Olympia se prend à danser, les larmes aux yeux d'avoir osé, reconnaissant au jeune barde de permettre l'espérance. […] Même la police en armes est au rendez-vous !... Au garde-à-vous ! »[21].
Pour la première fois, la plus célèbre salle parisienne semble appartenir au peuple breton, qui est conscient de vivre un « moment historique », en étant « à la fois spectateurs et acteurs »[22],[23]. Dans le hors-série 100 ans de Musique Bretonne, Alan Stivell revient sur le contexte de cette reconnaissance : « En 1972, L'Olympia avait une image encore plus prestigieuse qu'à ce jour. Y jouer était un couronnement. Le répertoire que nous avons présenté était breton, irlandais et écossais, augmenté de quelques-unes de mes compositions. Mais comme il y avait une majorité d'airs traditionnels bretons réarrangés, les Bretons pouvaient considérer qu'ils étaient eux-mêmes sur la scène de l'Olympia. Il y a eu à l'époque une sensation de conquête de Paris, de la France. Et ce n'était pas les armes à la main, mais la harpe à la main, ce qui est quand même mieux ! ».
Le concert est retransmis, dans le cadre de l'émission Musicorama, par la radio Europe no 1 : « On n’imagine pas aujourd'hui ce que pouvait être un concert en direct sur une des trois radios nationales de l'époque : en une soirée, près du tiers des Français, Bretons, Corses – et j’en oublie – étaient à l’écoute ! Une salle remplie à ras bord nous projetait, mes musiciens et moi, vers le top de nos potentiels. À la fin, tout le monde dansait, jusque dans la rue, les gens chantaient, on les entendait depuis l’Opéra Garnier »[24], s’enthousiasme, avec du recul, le musicien. Ce sont donc plus de sept millions d'auditeurs qui découvrent une nouvelle musique bretonne dans une ambiance de fête populaire[25].
Dans le hors-série d'ArMen, Stivell déclare qu'« il y avait eu toute une préparation, le concert était attendu comme un événement, un peu comme un match de foot important. Lors de sa retransmission, des milliers de jeunes écoutaient la radio »[26]. Pourtant, les professionnels musicaux (producteurs, journalistes) imaginent l'échec de ce récital en langue bretonne, basé sur une musique inconnue[27]. Pour bon nombre d’entre eux – y compris Philips, sa maison de disques – le « chanteur provincial » âgé de 28 ans court à sa perte, comme s’en souvient Dan Ar Braz : « Je me rappelle très bien que les gens du métier rigolaient un petit peu : ils pensaient qu’il allait se planter »[28]. « Alan, lui, malgré toutes les mises en garde défaitistes des gens qui s’y connaissaient, restait résolument et sereinement optimiste » raconte Yann Brekilien[29]. Le soir du concert, Stivell et son groupe jouent à guichets fermés. Et même si la salle est comble, le journaliste Jacques Vassal remarque à l'époque que des observateurs « estiment que la grande majorité des spectateurs qui se déplacent lorsqu'Alan joue à Paris, sont issus de la fidèle et inconditionnelle colonie bretonne. […] on ne saurait en conclure pour autant qu'il se soit agi d'un concert à vocation purement interne et « militante ». Heureusement d'ailleurs »[30].
En 1982, Alan Stivell revient sur cette étape historique dans le magazine Paroles & Musique : « L'Olympia a été pour moi une étape capitale : auparavant, je pensais avoir atteint le maximum de gens susceptibles d'être intéressés par ma musique et, finalement, le succès de l'album venait bouleverser tout ça. Le temple, le palais de la chanson à la mode proposait au grand public de Bretagne, au milieu de son menu habituel, un plat breton. Ce public allait-il l'accepter comme il acceptait les yeux fermés les autres spectacles de l'Olympia ? Expérience psychologique, psychanalytique presque, où les gens se trouvaient quasiment obligés de réfléchir, de choisir, de se déterminer face à cette situation nouvelle. La réaction spontanée a été l'enthousiasme, suivie, peu après, de la contestation. Et ce, parfois, chez les mêmes personnes, d'ailleurs. On m'a reproché ce passage par Paris ; on m'a accusé de faire du « commercial », d'être « récupéré », etc. Étant donné l'esprit de l'époque, je m'attendais un peu à ce type de réaction, mais l'important était de provoquer, justement, une réaction. »[31]. « Ce n'est pas le show-biz qui l'avait « récupéré », c'est lui-même qui avait récupéré le show-business » considère Yann Brekilien dans son livre consacré au « sourcier » du folk celtique[32], « car il n'avait fait aucune concession ».
