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organisation indépendantiste tamoule du Sri Lanka fondée en 1976 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le mouvement des Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (tamoul : தமிழீழ விடுதலைப் புலிகள், Tamiḻīḻa viṭutalaip pulikaḷ ; anglais : Liberation Tigers of Tamil Eelam), régulièrement abrégé par LTTE, et souvent appelé simplement Tigres tamouls, est une organisation indépendantiste tamoule du Sri Lanka fondée en 1976 et dont le but affiché est l'indépendance de l'Eelam tamoul.
Tigres de libération de l'eelam Tamoul anglais : Liberation Tigers of Tamil Eelam tamoul : தமிழீழ விடுதலைப் புலிகள் Tigres tamouls - LTTE | |
Idéologie | Nationalisme tamoul Indépendantisme Socialisme révolutionnaire Laïcité Socialisme Nationalisme de gauche Communisme Marxisme-léninisme |
---|---|
Positionnement politique | Extrême gauche |
Objectifs | Indépendance de l'Eelam tamoul |
Statut | Militairement inactif |
Site web | Site officiel (inactif) |
Fondation | |
Date de formation | |
Pays d'origine | Sri Lanka |
Fondé par | Velupillai Prabhakaran |
Actions | |
Mode opératoire | guérilla, terrorisme dont attentat à la bombe, attentat-suicide |
Nombres d'attaques imputées | 168 à 239 attaques suicides |
Zone d'opération | Sri Lanka Inde |
Période d'activité | - |
Organisation | |
Chefs principaux | Velupillai Prabhakaran, Selvarasa Pathmanathan (en), Pottu Amman, Thillaiyampalam Sivanesan (en), Vaithilingam Sornalingam (en), Charles Lucas Anthony (en), Sathasivam Krishnakumar (en), Velayuthapillai Baheerathakumar (en), Shanmuganathan Ravishankar (en), Kandiah Ulaganathan (en) |
Membres | Approx. 30 000 (2008)[note 1] |
Financement | Donations privées, impôts dans les territoires contrôlés, trafic d’armes, trafic de stupéfiants, extorsion |
Sanctuaire | Province du Nord du Sri Lanka |
Répression | |
Considéré comme terroriste par | Inde (depuis 1992) États-Unis (depuis 1997) Sri Lanka (de 1998 à 2002 puis depuis 2009) Royaume-Uni (depuis 2001) Union européenne (depuis 2006) Canada (depuis 2006) Malaisie (depuis 2014) |
Guerre civile du Sri Lanka | |
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Le chef est Velupillai Prabhakaran, de sa création jusqu'à son décès le . Le mouvement demande l’autodétermination et la création d'un État, l'Eelam tamoul, dans le nord-est de l'île.
Le , après avoir été encerclés par l'armée srilankaise dans le Nord-Est du pays, les séparatistes tamouls annoncent qu'ils reconnaissent que la guerre civile du Sri Lanka est arrivée à son terme, et disent avoir décidé de cesser le combat, après vingt-sept ans d'un conflit qui a fait entre 70 000 et 100 000 morts.
La LTTE était la seule organisation indépendantiste du XXe siècle à avoir une faction marine (Tigres de mer), une aérienne (Tigres de l'air), et des services secrets (TOSIS).
Le mouvement étant laïc, il regroupait aussi bien des Tamouls sri lankais hindous que chrétiens. Le mouvement est par ailleurs considéré comme ethnique, car il met en avant le nationalisme tamoul, même s'il prétend plutôt mettre en avant des idées socialistes ou communistes.
Après l'indépendance du Ceylan britannique, le pays devient un dominion fonctionnant avec le système de Westminster en 1947. La population tamoule étant largement inférieure à celle des Cingalais, les tamouls ont très vite compris qu'ils ne pourraient jamais être représentés dans les pouvoirs législatifs et exécutifs du Pays, surtout sachant que les premières élections ont été truquées. Les urnes ont été remplies de faux bulletins et les tamouls ont été empêchés de voter.
Pendant le Dominion de Ceylan, entre 1947 à 1972, les deux partis politiques majeurs du pays, que sont l'United National Party et le Sri Lanka Freedom Party, ont joué du nationalisme cingalais pour pouvoir gagner les élections législatives du pays. Ces méthodes politiques ont engendré plusieurs massacres de Tamouls : en 1956 à Gal Oya, et en 1958 dans tout le pays.
