Aux côtés de ses amis, Zelman participe en 1938 et 1939 aux deux expositions à Paris du groupe Témoignage animé à Lyon par Marcel Michaud.
Zelman obtient en 1938 une commande pour préparer à Paris le plafond du pavillon français des vins à l’Exposition universelle de New York (1400 m2). Avec Le Moal et Bertholle il part en avril 1939 à New York pour son installation[2]. Sur la recommandation de Marie-Berthe Aurenche, compagne de Max Ernst, les trois peintres présenteront brièvement leurs peintures à la galerie Julien Levy, ouverte au courant surréaliste[3].
Durant les années de guerre, Zelman réside à Nyons. Le Moal, démobilisé, lui rend visite durant l'été 1940, Étienne-Martin, libéré, s'installe chez lui en 1941. En septembre, il participe à la décoration de l’Eden-Bar, à Marseille, avec Étienne-Martin, Jacques Hérold, François Stahly et Bernard Zehrfuss. Il travaille en 1942 à Oppède (Vaucluse) dans la communauté animée par Zehrfuss, en compagnie d'Étienne-Martin et Stahly. La même année Étienne-Martin réalise un Portrait de Zelman en plâtre patiné (39 x 27 x 37 cm)[4].
Pressentis pour la réalisation de peintures murales sur la façade de l'église d'Assy, construite par l'architecte Maurice Novarina, Zelman et Le Moal s'y rendent en 1943, accompagnés d'Étienne-Martin[5],[6]. Zelman se met rapidement au travail et réalise des esquisses à caractère symbolique dont Le Moal doit assurer la coloration[7],[8]. Le projet[9] sera par la suite abandonné puis repris avec la collaboration d'autres peintres.
Zelman meurt des suites de sa tuberculose en . Une exposition est organisée en par Marcel Michaud à la galerie Folklore, avec un catalogue préfacé par Étienne-Martin.
«Zelman né en Bessarabie en 1905 vint à Paris adolescent où il travailla l'architecture au milieu de mille difficultés qui ruinèrent irrémédiablement une santé robuste […]. Avec quel courage et patience il dompta et conduisit une imagination et une nature exceptionnellement pudique sur les voies d'une fin traditionnelle. Recherche qu'il poursuivait avec une inlassable ardeur parmi les traditions les plus hermétiques. […] Il passa les terribles années de guerre à Nyons et à Grignan où il mourut à l'aube de cette année 1945 […]. Les Romans et les Catalans furent pour lui une source de découvertes dont il fouilla amoureusement le merveilleux équilibre.»
François Otchakovsky-Laurens, "Les dernières années du peintre Zelman en Provence (1939-1944)", dans Provence historique, t. LXXIII, fascicule 274, juillet-décembre 2023, dossier «Mémoires artistiques méconnues de Provence», actes du 63econgrès de la Fédération historique de Provence, p. 469-485
«Nous avons réalisé l'hiver, pendant deux ou trois mois, dans un atelier près de la gare Montparnasse, un plafond de 1 400 m2 avec Bertholle et Zelman pour le bar du pavillon français des vins. C'était une commande faite aux architectes Paul Herbé et Bernard Zehrfuss avec qui Zelman collaborait pour la décoration. Nous avons fait à Paris tout le travail de préparation, puis tout a été roulé, transporté, pour être marouflé au plafond. Il n'y avait que deux places prévues pour le voyage, mais nous nous sommes arrangés et nous sommes partis tous les trois à New York où nous sommes restés un mois» se souviendra Jean Le Moal (cité in: Michel-Georges Bernard, Jean Le Moal, Neuchâtel, Éditions Ides et Calendes, 2001, p.51).
Marie-Berthe Aurenche dit à Jean Le Moal qu'elle confie depuis plusieurs années des tableaux de Max Ernst à Julien Levy, ajoutant qu'il leur organiserait une exposition. Bertholle, Le Moal et Zelman expédient leur tableaux avant leur départ mais par suite de complications administratives ils ne parviennent pas, arrivés à New York, à les récupérer auprès des douanes pendant quinze jours. Zelman retrouve alors l'adresse d'une amie américaine qui parvient à arranger l'affaire. Julien Levy, redoutant des représailles s'il exposait de la peinture française, se montre en fait peu désireux de réaliser l'exposition mais finit par accepter de la présenter, seulement pour deux jours, sans invitation, affiche ni publicité. « Personne ne vint voir notre exposition et il en fut soulagé », concluait Bertholle (Philippe Leburgue, Jean Bertholle, Neuchâtel, Ides et Calendes, p.29-30 et Michel-Georges Bernard, op. cit., p.51)
Jean-Christophe Stuccilli, «À l'image de Dieu. Marcel Michaud et l'art sacré», in: Le Poids du monde. Marcel Michaud (1898-1958), sous la direction de Laurence Berthon, Sylvie Ramond et de Jean-Christophe Stuccilli, Lyon, musée des Beaux-Arts, Fages éditions, 2011.
