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concile œcuménique tenu à Nicée en 325 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le premier concile de Nicée (en latin : Concilium Nicænum Primum) est un concile général des évêques de l'Empire romain qui se tint à Nicée (aujourd'hui İznik, en Turquie) en Bithynie, du au , sous l'égide de l'empereur Constantin Ier[1].
Premier concile de Nicée | ||||||||
L'empereur Constantin (au centre), avec les évêques du concile de Nicée (325), tenant anachroniquement le texte du « symbole de Nicée-Constantinople » dans sa forme liturgique grecque fondée sur le texte adopté au premier concile de Constantinople (381 apr. J.-C.) | ||||||||
Informations générales | ||||||||
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Début | 20 mai 325 | |||||||
Fin | 25 juillet 325 | |||||||
Lieu | Nicée | |||||||
Liste des conciles | ||||||||
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Le concile avait pour objectif de résoudre les problèmes qui divisaient alors les Églises d'Orient, problèmes disciplinaires et surtout problème dogmatique[2] mis en évidence par la controverse entre Arius et son évêque Alexandre.
Il est considéré comme le premier concile œcuménique du christianisme primitif. Il forme, avec le premier concile de Constantinople de 381, l'un des deux conciles considérés comme œcuméniques par l'immense majorité des Églises chrétiennes[Note 1]. Toutefois il faut noter l’absence au concile des donatistes et des novatiens.
Après que Constantin Ier fut devenu maître de l'empire, le grand nombre de dissensions au sein du christianisme s'imposa rapidement à lui comme un problème à résoudre. En effet, au-delà du schisme de Melitios de Lycopolis qui perdurait et de la question de la Pâque quartodécimaine qui agitait les esprits, les disputes ariennes commençaient à diviser l'Église. Au témoignage d'Eusèbe de Césarée[3], elles avaient commencé à Alexandrie et s'étaient étendues sur l'Égypte, la Libye, la haute Thébaïde et menaçaient d'autres provinces encore : « Les uns disputaient dans Alexandrie avec une opiniâtreté invincible sur les plus sublimes mystères. D'autres contestaient dans l'Égypte, et dans la haute Thébaïde sur une question qui avait déjà été disputée auparavant, de sorte qu'il n'y avait aucune église qui ne fût divisée. La Libye entière, et les autres provinces furent atteintes du même mal. Car les ecclésiastiques d'Alexandrie envoyaient des émissaires aux évêques de plusieurs provinces, qui se rangeaient eux-mêmes d'un côté ou de l'autre, partageant en cela le même esprit de discorde. »[4].
Eusèbe de Césarée rapporte que, mis au fait de ces dissensions, l'empereur essaya tout d'abord de les apaiser en envoyant, à Alexandrie, une missive ayant pour but de réconcilier les partis antagonistes : Alexandre d'Alexandrie et Arius[5]. Préservée dans Vie de Constantin (Vita Constantini)[6], elle nous brosse le portrait d'un homme préoccupé de l'unité de son empire et des conséquences qu'un schisme religieux pourrait avoir à son endroit, un homme soucieux d'établir la concorde et la paix et indifférent à orienter ou déterminer ce en quoi il convient de croire[Note 2]. Pour porter cette lettre et négocier la paix, Eusèbe raconte que Constantin envoya un homme pieux et solide dans sa foi, sans toutefois en préciser l’identité[5]. À la suite de Socrate le Scolastique[7] et de Sozomène[8], il fut traditionnellement identifié avec Ossius de Cordoue, évêque renommé et respecté du plus grand nombre en son temps[Note 3]. Les suites données à cette affaire restent néanmoins floues dans la mesure où Eusèbe n'évoque pas directement le sujet[Note 4]. Une chose est cependant sûre : ni la lettre impériale, ni la personnalité épiscopale ne purent suffire à apaiser les esprits et à réconcilier les deux partis. D'après Eusèbe de Césarée, « Le mal était trop grand pour qu'on puisse y remédier par une simple lettre, et l'aigreur des disputes augmenta et se répandit dans toutes les provinces orientales. »[9] L'échec de la tentative de conciliation mena ainsi à la nécessité de réunir un concile afin de rétablir la paix religieuse dans l'empire[Note 5].
