(1190) De l’ancien français oignon, oingnon, du latin populaire ūniōnem, accusatif de ūnio (chez Columelle: «sorte d’oignon qui n’a pas de caïeux»). On rattache unio à unus («un») parce qu’à la différence de l’ail, il a un bulbe unique. En Gaule du Nord, unionem a supplanté le latin classique caepa, conservé partout ailleurs (occitan, et catalan: ceba, espagnol: cebolla, italien cipolla, portugais cebola, roumain ceapă); voir ciboule, ciboulette, qui sont d’origine provençale.
En ancien français, le graphème ‹ign› notait le n palatal (\ɲ\): besoigne (« besogne »), estraigne («étrange»), montaigne (« montagne »), etc. avant d’être simplifié en ‹gn›. Nous gardons trace de l’ancienne notation dans seigneur et oignon. Les rectifications orthographiques de 1990 recommandent d’écrire ognon sur le modèle de agneau ou rogne.
La culture intensive de l’oignon, pratiquée sur les rives du Mayo Binder, contribue pour beaucoup à l’originalité du canton de Binder dans la zone soudanienne.—(Géraud Magrin, Le Sud du Tchad en mutation: des champs de coton aux sirènes de l’or noir, Éditions Quae, 2001, page 145)
Au regard des résultats, il nous semble que le nombre d’écotypes d’oignon répertorié ne correspond pas à la réalité. Les mêmes variétés d'une même origine peuvent être cultivées dans différents pays et porter des appellations différentes. Ces variétés le plus souvent sont appelées à tort de nouvelles populations d’oignon.—(Science et technique: Série Sciences naturelles, volume 22, Centre national de la recherche scientifique et technologique, 1995, page 31)
Lorsque l’oignon monte en graine à la seconde année , il pousse une tige nue , droite , haute de trois ou quarre pieds , renflée vers son milieu , portant à son sommet une tige de la grosseur du poing , composée de fleurs en lis […] —(Pierre-Joseph Buc’hoz, Dictionnaire universel des plantes, arbres et arbustes de la France, volume 2, Lacombe, Paris, 1770, page 435)
Ces deux méchantes filles se frottèrent les yeux avec un oignon pour pleurer lorsque la Belle partit avec son père; mais ses frères pleuraient tout de bon, aussi bien que le marchand: il n’y avait que la Belle qui ne pleurait point, parce qu’elle ne voulait pas augmenter leur douleur.—(Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, La Belle et la Bête, 1756)
C’étaient des restes de bœuf bouilli achetés chez un rôtisseur tant soit peu regrattier, et fricassés au beurre avec des oignons coupés en tranches minces, jusqu’à ce que le beurre fût absorbé par la viande et par les oignons, de manière que ce mets de portier présentât l’aspect d’une friture.—(Honoré de Balzac, Le Cousin Pons, 1847)
Je maudis l’oignon Tous les mardis et vendredis, on mange du hachis aux oignons, et pendant sept ans je n’ai pas pu manger de hachis aux oignons sans être malade. J’ai le dégoût de ce légume. Comme un riche! mon Dieu, oui! — Espèce de petit orgueilleux, je me permettais de ne pas aimer ceci, cela, de rechigner quand on me donnait quelque chose qui ne me plaisait pas. Je m’écoutais, je me sentais surtout, et l’odeur de l’oignon me soulevait le cœur, — ce que j’appelais mon cœur, comprenons-nous bien; car je ne sais pas si les pauvres ont le droit d’avoir un cœur.—(Jules Vallès, L’Enfant, G. Charpentier, 1889)
On plante les tulipes depuis la mi-Octobre jusqu’à la fin de Novembre. Examinez bien vos oignons avant de planter; ôtez ceux qui sont malades […] —(Louis Liger, La Nouvelle Maison rustique, ou Économie générale de tous les biens de campagne, vol. 2, Samson, Paris, 1775, 10eédition revue et augmentée par Henricus Bernier, page 303)
Le suc d’oignons de lis étoit tenace, gluant; il fallut pour en avoir un peu, le ramasser avec un couteau: il étoit couleur de café au lait […] —(Jean-Étienne Guettard, Mémoires sur différentes parties des sciences et arts, tome 2, Laurent Prault, Paris, 1770, page L)
