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artiste japonaise De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Yayoi Kusama (草間 彌生, Kusama Yayoi , parfois écrit 草間 弥生), née le à Matsumoto (préfecture de Nagano), est une artiste contemporaine japonaise avant-gardiste, peintre, sculptrice et écrivaine.
Naissance | |
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Nom dans la langue maternelle |
草間彌 |
Nationalité | |
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Activités | |
Période d'activité |
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Membre de | |
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Mouvements | |
Représentée par |
Galerie David Zwirner (en), Galerie Victoria Miro, Peter Blum Gallery (d) |
Genres artistiques |
Art abstrait, installation (en), art public |
Site web |
(ja) www.yayoi-kusama.jp |
Distinctions |
A Message of Love, Directly from My Heart unto the Universe (d) |
Elle utilise souvent des pois et des couleurs sur ses œuvres.
Yayoi Kusama est la benjamine d’une fratrie de quatre enfants d’une famille aisée dont la fortune est issue de la gestion de pépinières et de la vente de graines[1]. Elle est élève à l’école élémentaire Kamata et au collège de filles de sa ville natale.
Le , l’attaque de Pearl Harbor marque l'entrée des Japonais dans la guerre du pacifique. Yayoi Kusama, ainsi que d’autres enfants de son âge, est mobilisée pour confectionner des parachutes et des uniformes militaires à l’usine Kureha Textile. Cependant, malgré les conditions pénibles dans lesquelles elle travaille, Yayoi Kusama dessine comme elle l’a toujours fait depuis son enfance. En effet, Yayoi Kusama avait très tôt manifesté un intérêt pour l’art et elle peignait et dessinait déjà à l’âge de dix ans. L’artiste emportait du matériel sur les champs de sa famille et passait des heures à dessiner les fleurs.
La petite Yayoi dessine pour échapper aux hallucinations dont elle souffre. Lors d’un dîner de famille, la jeune fille fait pour la première fois l’expérience d’une vision qui change sa vie et influencera grandement son œuvre. « Tout a commencé par les hallucinations » affirme Kusama, dont les premiers souvenirs remontent à ses dix ans[2]. « Un jour, après avoir vu, sur la table, la nappe au motif de fleurettes rouges, j'ai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, sur la surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s'étendaient les formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout l'univers en étaient pleins »[2]. Ces taches, ces pois, nourriront son concept de « self obliteration » et seront dès lors omniprésents dans ses œuvres.
Yayoi Kusama expose ses œuvres à l’âge de 16 ans en gagnant le concours de l’Exposition des Arts Régionaux du Zen-Shinshû en 1945 et 1946. La jeune fille poursuit ses études à Kyoto à l’École secondaire supérieure Hiyoshigaoka et y étudie la peinture japonaise traditionnelle (Nihonga) et moderne.
Ses parents, Kamon et particulièrement sa mère Shigeru Kusama, s’opposent à cette décision, les artistes femmes étant rares à cette époque. La relation mère-fille est plus que conflictuelle. Dans son autobiographie, Yayoi Kusama décrit le traitement que lui a fait subir sa mère, une femme au tempérament impétueux qui avait pour habitude de se venger de l’attitude volage de son mari sur la fillette. Il en résulte un besoin d’indépendance et de force de caractère, ainsi qu'une aspiration révolutionnaire de l’artiste.
« Au beau milieu d’une famille aussi toxique que celle-ci, la seule chose pour laquelle je vivais était mon art. Et comme je manquais de sens commun dans mon rapport aux gens et à la société, les conflits avec mon entourage se sont aggravés plus encore. La pression mentale et mon anxiété naturelle se faisaient de plus en plus présentes à mesure que les critiques me visaient, et l’avenir commença à me paraître sombre et répugnant[3]. »
L'enseignement artistique se révèle bien loin de l’idéal qu’elle s’était imaginé. Bientôt dégoûtée par l’immuable hiérarchie typiquement japonaise des rapports de maître à disciple, se sentant étouffée par les méthodes et les règles de la peinture traditionnelle enseignées à l’école, l'étudiante se tourne vers l’art occidental, et améliore sa technique tout en élargissant le spectre de ses capacités en autodidacte.
