assemblée d'évêques de l'Église catholique ou orthodoxe. De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Un concile (du latinconcilium, «assemblée»), ou synode (du grec anciensun-odos «chemin commun» ), est une assemblée d'évêques de l'Église catholique (latine ou non) ou orthodoxe. Il manifeste une dimension essentielle de toute Église chrétienne: la synodalité ou organisation hiérarchique du corps en vertu de laquelle les prélats chargés du gouvernement de chaque portion de l'Église (évêques) sont susceptibles de se réunir pour prendre l'ensemble des décisions qui engagent la foi et la discipline de tous sous l'autorité d'un primat.
Dans l’Église catholique, il désigne la réunion de l’ensemble des évêques en communion avec l'évêque de Rome, le pape, et régulièrement convoqués en assemblée par lui. Un concile peut être «œcuménique», c’est-à-dire universel quand il réunit la totalité des évêques (c’était le cas des conciles d’avant le schisme d’Orient), «général» quand il réunit l’ensemble des évêques catholiques du monde (c’est le cas du concile Vatican II bien qu’on ait pris l’habitude de l’appeler «œcuménique»), national ou provincial.
Il s'agit donc d'une assemblée d'évêques qui établit les doctrines, les dogmes (concile œcuménique) et de discipline commune (conciles généraux et conciles particuliers). Une des formes de leurs décisions est le canon ou loi.
On distingue cinq sortes de conciles répartis en deux catégories principales: les conciles œcuméniques et les conciles particuliers.
les conciles généraux sont les assemblées de tous les évêques appartenant à une même communion ecclésiale. En ce cas, œcuménique prend son sens premier et étymologique d'universalité. Il ne désigne pas toutes les Églises chrétiennes mais toutes les parties (évêques, fidèles, diocèses) d'un même ensemble;
les conciles particuliers où ne sont convoqués qu'une partie des évêques.
Parmi les conciles particuliers on distingue:
les conciles nationaux ou pléniers, composés de tous les évêques d'un État;
les conciles régionaux (aussi pléniers), composés de tous les évêques de plusieurs provinces ecclésiastiques formant une région (actuellement par exemple en Italie).
les conciles provinciaux, convoqués par un évêque métropolitain, où sont réunis les évêques d'une province ecclésiastique;
les synodes diocésains, convoqués par l'évêque du lieu.
Les conférences épiscopales ne sont ni des conciles, ni des synodes, mais des assemblées consultatives de prélats qui n'engagent que leurs participants et non toutes les communautés dont ils ont la charge.
Tout concile est convoqué par le supérieur de tous les évêques concernés (pape ou patriarche pour le concile œcuménique, métropolitain pour le concile provincial, etc.).
Lorsque le pouvoir ecclésiastique n'en avait pas les moyens, ou lorsque ceux-ci étaient exercés par l'État, spécialement lorsque l'Église était assimilée à un organisme étatique, les autorités civiles (empereur, roi, princes) ont tenté de se réserver le droit de convoquer les conciles. Toutefois, aucun concile ne peut édicter de loi sans l'approbation de l'autorité ecclésiastique qui le préside.
Le schisme de 1054 est la séparation entre l'Église d'Occident et l'Église d'Orient, traditionnellement placée en 1054, et appelée schisme d'Orient par les catholiques, et schisme d'Occident par les orthodoxes. À partir de cette date, l'œcuménicité des conciles n'est plus absolue; elle est relative à l'ensemble des Églises en communion de foi avec l'autorité qui convoque le concile.
Dans les Églises orthodoxes, le concile est l'instance qui décide pour l'ensemble des patriarcats de l'une ou l'autre Église. Il est dit œcuménique s'il est déclaré tel par le concile suivant (représentant ainsi l'opinion partagée par tous), ses décisions engagent alors toutes les églises qui le reconnaissent comme tel. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les orthodoxes ne reconnaissent pas le concile de Constantinople IV (879-880) comme œcuménique: il n'a été suivi d'aucun autre concile, certains proposent d'ailleurs de mettre à l'ordre du jour du prochain concile panorthodoxe la proclamation de l'œcuménicité de ce huitième concile[1].
