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prophète et fondateur du zoroastrisme (entre 1500 av. J.-C. et 550 av. J.-C.) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Zoroastre, aussi appelé Zarathushtra ou Zarathoustra (en persan : زرتشت ; en avestique : Zaraϑuštra ; en grec : Ζωροάστρης, en kurde Zerdeşt), est une figure considérée comme le prophète et fondateur du zoroastrisme. Il est difficile, étant donné l'époque et l'importance du personnage, sources de nombreuses affabulations, de donner des dates et des lieux précis à son sujet. Il serait né dans le Nord ou l'Est de l'actuel Iran. Traditionnellement, l'histoire de sa vie est présentée comme se déroulant entre les VIIe et VIe siècles av. J.-C. mais de nouvelles études tendent aujourd'hui à repousser cette estimation pour finalement situer sa vie entre les XVe et XIe siècles av. J.-C.[1].
Naissance |
Entre et Lieu inconnu |
---|---|
Décès |
Entre et Lieu inconnu |
Surnoms |
Bactrian Sage, le Sage de Bactriane, El sabio bactriano |
Nationalité |
Persane |
Activités |
Prophète, écrivain, poète, fondateur d'une religion, thaumaturge |
Père |
Pourushaspa Spitāma (d) |
Mère |
Dughdova (d) |
Conjoint |
Hvōvi (d) |
Enfants |
Quelques bribes de sa vie sont connues grâce aux hymnes gathiques (en persan "gathas" گاتاها) de l'Avesta (en persan اوستا), rédigés en vieux Persan, tandis que le reste de l'Avesta est composé de "vedas" (hymnes) rédigés dans une langue indo-iranienne archaïque, vieille d'environ 3 000 ans, l'avestique[2]. Cette dernière se montre très proche des textes védiques indiens du Rig-Véda, où l'on retrouve le même type de grammaire que dans le livre saint de Zoroastre. On le connaît aussi à travers la tradition qui rapporte un récit épique de sa vie, tel un scénario exemplaire empli d'événements surnaturels et de miracles. Il est donc perçu comme un personnage historique, mais les dates à son sujet sont très discutées.
Dès le IVe siècle Eusèbe de Césarée, évêque et écrivain, malgré ses préjugés chrétiens à l'égard du paganisme, écrit dans sa Préparation Évangélique : « La plus belle définition de la divinité qui se trouve parmi les Anciens est celle de Zoroastre. »[3]
Depuis les années 1980, une partie des chercheurs ont toutefois émis l'hypothèse que Zarathustra ne serait pas une figure historique, mais mythologique[4]. En effet, en dehors des témoignages étrangers ou tardifs, les Gathâs, la partie la plus ancienne de l'Avesta, font de Zarathustra la figure idéale du prêtre, et non l'auteur ou le prophète à l'origine d'une réforme religieuse comme on a tendance à le croire[4].
Sur l'étymologie du nom Zarathoustra, de très nombreuses hypothèses ont été émises[5], parmi lesquelles on trouve : adonné à l'agriculture[6],[7] (chez Ascoli), semence de la déesse Ishtar (chez Henry Rawlinson[6]), splendeur de l'or (chez Jules Oppert[6]). Eugène Burnouf voit dans ce mot, le composé bahuvrihi en avestique, zaraϑ-uštra, la finale uštra désignerait le chameau ou dromadaire mais plusieurs hypothèses existent concernant la première partie du mot. Il pourrait s'agir de l'adjectif « jaune », ou bien de l'adjectif « vieillissant » ce qui donnerait « celui qui possède de vieux chameaux » ou « celui qui possède des chameaux jaunes »[8]. On trouve aussi la traduction « celui qui est proche de l'exaltation ».[réf. nécessaire]
Mais une autre hypothèse, décomposant le mot en Zara-Thustra, le traduit en «astre d'or» (Windischmann (en)[9], Anquetil-Duperron[8]).
