la fugue, de 97 mesures, avec un épisode en forme de toccata (mesures 59 à 85);
la conclusion (mesures 127 à 143), retourne au style récitatif (indiqué expressis verbis) en dynamiques opposées (presto – adagio – vivace – molto adagio…) et très rapprochées.
À ses débuts, Bach fut un très grand admirateur de Dietrich Buxtehude, au point de s'absenter plusieurs mois, alors qu'il travaillait pour la ville d'Arnstadt, afin d'aller l'écouter à Lübeck. Les œuvres pour orgue d'Allemagne du Nord de cette époque sont caractérisées par la présence du Stylus phantasticus, dérivé de l'improvisation. Ce dernier comprend des passages héroïques, aux harmonies recherchées et aux changements soudains de rythme. Ces pièces débutent généralement par une partie où le compositeur fait preuve de beaucoup de liberté. Dans sa composition, la toccata de Bach utilise fortement le stylus phantasticus[2],[3].
La toccata (de l'italien toccare toucher), est une pièce musicale pour instruments à clavier de style improvisé et virtuose — arpèges, traits, pédale, etc. Originellement destinée à permettre à un instrumentiste de prendre contact avec un instrument, cette forme dérive ensuite pour devenir une démonstration du talent de l'interprète et permettre de faire apprécier les qualités de l'instrument.
Klaus Eidam avance l'hypothèse que l'œuvre de Bach a été écrite afin de mettre à rude épreuve la mécanique des orgues ainsi que le son et la jouabilité de l'instrument. En effet, on a souvent affirmé qu'avant de jouer sur un instrument, Jean-Sébastien Bach tirait tous les jeux de l'orgue afin d'en évaluer la puissance et la suffisance de vent produite par les soufflets. La toccata et fugue BWV 565 de Bach aurait été une œuvre créée à l'origine pour le clavecin puis transposée à l'orgue pour augmenter l'effet spectaculaire[4].
Du fait de l'ancienneté de l'œuvre, il subsiste de nombreuses inconnues sur les conditions de sa composition. En particulier, la source la plus ancienne conservée est une copie par Johannes Ringkà qui on attribue une réputation sulfureuse[réf.souhaitée]. L'idée que BWV 565 puisse être une transcription d'une œuvre pour violon seul a également été émise[5],[6],[3].
De récents travaux musicologiques attribuent aussi l'œuvre à Johann Peter Kellner[7],[8], Ringk étant un élève de Kellner[3],[9].
Cependant, il existe un très large consensus quant au fait que le BWV 565 est bien une œuvre originale de Jean-Sébastien Bach[n 2]. Certes, œuvre de jeunesse, elle est particulièrement empreinte des influences dont Bach aimait à s'imprégner. Cependant, les indices de la paternité de Bach abondent, la ressemblance avec d'autres œuvres de Bach est nette (toccata en mi majeur BWV 566, toccata en do majeur BWV 564), et la formule initiale de trois notes (aller-retour descendant sur deux notes voisines (plus généralement appelé un pincé) est retrouvée dans BWV 538 et BWV 540. De manière générale, la solidité et la longueur de la fugue (notamment le petit labyrinthe contrapuntique allant des mesures 97 à 109) étaient probablement inimitables à l'époque.
Deux transcriptions pour piano célèbres sont encore jouées: celle de Tausig et celle de Busoni.
Leopold Stokowski a transcrit l'œuvre pour orchestre symphonique. La première exécution se fit par l'orchestre philharmonique de Philadelphie en 1926[10]. Il en subsiste de nombreux enregistrements dont le plus fameux illustre le film Fantasia des studios Disney.
En 1993, Salvatore Sciarrino a fait un arrangement pour flûte solo[11]. Une version pour cor solo a été arrangée par Zsolt Nagy[12] et a été interprétée par Frank Lloyd. Une autre version pour alto solo a été arrangée et enregistrée par Marco Misciagna[13]. Au milieu des années 1990, Fred Mills, alors trompettiste pour Canadian Brass, a créé une adaptation pour quintette de cuivres qui est devenue un standard mondial pour les ensembles de cuivres[14].
