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avocat, journaliste et écrivain français antisémite De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Urbain Gohier, de son nom de naissance Urbain Degoulet, ayant signé deux de ses livres du nom de plume Isaac Blümchen[1], né à Versailles le et mort le à Saint-Satur dans le département du Cher[2],[3], est un avocat, journaliste et écrivain français dreyfusard et collaborateur.
Naissance | |
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Décès |
(à 88 ans) Saint-Satur |
Nom de naissance |
Urbain Degoulet |
Pseudonyme |
Isaac Blümchen |
Nationalité | |
Formation | |
Activités |
Genre artistique |
Essais, pamphlets. |
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Orphelin très jeune, Urbain Degoulet adopte le patronyme de son père adoptif, nommé Gohier[4]. La question de son origine familiale le préoccupera durant toute sa vie[5].
Après de brillantes études secondaires au collège Stanislas de Paris, où il remporte tous les premiers prix[6], il obtient une licence en lettres et une licence en droit. En 1884, il devient rédacteur parlementaire au journal Le Soleil[4]. En 1893, il fait partie de la rédaction de La Correspondance Nationale [7]
En 1897, lors de la fondation du quotidien socialiste L'Aurore, Ernest Vaughan, son directeur, invite Gohier à rejoindre l'équipe de rédaction. Il devient avec Georges Clemenceau l’un des principaux collaborateurs du journal[4],[8].
Pamphlétaire infatigable, Gohier se dit « monarcho-syndicaliste » ; il est dreyfusard, antisémite, antimilitariste et socialiste. En 1896, il a accepté de faire partie d'une commission chargée de départager les candidats à un concours organisé par La Libre Parole d'Édouard Drumont « sur les moyens pratiques d'arriver à l'anéantissement de la puissance juive en France ».
Il soutient Dreyfus par antimilitarisme. Émile Zola compte parmi ses amis. C'est lui qui provoque la démission de Clemenceau de L'Aurore à la suite de son article du , dans lequel il se vante d'avoir été le seul à comprendre l'affaire Dreyfus « sous les outrages de l'ennemi, sous la réprobation et les reproches des défenseurs de la personne de Dreyfus[9]. »
En 1898, il est poursuivi à la suite de la publication de son pamphlet antimilitariste L'armée contre la nation et finalement relaxé. Il est alors célèbre pour son antimilitarisme, et un jeune déserteur, Henri Bernstein, lui fait parvenir de Bruxelles une lettre expliquant son acte : « J'ai vingt-quatre ans. Je suis déserteur. J'ai déserté après sept mois de service, sept mois pas ordinaires, qui m'ont coûté de l'argent d'abord et des grincements de dents quand je n'ai plus eu d'argent. Inutile de vous dire, n'est-ce pas, que la plupart de mes chefs étaient des faussaires et des maîtres chanteurs. J'ai filé à Bruxelles. »[10],[11],[12],[13]
Appelant de ses vœux un régime « monarchiste socialiste », il poursuit son œuvre polémique en se faisant le dénonciateur de complots juifs et asiatiques. Au tournant du siècle, il rallie le mouvement néo-malthusien aux côtés de Paul Robin, André Girard, Clovis Hugues, Albert Lantoine, A. Daudé-Bancel, Laurent Tailhade et Georges Yvetot.
Rédacteur en chef du journal grenoblois Le Droit du peuple en 1902, puis du Vieux Cordelier en 1903 et du Cri de Paris en 1904, directeur de l'hebdomadaire antisémite L'Œuvre française et de sa suite La Vieille France de 1916 à 1924, Gohier est également l'un des premiers éditeurs en France du Protocole des sages de Sion, dont il ne se préoccupe pas de vérifier l'authenticité[14]. En , il est condamné à un an de prison pour sa participation à l'Association internationale antimilitariste, mouvement proche des milieux anarchistes. Il contribue par ailleurs à des feuilles anarchistes comme Le Libertaire.
En 1908, il aurait lancé le célèbre surnom « le Tigre » pour désigner Georges Clemenceau[réf. nécessaire].
Critique acerbe du socialisme de Jaurès, contempteur de l’armée et du monarchisme, trop tiède à ses yeux, de l’Action française, Gohier se mêle des principaux débats qui animent la scène politique de la Troisième République et se bat plusieurs fois en duel au pistolet[15]. Dans La Vieille France, il met en doute l'antisémitisme et la xénophobie de l’Action française et s'attaque à Charles Maurras en arguant que ses origines en font un « métèque ». Il suggère également que Léon Daudet, qu'il appelle « Davidet » ou « Ben Daoud »[16], serait de lointaine origine juive. Pourtant, le directeur de L'Action française avait fait son apologie en à la Chambre, en raison de sa publication des Protocoles [17].
Il devient la «plume» de l’industriel de parfumerie et homme politique François Coty quand celui-ci achète le journal Le Figaro (1922). Le , un éditorial de première page de Le Figaro, intitulé «Le communisme au Collège de France», écrit ou inspiré par Gohier, s'opposait à ce que Albert Einstein, alors fuyant l'Allemagne nazie, fût nommé à une chaire de physique théorique qui serait créée pour lui au Collège de France sur proposition du ministre de l'Éducation nationale, Anatole de Monzie[18].
Pendant la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation, il devient l’un des principaux rédacteurs de l’hebdomadaire Au Pilori, virulente publication antisémite.
Condamné en 1944 pour sa participation à la presse collaborationniste, il meurt dans l’oubli en 1951 en laissant une œuvre pamphlétaire considérable qui le range aux côtés d'autres polémistes antisémites de son temps, tels Édouard Drumont, Léon Daudet, Henri Béraud, Pierre Dominique ou René Benjamin.
Dans le Journal littéraire de Paul Léautaud nous pouvons lire, au : « Le cas de Gohier au Matin est au reste curieux. Il y est appointé, 500 francs par mois, peut-être plus, même, mais sans le droit d’y écrire sous sa signature. Il y vient tous les jours, des heures entières, lire les journaux, comme au Cabinet de lecture. Il écrit quelquefois des articles, courts, sur un sujet ou un autre, cuisine de journal, plutôt, mais jamais rien de signé. C’est une sorte de traité entre lui et Le Matin. La raison ? Il a, paraît-il, tout un dossier sur [Maurice] Bunau-Varilla. C’est son silence qu’on lui paie, en quelque sorte. »
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