École hypermoderne
Courant théorique du jeu d'échecs De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L'école hypermoderne, aussi nommée école néoromantique, est un courant de pensée échiquéenne apparu au début du XXe siècle, après la Première Guerre mondiale. « La révolution hypermoderne a laissé une trace durable dans l'histoire de l'évolution des idées stratégiques échiquéennes »[1].
C'est le prolifique Xavier Tartacover qui fut à l'origine de ce terme. En effet, Xavier Tartacover publie en 1924 le livre Die Hypermoderne Schachpartie (La Partie d'échecs hypermoderne) et c'est sous le terme d'« hypermoderne » qu'il qualifie le style de jeu d'Alexandre Alekhine, d'Efim Bogoljubov et de Gyula Breyer.
Le but profond des coups hypermodernes était parfois masqué par leur aspect curieux, ce courant ayant été créé en réaction au classicisme de l'École viennoise des échecs, lui-même construit en réaction aux combinaisons endiablées de l'École romantique. Ce n’est pas tant que les anciennes règles (classiques) ont été réfutées, mais on s’est plutôt rendu compte qu’elles avaient été suivies trop servilement autrefois (notamment par Siegbert Tarrasch, jugé trop dogmatique par Aaron Nimzowitsch). Les maîtres modernes faisaient face à chaque situation avec une stricte objectivité, « mais l'application de telles idées demande un bien plus grand effort de création que le jeu classique »[2]. En pratique, l’hypermodernisme n’a pas remplacé la théorie classique de Wilhelm Steinitz et ses successeurs. Au lieu de cela, les manuels d'échecs modernes décrivent ce courant comme un prolongement de l'école classique.
Les deux plus grands penseurs de ce courant sont Aaron Nimzowitsch et Richard Réti[3] qui, dans leurs ouvrages respectifs, Mon système et Les Idées modernes aux échecs, ont décrit et vulgarisé la pensée hypermoderne.
Nimzowitsch est reconnu comme un grand pédagogue : « son exposé est brillant, efficace et divertissant. »[4]. Mon système est considéré par Vlastimil Hort comme un livre d'échecs ayant eu une influence considérable pour chaque génération depuis sa publication en 1925 [5].
Harry Golombek, rédacteur en chef du British Chess Magazine et auteur d'une biographie de Réti (Reti's Best Games), a présenté Les idées modernes aux échecs comme « le meilleur livre jamais écrit sur les échecs »[6]. Réti y aborde la stratégie échiquéenne et l'histoire de ses progrès jusqu'au jeu hypermoderne, en incluant ce dernier[4]. Ceci dit, Réti n'avait pas conscience que certaines idées positionnelles étaient connues avant ce qu'il supposait, et il a omis de mentionner, notamment, Howard Staunton, promoteur entre autres de la partie anglaise, et Louis Paulsen, promoteur entre autres de la défense sicilienne[4]. Cependant, ces deux dernières ouvertures ont été ressuscitées par l'école hypermoderne[4].
Le jeu hypermoderne s'appuie notamment sur les principes énoncés (dans Mon système en particulier) par Nimzowitsch : la surprotection[7], la prophylaxie[7], le louvoiement, appelé par Michel Roos le Lavieren[2]. « Les idées stratégiques de Nimzowitsch couvrent par priorité les positions fermées. Aucun joueur de nos jours ne peut s'en passer »[8].
Quant-au centre, alors que les classiques considéraient « l'occupation » du centre comme une nécessité, c'est selon Réti le « contrôle » de ce dernier qui est l'essentiel[9]. Ce contrôle peut être exercé à distance grâce à, entre autres, la mise en fianchetto des fous[10], ou encore grâce à l'attaque du centre adverse par les pions des ailes. Les pions centraux de son propre camp, tout en privant ses pièces mineures de la possibilité d'occuper leurs cases centrales, peuvent en effet devenir une cible pour l'adversaire[10].
Ceci conduit à des ouvertures comme la défense Alekhine, avec une ligne telle que 1. e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. d4 d6 4. c4 Cb6 5. f4 (l'attaque des quatre pions) où les Blancs ont un centre de pions impressionnant pour le moment, mais vulnérable à long-terme, auquel les Noirs comptent bien s'attaquer dans un second temps.
Un autre exemple-type est le début Réti, où les Blancs laissent flexible la position de leurs pions pour décider ultérieurement où les jouer en fonction du dispositif adverse. C'est le cas des Noirs dans la défense nimzo-indienne.
En remettant en cause la conception du centre, c'est principalement dans la théorie des ouvertures que l'hypermodernisme a laissé une empreinte profonde[1]. Les ouvertures considérées comme hypermodernes se refusent pour l'essentiel à occuper prématurément le centre mais préfèrent le contrôler par des pions ou des pièces, quitte à pousser l'adversaire à occuper le centre par ses pions pour mieux les attaquer par la suite. En voici une liste non exhaustive pour les deux camps :
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