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femme politique canadienne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Thérèse Forget Casgrain, née le à Montréal et morte dans la même ville le , est une réformatrice, féministe et femme politique québécoise.
Thérèse Casgrain | |
Thérèse Forget Casgrain vers 1942. | |
Fonctions | |
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Sénatrice de Mille Isles | |
– (9 mois et 3 jours) |
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Prédécesseur | Gustave Monette |
Successeur | Renaude Lapointe |
Cheffe du Parti social démocratique du Québec | |
– (6 ans, 3 mois et 7 jours) |
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Prédécesseur | Romuald Lamoureux |
Successeur | Michel Chartrand |
Biographie | |
Nom de naissance | Marie Thérèse Forget |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Montréal (Canada) |
Date de décès | (à 85 ans) |
Lieu de décès | Montréal (Canada) |
Sépulture | Cimetière Notre-Dame-des-Neiges |
Nationalité | Canadienne |
Parti politique | Parti social-démocratique Nouveau Parti démocratique |
Père | Rodolphe Forget |
Conjoint | Pierre-François Casgrain |
Profession | Militante Journaliste |
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Au cours des années 1920 à 1940, elle travaille avec d'autres femmes à faire reconnaître les droits des femmes, en particulier le droit de vote et d'éligibilité au niveau québécois. Elle est aussi la première femme élue à la tête d’un parti politique au Canada et au Québec.
Marie-Thérèse Casgrain vient au monde dans un milieu de la haute bourgeoisie francophone. Sa mère est Blanche MacDonald, d'origine écossaise, et son père est Rodolphe Forget, avocat, homme d'affaires et homme politique conservateur. Elle a deux frères : Gilles et Maurice. Son enfance se déroule entre les murs de la résidence familiale montréalaise (sise rue Sherbrooke, qu'habitent alors les plus riches familles de la ville[1]) et le « Château » à Saint-Irénée (Charlevoix), chalet d’été de 17 chambres à coucher qui fait aujourd'hui partie du Domaine Forget[2].
En 1905, à l’âge de 8 ans, elle devient pensionnaire chez les Dames du Sacré-Cœur, au Sault-au-Récollet. Elle souhaite poursuivre ses études à l'université, mais son père s'y oppose, n'en voyant pas l'utilité. Selon lui, elle devait plutôt apprendre à gérer une maison, une qualité que doit posséder une future épouse de son rang[2].
En , elle épouse l’avocat Pierre-François Casgrain, d'allégeance libérale. Ils auront deux filles et deux garçons (Hélène, Renée, Rodolphe[3] et Paul).
Après le retrait de la vie politique de son beau-père Rodolphe Forget, Casgrain décide, en 1917, de lui succéder à titre de député libéral dans le comté fédéral de Charlevoix—Montmorency. Il est élu, puis conservera son siège jusqu'en 1941. Thérèse prononce des discours pour lui à quelques reprises lors de campagnes électorales[4]. Entre-temps, il aura présidé la Chambre des Communes. Il sera nommé juge à la Cour supérieure du Québec en 1942[5].
Thérèse accompagne son mari à Ottawa pour l’ouverture de la session parlementaire, au printemps 1918. C'est dans la capitale fédérale qu'elle est sensibilisée à la question du vote pour les femmes. Lors de l'élection précédente, on avait accordé ce droit à un certain nombre de femmes. Le gouvernement Borden fait ensuite adopter le Women’s Suffrage Act, un projet de loi accordant le droit de vote aux élections fédérales à toutes les Canadiennes de vingt et un ans et plus. Mais, au Québec, les femmes ne pouvaient toujours pas voter lors des élections. L'opposition à une telle extension du droit de vote aux femmes y était forte, notamment de la part du clergé et de l'élite conservatrice.
Thérèse Casgrain est très active dans le mouvement qui milite pour l'obtention du droit de vote pour les femmes au Québec, qui a pris forme à la fin du XIXe siècle. En 1921, elle est membre fondatrice, avec Marie Lacoste Gérin-Lajoie et Idola Saint-Jean, du Comité provincial pour le suffrage féminin (CPSF) et en devient la vice-présidente.
Le , elle fait partie d’une délégation du CPSF, avec Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, Carrie Derick, Idola Saint-Jean et Lady Drummond (Grace Julia Parker Drummond), qui rencontre le premier ministre du Québec Louis-Alexandre Taschereau pour réclamer que l'on accorde le droit de vote aux femmes. Thérèse Casgrain y prend la parole. Elle avance que les femmes sont assez intelligentes et instruites pour pouvoir voter[6]. Il s'agira du premier d'une longue série de périples annuels dans la vieille capitale pour obtenir ce droit.
Thérèse Casgrain est désignée présidente du CPSF en 1928. Elle y occupe cette fonction jusqu'en 1942[7]. Le CPSF devient la Ligue pour les droits de la femme en 1929[8]. Organisation laïque, elle lutte sans relâche pour améliorer la situation des femmes, notamment sur le plan juridique et pour obtenir le droit de vote aux élections au Québec. En 1937, elle assiste au couronnement de George VI à Londres en compagnie de son mari et de leur fille Hélène puis au congrès du Conseil international des femmes à Paris, où elle intervient pour le Canada. Elle y rencontre notamment Louise Weiss, une importante féministe française[9].
En 1938, Thérèse Casgrain prend la parole au congrès d'orientation du Parti libéral au sujet du droit de vote[10]. Les libéraux adoptent alors une résolution à cet effet et promettent de l'accorder dès qu'ils seront de retour au pouvoir[11]. Elles obtiendront finalement ce droit en 1940 sous le gouvernement d'Adélard Godbout, malgré de fortes pressions de l'épiscopat catholique.