L’observateur rapporte qu’une paysanne ayant vendu des oignons de perce-neige en guise de ciboulette, toutes les personnes qui en mangèrent furent surprises de vomissement, qui n’eurent aucunes suites fâcheuses.—(Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, vol. 12, Samuel Faulche, Neufchâtel, 1765, page 326)
Le seul moyen de se garantir d’oignons, & même de toute incommodité aux pieds, c’est d’être absolument en garde contre les chaussures trop courtes […] —(Nicolas Laurent Laforest, L’Art de soigner les pieds: contenant un traité sur les cors, verrues, durillons, oignons, engelures, les accidens des ongles & leur difformité, chez l’auteur & Maison de M. Bourdet / Blaizot, Paris / Versailles, 1781, page 77)
Madame Toullier prise, a des poils plein les oreilles, des pieds avec des oignons; elle est plus honnête que madame Grélin. Elle est plus bête et plus laide aussi.—(Jules Vallès, L’Enfant, G. Charpentier, 1889)
Ses pieds énormes et couverts d’oignons, pour lesquels il exigeait de son bottier des chaussures spéciales, nous étaient un perpétuel sujet de plaisanteries, qu’il supportait avec un bon sourire dans sa face de reître aux larges traits.—(Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux, Grasset, 1914, réédition Le Livre de Poche, page 37)
A grand renfort de savates dans l’oignon, Dick déblayait la place.—(Albert Simonin, Une balle dans le canon, Série noire, Gallimard, 1958, page 21)
Les feuilles éparses autour des crottes m’incitèrent à croire qu’il avait même pris le soin de se torcher l’oignon.—(Jean Delou, Le Safari sanglant, Éditions du Scorpion, 1961, page 99)
L’Alsacien renvoya plaignants et accusé dos à dos, se contentant de noter que Lemoine ne disait pas que des conneries, bien qu’il eût tendance ces derniers temps à péter un peu plus haut qu’il avait l’oignon.—(Antoine Bello, Mateo, collection Blanche, 2013, page 155)
M. Dubuis tira de son gousset sa montre — un superbe oignon en or — pour se fixer exactement sur l'heure—(, Le Matin: derniers télégrammes de la nuit, Paris, 1913-07-02, Alfred Edwards)
Trique tira un oignon de sa poche, le consulta, répondit: — Eh! mais… il devrait être ici.—(Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
Chaque fois, Langlois laissait des instructions précises, rappelait, en quelques mots plus chauds que l’eau-de-vie, les lieux-dits qu’on atteindrait, qu’on dépasserait à telle heure, puis à telle heure, et il donnait l’heure de son oignon.—(Jean Giono, Un roi sans divertissement, 1947)
Il essaya de tirer sa montre, son gousset était déjà plein de terre, son père avait gagné cet oignon au Tir fédéral de 1887.—(Catherine Colomb, Les Esprits de la Terre, 1953)
Il sortit la montre gousset que lui avait donnée Emmanuel, son père, un vieil oignon en métal brun auquel il tenait beaucoup.—(Edmond Reboul, Le Déserteur Triomphant, L’Harmattan, 2010)
Que les Popov continuent à chier sur des poutres verglacées et à se torcher le cul avec une poignée de graviers, c’est leurs oignons. Mais moi, j’en ai marre!—(Sven Hassel, Les Forcenés de l’Enfer, 1971, traduction française Presses de la Cité, Paris, 1981)
Pourquoi diable poses-tu toutes ces questions? C’est pas tes oignons, ce qu’on fait et avec qui on le fait.—(Glen Cook, Garrett, détective privé, volume 4: Chagrins de ferraille, L’Atalante, 2007, chapitre 4)
Les oignons de l’Église, ça devait être, sans doute, pour le général, les sacristies sentant le moisi, les nonciatures, les pastorales d’ensemble, et tout notre bazar extérieur. Manque de pot, l’immense chantier de l’Église est partout ailleurs.—(Guy Gilbert, La rue est mon église, Stock, 1980)
– [...] Ce n’est pas mes oignons de savoir avec qui tu trompes ta femme…—(Víctor del Árbol, Toutes les vagues de l’océan, Babel Noir, 2014)