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compositeur et critique musical néerlandais De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Willem Pijper (prononciation : ˌʋɪləm ˈpɛipər), né à Zeist le et mort à Leidschendam le , est un compositeur néerlandais, critique musical et professeur. Pijper est considéré, avec Matthijs Vermeulen (1888–1967), comme l'un des compositeurs néerlandais de la première moitié du XXe siècle ayant apporté une contribution significative à la musique moderne de son pays. Il a exercé une grande influence et sa notoriété importante était relayée à la fois par ses compositions, son enseignement et ses écrits critiques qui représentent une part importante de son œuvre.
Nom de naissance | Willem Frederik Johannes Pijper |
---|---|
Naissance |
Zeist, Pays-Bas |
Décès |
Leidschendam, Pays-Bas |
Activité principale | Compositeur, pianiste, professeur, critique |
Années d'activité | 1915–1947 |
Maîtres | Johan Wagenaar |
Élèves | Henk Badings, Henriëtte Bosmans, Rudolf Escher, Johan Franco, Bertus van Lier |
Œuvres principales
Pijper est né dans un petit village à la sortie d'Utrecht, dans une famille d'ouvriers de confession calviniste. Sa mère, Willemina Andrea Frederika Beeftink, épouse Johannes Willem Pijper, qui est tapissier[1]. Son père joue parfois à l'harmonium lors des services religieux et c'est lui qui lui enseigne les rudiments du solfège lorsqu'il a cinq ans. Et dès lors, Willem note quelques mélodies de son invention. À dix ans, il prend ses premières leçons de piano et joue de l'orgue.
Asthmatique, de santé fragile, l'enfant est éduqué à la maison jusqu'à ses quatorze ans. L'intention première du jeune homme était d'étudier la botanique, mais son intérêt pour la musique allant grandissant, après trois ans d'études au lycée, en 1912, il s'inscrit de lui-même à l'Académie de Musique Utrecht (Toonkunst-muziekschool). Il a dix-sept ans. Pijper y étudie la composition avec Johan Wagenaar, suit les cours de piano d'Helena van Lunteren-Hansen et pratique également l'orgue. À l'académie, il côtoie Alexander Voormolen, lui aussi dans la classe de Wagenaar. À part l'enseignement de ce dernier, Pijper fut un compositeur entièrement autodidacte. En 1915 il passe ses examens théoriques et prend des leçons les trois années suivantes. Ses premières œuvres sont surtout des compositions de musique de chambre.
Le il se marie avec Annette Wilhelmina Maria Werker[1] ou Annie, dont il se séparera quelques années plus tard. La famille de celle-ci lui donne l'opportunité de rencontrer Diepenbrock et le critique JS. Brandts Buys. La même année, 1918, est créé sa Première symphonie par Willem Mengelberg et lui apporte une réputation au niveau national.
Entre 1918 et 1921 Pijper enseigne la théorie au lycée de musique d'Amsterdam. Il donne quelques récitals de piano, surtout pendant la fin des années 1920 ; mais son activité la plus importante est celle de critique musical, car il était impossible pour un compositeur néerlandais de vivre de ses compositions[2]. À la fin de la Première Guerre mondiale, il écrit pour le Utrechtsch Dagblad (1917-1923). L'une des victimes de sa plume acérée fut Jan van Gilse (1881–1944), qui en 1922, après des attaques répétées de Pijper, démissionne de son poste de chef d'orchestre d'Utrecht.
En 1922, Pijper représente les Pays-Bas à Salzbourg pour la création de la Société internationale de musique contemporaine (SIMC) et l'année suivante participe à la création de la branche d'Europe du Nord. La même année, en novembre, la première de sa seconde Symphonie à Amsterdam sous sa direction est un échec.
Dès 1924, ses œuvres sont jouées à l'étranger : Septuor à Salzbourg, seconde Sonate pour violon et second Trio avec piano à Londres. Le compositeur Hubert Foss lui permet d'être édité par l'Oxford University Press[1]. Sont publiés des partitions pour piano et de la musique de chambre.
En 1925, Sem Dresden lui offre le poste de professeur de composition et d'orchestration au Conservatoire d'Amsterdam (Toonkunst-Conservatorium). L'année suivante avec Paul F. Sanders, il fonde la revue De Muziek, à laquelle il contribue par de nombreux articles, qualifiés d'essais, souhaitant animer la vie musicale du pays pendant sept ans.
En 1926, est créé l'une de ses œuvres majeures, la Troisième symphonie. Elle est dédiée au chef d'orchestre français Pierre Monteux, qui partage la direction du Concertgebouw avec Mengelberg, depuis 1925 et ce, jusqu'en 1935. Monteux jouera cette œuvre jusqu'au début des années 1960 et nous en laisse deux enregistrements.
