En 1719, les Carmes de la rue du Regard lui commandent une opération tout aussi importante, visant à construire cinq hôtels particuliers, certains pour des occupants désignés d'avance tels la comtesse de Verrue ou l'exécuteur des hautes œuvres[1]. Trois hôtels sont bâtis mais la banqueroute de Law contraint les Carmes à étaler l'opération qui n'est terminée qu'en 1737 par Brice Le Chauve qui construit les deux derniers hôtels en utilisant en les modifiant les plans établis par Dailly dix-huit ans plus tôt[2].
Le peintre Gilles Allou exposa le portrait de M. Dailly, architecte, au Salon de 1737.
Ensemble de 19 maisons bordant le parvis de l'église Saint-Germain-des-Près, Paris (6earrondissement), 1715: Le cardinal de Bissy posa la première pierre et Mabillon rédigea une inscription commémorative nommant l'architecte: Victore Theodorico d'Ailly totius operis architecto, anno Domini MDCCXV[3]. Il subsiste de cette opération une petite fontaine, dite Childebert qui a été remontée dans le square de l'École polytechnique, rue des Écoles.
Hôtel du Gué, no3 rue du Regard, Paris (6earrondissement), vers 1725[4] (détruit en 1907): La rampe d'escalier est conservée dans les réserves du musée Carnavalet.
Hôtel de Rothemburg (puis de Croÿ), no5 rue du Regard, Paris (6earrondissement), 1728[5]: Construit par Dailly[5] et loué en 1729 par les Carmes au comte de Rothemburg.
Hôtel de Beaune, no7 rue du Regard, Paris (6earrondissement), 1719: Construit par Dailly et loué en 1720 à madame de Beaune.
Hôtel de Dreux-Brézé (dit aussi Petit hôtel de Verrue), no1 rue du Regard, Paris (6earrondissement), 1737: Construit par Claude Brice Le Chauve qui utilise en les modifiant les plans établis par Dailly dix-huit ans plus tôt et loué par les Carmes, dès son achèvement, à Thomas de Dreux-Brézé qui lui donne son nom. Jean-Marie Pérouse de Montclos observe que: «Comparée au remarquable portail sur rue, la façade arrière paraît austère. L'observation vaut pour tous les hôtels de la rue: les portails sont plus ornés que les façades.»[5]
Grand hôtel de Verrue (dit aussi Hôtel des Conseils de guerre), no37 rue du Cherche-Midi, Paris (6earrondissement), 1737 (détruit en 1908): construit dans les mêmes conditions que l'hôtel de Dreux-Brézé ci-dessus. Le portail en a été remonté dans le parc de Jeurre (Essonne) par les soins du comte de Saint-Léon[6].
Hôtels Le Lièvre de La Grange, nos4-6 rue de Braque, Paris (4earrondissement), 1734: deux hôtels construits en 1734 sur un projet établi trois ans plus tôt. Lors de la démolition de l'immeuble qui les avait précédés, un trésor est découvert. Les sculptures sont de Michel de Lissy et Jean Bourguignon. Les lambris d'un salon ont été remontés au château de Nerville à Nerville-la-Forêt (Val-d'Oise)[6].
Hôtel Le Rebours, no12 rue Saint-Merri, en encoignure avec la rue Pierre-au-Lard et le cul-de-sac du Bœuf, Paris (4earrondissement), 1738: La façade sur rue, élevée pour Jacques-René Devin, bourgeois de Paris, est attribuée à Dailly par Michel Gallet sur la base d'une analyse morphologique[6],[7].
Michel Gallet, Op. cit., p. 301; toutefois le même auteur (id. op., p. 165) attribue également cette construction à Claude Brice Le Chauve, fils de Brice Le Chauve, mais celui-ci a plutôt été actif dans la seconde moitié du XVIIIesiècle.
Danielle Chadych, Le Marais: évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, , 637p. (ISBN2-84096-188-1), p.336
Sources
Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIesiècle: Dictionnaire biographique et critique, Paris, Éditions Mengès, , 494p. (ISBN2-85620-370-1)
Bibliographie
Michel Gallet, «Architectes parisiens du règne de Louis XV, III, Victor-Thierry Dailly et Claude Brice-Le Chauve», Bulletin de l'association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Paris historique, nospécial,