La traduction grecque du nom en Ζωροάστρης (Zôroástrês), par confusion avec les prêtres chaldéens spécialisés en astronomie, conduit à la version française Zoroastre[10]. Cette traduction conforte une interprétation qui le lierait aux astres. Selon le Traité de la Magie[11], le mot Ζωροάστρην (Zôroástrên) signifie « qui sacrifie aux astres ».[réf. nécessaire]
Zoroastre, dit « fils d'Ormuzd »[12], « fils d'Horomasde »[13] ou « fils de Pouruchaspa » — ce qui est une métaphore[14] car ce nom n'est pas celui de son père biologique mais de sa divinité, Ohrmazd (aussi appelé Ahura Mazda) — aurait commencé sa vie comme prêtre de la religion régnant alors en Perse, le mazdéisme, qui comportait entre autres de nombreux rites sacrificiels, en particulier d'animaux. Il eut une série de visions, dans lesquelles il vit Ahura Mazda (en persan : اهورامزدا), divinité suprême, et commença alors une prédication, prêchant :
L'ancienne religion perse était soutenue essentiellement par les familles aristocratiques guerrières. Or les arguments de justice et de conscience personnelle heurtèrent profondément les coutumes et les mentalités de ces mêmes vieilles familles. Non seulement ses idées ne plurent pas, mais surtout elles remettaient en cause le pouvoir établi. Pourchassé par le peuple, il dut s'enfuir pour sauver sa vie.
Après plusieurs années d'exil au cours desquelles il aurait eu des entretiens mystiques avec Ahura Mazda, il finit par trouver à Bactres un protecteur puissant, Vishtaspa (Hystaspès en grec), fils de Xerxès 1er et petit-fils de Darius 1er [16], qui suivra son enseignement à travers un parcours initiatique.
Cette première victoire de Zoroastre va en engager d'autres : Hystaspès contraint ses sujets, puis les sujets qu'il a vaincus à la guerre, à se convertir au zoroastrisme. La religion s'étend, surtout en Perse et chez les Parthes qui en font une religion officielle, et la dotent d'une véritable institution ecclésiastique – la caste des Mobads – qui aura une grande influence dans les affaires de l'État ainsi que la politique.
Encore une fois, les dates de naissance et de mort de Zoroastre sont des données imprécises et discutées, qui varient grandement selon les sources[17],[18]. Dans la mythologie persane, notamment le Šahnāma, mais également dans ce que l'on peut entendre de la tradition orale, Zoroastre aurait vécu entre l'an -1000 et l'an -400.
Ce que l'on sait de la vie de Zoroastre nous vient principalement de l'Avesta, dont les Gathas sont la partie la plus ancienne, des textes grecs, de la tradition orale, et des preuves archéologiques.
Le Spena Nask, 13e section de l'Avesta, décrit la vie de Zoroastre. Ce chapitre, transmis oralement, n'a plus aucune cohérence. Les biographies dans les sept livres du Dēnkard (IXe siècle) et le Šahnāma (livre des Rois, en Persan شاهنامه) auraient été démontrées comme fausses.
Il est aisé cependant d'affirmer que Zoroastre a vécu au nord-est de l'Iran actuel. Les Grecs s'y réfèrent en l'appelant le Bactrien (un habitant de la Bactriane, l'actuel Afghanistan du nord, un Mède ou un Perse d'il y a 5 000 ans). Son épouse est dénommée Hvōvi. Ils ont trois filles : Freni, Friti et Pourucistā, ainsi que trois fils : Isat Vastar, Uruvat-Nara et Hvare Ciϑra. Sa mère s'appelait Dughdova ; son père était Pourushaspa Spitāma. Son grand-père s'appelait Haecadaspa Spitāma.
Zoroastre aurait eu une illumination concernant le dieu Ahura Mazda, à l'âge de 30 ans. Il créa les bases de sa religion et y convertit son épouse, ses enfants et son cousin Maidhyoimangha.
Les Grecs ont beaucoup fabulé sur sa vie et notamment son enfance. D'après Pline, Zoroastre aurait ri le jour de sa naissance et aurait vécu dans la sauvagerie. Plutarque le compare à Lycurgue et Numa Pompilius (Numa, 4). Dion Chrysostome compare l'Ahura Mazdā de Zoroastre à Zeus. Plutarque, en s'inspirant de Théopompe, compare le zoroastrisme et l'histoire d’Isis et Osiris.