Le nombre des évêques qui participèrent au concile varie selon les sources anciennes. Dans sa Vita Constantini, Eusèbe de Césarée, qui était présent au concile, parle de plus de 250 participants[10]. Eustathe d'Antioche, dans un fragment préservé par Théodoret de Cyr[7], évoque près de 270 participants, tout en convenant qu'il ne connaît pas le nombre exact et qu'il ne s'est pas soucié de le déterminer lors du concile. Quant à Athanase d'Alexandrie, il propose un nombre équivalant tantôt à plus ou moins 300[11], tantôt à 318[12]. Ce dernier nombre connut un certain succès dans l'historiographie religieuse. Par un verset de la Genèse (14:14), Hilaire de Poitiers le rattachait aux serviteurs d'Abraham[13], et Ambroise de Milan voyait en lui le signe du nom et de la passion de Jésus-Christ[14]. Il s'imposa dans la tradition pour sa valeur symbolique[15].
Il existe plusieurs listes des signataires des actes du concile en grec, en latin, en syriaque, en copte, en arménien et en arabe, qui varient dans les détails voire dans le nom des participants[16]. Néanmoins aucune de celle-ci n'atteint le nombre de 318 et il a fallu attendre les travaux de Ernst Honnigmann publiés en 1939 pour rechercher la liste originale des évêques présents au concile : le nombre devait se situer en fait entre 200 et 250[16]. Le savant allemand a établi une liste de 199 noms qui ont authentiquement fait partie de la liste originale, dont il a exclu deux évêques ariens de Libye parfois présents dans certaines listes : Secundus de Ptolémaïs et Secundus de Teuchira[16].
Cela signifie qu'il réunissait toutes les Églises. En effet, chaque patriarcat était indépendant et disposait de son propre magistère, de sorte qu'un excommunié dans un patriarcat pouvait faire lever son excommunication dans le patriarcat voisin (ce qui ne manquait pas de se faire). Le concile de Nicée est considéré comme le premier concile œcuménique bien qu'il ne s'agisse pas du premier concile à proprement parler. Cependant, les précédents conciles réunissaient un nombre bien plus restreint d'évêques, venant de régions moins éloignées les unes des autres. C'est ainsi que les synodes de Rome et d'Arles réunis respectivement en 312 et 314 avaient tenté de régler les litiges provenant de la crise donatiste, et qu'un autre synode réuni à Antioche en 324-325 tenta de réaliser ce qui le fut à Nicée en 325[17].
Constantin convoqua le concile de Nicée en vue de trancher la question épineuse soulevée par le prêtre Arius d'Alexandrie qui affirmait que le Christ a été créé par le Père à partir du néant, puis parla d'une génération du Fils par le Père qu'il assimilait toujours à une création. Condamné à Alexandrie par son évêque Alexandre, Arius trouva cependant en Orient deux défenseurs, Eusèbe de Nicomédie et Eusèbe de Césarée qui ne partageaient pas pour autant le subordinatianisme radical d'Arius. Les délibérations furent longues et laborieuses. Les sympathisants d'Arius s'exprimèrent par une formule de foi présentée sans doute par Eusèbe de Nicomédie qui fut rejetée. Puis Eusèbe de Césarée présenta la sienne pour aider les pères conciliaires à trouver une formule de foi consensuelle. Lors des délibérations conciliaires, les rares partisans d'Arius furent battus par la coalition des Origéniens modérés, à la tête desquels se trouvaient l'évêque Alexandre et son diacre Athanase qui lui succédera à sa mort, et des monarchiens asiatiques qui suivaient Marcel d'Ancyre et Eustathe d'Antioche. On imposa une formule de foi dans laquelle les propositions ariennes furent condamnées[18].