En , Yayoi Kusama organise sa première exposition personnelle à Matsumoto. Couronnée de succès, l’artiste a l’occasion quelques mois plus tard de présenter plusieurs autres expositions personnelles à Tokyo ainsi que dans d’autres grandes villes du Japon. Chacune des expositions contient un nombre d’œuvres considérable (plus de 250). Malgré cette notoriété prometteuse, Yayoi Kusama, décidée depuis bien longtemps à quitter le Japon fait finalement le choix, après avoir envisagé Paris, des États-Unis, un pays qui à l’époque est au centre de l’avant-garde artistique.
En 1957, grâce au généreux soutien de Georgia O'Keeffe, à qui elle avait un jour naïvement écrit une lettre, et après avoir trouvé un sponsor américain, Yayoi Kusama arrive à Seattle. Cependant c’est à New York que la jeune femme veut s’installer, et celle-ci réalise son rêve dès l’année suivante, en 1958. Sa vie à New York n'est pas de tout repos, et comme elle en témoigne dans son autobiographie, ses maigres économies ne lui permettent pas manger ni de se loger décemment tout en s’achetant le matériel artistique dont elle a besoin.
Après ses Infinity Net Paintings à la Brata Gallery en 1959[4], elle expose des photos, collages, installations, avec Joseph Cornell, Jasper Johns, Yves Klein, Piero Manzoni, Claes Oldenburg, et Andy Warhol.
Ses contacts, son talent et son goût pour la provocation la font bientôt de sortir de l’ombre. Donald Judd notamment, artiste américain alors reconnu en tant que critique, ne tarit pas d’éloges pour son amie Yayoi Kusama et l’aide à monter plusieurs expositions. En 1961, Yayoi Kusama emménage dans un studio juste en dessous de celui de Judd, et vers cette époque qu’elle étend ses créations à la sculpture, et notamment à ses « accumulations ».
L’artiste participe indirectement aux mouvements du Psychédélisme et du Pop Art. À New York elle voit les œuvres de contemporains comme Donald Judd et Andy Warhol, et aussi des artistes de l'École de New York, Mark Rothko, Barnett Newman, et aborde les grands formats[5],[4].
En 1960, elle lance son Manifeste de l'oblitération et déclare : « Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d'autres pois… ».
À partir des années 1960, Yayoi Kusama est ancrée dans la scène artistique avant-gardiste au même titre que Warhol ou Judd. Vers le milieu des années 1960, alors que Yayoi Kusama est très populaire aux États-Unis et que la critique est positive, la question de l’autoreprésentation est d’ores et déjà majeure dans le travail de l’artiste et l’on pressent dans ses œuvres une transition vers le happening et la performance.
En 1964, elle présente One Thousand Boat Show à la galerie Gertrude Stein[4]. Avec Driving Images, ce sont alors ses deux œuvres les plus célèbres, mêlant bateau, phallus, obsessions, images, sons, vidéos, mannequins et objets, recouverts de pois ou de macaronis.
En 1966 à New York se déroule le premier happening de Yayoi Kusama, 14th Street Happening, qui a lieu en bas de son loft sur East 14th Street. L’artiste est allongée au beau milieu du trottoir sur un matelas recouvert de formes phalliques protubérantes à motifs de pois[6].
En 1966 également, Yayoi Kusama participe à la biennale de Venise sans y être invitée et sans autorisation. Aidée par Lucio Fontana, qui avait mis un atelier à sa disposition pour quelques mois, elle déverse dans les canaux 1 500 boules miroitantes devant le pavillon italien et présente ainsi l’œuvre Narcissus garden. Elle y retournera en 1993, officiellement invitée pour représenter le Japon.
Yayoi Kusama donne plusieurs noms à ces performances : « naked performances », car les participants sont souvent nus, ou « body festivals » en collaboration avec des danseurs ou des hippies volontaires. L’artiste présente aussi ce qu’elle appelle des « anatomic explosions » ou des « naked demonstrations ». Celles-ci, plus choquantes, ont un but idéologique ou politique, et sont parfois interrompues par la police car elles se tiennent le plus souvent dans les lieux touristiques ou de passage[7].
Parmi les performances les plus célèbres de Yayoi Kusama, sa première performance publique inclut du body-painting : Self-Obliteration, an Audio-Visual-Light Performance au Black-Gate Theater à East Village, New York, en , Self-Obliteration Event au Brooklyn Bridge en 1967, les Body Festivals à Tompkins Square et Washington Square, la Naked Demonstration/Anatomic Explosion à Wall Street en 1968, et Grand Orgy to Awaken the Dead at MoMA en 1969.