Le , il épouse l'écrivain Emma Paulina van Lokhorst, dont il divorcera en 1936, sans enfants[1]. Elle participe à son travail sur l'opéra Halewijn, en rédigeant le livret. L'opéra est monté et créé sous la direction de Pierre Monteux, en . Un projet de le porter l'année suivante à Paris échoue[3].
De 1930 à son décès en 1947, Willem Pijper assume le poste de directeur du Conservatoire de Rotterdam, nouvellement fondé. Certains de ses élèves de l'époque ont intégré l'équipe enseignante après leurs études. Cette période voit une baisse de sa production proprement musicale, mais une nette augmentation de ses écrits de critiques musicales et d'essais. Localement, avec le chef d'orchestre Eduard Flipse, ils font de Rotterdam un centre de musique contemporaine. Il collabore à De Groene Amsterdammer et une collection textes sont publiés par les éditions Querido à Amsterdam, en deux volumes : De Quintencirckel[4] [Le cycle des quintes] (1929) et De Stemvork [Le Diapason] (1930). Cela ne représente qu'une petite fraction de ses écrits. À la mort d'Alban Berg Pijper confie sa vision pessimiste et sombre de l'avenir de la musique.
Derrière l'artiste se profile aussi l'homme Pijper. Outre le cigare, les bons vins et les chiens, Pijper a une passion pour les belles voitures notamment une Hispano-Suiza. Quelques photographies nous le montrent à côté de sa machine. Le Pijper est fait franc-maçon et commence la pratique de l'astrologie, étudie la gematris, une forme de numérologie propre aux œuvres musicales remontant aux polyphonistes flamands et à Bach durant toute la période de guerre. Dans cette mouvance, il compose Six adagios pour cordes (1940), conçu comme une musique pour une initiation maçonnique.
Le les bombardements sur Rotterdam détruisent complètement sa maison et ses biens, « même le chien » écrit-il dans une lettre[5]. Au moins vingt-cinq ans de documentation partent en fumée : correspondances d'amis, d'élèves et de collègues musiciens, photographies, collection d'instruments de musiques, bibliothèque... Mais l'essentiel de ses compositions sont conservées, grâce aux conseils d'un de ses amis, Saar Bessem, les manuscrits étaient à l'abri dans un coffre de banque situé en sous-sol – bâtiment qui a été lui aussi incendié, mais les voûtes ont résisté[2]. D'autres compositeurs eurent moins de chance, par exemple Rudolf Escher, un élève de composition de Pijper de 1934 à 1937, perdit un grand nombre de ses œuvres[6]. En 1941, Pijper s'installe à Leidschendam.
Pendant les années 1940, Pijper a travaillé sur un opéra, Merlijn (Merlin), basé sur la légende arthurienne et malgré plus de six ans passés à cette tâche, l'œuvre n'a jamais été achevée. La partition est articulée en douze épisodes, selon les concepts du zodiaque. Le livret est écrit par Simon Vestdijk (1898–1971), médecin et musicien qui a rencontré Willem Pijper en 1937. D'abord réticent, n'ayant aucune expérience de la scène, Vestdijk s'est laissé convaincre par l'intérêt commun qu'ils avaient pour l'astrologie. Il témoigne de la nature de leur relation dans un livre : Gestalten tegenover mij (1961)[7].
Durant l'été 1946 il participe au festival de musique contemporaine de Londres et en novembre, trop tardivement, les médecins diagnostiquent un cancer, sans doute dû pour un asthmatique, au goût immodéré des cigares[2]. Ce mal l'emporte le . Pendant les dernières semaines de sa vie, Pijper réécrit l'orchestration de son Concerto pour violoncelle qui est achevée début février.
La dernière composition mise à part Merlijn est le cinquième Quatuor à cordes (1946), dont seuls les deux premiers mouvements sont terminés. Le manuscrit s'arrêtant au milieu d'un troisième, laisse l'œuvre inachevée.
En tant que professeur, Pijper eu une grande influence sur la musique néerlandaise moderne par son enseignement à de nombreux compositeurs néerlandais des années 1950 à 1970. Parmi les élèves d'importance de Willem Pijper en composition, on peut citer Henk Badings (1907–1987) qui fut lui-même enseignant en composition à Rotterdam dès 1934 et directeur du conservatoire de La Haye pendant la guerre ; Hans Henkemans (1913-1995), Henriëtte Bosmans (1895–1952), Kees van Baaren, Bertus van Lier (1906–1972) qui sera chef d'orchestre, compositeur et critique musical à Utrecht ; Oscar van Hemel, Willem Landré (1874–1948), Rudolf Escher (1912–1980) et Johan Franco (1908-1988 )[8].
Un groupe de compositeurs a rendu hommage par un recueil de dix pièces dédiées à leur maître ou ami : Hommage à Willem Pijper, où figurent Henriëtte Bosmans, Henri Zagwijn, Bertus van Lier, Kees van Baaren, Hans Henkemans, Jan van Dijk (1918– ), Karel Mengelberg (1902–1984), Sem Dresden (1881–1957), Rudolf Escher et Wolfgang Wijdeveld.