Le mot russe sobor (en caractères cyrilliques: Собор), se traduit par concile ou synode, et peut désigner dans cette langue une fête religieuse chrétienne orthodoxe qui peut être celle d'un groupe de deux ou plusieurs saints ou archanges (comme le concile des neuf archanges) et non pas seulement une assemblée de représentants de l'Église comme dans le catholicisme[2].
Pour les catholiques, l'autorité et la compétence du concile, en matière de doctrine ou de discipline, sont subordonnées aujourd'hui[3] à celles du pape, lequel confirme puis promulgue les décrets conciliaires. Seul le pape convoque et dissout les conciles, qu'ils soient généraux, régionaux ou locaux. Le synode, qui n'a aujourd'hui qu'une autorité consultative (mais néanmoins écoutée par le pape), se distingue du concile œcuménique par un ordre du jour qui ne concerne qu'une zone géographique ou qu'une Église particulières et spécifiques.
À partir de 325, le concile, sauf cas de force majeure, est réuni tous les ans mais un concile peut durer plusieurs années. De ce fait, sur place, il donne lieu à la création d’un quartier ou village épiscopal. Les convocations se font d’un concile sur l’autre. Ces conciles se tiennent habituellement sur plusieurs années parce que les voyages peuvent durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, et que certaines questions théologiques (la Grâce, l’Incarnation, la Trinité, etc.) demandent des temps très longs de débats de réflexion.
Ce classement a longtemps donné lieu à discussions car les actes des conciles —acta en latin— n’étaient souvent pas datés ou datés a posteriori. Des travaux universitaires ont tenté de les répertorier rigoureusement, tels que la «Base d'Information Bibliographique en Patristique» de l’université Laval, Québec, publiée sous la direction du professeur René-Michel Roberge, qui constitue actuellement une des bases les plus complètes et les plus accessibles.
Liste des conciles jusqu'en 1054
Conciles généraux
Huit de ces conciles sont reconnus par l'Église catholique et par l'Église orthodoxe, sept sont qualifiés d’œcuméniques par cette dernière (liste des conciles œcuméniques).
451: concile de Chalcédoine condamne la doctrine d'Eutychès selon lequel le Christ n'aurait qu'une seule nature, divine - la nature humaine étant en quelque sorte absorbée par la nature divine, doctrine dite des monophysites. Au contraire, le concile affirme ses deux natures, divine et humaine en l'unique personne de Jésus-Christ. Adoptions du Symbole de Chalcédoine et de la Discipline des Sacrements. Condamne Dioscore et le second concile d'Éphèse. Adopte divers canons disciplinaire, Jérusalem érigée en patriarcat, Constantinople comme deuxième siège de la taxis après Rome.
680-681: IIIe concile de Constantinople condamne le monothélisme. Les monothélites, disciples de Sergius, évêque de Constantinople, modifiaient, en partie, les idées d'Eutychès (voir supra): ils enseignaient qu'il n'y a qu'une seule volonté de Jésus-Christ, la volonté divine qui absorbe et anéantit la volonté humaine. Sans canons.
692: concile in Trullo, dit aussi synode de Constantinople ou concile Quinisexte. Rajoute des canons en raison de l'absence de ceux ci aux 5ème et 6ème concile. Acceptée par l'Église orthodoxe, qui le considère comme partie intégrante du 6ème concile œcuménique. Rejeté par le Pape Serge, mais accepté partiellement, avec des réserves sur les canons contraires à l'usage Romain, par les papes Adrien puis Jean 8.
869-870: IVe concile de Constantinople, contre le schisme de Photius. Ce concile affirme que la Tradition est l'une des règles de foi. La trichotomie est condamnée (l'homme est composé d'un corps, d'une âme et d'un esprit) et la dichotomie est affirmée (l'homme est composé d'un corps et d'une âme). L'Église orthodoxe ne le reconnaît pas. L'Église catholique ne le reconnait que depuis le XIesiècle, remplaçant progressivement celui de 879.