Interviewé par le critique musical Philippe Manœuvre dans une émission diffusée en 1975, il explique que son but était de « convertir la grande masse des Bretons à leur propre culture, leur propre musique » pour qu’ils n’en aient plus honte, et son passage à l’Olympia est apparu, selon lui, comme un élément déclencheur, « pour pas mal de gens qui avaient un complexe d’infériorité, le jour où ils ont vu que des parisiens pouvaient aimer leur musique, aller applaudir des chansons en breton »[33],[n 2].
L'album À l'Olympia paraît en format disque vinyle 33 tours, dont les premiers exemplaires sont vendus dès le mois de , mais la sortie à grande échelle a lieu en septembre, soit six mois après le concert. Il est produit par le label Fontana, pour qui travaille le producteur Frank Giboni, et est distribué en France par Phonogram (Philips). Il est à ce jour le disque d'essence bretonne totalisant les meilleures ventes[25]. L'album instrumental Renaissance de la harpe celtique, sorti presque un an auparavant, est redécouvert à cette occasion et la sortie de Chemins de terre, en , font qu'il réalise l'exploit d'avoir trois albums dans le hit-parade français (Top 30)[34]. Découvert à l'étranger, il partage la une des magazines avec les stars mondiales[35].
Pays | Top |
---|---|
France (SNEP)[36] | 3 |
À sa sortie en , 150 000 albums sont immédiatement achetés, 1 500 000 exemplaires sont vendus de par le monde en un peu plus d'un an[32] et plus de deux millions par la suite[37]. Cela en fait un succès de ventes en France, mais aussi en Europe[38]. Il se classe à la 3e place des meilleures ventes en France. Il reste 14 semaines dans le top 10 et 50 semaines dans le top 50[36]. Tri Martolod est entonné dans toute la France et la Suite Sud-Armoricaine est en tête du hit-parade de la radio RTL[39]. La revue bretonne An Arvorig relève : « Qui ne se souvient pas alors du Pop Plinn d'Alan Stivell élevé au rang d'hymne traditionnel et fédérateur par les uns, et décrié comme étant un sacrilège à la culture traditionnelle par les autres. »[40] Selon le journaliste musical Jean Théfaine, « Quand on n’a pas vécu la transmutation en direct, on peut difficilement imaginer la force du tsunami musical qui balaya la France – et bien au-delà, puisque affinités – dans la première moitié des années soixante-dix. »[41]. En Algérie, le chanteur Idir se souvient avoir été surpris, à l'écoute de la retransmission du concert, par les similitudes avec sa musique kabyle[n 3]. Les deux artistes collaborent par la suite.
Cette « vague » marque de début du deuxième « revival », après celui porté par les bagadoù dans les années 1950[34]. La diffusion des chansons sur les ondes provoque un sursaut identitaire. Alors qu'Alan Stivell est en une du journal régional Le Télégramme, le , le journaliste Frédéric Jambon écrit que ce 33 tours est « l'album le plus important de l'Histoire de la Bretagne »[42]. En 2000, Le Télégramme explique que le concert, « retransmis en direct par Europe 1, créa un véritable électrochoc en Bretagne. Dans sa foulée, les festou-noz faisaient le plein, les groupes de musiques (Tri Yann, Bleizi Ruz, Servat...) se multipliaient, une région entière retrouvait sa culture avec fierté »[3]. Dans son ouvrage consacré à l'interceltisme, l'écrivain Erwan Chartier relève la dimension internationale qu'obtient la musique bretonne grâce aux « arrangements uniques » de l'artiste : « Pour la première fois, la musique bretonne explose et séduit un public bien au-delà des frontières de la péninsule. L’enregistrement qui en découle fait d’ailleurs désormais figure de classique. »[43]
En , Jacques Vassal livre son avis dans la revue Rock & Folk : « Enfin, il y a ici, quand même, une joie non feinte et une relation quasi amoureuse entre les musiciens et l'assistance. Peu d'artistes français (pardonnez-moi de dire ça, Alan) parviennent à créer ce genre de situations. Et puis, Alan est à présent un des types qui tournent le plus, dans tous les coins, attirant à chaque fois en même temps la quantité et la qualité. Cet album en est un témoignage probant (son seul défaut réside dans certaines faiblesses sonores, problème pas facile à résoudre dans la prise de son en concert). Et cela fait plaisir, enfin, de voir un mec reconnu en ayant pu rester fidèle à lui-même. Carry It on, Alan ! »[44]. Mais dans son livre sur la chanson bretonne, le journaliste déplore le fait que « certaines franges du public et de la presse en Bretagne lui pardonnaient difficilement son succès ». Cela est pour lui une non-reconnaissance de la longue démarche artistique de l'artiste qui aboutit à une « musique populaire par essence » car c'est une « communication authentique » et sur le plan sociétal surtout, « ce qui est plus grave, ne sachant ou ne voulant pas le considérer comme une étape de la « longue marche » du peuple breton pour être reconnu, y compris par lui-même ! »[45].