Les Gathas sont un recueil de prophéties et d'admonitions sous forme poétique, qui relatent un dialogue entre le Dieu et les Aməa Spəntas « Immortels » (en pahlavi Amahraspandān). Cependant, ces textes contiennent des allusions personnelles — sa difficulté à transmettre la religion, les insultes de l'entourage…
Il est important de reconnaître deux personnages différents, ou plutôt deux différentes visions du personnage : le Zoroastre tel que décrit dans l'Avesta et le Zoroastre des Gathas. Dans l'Avesta, on le décrit se battant avec les Daēva (démons immortels, en pahlavi Dēwān), et, dans les Yasht, il est tenté par Ahriman (en persan اهریمن) qui lui demande de renoncer à sa foi (Yasht, 17,19).
Enfin le Vendidad relate les dialogues entre Ahura Mazda et Zoroastre. Ce sont les dernières traces de son discours au sujet de sa doctrine exposée à la cour du Roi Vištaspa ; bien que son authenticité soit à de très nombreuses reprises remise en cause, y compris par certains spécialistes du zoroastrisme, telle que Mary Boyce, et même par des mobeds.
Divers ouvrages sont, dès l'Antiquité, attribués à tort, à Zoroastre[36]. « Dans la masse de littérature pseudo-zoroastrienne produite à l'époque hellénistique, se trouvait une œuvre, De la Nature, en quatre livres, et des récits traitant des propriétés magiques des plantes et des pierres, de même que des descriptions d'Hadès. Une seconde vague de littérature zoroastrienne vit le jour dans les deux premiers siècles de notre ère, littérature composée par différentes sectes gnostiques - dans les écrits apocryphes de Clément, par les Séthiens, et par les disciples de Prodicus »[37]. Citons :
Pline l'Ancien s'interroge : « Mais n'a-t-il existé qu'un seul Zoroastre, n'y en eut-il pas un autre plus tard ? On n'est pas d'accord sur ce point. »[40] Antoine Fabre d'Olivet soutient que « le premier Zoroastre » établit une monarchie théocratique mille ans avant la naissance de la Perse avec Ninus[41].
La connaissance sur le zoroastrisme et sur Zoroastre commence à se développer en Europe dès la Renaissance où il est perçu comme un maître oriental de la sagesse par des auteurs comme Jean Pic de la Mirandole et Marsile Ficin[42]. Avec la naissance de l'orientalisme et les études orientales du XVIIe siècle, le personnage de Zoroastre et sa philosophie sont étudiés : Pierre-Daniel Huet le compare à Moïse dans son Demonstratio evangelica de 1679 ; Barthélemi d'Herbelot le mentionne dans sa Bibliothèque orientale (1697), et Thomas Hyde vulgarise son œuvre dans son Historia religionis veterum persarum (1700)[42].
La vulgarisation de l’œuvre de Hyde conduit à populariser le personnage[42]. Voltaire s'empare de son image dans Zadig[43] et dans Essai sur les mœurs [44]. Il lui consacre tout un chapitre critique de son Dictionnaire philosophique[45].
Cette fascination pour ce personnage trouve son expression dans l’opéra franc-maçon de Mozart, La Flûte enchantée (1791), avec la personne de Sarastro[42]. Cet opéra est précédé de près de quarante ans par une œuvre de Rameau et Cahusac , Zoroastre (1749)[46]. Il apparait également, comme magicien, dans le prologue de l'opéra-ballet, Les Génies (1736), de Mademoiselle Duval[47].
En 1883, Nietzsche écrit Ainsi parlait Zarathoustra. Dans cet ouvrage, Nietzsche s'empare du personnage de Zoroastre, imagine son retour, et lui fait « renverser son message moraliste »[48],[49], en changeant radicalement son message[50].
Richard Strauss, inspiré par Nietzsche, écrivit son Opus 30, connu sous le titre Also sprach Zarathustra, dont l'introduction grandiose fut utilisée dans de nombreux films, notamment 2001, l'Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick.
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