879-880: IVe concile de Constantinople reconnu par l'Église orthodoxe, et par l'Église Catholique (Jean 8) jusqu'au schisme, après lequel l'Église catholique le remplace progressivement par celui de 869. Résolution du schisme Photien, réinstallation de Photius sur le siège patriarcal, condamnation du concile de 869, interdiction d'ajouter le Filioque au Symbole de Nicée-Constantinople.
Autres conciles (régionaux)
251: concile de Carthage accepte la réconciliation des lapsi sous conditions (1993 CHPRZ). Déclare les baptêmes des hérétiques sans valeur.
252: concile de Carthage simplifie les conditions de réadmissions des lapsi faisant preuve de grande pénitence
255: concile de Carthage détermine que le clergé hérétique devrait être reçu dans l'église comme simple laïques
256: concile de Carthage rejette la décision du Pape Stéphane concernant le baptême en dehors de l'église
256: concile de Carthage déclare qu'il n'y a pas de sacrements en dehors de l'église
314: Concile d'Ancyre(en), publication de textes canoniques, (de la) Nomination d'évêques; Acta: «Canones XXV» (1994 CEHP), «Nomina episcoporum» (1993 CDPRZ). Condamne pour mensonge ceux ayant confessé le paganisme pendant les persécutions récentes. Établit des punitions canoniques pour ceux-ci.
341: concile d'Antioche, ou synode de la Dédicace, condamne le sabellianisme, affirme la prépondérance ecclésiastique des évêques métropolitains et invoque, pour la première fois, le recours au bras séculier en cas de schisme
449: Constantinople, condamnation d'Eutychès et de l'eutychianisme par Flavien
449: deuxième concile d'Éphèse, aussi connu sous le nom de «Brigandage d'Éphèse» à la suite de l'annulation de ses actes au concile de Chalcédoine. Annule la condamnation d'Eutychès, condamne Flavien. Reconnu seulement par les monophysites (coptes, jacobites syriaques)
535: concile de Clermont (Concilium Arvernense) (16 décrets), dont l'évêque sera librement élu par le clergé et le peuple, avec le consentement du métropolitain (archevêque); ce concile fustige les intrigues épiscopales et restreint les libertés des Juifs[10].
549: le 28 octobre, le cinquième concile d'Orléans, réuni à l'initiative du roi de ParisChildebert Ier, exige du pape qu'il condamne les thèses d'un recueil favorable à Nestorius, insistant sur la nature humaine de Jésus. Il stipule un assentiment royal à l'élection des évêques.
817: concile d'Aix-la-Chapelle (empire d'Occident), précise la règle d'Aix (à partir de la règle de saint Chrodegang), un peu moins stricte au sujet de la pauvreté.
818-819: second concile d'Aix-la-Chapelle. Dans les actes du concile: capitulaire civil, capitulaire ecclésiastique (Bor. no138, manuscrits); instructions aux «missi» impériaux (1954 CDHMP).
867: Constantinople, Photius excommunie Nicolas en retour. Légifère sur le territoire canonique de Rome et Constantinople, condamne Nicolas pour son suprématisme papal
Les conciles ci-dessous réunissent, en plus des seuls évêques catholiques, les généraux des ordres monastiques, les princes et des universitaires; tant d'Occident que d'Orient — l'Église catholique englobe l'Occident mais le dépasse tout autant, nombre d'Églises d'Orient étant unies à Rome sans être pour autant de rite latin. Les décrets de ces conciles œcuméniques ne sont actuellement reconnus que par l'Église catholique.
1545-1563: concile de Trente définit la foi catholique sur les points niés par le protestantisme et entreprend une réforme radicale du fonctionnement de l'Église. Il fixe la doctrine sur le nombre et la nature des sacrements, réorganise l'Église autour du prêtre et renforce la primauté du pape.
Ces conciles ne sont pas tous reçu universellement, ni ont une autorité semblable aux conciles œcuméniques, à l'exception du neuvième concile œcuménique (cinquième concile de Constantinople)
1082: concile de Constantinople. Condamne Jean Italos et différentes idées issue de l'hellénisme.