Nous sont parvenus, outre la profession de foi dite symbole de Nicée :
Au terme des débats, seuls Arius et deux évêques, Second de Ptolémaïs et Théonas de Marmarique, refusèrent de signer la confession de foi adoptée et furent déposés, excommuniés et exilés en Illyrie. Eusèbe de Nicomédie fut lui exilé trois mois plus tard, non pas à cause de la profession de foi du Concile, qu'il a fini par signer, mais plutôt à cause de son refus de se rallier à l'anathème contre Arius[20],[21].
Cette confession de foi adoptée au concile de Nicée est la suivante :
Texte grec[22] | Traduction française[23]. |
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Πιστεύομεν εἰς ἕνα Θεὸν Πατέρα παντοκράτορα
πάντων ὁρατῶν τε καὶ ἀοράτων ποιητήν· καὶ εἰς ἕνα Κύριον Ἰησοῦν Χριστὸν τὸν Υἱὸν τοῦ Θεοῦ, γεννηθέντα ἐκ τοῦ Πατρὸς μονογενῆ τουτέστιν ἐκ τῆς οὐσίας τοῦ Πατρος Θεὸν ἐκ Θεοῦ, Φῶς ἐκ Φωτός, Θεὸν ἀληθινὸν ἐκ Θεοῦ ἀληθινοῦ, γεννηθέντα, οὐ ποιηθέντα, ὁμοούσιον τῷ Πατρί, δι’ οὗ τὰ πάντα ἐγένετο τά τε ἐν τῷ οὐρανῷ καὶ τὰ ἐν τῇ γῇ, τὸν δι’ ἡμᾶς τοὺς ἀνθρώπους, καὶ διὰ τὴν ἡμετέραν σωτηρίαν, κατελθόντα, καὶ σαρκωθέντα, καὶ ἐνανθρωπήσαντα, παθόντα, καὶ ἀναστάντα τῇ τρίτῃ ἡμέρᾳ, ἀνελθόντα εἰς τοὺς οὐρανούς, ἐρχόμενον κρῖναι ζῶντας καὶ νεκρούς. καὶ εἰς τὸ Ἅγιον Πνεῦμα. |
Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant,
créateur de tous les êtres visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père, c’est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu ; engendré, et non fait, consubstantiel au Père, par qui a été fait tout ce qui est au ciel et sur la terre ; qui pour nous, hommes, et pour notre salut est descendu, s’est incarné et s’est fait homme ; a souffert, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, et viendra de nouveau juger les vivants et les morts. Et au Saint-Esprit. |
Τοὺς δὲ λέγοντας Ἦν ποτε ὅτε οὐκ ἦν,
καὶ Πρὶν γεννηθῆναι οὐκ ἦν, καὶ ὅτι Ἐξ οὐκ ὄντων εγένετο, ἢ Ἐξ ἑτέρας ὑποστάσεως ἢ οὐσιάς φάσκοντας εἶναι ἢ κτιστόν ἢ τρεπτόν ἢ ἀλλοιωτὸν τὸν Υἱὸν τοῦ Θεοῦ, τούτους ἀναθεματίζει ἡ ἁγία καθολικὴ καὶ ἀποστολικὴ ἐκκλησία. |
Ceux qui disent : « il y a un temps où il n’était pas,
avant de naître, il n’était pas ; il a été fait comme les êtres tirés du néant ; il est d’une substance (hypostasis), d’une essence (ousia) différente, il a été créé ; le Fils de Dieu est muable et sujet au changement », l’Église catholique et apostolique les anathématise. |
Seule l'Église arménienne orthodoxe utilise encore aujourd’hui l'anathème sus-cité, après le chant du Symbole de foi. Cette confession sera complétée au concile de Constantinople en 381, pour devenir le « symbole de Nicée-Constantinople ».
Nous sont également parvenues deux lettres à l'Église d'Alexandrie : la lettre de concile dite Lettre synodale à l'Église d'Alexandrie et celle de l'empereur Constantin dite Lettre encyclique aux Églises. Elles nous apprennent que le concile a statué sur les Méléciens ainsi que sur la date de Pâques.
La lettre synodale spécifie :
Constantin, dans sa Lettre aux Églises, écrit notamment :
Formellement, le mode de calcul de la date unique n'est pas précisé.