La tournée de 1972 est essentiellement bretonne à la suite de sa gloire parisienne, mais les dates se multiplient dans toute la France à la suite de la sortie de l'album. Détonateur d'un mouvement interne, Alan Stivell est très sollicité par ses « frères » d'outre-Manche et séduit à l'étranger[46]. En 1983, l'album est gratifié de cinq étoiles par le magazine américain Rolling Stone dans son « The Rolling Stone Record Guide » de 1983[47], ce qui, comme le rappelle Goulven Péron, le place parmi les 30 meilleurs albums de l'année 1972[3]. Le succès de la chanson Tri Martolod s'amplifie et acquiert une dimension internationale par la suite, reprise par des groupes allemands, suisses, polonais, hongrois, russes (dont les Chœurs de l'Armée rouge)[48].
Quinze ans avant ce concert décisif de , Alan Stivell se produit une première fois à l'Olympia : le , à l'âge de 13 ans, sous le nom d'Alain Cochevelou, il joue en première partie de Line Renaud, lors d'une émission Musicorama, relayée sur l’unique chaîne de télévision d’alors, où Jean Nohain présente le jeune musicien jouant d’un instrument ressuscité[49].
Parmi les morceaux interprétés lors de ce concert à l'Olympia, six titres sont proposés en version studio sur trois singles : le premier single édité peu avant le concert (avec The Wind of Keltia et Pop Plinn), les deux autres juste après (Suite Sudarmoricaine et Tri Martolod)[50].
Alan Stivell est amené à se produire à nouveau dans la mythique salle, d'abord pendant un mois complet au printemps 1974, puis le dans le cadre de la tournée Delirium, près de quinze ans après le concert historique de . Ce retour boulevard des Capucines marque une nouvelle étape, entre le reflux partiel de la déferlante régionaliste et le retour de l'onirisme celtique au temps des musiques du monde[51]. Cette même année 1987, Alan signe chez Dreyfus Records, qui réédite l'album en CD remasterisé en 1988, sous une nouvelle pochette et un titre différent, Olympia Concert, probablement pour toucher le plus large public, notamment à l'international[52]. Les 8 et , sa tournée 1 Douar fait étape dans la salle parisienne. En 2002, Alan Stivell donne à l'Olympia un premier concert anniversaire, pour célébrer les trente ans de son passage capital dans le music-hall, auquel participe en invité son ancien complice Gabriel Yacoub[53].
En , pour marquer le 40e anniversaire du concert et de l'album, un double CD intitulé Ar Pep Gwellañ (« Le Best Of ») est publié par Mercury (Universal). Le premier CD contient une sélection de 16 titres de 1971 à 2006 et le second, l'enregistrement remastérisé du concert de 1972.
Le , Alan Stivell donne à l'Olympia un second concert anniversaire, cette fois en célébration des 40 ans du concert historique ; il réinterprète ce soir-là la totalité des titres de l'album original. Il choisit de reprendre le folk instrumental Kost Ar C'hoad, thème dansant breton, en lui ajoutant des paroles : renommée 40 vloaz 'zo, cette nouvelle version raconte la soirée de 1972 en six couplets et riffs rock[54]. Les trois heures de spectacle sont ponctuées d'instants d'émotion (tels les hommages à son père, au Bagad Bleimor sur Bleimor, The Bagad, à Glenmor sur Ô Langonned), de retrouvailles (avec Dan Ar Braz, René Werneer ou Robert Le Gall), de « grâce » (avec Nolwenn Leroy sur Brian Boru et Joanne Maclver sur La Hargne au cœur), de revendication (Brezhoneg 'Raok, Bro gozh, An Alarc'h) et de moments festifs (danses dans le public en an-dro, final composé de tubes rock avec l'arrivée de Pat O'May)[55].
Le DVD de l'intégralité de la soirée, 40th Anniversary Olympia 2012, est publié en , accompagné d'un CD des « meilleurs moments ». Le , soir de la fête de la Saint-Patrick, il s'y reproduit pour fêter ses 50 ans de carrière[56].