1166: concile de Constantinople. Réaffirme la monarchie du Père, condamne l'interprétation de «mon père est plus grand que moi» par la nature humaine du Christ.
1722: concile de Constantinople, condamne la doctrine du purgatoire.
1727: concile de Constantinople, sur l'eucharistie, condamne la communion par une seule espèce et l'utilisation de pain azyme.
1755: concile de Constantinople, affirme que les catholiques et les protestants n'ont pas de sacrements et doivent être reçus par le baptême.
1819: concile de Constantinople, affirme les opinions des moines Kollyvades sur la réception fréquente de l'eucharistie et l'expérience mystique de la connaissance de Dieu.
Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu, Le concile national en 1797 et 1801 à Paris: l'abbé Grégoire et l'utopie d'une Église républicaine, Peter Lang, , 357p. (présentation en ligne).
Sources
Jean Lebeuf, Mémoire concernant l’histoire ecclésiastique et civile d’Auxerre, vol.1, Auxerre, Perriquet, , 886p. (lire en ligne).
Jacques Lelong, Bibliotheque historique de la France, vol.5, impr. Veuve Hérisson, , 775p. (lire en ligne), p.91. Liste chronologique de tous les documents suivants: chroniques, histoires générales, histoires des rois, vies des personnes notables (État et Église), actes de conciles généraux ou locaux, de synodes diocésains, et les états généraux du Royaume, depuis le commencement de l'ère chrétienne jusqu'à Louis XVI.
conciles œcuméniques reconnus par l'Église catholique:
Sacrosancta concilia, éd. par Philippe Labbe et Gabriel Cossart, Paris, 1671-1673, 17 vol.; nouv. éd. par N. Coleti, Venise, 1728-1733, 23 vol.
Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, éd. par Giovanni Domenico Mansi, Florence et Venise, 1759-1789, 31 vol. (critique); nouv. éd. par J.-B. Martin and L. Petit, Paris, 1899-1927, 53 tomes ([lire en ligne]); reprint, Graz, 1960-1962, 59 vol.
Giuseppe Alberigoet al., Les conciles œcuméniques, 2: Les décrets, trad. A. Duval et al., Paris, 1994 [1re éd. ital., 1990], 2 vol. (Le Magistère de l'Église).
Conciles particuliers
Gaule
Concilia Galliæ. A. 314 - A. 506, éd. par Charles Munier, Turnhout, 1963 (Corpus Christianorum, Series Latina, 148).
conciles gaulois du IVe siècle, éd. par Jean Gaudemet, Paris, 1977 (Sources chrétiennes, 241).
Concilia Galliæ. A. 511 - A. 695, éd. par Carlo de Clercq, Turnhout, 1963 (Corpus Christianorum, Series Latina, 148A).
Les canons des conciles mérovingiens (VIe-VIIe siècles), éd. par Jean Gaudemet et Brigitte Basdevant, Paris, 1989, 2 vol. (Sources chrétiennes, 353 et 354).
André Artonne, Répertoire des statuts synodaux des diocèses de l'ancienne France, Paris, 1963.
Les statuts synodaux français du XIIIe siècle, Paris, 1971-1988, 3 vol.: Odette Pontal, Les statuts de Paris et le synodal de l'Ouest (XIIIesiècle), Paris, 1971; Odette Pontal, Les statuts de 1230-1260, Paris, 1983; Joseph Avril, Les statuts synodaux angévins de la seconde moitié du XIIIesiècle, Paris, 1988.
Councils and Synods, with other Documents related to the English Church, I (871-1204), éd. par Dorothy Whitelock, Martin Brett et Christopher Brooke, Oxford, 1981, 2 vol.
Adolphe Charles Peltier, Dictionnaire universel et complet des conciles: tant généraux que particuliers, des principaux synodes diocésains et des autres assemblées ecclésiastiques les plus remarquables, publ. par Jacques Paul Migne, Paris, 1846-1847, 2 vol. (Encyclopédie théologique, 13-14) ([lire en ligne]).
Louis Mas Latrie, Chronologie historique des papes, des conciles généraux et des conciles des Gaules et de France, Paris, P.H. Krabbe, , 467p. (lire en ligne).