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zone située entre deux entités géographiques ou biogéographiques De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une zone tampon est une zone située entre deux entités géographiques ou biogéographiques (ex. : pays, milieu naturel ou artificialisé), qui lie et/ou sépare les deux entités. Le sens de l'expression varie selon la fonction et le type de zone tampon, ou la raison pour laquelle il existe une séparation ou un lien. Elle peut être temporaire (ex : cordon sanitaire) ou plus durable.
Dans le domaine de l'environnement (et de la trame verte et bleue en particulier), il peut par exemple s'agir d'une ceinture verte urbaine, d'une lisière faisant l'objet d'un projet de conservation. Alors que plus généralement en aménagement, il peut s'agir de certaines zones de servitudes restrictives.
Les objectifs d'une zone tampon peuvent être mis en place pour soutenir la protection de l'environnement, pour protéger des zones résidentielles et d'activités commerciales (contre le risque industriel ou certains risques naturels tels que le risque d'inondation qui peut justifier l'établissement de zonages inconstructibles).
Dans le monde, certaines zones tampons ont donné lieu à une « mise en réserve » de vastes espaces inhabités ou non cultivés, devenus eux-mêmes remarquables dans de nombreuses régions de plus en plus développées et fréquentées.
Une zone tampon ou « buffer zone » désigne un terrain ou un plan d’eau utilisé pour distinguer l'usage d'un terrain d’un autre, par exemple afin de contrer ou d’enrayer le bruit, la lumière ou d’autres aspects nuisibles.
La conservation de la nature utilise des zones tampons pour améliorer la protection des zones relevant de la restauration, protection et gestion de la biodiversité (ex aires protégées au sens Natura 2000 ou UICN du terme et en particulier les catégories V ou VI de l'UICN[1]).
La zone tampon d'une aire protégée peut être située à sa périphérie. Elle peut aussi servir de zone de connexion biologique et raccorder (connexion biologique) plusieurs aires protégées, ou raccorder des éléments différents au sein ou à la périphérie interne d'une même zone protégée, augmentant ainsi leur dynamique et la productivité de l'effort de conservation.
Le terme de « zone tampon » a gagné en popularité dans le domaine de la conservation du patrimoine naturel et culturel par son utilisation par l'UNESCO dans la Convention sur le patrimoine mondial, où il « sert à fournir une couche supplémentaire de protection autour d'un bien du patrimoine mondial ». À Davos (Suisse), l'Unesco et le Centre du patrimoine mondial ont réuni du 11 au 14 mars 2008 un groupe d'experts pour approfondir la notion de zone tampon (journées intitulées Patrimoine mondial et zones tampons[2]).
a été inclus dans les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention sur le patrimoine mondial de 1977.[Quoi ?] Dans les versions les plus récentes des Directives opérationnelles de 2005, il est fortement recommandé (mais non obligatoire) d'inclure une zone tampon dans l'inscription d'un site sur la Liste du patrimoine mondial »[2].
C'est une zone située à l'interface (« écotone ») entre deux milieux ou habitats naturels ou habitats d'espèce.
Dans le domaine agrienvironnemental, la loi impose en France un certain nombre de bandes enherbées pour protéger le réseau hydrographique d'apports excessifs de nitrates, phosphates et pesticides à partir des zones labourées, ainsi que pour protéger les berges de l'érosion et l'eau d'une turbidité anormale.
Les anglophones parlent de « riparian buffer » (que l'on peut traduire par Zone riparienne tampon) pour désigner l’association de mosaïques de zones enherbée, zones humides et de ripisylves le long de cours d'eau, à l'image des milieux qui se forment spontanément dans la nature. Ce type de mosaïque présente les performances les plus élevées en matière de gestion restauratoire et protection des sols, des berges et des nappes et eaux superficielles, et qui peuvent aussi constituer des éléments importants de réseaux écologiques de type trame verte et bleue pour la biodiversité.
En 1990, la plantation expérimentale d'une ripisylve et de zones enherbées multispécifiques (multi-species riparian buffer strip ou MSRBS) le long d'un segment dégradé de la Bear Creek (dans le centre de l'Iowa, sur un bassin d'environ 35 km de long et étroit (3-6 km de large), drainant et irriguant 7 661 ha de terres agricoles consacrée à la culture du maïs et du soja, et — en bordure de cours d'eau — de zones de pâturage intensif qui contribuaient à dégrader les berges[4], voir photo ci-contre) a fait l'objet de plus de 15 ans d'études de ses impacts, par des scientifiques de l'université d'État de l'Iowa et des spécialistes en agroécologie (du Leopold Center for Sustainable Agriculture)[3]. Il s'agissait notamment de mesurer ses impacts en matière d'atténuation de la pollution diffuse[5] provenant du bassin versant.
Ils ont démontré[3] que cette zone tampon a cumulé de nombreux intérêts :
Sur ce site où la recherche se poursuit, dans un second temps, la recherche s'est étendue en amont et aval, avec la plantation de 14 nouvelles zones tampons le long de 14 miles de rivière dans le comté de Story et celui d'Hamilton. Près de 50 % des agriculteurs riverains se sont maintenant associés à ce programme de conservation et ont restauré de telles zones tampons. Le site a été visité par plus de 50 ONG de conservation de la nature et agricoles de l'Iowa[3].