Henriëtte Bosmans lui a aussi dédié son Quatuor à cordes (1927).
À Rotterdam, au coin d'Humanitas Mullerpier et d'Euromast, une plaque de cuivre a été dédiée à William Piper[9].
Mis en place par la Fondation Johan Wagenaar, le Prix Willem Pijper couronne le travail de musiciens néerlandais.
Willem Pijper a rapidement choisi son propre chemin en tant que compositeur. Dès 1915, il avait composé ses Trois Aphorismes pour piano où s'entendent clairement l'inspiration des Trois Klavierstücke opus 11 de Schönberg et où se préfigure son style de la maturité. Sa Première Symphonie sous titrée Pan de 1917 est nettement influencée par Mahler. Sa Seconde composée en 1921, à l'orchestration somptueuse qui évoque encore la Septième de Mahler, subit de façon plus sensible les influences impressionnistes.
Entre 1918 et 1922 l'idiome musical de Pijper se développe sous l'influence des compositeurs comme Claude Debussy et Maurice Ravel. C'est l'époque où il conçoit sa « technique des cellules germinales », très semblable celle d'Igor Stravinsky. Selon les musicologues, le concept est emprunté à l'école de César Franck et formalisé par Vincent d'Indy[1]. Selon Pijper lui-même, une œuvre peut se développer à partir d'un nombre limité de groupes de notes (généralement quatre [10]), tel l'arbre qui croît à partir d'une graine minuscule. Dans chaque œuvre nouvelle, il élabore un peu mieux ses idées. Le Septuor pour vents, contrebasse et piano inaugure son style nouveau où il utilise ce procédé, et entame une phase très productive.
À partir de 1920, Pijper réclame un « absolutiste » musical, c'est-à-dire exempt de références littéraires.
Dès 1919, la musique de Pijper peut être considérée comme polytonal. Il voue d'ailleurs une grande admiration à Darius Milhaud, comme à Stravinsky. Cependant il n'abandonne pas la tonalité. Il a plutôt une façon polyphonique de penser le contrepoint et son style harmonique a évolué dans cette direction. Son style est très proche du compositeur Matthijs Vermeulen, contemporain de Pijper. Après les années 1920, il ajoute à ses influences la polyrythmie – c'est-à-dire l'utilisation simultané de motifs rythmiques ou de métriques disparates – de Bartók ou le celle du Trio avec piano de Maurice Ravel. Ce mélange de rythmes était déjà présent dans la habanera du second mouvement des Fêtes galantes (1916). Il devient progressivement une fixation dans les œuvres ultérieures.
Pijper est resté un compositeur de caractère fortement émotionnel dont témoigne sa Troisième Symphonie (1926). Les œuvres plus tardives semblent du point de vue de l'expression harmonique revenir à une tonalité sage, le ton y est aussi plus doux et transparent. En revanche il reste toujours concis et vise la forme brève, quasi laconique : la symphonie dure un quart-d'heure. Il aime les changements brusques et les conclusions, les climax qui tonnent, les rythmes agités et tronqués. Tous ces éléments sont communs à ses œuvres de maturité.
Dès 1934, se dessine une troisième période dans le style de Pijper, lorsqu'il entame son opéra Halewijn sur un livret écrit par sa seconde épouse, Emma Lokhorst, bien que son poste d'enseignant lui prenne l'essentiel de son temps. « L'Halewijn de Pijper n'est pas un opéra, mais plutôt un drame symphonique, car les Pays-Bas n'ont guère de tradition d'opéra. » Pijper écrit même que « L'opéra est une chose dont on soupçonne à peine l'existence ici. »
L'« échelle octatonique » a été appelé « gamme de Pijper en néerlandais[11]. Il s'agit d'une combinaison de tierce mineure et de triton que l'on retrouve par exemple dans la seconde et troisième Sonatines pour piano (1925), ainsi que la troisième Symphonie et le quatrième Quatuor à cordes (1928) qui atteint dans le Finale un extrême polymétriques.
Le catalogue des œuvres de Willem Pijper est dressé par le musicologue Wim Kloppenburg (1910–2000). Précédés par la lettre K, il compte 104 numéros. Pijper a composé pour des effectifs et des formes très diverses, de la pièce pour piano, à l'opéra en passant par la musique de chambre et l'arrangement de chansons du folklore néerlandais ou français. Les manuscrits ont été légués à la Bibliothèque Royale (Koninklijke Bibliotheek) en [2].
La musique vocale de Pijper reste largement négligée, alors que parmi ces œuvres figurent certains de ses meilleurs opus, notamment la série II des Vieilles chansons néerlandaises (1935).
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