En 1967, Yayoi Kusama dirige un film de vingt-trois minutes intitulé Kusama’s Self Obliteration, édité et cinématographié par Jud Yalkut. Il combine des footages de divers happenings tenus par Yayoi Kusama. La vidéo obtient plusieurs prix.
L’apogée de ses œuvres performatives est l’année 1968, mais cet élan s’essouffle à partir du début des années 1970, après que Yayoi Kusama a brièvement essayé d’exporter ses performances au Japon.
Fatiguée mentalement, elle rentre définitivement au Japon en 1973[8]. À partir de 1977, elle vit dans l'hôpital psychiatrique Seiwa (清和病院, Seiwa byōin ) à Tokyo[4]. Elle dispose d’un atelier en plus de sa chambre au sein de l’hôpital. Son « studio », lieu de travail de son équipe, est situé de l’autre côté de la rue.
Yayoi Kusama a acquis la célébrité par des installations avec miroirs, ballons rouges, jouets, au milieu desquels elle se mettait en scène. Ses œuvres récentes sont des peintures naïves sur carton. En 1986, elle expose au musée des beaux-arts de Calais, en 1993 à la Biennale de Venise, puis en 1998 au Museum of Modern Art (MoMA) de New York avec Love Forever 1958-1968[4]. Le public français la découvre en 2000 lors de l'installation d'Infinity Mirror Room Fireflies on Water au musée des Beaux-Arts de Nancy et en 2001, lors de sa première exposition parisienne à la Maison de la culture du Japon.
Elle expose aux États-Unis à la galerie Gagosian de 2009 à 2012, et est représentée en Angleterre par Victoria Miro (en)[9].
Dernièrement, les rétrospectives se multiplient dans les plus grands musées du monde (dont celle à la Tate Modern en 2012 et celle au Whitney Museum of American Art en 2012). Le Centre Pompidou à Paris lui consacre sa première rétrospective française du au [2]. L'exposition présente un choix de cent cinquante œuvres réalisées entre 1949 et 2010. Plusieurs séries majeures de l'artiste y sont mises en avant, permettant ainsi une archéologie du célèbre dot : tout part d'un autoportrait de 1950 où Yayoi Kusama se représente sous la forme d'un gros pois, forme qui la hantera toute sa vie, à travers ses monochromes de la série Infinity net, les œuvres de la self-obliteration, ou encore les fameuses Infinity Mirrored Rooms plongeant le spectateur dans un univers où tous repères s'effondrent[10].
En 1968, l’artiste fonde son entreprise de mode sous le nom de « Kusama Fashion Company Ltd ». Sa première collection, composée de pantalons à pois, de robes psychédéliques et de tuniques aux influences japonisantes, reprend le leitmotiv de sa « self-obliteration », et met en scène la nudité selon les revendications de paix et amour. Rapidement, ses créations vestimentaires, alors adaptées à un public plus large, se vendent dans diverses grands magasins New-Yorkais comme Bloomingdales.
Dès 1969, elle ouvre les portes de son premier magasin à New-York sur la VIe Avenue, dans lequel le tout New-York avant-gardiste fuyant la conformité peut désormais se procurer un vêtement au style assumé, fuyant la « médiocrité en série »[11] ; des robes pour plusieurs personnes comme la « ménages à trois », des vêtements transparents ou découpés laissant entrevoir des zones intimes du corps, des robes de mariage gay… L’Amérique puritaine des années 1960 se heurte à cette monstration gratuite de la nudité autant qu'à ces revendications excentriques ; la presse généraliste parle alors d’une « mode bizarre ».
En deçà d’une volonté d’inonder tous les domaines de la vie par son art, et alors même qu’elle arborait ses propres créations lors de ses happenings, Yayoi Kusama utilise le vêtement comme un réel outil de communication. Même si elle continue à produire des œuvres peintes, les années 1960 orientent son activité principalement autour du vêtement et des happenings, amplifiant sa singularité au regard d’autres artistes des avant-gardes new-yorkaises comme Warhol. Les photos qu’elle prend durant ses performances ou « défilés de mode » façonnent encore davantage son image, celle-ci faisant partie intégrante de son œuvre.