Le chef des Tigres tamoul, Velupillai Prabhakaran, encore enfant lors de ces événements, est marqué par ceux-ci et répétera plusieurs fois que ses opinions politiques ont été forgées d'après ce qu'il a vu.
Dès le début des années 1970, la population tamoule a compris qu'elle allait subir des répressions grandissantes de la part des Cingalais. La preuve directe de ce sentiment est la création de plus d'une dizaine de groupuscules tamouls de défense, créés par des personnes distinctes, provenant des différentes provinces de l'île.
Ainsi, des groupes comme le PLOTE, TELO, EROS, EPLRF, ENDLF, ENLF (en), et enfin les Tigres tamouls LTTE (entre autres groupuscules moins importants) se forment dans toutes les provinces tamoules du pays pour se protéger des massacres perpétrés par les Cingalais, sachant qu'ils sont protégés par la police et le gouvernement cingalais.
Au fur et à mesure de la guerre, les Tigres tamouls, qui ont une avance technologique et militaire, vont imposer un choix à chacun des groupuscules : soit les membres rejoignent les rangs des Tigres tamouls, soit les membres dissidents sont considérés comme des ennemis. C'est ainsi que les Tigres tamouls vont :
Les élections législatives de 1977 deviennent un tournant majeur de l'histoire du Sri Lanka. Il faut savoir que le Sri Lanka a un système politique basé sur celui du Royaume uni, le système de Westminster: un parti au pouvoir, un parti d'opposition. Depuis la mise en place de ce système, ces deux positions sont toujours occupées par les deux partis principaux du pays, le parti de droite (l'United National Party) et le parti de gauche (le Sri Lanka Freedom Party).
En 1972, l'ancienne première ministre Sirimavo Bandaranaike a transformé le statut du Dominion de Ceylan en République du Sri Lanka, engendrant un énorme choc économique. Son parti, le Sri Lanka Freedom Party a été boudé aux élections de 1977, ce qui donna un résultat extrême : le parti d'opposition est un parti tamoul, le Tamil United Liberation Front. Cela va attiser la haine des extrémistes cingalais, et va mener à un massacre anti-tamoul à l'échelle nationale qui a causé près de 300 morts. Après cet événement, des milliers de tamouls vont fuir le pays en tant que réfugiés, des milliers d'autres rejoignent les LTTE.
Un autre effet pervers de cette élection est que l'United National Party obtient une super-majorité au parlement, avec plus des deux-tiers des sièges au parlement (140 sur 168), ce qui donne les pleins pouvoirs au premier ministre nouvellement élu Junius Richard Jayewardene. Il instaure alors une nouvelle Constitution en 1978; transfère les pouvoirs exécutifs du poste du Premier ministre à celui de Président; devient ainsi président sans passer par des élections. Avec les pleins pouvoirs, Junius Richard Jayewardene peut modifier la constitution à sa guise, et il ajoute 16 amendements pendant qu'il est au pouvoir, dont le 6e amendement qui rend inconstitutionnel tout parti politique violant l'intégrité du territoire srilankais. Cet amendement rend impossible toutes les négociations de paix jusqu'à la fin de la guerre. Il fait tout pour conserver ce pouvoir total, dont le référendum srilankais de 1982 pour prolonger la durée de ce parlement.
Après plusieurs tentatives pour faire reconnaître les droits de la minorité tamoule par le gouvernement cinghalais, ils prirent les armes en 1983, au début de la militarisation du conflit[3]. Malgré les différences d'estimation au sujet du nombre d'attaques suicides (entre 168 et 239 commises entre 1987 et 2006[3]), les spécialistes s'accordent à dire que le LTTE est le groupe ayant utilisé le plus fréquemment cette arme dans le monde[3]. Une unité spéciale, les « Tigres noirs », qui recrute les meilleurs soldats du groupe, hommes et femmes confondus, (un tiers des attentats-suicides organisés par le LTTE seraient effectués par des femmes)[3], est chargée des attentats-suicides. Les membres de cette unité sont volontaires. Ces personnes volontaires passent par des tests d'aptitude physique, émotionnelle et psychologique avant d'être finalement admis en tant que Tigre Noir.
Après plusieurs années de guerre civile et d'embargo économique dans la partie nord de l'île (région de Jaffna), le pays est entré entre 2002 et 2005 dans une période dite de « post-conflit ». Le LTTE a modéré ses exigences et recherche une autonomie économique et politique dans le cadre de l'État sri lankais, déclarant que l'approche militaire n'est pas une bonne méthode pour atteindre ses buts. Seuls deux attentats-suicides ont été effectués durant cette période (en 2004 et en à Colombo)[3], la pression internationale étant peut-être l'une des causes de cette modération relative de l'organisation[3]. La trêve a cependant été rompue en . Fin 2007, on dénombrait plus de 5 000 morts dus au conflit[4].