En France des études sont également en cours autour des zones tampons, notamment par des équipes de l'Irstea[14]. Ils se basent sur le diagnostic hydrologique d'un territoire pour déterminer la localisation optimale d'une zone tampon. Par exemple, dans le cas des bandes enherbées, il n'est pas toujours intéressant de les placer près des rivières et proches des nappes car la présence d'eau pourrait faire flotter et emporter les particules polluantes sans laisser le temps aux bandes enherbées d'agir. Dans ces cas, on préconisera une bande enherbée en amont d'une parcelle[15].
Pour être écologiquement efficace (pour les objectifs qu'on lui fixe), une zone tampon doit avoir une largeur minimale. Le calcul de cette largeur peut s'appuyer sur les besoins de certaines espèces-parapluie dont le castor. Ce dernier récolte 95 % des plantes qu'il utilise pour son alimentation et ses besoins de construction à moins de 50 m du bord de l’eau[16]. « Une revue des espèces riveraines incluant les invertébrés, les amphibiens, les reptiles, les mammifères et les oiseaux indique qu’une zone tampon large de 50 m (mesurée à partir de la ligne des hautes eaux) dans son état naturel (végétation indigène intacte) constitue une surface minimale pour satisfaire la majorité des espèces riveraines obligatoires »[16]. Certains amphibiens nécessitent toutefois plus d'espace (ainsi que des mammifères tels que l'orignal au Canada ou l'élan en Europe). « Pour conserver ces espèces aux habitats étendus, on recommande des tampons riverains continus et intégrés dans un plan de connectivité incluant des réserves en hautes terres. Une telle planification des bassins versants assurera que les tampons riverains puissent également servir de corridors pour les déplacements et la dispersion des espèces animales riveraines et des hautes terres »[16].
Une zone tampon est dans ce contexte une zone intermédiaire, plus ou moins large, entre le corridor biologique ou un habitat essentiel et son contexte ici dit « matrice écopaysagère ». « Les zones tampons visent à protéger les zones noyaux des processus dommageables liés à la présence d’activités en dehors du réseau » [17],[18].
Comme pour les autres éléments essentiels d'une trame verte, la zone tampon doit être clairement définie et pouvoir être contrôlée.
En France, le guide méthodologique[19] réalisé en 2009 pour la Trame verte et bleue précise que « la continuité écologique transversale, entre le cours d'eau et les zones humides annexes, s'avère pertinente à préserver, en évitant ou supprimant tout obstacle aux échanges physiques et biologiques, telles que protections de berges, digues, ou autre aménagement propice à sa canalisation ».
De manière générale, l'UICN, le réseau Man and Biosphère et tous les organismes de conservation recommandent que le noyau protégé des parcs nationaux soit entouré d'une zone tampon. Certaines réserves naturelles petites ou vulnérables peuvent également inclure une zone tampon ou en être ceintes. Le règlement y est moins contraignant.
On admet dans les zones tampons certaines activités humaines, et en essayant de limiter leurs impacts écologiques, par exemple, l'agriculture sera encouragée mais sous forme d'élevage extensif ou avec des pratiques d'agriculture biologique.
Une zone tampon permet parfois aussi d’arrondir un « cœur d'habitats» (ou « noyau ») de telle manière qu’on obtienne une unité naturellement mieux adaptée à la topographie et que la gestion de la zone tampon s'en trouve facilitée.
Elle peut entourer et protéger une Réserve naturelle ou une Réserve biologique (domaniale (publique), forestière (privée ou de forêt de collectivité), dirigée, intégrale…) ou encore un corridor biologique. Il peut parfois s'agir de dispositifs temporaires ou saisonniers, ou relativement modestes quant à l'occupation de l'espace tels que haies, ripisylves ou bande enherbée.
Souvent elle ne se différencie du territoire environnant que par une moindre pression anthropique. Conçue judicieusement, une zone tampon peut également servir d'habitat et de lieu d'implantation pour une faune et une flore diversifiées et spécifiques (dont auxiliaires de l'agriculture le cas échéant).
On appelle souvent zone tampon une surface (parfois très linéaire ou interstitielle) non cultivée, enherbée et/ou boisée, « ayant la capacité d’intercepter les flux d’eau et de substances et de protéger les milieux aquatiques ». Il s'agit souvent d'une bande enherbée, d'une haie bocagère ou d'un dispositif similaire (noue, talus…) destiné à protéger les cours d'eau des engrais et pesticides[22] des cultures adjacentes.
En France, le CORPEN a créé en 2006, un groupe de travail, notamment chargé de publier une brochure « Les fonctions environnementales des zones tampons : les bases scientifiques et techniques des fonctions de protection des eaux » [23] et d'expliquer leur utilité pour les milieux aquatiques. Si l’efficacité des zones tampons a été démontrée, elle est fortement dépendante des conditions locales (climat, chemins de l’eau…) et de l’état de la zone tampon (localisation dans le versant, dimensions, végétation, tassement…). Ces questions sont traitées dans un guide[24] téléchargeable, publié en 2016 et élaboré dans le cadre du Groupe technique national zones tampons co-animé par l’AFB (ex Onema) et l'Irstea .
En Europe et donc en France, dans le cadre de l'écoéligibilité de la nouvelle Politique agricole commune (PAC), certaines zones tampons (bandes enherbées, lisières, bords de mares) et quelques autres éléments paysagers semi-naturels d'intérêt agroécologique et écologique sont éligibles au dispositif des « surfaces équivalentes topographiques ».
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