1975 marque l’année de son retour au Japon et d’une retraite médiatique. Elle se concentre sur sa santé, mais continue de créer des collections pour sa marque éponyme pour la femme moderne, à la fois libre et captive, stellaire et politique, belle et bizarre. C’est en 2006 qu’elle réapparaît sur la scène médiatique fashion puisque Marc Jacobs, alors directeur artistique de la maison Louis Vuitton lui propose une collaboration qu’elle accepte en apposant ses célèbres pois sur le sac Louis Vuitton Ellipse Bag[12]. Il la sollicite de nouveau en 2012 pour une seconde intervention, cette fois sur toute une collection capsule femme prêt-à-porter composée de vêtements, chaussures, accessoires et maroquinerie, ainsi que pour la décoration de plusieurs boutiques Louis Vuitton éparpillées sur le globe.
Elle collabore également avec Lancôme pour une ligne de rouge à lèvres, ainsi que pour la création de tee-shirts pour la griffe Uniqlo.
Yayoi Kusama s’est également attaquée au domaine du design, notamment avec la création de trois téléphones hybrides, pour la marque « Iida » appartenant au géant japonais de télécommunication KDDI. L’un des produits, le Handbag for Space Travel, prend la forme d’un sac à main, le second, My Doggie Ring-Ring est accompagné d’un petit strap en forme de chien et décoré de pois roses. Quant au dernier, Dots obsession, Full Happiness With Dots, il est orné de pois blancs et rouges et inséré dans une boite tapissée de miroirs et recouverte de pois. Chacun des téléphones était limité à 1 000 exemplaires à plus d'un million de yens (7 500 euros)[13].
En 2012, Yayoi Kusama collabore avec Louis Vuitton Malletier. Ceux-ci créent ensemble une collection de sacs décorés par des motifs imaginés par l'artiste japonaise. Onze ans plus tard, en 2023, Louis Vuitton relance une nouvelle collaboration avec l'artiste, qui aura un retentissement à internationale notamment grâce à sa grande campagne de publicité, avec des automates grandeur nature de Yayoi Kusama en train de peindre des pois jaunes sur les vitrines des boutiques Louis Vuitton de la Place Vendôme, Londres et New York, ainsi que des sculptures géantes de celle-ci, soit debout en train de peindre des pois factices sur des façades de boutiques Louis Vuitton (exemple : Rue du Pont Neuf à Paris), soit en version gonflable géante comme sur le toit de la boutique Louis Vuitton de l'Avenue des Champs-Élysées à Paris. Cette campagne a permis à la marque de luxe de promouvoir sa collaboration via les réseaux sociaux, les internautes partageant les images des structures temporaires hors-normes. La collaboration de 2023 imagine des sacs avec, en plus des monogrammes habituels, la simulation des pois de peinture de couleurs primaires ainsi que d'autres vêtements aux couleurs de Yayoi Kusama rappelant entre autres son œuvre "Pumpkin".
Yayoi Kusama ayant grandi dans une société japonaise patriarcale, incomprise de ses proches, réprimandée par sa mère, qui ne comprenait pas le besoin de peindre de sa fille, a souvent exprimé dans son travail un message anti-machiste, égalitaire et provocateur.
Pour Kusama, la peinture est une passion, mais créer est aussi pour elle opérer une catharsis des angoisses dont elle est victime. Elle dit faire de « l’art psychosomatique»[14]. Elle crée à partir de sa maladie, de ses névroses. Elle reproduit en des centaines, en des milliers d’exemplaires ce qui l’effraie (les formes tentaculaires, sinon phalliques, les pois qui représentent la disparition ou la mort du moi dans l’environnement) pour ainsi se débarrasser de ce sentiment d’effroi. Elle parvient ainsi à exorciser ses angoisses.
Le désir de reconnaissance et le besoin d’exhorter le public à participer à ses œuvres l’incitent à passer des simples tableaux aux environnements, puis aux œuvres performatives. Yayoi Kusama était sans nul doute maîtresse de son image[15] et les multiples provocations et les performances interrompues par les autorités sont autant de moyens pour elle de rester sous les projecteurs, mais aussi de faire passer son message d’égalité et d’amour.
Plusieurs symboles se retrouvent dans l'œuvre de Yayoi Kusama. Le pois, sa marque de fabrique, est venu à elle lors de ses premières hallucinations avant d’être un « outil visuel ». Elle en recouvre tout ce qui l’entoure, même les êtres humains et les animaux dans certaines de ses performances. L’artiste exprime ainsi son concept de « self-obliteration ». Kusama craint la disparition de l’individualité, elle ne veut pas que l’être humain ne soit qu’un pois parmi d’autres pois.