Alan Stivell, issu du milieu musical breton, est le premier à introduire la batterie, la basse et la guitare électrique dans la musique traditionnelle bretonne ; pour lui, il est naturel de jouer la musique qu'il connaît bien avec les instruments qu'il aime de son époque[33]. Il y ajoute également des instruments folk, dont la plupart sont joués par Gabriel Yacoub, futur fondateur du groupe Malicorne et René Werneer au violon[57]. Il cherche donc à mettre en évidence la typicité des morceaux, joués avec de nouveaux instruments, faisant apparaître des différences mais aussi des ressemblances entre eux. L'instrumental Pop Plinn, sorti peu avant en version studio, fusionne la danse plinn – typique du territoire de Centre Bretagne où elle est pratiquée – avec le rock. Atteignant des sommets dans le hit parade, il préfigure le succès de l'album[58].
L’univers d’évasion qu’il ouvre alors séduit à la fois les amateurs de folk et la génération psychédélique[59] ; il réussit à instaurer l'idée d'une musique celtique aux racines communes[49]. La musique présente dans l'album est constituée d'arrangements modernes de musiques traditionnelles et elle marque, pour une partie des morceaux, les prémices de ce qui est appelé, par la suite, le rock celtique. Dan Ar Braz considère qu'il n'était « qu'un apprenti guitariste celtique. Mais j'ai apporté, je crois, le son rock qu'il fallait, sans couvrir sa harpe ni son chant[60]. » Alan Stivell réussit donc à mettre en évidence le lien entre les musiques traditionnelles et la musique pop, principalement anglo-saxonne, qui connaissait le succès en France à la fin des années 1960. Ce lien est pertinent car cette musique moderne provenait de racines celtiques, par l'origine des artistes ou leurs influences[61]. Pour Jacques Péron et Jean-Pierre Pichard, ce succès à l’Olympia est l’une des grandes dates de la musique celtique contemporaine, « un moment qui voyait la réémergence de la musique bretonne et plus largement celtique, fusionnant les instruments traditionnels et ceux contemporains, plus représentatifs des modes musicales du moment. La découverte par toute une génération de ce que la folk music doit au monde celte va sortir cette musique de la confidentialité dans laquelle elle était confinée. Les artistes échangeront désormais par-dessus les mers, les frontières, ce qui est devenu les références communes d’une génération[62]. »
Le recto de la pochette est une photographie – sur fond noir – de trois musiciens sur scène lors de ce concert à l'Olympia (sur les dix musiciens ayant participé au concert). Elle montre, sur la partie gauche, Alan Stivell à côté d'une de ses deux harpes (richement décorée de motifs celtiques) en train de chanter dans son micro ; et sur la partie droite, le bassiste Gérard Levavasseur, une seconde harpe et Gabriel Yacoub à la guitare électrique. Le nom « Alan Stivell » apparaît en bleu clair en lettres majuscules et le titre « à l'Olympia » en blanc en lettres minuscules, aligné à droite en dessous du mot « Stivell ».
Le verso de la pochette est une photographie en noir et blanc du triskell d'Alan (pendentif celte dessiné par lui-même et qu'il porte autour du cou lors du concert)[89] dans les entrelacs duquel sont écrites des expressions qui lui sont chères : « Retour aux sources », « Diversité des cultures », « Exprimer soi », « Progressive-folk », « Celtic pop-music », « Monde technologique », « Sonerezh Geltia bloaz 2000 »[90].
Pour la réédition en CD, l'album a été renommé Olympia Concert avec une pochette totalement différente : la photographie d'une épée style Excalibur sur fond de paysage de montagnes bleutées surplombées d'une demi-lune[91]. La partie inférieure du dessin rappelle les sombres profondeurs sous-marines, en contraste avec le ciel clair.
No | Titre | Durée |
---|---|---|
1. | The Wind of Keltia | 3:42 |
2. | An-dro | 3:07 |
3. | The Trees They Grow High | 3:04 |
4. | An Alarc'h (Le Cygne) | 2:25 |
5. | An Durzhunnel | 3:23 |
6. | Telenn gwad / The Foggy dew | 3:57 |
7. | Pop Plinn | 3:37 |
8. | Tha mi sgìth | 4:22 |
9. | The King of the Fairies | 3:20 |
10. | Tri Martolod | 4:27 |
11. | Kost ar c'hoad | 3:54 |
12. | Suite Sudarmoricaine | 3:29 |
Les airs de The Trees They Grow High et de The King of the Fairies sont irlandais ; Tha mi sgìth vient des Îles Hébrides ; tous les autres sont de Bretagne.
Équipe artistique
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