Adolphe est un roman qui a été quatre fois édité par l'auteur (1816 Paris, 1816 Londres, 1824 Paris, 1828 Paris). C'est la troisième version (1824) qui est considérée comme étant la plus aboutie[1].
[.] la timidité, cette souffrance intérieure qui nous poursuit jusqu'à l'âge le plus avancé, qui refoule sur notre cœur nos impressions les plus profondes, qui glace nos paroles, qui dénature dans notre bouche tout ce que nous essayons de dire, et ne nous permet plus de nous exprimer que par des mots vagues ou une ironie plus ou moins amère, comme si nous voulions nous venger de nos sentiments mêmes de la douleur que nous éprouvons à ne pouvoir les faire connaître.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. I,
p.
28
Les hommes se blessent de l'indifférence, ils l'attribuent à la malveillance ou à l'affectation ; ils ne veulent pas croire qu'on s'ennuie avec eux naturellement.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. I,
p.
31
Presque toujours, pour vivre en repos avec nous-mêmes, nous travestissons en calculs et en systèmes nos impuissances ou nos faiblesses : cela satisfait cette portion de nous qui est, pour ainsi dire, spectatrice de l'autre.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. II,
p.
41
Il n'y a point d'unité complète dans l'Homme, et presque jamais personne n'est tout à fait sincère ni tout à fait de mauvaise foi.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. II,
p.
42
L'amour supplée aux longs souvenirs, par une sorte de magie. Toutes les autres affections ont besoin de passé : l'amour crée, comme par enchantement, un passé dont il nous entoure.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. II,
p.
53
Ce qu'on ne dit pas n'en existe pas moins, et tout ce qui est se devine.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. III,
p.
56
Malheur à l’homme qui, dans les premiers moments d’une liaison d’amour, ne croit pas que cette liaison doit être éternelle.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. III,
p.
56
[.], charme de l'amour, qui vous éprouva ne saurait vous décrire.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. IV,
p.
59
Il y a des choses qu’on est longtemps sans se dire, mais quand une fois elles sont dites, on ne cesse jamais de les répéter.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. IV,
p.
65
C'est un affreux malheur de n'être pas aimé quand on aime ; mais c'en est un bien grand d'être aimé avec passion quand on n'aime plus.
Adolphe, suivi de : Quelques réflexions sur le théâtre allemand et la tragédie de Wallstein ; De l'esprit de conquête et de l'usurpation., Benjamin Constant, éd. Charpentier, 1845, chap. V, p. 55
et
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. V,
p.
73
Nous sommes des créatures tellement mobiles, que, les sentiments que nous feignons, nous finissons par les éprouver.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. VI,
p.
82
[.] on lutte quelques temps contre sa destinée, mais on finit toujours par céder. Les lois de la société sont plus fortes que les volontés des hommes ; les sentiments les plus impérieux se brisent contre la fatalité des circonstances. En vain on s'obstine à ne consulter que son cœur ; on est condamné tôt ou tard à écouter la raison.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. VI,
p.
84
Tel homme qui pense de bonne foi s'immoler au désespoir qu'il a causé ne se sacrifie dans le fait qu'aux illusions de sa propre vanité.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. VII,
p.
22
Elle croyait ranimer mon amour en excitant ma jalousie; mais c'était agiter des cendres que rien ne pouvait réchauffer.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. GF Flammarion, 1989, chap. VIII, p. 140
Mais l'homme se déprave dès qu'il a dans le cœur une seule pensée qu'il est constamment forcé de dissimuler.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Gallimard, 2007, chap. IX, p. 92
Nul ne me disputait mon temps, ni mes heures ; aucune voix ne me rappelait quand je sortais : j'étais libre en effet ; je n'étais plus aimé : j'étais étranger pour tout le monde.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. X,
p.
129
[.] ; l'amour s'identifie tellement à l'objet aimé, que dans son désespoir même il y a quelque charme. Il lutte contre la réalité, contre la destinée ; l'ardeur de son désir le trompe sur ses forces, et l'exalte au milieu de sa douleur.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. X,
p.
125
Le sentiment le plus passionné ne saurait lutter contre l'ordre des choses. La société est trop puissante.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. Lettre à l'éditeur,
p.
133 et 134
C'est esprit, dont il est si fier, ne sert ni à trouver du bonheur, ni à en donner.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. Réponse,
p.
137
La grande question dans la vie, c'est la douleur que l'on cause, et la métaphysique la plus ingénieuse ne justifie pas l'homme qui a déchiré le cœur qui l'aimait.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. Réponse,
p.
137
[.]; chacun ne s'instruit qu'à ces dépens dans ce monde, [.]. Les circonstances sont bien peu de chose, le caractère est tout.
Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988
(ISBN 9782253045885), chap. Réponse,
p.
137 et 138