« Nous sommes plus que de misérables insectes dans un univers incroyablement vaste[16]. »
Mais elle insiste aussi sur le fait que ces pois représentent la connexion entre l’Homme et la Nature. L’Homme ne ferait qu’un avec l’univers. Yayoi Kusama reproduit ces pois, fruits de sa névrose aux sens multiples, pour exprimer, est-on tenté de dire, tantôt l’angoisse de l’oblitération de l’individualité, tantôt le désir d’oblitération afin de ne faire qu’un avec l’univers. Elle explique: « J'avais en moi le désir de mesurer de façon prophétique l'infini de l'univers incommensurable à partir de ma position, en montrant l'accumulation de particules dans les mailles d'un filet où les pois seraient traités comme autant de négatifs. […] C'est en pressentant cela que je puis me rendre compte de ce qu'est ma vie, qui est un pois. Ma vie, c'est-à-dire un point au milieu de ces millions de particules que sont les pois. »[17],[18]
Le phallus et les macaronis, utilisés dans ses installations, sont quant à eux liés au rejet que Yayoi Kusama a du sexe (et par extension, du machisme et de la position de l’homme dans la société), mais aussi de la société de consommation de masse. L’enfance de l’artiste, la volonté que sa mère avait de la marier, les frasques adultères de son père, ayant sans doute éveillé chez elle une méfiance à l’égard du sexe et des relations intimes[19]. Accumulation #1, par exemple, présente un fauteuil recouvert de protubérances qu’elle a cousues à la machine et remplies de tissus. De nombreux objets connaîtront le même sort, souvent en lien avec un univers caricaturalement féminin.
La notion d'infini est un fil conducteur dans toute l’œuvre de Yayoi Kusama. Les miroirs démultiplient l’espace, les pois colonisent l’espace sans limites et annihilent les frontières entre l’homme et son environnement, les échelles lumineuses n’ont ni début ni fin. Yayoi Kusama combat le mal par le mal : les gestes minimaux, qu’elle répète systématiquement dans ses toiles, sont un remède pour soigner les obsessions hallucinatoires qui l’envahissent.
Le féminisme est parfois également présent, de façon critique ou symbolique, dans ses œuvres. Dans certains de ses happenings dont les revendications sont sociales, libertaires, ou pacifistes, elle fait également passer un message pour l’égalité homme-femme. Ces performances étaient aussi l’occasion de distribuer des tracts et de transmettre des idées avant l’arrivée de la police. D’autres happenings, réalisés en intérieur et intitulés « Orgies », traitaient de la liberté sexuelle. « La nudité est la seule chose qui ne coûte rien »[20] selon Kusama. Ce sujet est récurrent, tant pour parler de liberté sexuelle que pour dénoncer une société de surconsommation[21].
Elle est fascinée par la capacité des médias à faire circuler rapidement ses idées, ses images. Elle s’assure de la présence de la presse à ses happenings, et a toujours été consciente du pouvoir des journalistes[22]. L’artiste joue de son image de femme malade, mais elle a en réalité toujours maîtrisé ce que les médias reflétaient d’elle et a toujours été consciente de son image. Les photographies qui présentent ses différents happenings la montrent toujours au premier plan. Elle occupe la première place. Ainsi, Yayoi Kusama conçoit son corps et son image comme un support artistique, un instrument de dénonciation, mais aussi un outil de communication.
Kusama est l’auteur de 19 romans dont le premier, qui s’intitule « Manhatan suicide addict », fut publié en 1978.
Elle est également l’auteur de livres de poésie, de musiques, de paroles de chansons, et d’un magazine, Kusama Orgy, qui retrace ses happenings et expose sa « philosophie ». Parmi ses œuvres, ont été éditées en France :
Elle a illustré Les Aventures d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll[23].
Son autobiographie de 2002 Infinity Net contient plusieurs passage racistes[24] pour lesquelles elle s'est excusée en 2023.
En 1972, elle est incluse dans Some Living American Women Artists, un collage féministe de Mary Beth Edelson[26].
Elle a reçu de nombreuses distinctions au Japon et à l'étranger, dont :
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