L'œuvre fait de nombreuses apparitions dans divers films ou bandes originales:
1960: La dolce vita de Federico Fellini - à l'occasion de la première rencontre entre Marcello et le personnage Steiner, ce dernier joue le début de la Toccata à l'orgue de l'église;
1986: Devil Story de Bernard Launois, le début de la Toccata est joué pour renforcer l'impression d'angoisse lorsque le jeune couple de héros arrive en pleine nuit, sous une pluie battante, devant le manoir qui accueille leur hôtel;
2009: Tom et Jerry: Élémentaire, mon cher Jerry, un extrait est joué par Droopy et un de ses compères, tous deux policiers. Tom et Jerry se trouvent dans l'orgue actionné par Droopy;
2012: Cloud Atlas des Wachowski, un échantillon est présent dans la piste intitulée « Travel To Edinburgh » ;
2016: Brice 3 de James Huth, la Toccata est utilisée dans une scène du début du film lorsque les enfants demandent au vieux Brice de leur raconter une vraie histoire;
Naruto, un sample est utilisé pour les deux thèmes musicaux du personnage Orochimaru;
Bleach, un extrait de la Toccata est repris dans Senna (7etitre de l'OST du premier film) tandis que le début de la Fugue est repris dans Shadow's Masquerade (16etitre du deuxième OST de la série);
Les Simpson, dans le premier Simpson's Horror Show;
Le Grand Restaurant, une version modernisée d'un extrait est jouée lors du générique d'ouverture;
Castlevania, la Toccata a été reprise plusieurs fois notamment dans les opus Lament of Innocence et Curse of Darkness lors des combats contre les vampires;
World of Tanks, la Toccata est reprise dans la musique de la carte Ruinberg
En musique
Reprise accélérée de trois minutes par le groupe de pop punkThe Toy Dolls sous le titre Toccata in DM sur l'album Absurd-Ditties (1993);
Les dernières mesures en sont données sous une forme orchestrée par Léo Ferré à la fin de la chanson Mister Giorgina, dans son album La Langue française;
Tanzwut sur l'album Schattenreiter dans le morceau Toccata, en font une reprise folk metal avec cornemuse;
Dans l'anime Initial D de Shūichi Shigeno, une musique (Back On the Rocks, 12echanson du CD Initial D D Selection 1 de Mega NRG Man) reprend le début de la toccata et fugue à l'orgue;
Le groupe de heavy metalCirith Ungol, dans le morceau Toccata in Dm sur l'album King of the Dead sorti en 1984;
Le guitariste de hard rockSlash reprend la toccata dans le morceau Anastasia sur l'album Apocalyptic Love sorti en 2011;
Le groupe de visual keiVersailles reprend la fugue au milieu de son morceau The Red Carpet Day dans son EPLyrical Sympathy sorti en 2007;
Le groupe d'eurodance2 Unlimited utilise la fugue dans sa chanson The Real Thing sur l'album Real Things sorti en 1994;
Le groupe de musique électronique Justice joue au Moog les premières notes de la toccata en introduction de ses concerts lors de leur tournée mondiale 2012;
Le rappeur Mos Def reprend, dans son hommage non posthume au rappeur MF DOOM: BeyOnDoom, la toccata dans la chanson Mayo Clinic;
Le DJ et producteur de musique électronique Overwerk dans son morceau Toccata sur l'album Canon sorti en 2015;
Reprise de l'air dans la musique 21st Century Crooners" du groupe de rock Ghinzu dans l'album Blow sorti en 2004;
Lionel Rogg et Marie-Claire Alain ont enregistré plusieurs intégrales de l'œuvre d'orgue de Bach, dont ils ont éliminé les œuvres douteuses, notamment les huit petits préludes et fugues (BWV 553 à 560) dont certains pensent aujourd'hui mais sans certitude qu'ils ne sont pas de Bach et qu'ils lui ont été attribués par erreur. Ça n'a pas été le cas de la toccata et fugue en ré mineur.
(en) Friedhelm Krummacher, «Bach's Free Organ Works and the stylus Phantasticus», dans George Stauffer et Ernest May, J.S. Bach as organist: his instruments, music, and performance practices, Indiana University Press, , 308p. (ISBN025321386X, OCLC474174850), p.157–171.
(en) Klaus Eidam (trad.de l'allemand par Hoyt Rogers), The True Life of Johann Sebastian Bach [«Das wahre Leben des Johann Sebastian Bach»], New York, Basic Books, , 423p. (ISBN0-465-01861-0, OCLC424057714), chap.IV.
(en) Peter Williams, «BWV 565: A toccata in D minor for organ by J.S.Bach?», Early Music, vol.9, no3, , p.330–
337 (ISSN0306-1078, JSTOR3126830, lire en ligne).
Penn Library Exhibitions, Leopold Stokowski: Making Music Matter, Curator: Marjorie Hassen; Otto E. Albrecht Music Library, University of Pennsylvania. Voir le site: University of Pennsylvania