D'après Jean Daniélou : « ce n'est pas sans hésitation ni réticence que beaucoup d'évêques orientaux avaient accepté la notion de consubstantiel d'usage normal en occident et officiel en Égypte depuis le coup de semonce du pape Denys à Denys d'Alexandrie ». Attachés à la doctrine des trois hypostases d'Origène concernant le Père, le Fils et l'Esprit, ils percevaient dans le terme « consubstantiel » des relents de matérialisme, mais aussi de sabellianisme tendant à dissoudre la personne du Fils en celle du Père. La majorité des évêques orientaux fit alors front contre le mot « consubstantiel » taxé d'hérésie ; ils finirent par convaincre l'empereur Constantin qui, trois ans après la clôture du concile, devint, jusqu'à sa mort, un adversaire de la décision du credo[25].
Par ailleurs, et venant renforcer les craintes de sabellianisme, comme l'a observé Simonetti, la polysémie du terme ousia assimilé à celui d'hypostasis intervenant dans le omoousios pouvait certes signifier que le Fils est de même essence que le Père, mais aussi que le Fils est de la même hypostase que le Père (puisque le credo identifiait ousia, c'est-à-dire essence, et hypostasis, signifiant certes chez les occidentaux la notion de substance, mais aussi chez les orientaux celle de personne). Or ce second point de vue était contraire à la doctrine des trois hypostases (personnes) trinitaires prépondérantes en Orient depuis Origène[26].
C'est pourquoi un grand nombre d'évêques orientaux se sentirent insatisfaits de la formule de Nicée, imposée initialement par l'autorité impériale. La contestation s'organisa, soutenue alors par Constantin autour d'Eusèbe de Nicomédie favorable à l'arianisme, et qui était son ami, et aussi d'Eusèbe de Césarée qui était favorable à la doctrine des trois hypostases. Elle fut attisée par l'arrivée au pouvoir des successeurs directs de Constantin, dont Constance II[27], favorables à l'arianisme. Elle se poursuivra dans la confusion pendant plus de cinquante ans.
Cependant, un courant se développa tendant à une conciliation entre les homoousiens de tendance arianisante soutenue par les empereurs et les partisans homoousiens du « de même substance » des défenseurs du credo de Nicée dirigés et encouragés par Athanase d'Alexandrie. Ce sera celui des évêques homeousiens, d'où sortira Mélèce d'Antioche et Basile de Césarée[28].
Par ailleurs, l'un des grands défenseurs du Credo de Nicée et ami d'Athanase, Apollinaire de Laodicée, insistant maladroitement dans les débats post nicéens sur l'homoousios du Père et du Fils, en vint à diluer l'humanité du Christ dans sa divinité. Il sera condamné pour hérésie en raison de cet excès mais certains de ses disciples renforceront sa thèse condamnée, ce qui sera à l'origine de l'apollinarisme[29] qui jouera un rôle important lors des débats sur la double nature du Christ au cours des conciles d'Ephèse et de Chalcédoine[30].
Toujours dans le courant homoousien, lors d'un synode réuni à Alexandrie en 362 par Athanase, fut proclamée l'égalité du Saint-Esprit avec le Père et le Fils, tous deux consubstantiels, ce qui prolongeait le credo du concile de Nicée dans la direction de ce qui sera le concile de Constantinople[31].
En 380, l'édit de Thessalonique, commandé par Théodose Ier pour résoudre la situation particulière de Constantinople, comporte en son préambule la première définition positive de ce qu’un empereur romain chrétien considère comme l'orthodoxie religieuse[32] ; si elle ne contient aucune référence explicite à la formule de Nicée, cette brève formule de foi présentée dans l'édit affirme néanmoins clairement l'égale divinité des trois personnes divines, exposant sans détour la position doctrinale nicéenne de Théodose[33]. L'année suivante le premier concile de Constantinople convoqué à la demande de l'empereur, ne réunissant que des évêques orientaux, établit un symbole de foi désigné sous le nom de symbole de Nicée-Constantinople qui complète le symbole de foi proclamé à Nicée.
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