«Sa fin arrêta l'étude d'une grande fresque de façade d'église où chaque scène avait été longuement cherchée ; le thème était “Le Sermon sur la montagne”», précise Étienne-Martin (cité in: Zelman, 1905-1944, peintures et dessins, préface d'Étienne-Martin, Lyon, Galerie Folklore, 5-18 janvier 1946).
Reproduction de la maquette de Zelman pour la façade de l'église, in: Jean-Christophe Stuccilli, À l'image de Dieu. Marcel Michaud et l'art sacré (Le Poids du monde. Marcel Michaud (1898-1958), sous la direction de Laurence Berthon, Sylvie Ramond et de Jean-Christophe Stuccilli, Lyon, musée des Beaux-Arts, 22 octobre 2011 - 23 janvier 2012, Lyon, Fages éditions, 2011, p. 267).
Reproductions de Frise zodiacale et David roi dans Jean-Christophe Stuccilli, À l'image de Dieu. Marcel Michaud et l'art sacré (Le Poids du monde. Marcel Michaud (1898-1958), sous la direction de Laurence Berthon, Sylvie Ramond et de Jean-Christophe Stuccilli, Lyon, musée des Beaux-Arts, 22 octobre 2011 - 23 janvier 2012, Lyon, Fages éditions, 2011, p.265).
Bibliographie
: source utilisée pour la rédaction de cet article
(Liste chronologique)
Groupe Témoignage, 1936-1943, Lyon, musée des Beaux-Arts, 1976.
Bernard Gavoty, Marcel Michaud, personnalité mythique du milieu de l'art Lyonnais dans les années 1930-1950, Mémoire de maîtrise sous la direction de M. Mady Menier, Université Lyon II, 1989.
Marcel Michaud, Lyon, 1933-1958, Stylclair, Groupe Témoignage, Galerie Folklore, texte de Bernard Gavoty, Espace Lyonnais d'Art Contemporain, Lyon, 1989 (76 p.) [reproduction d'une peinture de Zelman p. 48] (ISBN2906709271)
Françoise Thomas de Closmadeuc / Perrot, Témoignage un groupe d’artistes «lyonnais» entre 1936 et 1940, mémoire de maîtrise d'Histoire de l'Art sous la direction de Gilles Chomer, Lyon, Université Lumière Lyon II, 1998.
Michel-Georges Bernard, Jean Le Moal, Éditions Ides et Calendes, Neuchâtel, 2001 [L'Académie Ranson, 1935-1936, pp. 31-41; Témoignage: pp. 42-51] (ISBN2825801801).
Alain Vollerin, Le groupe Témoignage de Lyon, Mémoire des Arts, Lyon, 2001, 120 p. (ISBN2-912544-16-5).
Laëtitia Blanchon-Gaudin, Regard sur Témoignage, mémoire de master I d'Histoire de l'art sous la direction d'Annie Claustres, Lyon, Université Lumière Lyon II, 2010.
Montparnasse années 30 - Bissière, Le Moal, Manessier, Étienne-Martin, Stahly… Éclosions à l’Académie Ranson, Rambouillet, Palais du roi de Rome, Éditions Snoeck, 2010, 96 p. (ISBN978-90-5349-796-8)
Le Poids du monde. Marcel Michaud (1898-1958), sous la direction de Laurence Berthon, Sylvie Ramond et de Jean-Christophe Stuccilli, Lyon, musée des beaux-arts, - , Lyon, Fages éditions, 2011, 320 p. (ISBN9782849752517)
L'atelier d'Étienne-Martin, sous la direction de Sylvie Ramond et Pierre Watt, Lyon, musée des beaux-arts, - , Hazan, 2011, 304 p.
L'art en guerre, France 1938-1947, Paris, musée d'art moderne de la Ville de Paris-Paris Musées, 2012; catalogue: 496 p. [Témoignage, p.435] (ISBN978-2-7596-0185-1)
François Otchakovsky-Laurens, «Les dernières années du peintre Zelman en Provence (1939-1944)», dans Provence historique, t. LXXIII, fascicule 274, juillet-décembre 2023, dossier «Mémoires artistiques méconnues de Provence», actes du 63econgrès de la Fédération historique de Provence, p. 469-485.
Filmographie
Témoignage, réalisation de Daniel Le Comte, Production Compagnie Lyonnaise de Cinéma, 2002, 52 minutes.
Conférence
François Otchakovsky-Laurens, Les dernières années du peintre Zelman en Provence (1939-1944), Cité du Livre, Aix-en-Provence, 23 septembre 2022.