Aquarelliste renommé, il participe, à la renaissance cette discipline en Belgique, où il expose durant près d'un demi-siècle des œuvres nées du pleinairisme, où il joue un rôle décisif dans l'évolution de ce mouvement artistique. Membre de la Société royale belge des aquarellistes, il devient l'une des figures de proue du cercle.
Famille
Victor Uytterschaut, né le rue de la Putterie, no86, à Bruxelles, est le fils de Jean Uytterschaut (1817-1896), tailleur, et de Claire Feldhaus (1819-1882) modiste[1]. Il épouse le à Saint-Gilles Mathilde Van Cutsem (née en 1854). Ils sont les parents de Claire Uytterschaut (1883-1969), aquarelliste[2].
Formation
Sa formation initiale est celle d'apprenti orfèvre dans une entreprise bruxelloise. De 1859 à 1862, il suit donc également des cours de dessin technique et industriel à l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, où il est lauréat du premier prix pour l'année scolaire 1864-1865 grâce à la qualité de son travail[3]. De 1864 à 1867, il suit également des cours de peinture de paysage auprès de Paul Lauters[4].
Carrière
Victor Uytterschaut marque une prédilection pour le travail à l'aquarelle en plein air. Il est surtout connu pour ses peintures de paysages, ses marines et de paysages urbains, mais aussi pour de nombreux portraits[3].
Son activité picturale initiale, vers 1866, consiste à exécuter quelques dessins au fusain. Ses premières aquarelles sont réalisées vers 1867 à Spa et ses alentours. Il les expose au Salon d'Anvers[5]. À partir de 1870, il travaille souvent à Anseremme près de Dinant, où se développe un mouvement artistique sous la forme d'une colonie de peintres. Il peint aussi en Campine et à Anvers et, à partir de 1880, sur la côte belge lors de ses fréquents séjours à La Panne et à Nieuport. En 1878, il voyage aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, puis occasionnellement à la Côte d'Azur[3],[6].
Victor Uytterschaut est membre du groupe d'artistes bruxellois La Chrysalide (dissoute en 1881) et de la Société royale belge des aquarellistes, où il expose pour la première fois en 1876. À cette occasion, le roi Léopold II acquiert son Chemin creux à Boitsfort[7]. Le peintre n'est pas un inconnu pour la famille royale belge, car il enseigne les rudiments de son art à Marie de Hohenzollern-Sigmaringen, comtesse de Flandre, belle-sœur du roi[8]. En 1893, lors de l'exposition de la Société royale belge des aquarellistes, visitée par la reine de Roumanie qui possède plusieurs de ses œuvres, Victor Uytterschaut est élevé au rang de chevalier de l'ordre de l'Étoile par le roi de Roumanie[9].
Victor Uytterschaut, établi depuis 1915 à Boulogne-sur-Mer, no132boulevard Sainte-Beuve, avec sa femme et sa fille, où il se consacre sans grande conviction à l'art, meurt à son domicile, après une longue maladie, à l'âge de 69 ans le [6].
En , le Cercle artistique de Bruxelles lui rend hommage en exposant 64 œuvres du défunt aquarelliste[11].
Style et rôle rénovateur
Aquarelliste et pastelliste, il marque un tropisme pour les paysages, les marines et les sites urbains[3]. Henri Stacquet et lui (que le critique du Journal de Bruxelles appelle en 1905 les princes des aquarellistes) contribuent largement à la renaissance de l'aquarelle en Belgique. Sans vouloir abandonner la forme, visant toujours au style, il réussit à donner davantage d'air à ses études que ses prédécesseurs ne l'ont tenté dans leurs productions. C'est dans l'atmosphère chaude du pays, qu'il baigne ses sites, ses marines et ses sous-bois[6]. Lors des expositions auxquelles il participe tant en France qu'en Belgique, il parvient à donner un talent d'un bel individualisme[6]. En 1920, son rôle dans l'évolution du pleinairisme est jugé décisif[11].
Répondant, en 1890, à une lettre du critique d'art Octave Maus, Victor Uytterschaut partage sa vision de l'aquarelle:
«Celle-ci est, par essence, une peinture, toute de spontanéité, de verve, d'entrain et de premier jet. Elle permet la fixation rapide des impressions fugitives et passagères […]. Bien comprise, elle procède par instantanéité. Qu'elle vise le côté profond des choses ou leur charme superficiel, presque toujours, elle synthétise et résume par l'emploi des moyens les plus simples. […] Aucun genre n'est plus difficile, car il faut que la touche soit d'emblée juste et vraie, qu'elle exprime ce qu'elle dit dire par elle-même et par ses harmonies avec ses voisines, et avec l'ensemble. Elle ne souffre ni hésitation, ni incertitude, mais, en revanche, elle possède la vie, la lumière et l'éclat qui manquent à l'œuvre reprise et retouchée choisie[12].»
«Jamais la puissance clair et fin impalpable, que sa maîtrise sut conquérir par un procédé d'élite, ne s'affirma plus royalement dans l'envoi actuel. Le sous bois de printemps fait monter dans l'air l'âme soyeuse des feuilles, et pénétrer si bienles troncs par la lumière, où il baigne qu'on sent l'insidieuse ivresse d'avril vous entrer dans les yeux. Une même matière fluide, et pourtant si évidente, remplit toute l'œuvre, en quelque sorte que le bain d'extase emplit l'univers de cette heure. À La Panne, chaque objet, chaque touche, trahissent la mer voisine. L'éclat spécial du ciel de Flandre fut fixé radieusement dans le papier coloré par un pinceau magistral. Cela donne la rare sensation d'une maîtrise arrivée au sommet, qu'elle avait choisie[13].»
Expositions
Expositions triennales belges
Salon d'Anvers de 1867: Vue prise dans le bois de Spa, Vue prise sur le Malbeek et Intérieur de forêt[5].
Salon de Gand (XXVIII) de 1871: Marais (fusain), et trois aquarelles: Étude à Uccle et deux Études à Spa[14].
Salon de Bruxelles de 1893: Les Gorges à Linkebeek, Printemps et Dans le jardin de mon voisin (aquarelles) - Léonard Schaeken expose un pastel représentant Victor Uytterschaut[27].
Salon de Bruxelles de 1897: Maisonnette dans les dunes, En Hollande, En Flandre, maisonnette au Zoute et Paysage, église de Sart-lez-Spa (aquarelles)[28].
Salon de Bruxelles de 1900: Coin de verger, À Nieuport, Automne, Derniers rayons dans le verger et Coin de ferme (aquarelles)[29].
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, graveurs et dessinateurs de tous les temps et de tous les pays, vol.3, Paris, Ernest Gründ, , 1300p. (lire en ligne), p.940.
Judith Ogonovszky-Steffens, «Jean Portaels, un académicien au service du comte et de la comtesse de Flandre», Bulletin de la Classe des Beaux-Arts de l’Académie royale de Belgique, vol.6, no7, , p.219-233 (lire en ligne, consulté le ).
Ministère de l'Intérieur de Belgique, Exposition universelle de Paris 1878: Section belge, catalogue officiel, Bruxelles, Vve Ch. Vanderauwera, , 346p. (lire en ligne), p.32.
Paul Aron, La Belgique artistique et littéraire: Une anthologie de langue française (1848-1914), Éditions complexe, , 751p. (ISBN9782870276716, lire en ligne), p.200-201.
Salon des artistes français, Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants exposés au Palais des Champs-Elysées le 1er mai 1890, Paris, P. Dupont, , 430p., p.160.