De à , la marine du Sri Lanka coule en haute mer les huit navires-dépôts constituant la base arrière logistique du mouvement. Cette destruction a marqué le véritable tournant d’une guerre qui déchirait le pays depuis plus de trente ans. Dépendant de la mer en raison de l’insularité du pays, les Tigres tamoul perdent les capacités d’approvisionnement. Cela se traduit par l’affaiblissement rapide de sa flotte armée, privée de la logistique indispensable et incapable de poursuivre une course à la supériorité technologique, puis la prise de contrôle progressive de la mer par la marine srilankaise et enfin la défaite inéluctable des forces terrestres du LTTE en raison de la pénurie en vivres, armes et munitions[5].
En 2009, les forces du LTTE ont été acculées par l'armée gouvernementale et ont perdu toutes les villes qu'elles contrôlaient. Entre 15 000 et 20 000 civils étaient encerclés dans la zone de combat selon les autorités locales, jusqu'à 50 000 selon l'ONU[6] ; après avoir perdu leur accès à la mer le [7] (accès vital pour l'approvisionnement), ils annoncent qu'ils cessent le combat et déposent les armes le . Le , Velupillai Prabhakaran, dirigeant historique de l'organisation, est donné pour mort, probablement tué dans une embuscade de l'armée srilankaise[8]. Sont également retrouvés les cadavres de plusieurs hauts responsables de la rébellion.
Selvarasa Pathmanathan (en), plus connu sous ses initiales K.P., responsable de l'approvisionnement en armements du mouvement tamoul[9], a pris la succession de Velupillai Prabhakaran le . Vivant hors du Sri Lanka et recherché par Interpol pour trafic d'armes, il a été arrêté le en Malaisie avant d'être transféré à Colombo le [10]. L'Armée populaire de libération du Sri Lanka, composée de 300 membres issus des Tigres de libération de l'Îlam tamoul, chercherait à reprendre le combat.
Cette guérilla est l'une des très rares à avoir une marine de guerre. Cette branche est nommée « Tigres de mer »[11] (Sea Tigers). Des batailles navales ont eu lieu assez régulièrement pour le contrôle des voies d'approvisionnement de l'île.
Le LTTE est également la première organisation indépendantiste à avoir développé des submersibles, bien que leur utilisation au combat ne semble pas avoir été constatée[12].
LTTE compte dans ses effectifs des enfants soldats, les milices paramilitaires en ayant également recruté[13].
L'utilisation dans le LTTE des enfants en tant que troupes de première ligne a été démontrée quand 25 enfants soldats de première ligne âgés entre 13 et 17 ans se sont rendus aux forces srilankaises[14].
Sous la pression internationale, les LTTE renoncèrent publiquement au recrutement d'enfants soldats en juillet 2003 mais l'Unicef[15] et Human Rights Watch[16] les accusèrent d'avoir renié leur promesse et d'enrôler des enfants rendus orphelins par le tsunami de 2004. Des civils se sont également plaint que les Tigres tamouls enlevaient des enfants pour en faire des soldats[17]. Lors des deux premières années du cessez-le-feu (2002-2004), trois fois plus d'enfants-soldats ont rejoint la formation des LTTE[3].
L'Unicef déclarait d'ailleurs que 315 enfants soldats ont rejoint la LTTE entre avril et . Selon l'Unicef, le nombre d'enfants soldats qui ont rejoint la LTTE depuis 2001 s'élevait à 5 794[18],[19]; environ 6 900 auraient rejoint l'organisation de 2002 à 2009 [13].
Dès le début des années 1980, ses militants gardent sur eux des capsules de cyanure afin de se suicider en cas de capture[20], ce qui aurait facilité le passage, en 1987, à l'attentat-suicide, systématisé par l'organisation qui est la seule à entraîner de façon durable et permanente des militants exclusivement à cette fin[20].
De 1987 à 2006, on évalue le nombre d'attentats-suicides des Tigres Tamouls à un chiffre allant de 168 à 239[3]. Entre 1980 et 2001, les Tigres Tamouls ont été responsables de 75 des 186 attentats-suicides dans le monde[21].
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