En même temps que ce combat pour le droit de vote, Thérèse Casgrain poursuit sa lutte pour l'obtention de l'égalité tant juridique que sociale des femmes en usant de ses relations dans les cercles politiques et de son influence dans les médias.
Elle cherche particulièrement, avec la Ligue du droit des femmes qu'elle préside, à réformer le Code civil du Bas-Canada, notamment en ce qui a trait à l’incapacité juridique de la femme mariée et les régimes matrimoniaux. Avec Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, présidente de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, elle milite pour obtenir une législation portant sur le salaire de la femme mariée et des amendements qui amélioreraient la situation juridique de celle-ci. En 1929, elle se fait entendre à la Commission Dorion (présidée par Charles-Édouard Dorion) et réclame des changements au statut juridique des femmes mariées[8].
Elle tient salon chez elle, où les esprits réformistes du temps se rencontrent, ce qui suscite même le mécontentement du premier ministre Louis-Alexandre Taschereau[2]. Prennent part à ces débats d'idées, à diverses époques, des intellectuels et des activistes comme Frank Scott, Jacques Perrault, Pierre Trudeau, René Lévesque, Gérard Pelletier, Jean Marchand, Fernand Daoust, Pierre Vadeboncoeur et Jacques Parizeau[2].
Thérèse Casgrain fait part de ses préoccupations pour la situation des femmes à la radio, d'abord à CKAC vers 1933-1934. Dans une émission datée du , elle affirme :
« Les femmes subissent les conditions de vie qui leur sont imposées par une société où dominent les hommes. Le droit de vote pour la femme [constitue le seul moyen logique et compatible avec notre système politique, pour [lui] assurer la sanction qu'il lui faut avoir à sa disposition pour faire reconnaître et maintenir ses droits[12]. »
À Radio-Canada, elle anime l’émission Fémina à partir de 1937, qui obtient un grand succès d'audience[13].
Thérèse Casgrain fait aussi campagne pour l'admission des femmes à certaines professions dont l'accès leur était encore refusé, notamment le droit et le notariat. En 1945, alors qu'elle copréside le Service aux consommateurs, organe de la Commission des prix et du commerce en temps de guerre, elle réussit à obtenir que les allocations familiales soient versées aux mères de famille (et non aux pères)[8]. Il s'agit d'une grande victoire pour les femmes, après celle du droit de vote.
En 1946, alors qu'une commission est mise sur pied pour étudier le statut légal de la femme mariée (Commission Méthot), des organismes féminins, à l’initiative de Thérèse Casgrain, présentent un mémoire demandant notamment la levée de l’incapacité juridique de la femme mariée et le droit du conjoint survivant et des enfants d'être soutenus par la succession[14]. Le rapport de la commission ne paraîtra qu'en 1954.
En 1966, afin de coordonner les associations féminines à l'échelle nationale dans un cadre non confessionnel, elle compte parmi les membres fondatrices de la Fédération des femmes du Québec.
En 1942, à la suite de la nomination de son mari comme juge à la Cour supérieure du Québec, Thérèse Casgrain se présente comme candidate libérale indépendante lors d'une élection fédérale partielle dans Charlevoix-Saguenay[15]. C'est la première de sept tentatives électorales, qui se solderont à chaque fois par un échec[16].
En 1946, elle s'éloigne des libéraux et rejoint le parti Co-operative Commonwealth Federation (CCF) ou Parti social-démocratique (PSD) au Québec. Elle devient vice-présidente du PSD en 1948 alors qu'elle est la seule femme à siéger au comité exécutif[17]. Le , elle est élue cheffe du CCF pour la branche québécoise à l'unanimité alors qu'elle est absente, représentant le parti au congrès de l'Internationale socialiste à Francfort en Allemagne[18]. Elle dirige la branche québécoise du PSD jusqu'en 1957. Elle démissionne alors et est remplacée par Michel Chartrand[19]. Aux côtés de candidats tels que Jacques Ferron et Gaston Miron, elle mène plusieurs luttes contre les politiques du gouvernement de Maurice Duplessis, tisse des liens, à l'échelle internationale, avec le mouvement socialiste, et prend part à divers congrès à l'étranger. En 1956, lors d'une conférence de l'Internationale socialiste à Bombay, elle fait notamment la rencontre d'Indira Gandhi et de Golda Meir[2].
Première femme chef d'un parti politique au Canada[15], Thérèse Casgrain se présente comme candidate du PSD en 1952 lors d'une élection partielle dans Outremont—St-Jean, à nouveau en 1953, dans Jacques-Cartier—Lasalle, en 1957 dans Villeneuve et en 1958 dans Jacques-Cartier—Lasalle. Chaque fois, elle est battue. Elle dira « le fait d'être une femme, dirigeant un parti de gauche par surcroît, m'enlevait toute chance de succès. Cependant, mon but était atteint puisque mon désir était avant tout de faire connaître la philosophie du CCF et de lui assurer une large publicité[20] ». Ferron écrit à son sujet en 1960 :
« Madame Casgrain est née Forget d'un père baron d'affaires et d'une mère lady. On ne peut le lui reprocher. Elle vaut d'ailleurs beaucoup mieux que sa famille. Chose rare mais naturelle, ce fut sa condition de femme qui l'a poussée de la droite vers la gauche; le féminisme lui inculqua des notions de justice et l'ambition fit le reste[21]. »
Elle est ensuite candidate pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) dans Outremont—St-Jean en 1961 et en 1963[15]. Encore là, elle ne remporte pas ses élections.
Thérèse s'engage dans de multiples causes et organismes, entre autres au Conseil fédéral du salaire minimum, à la Société des concerts symphoniques de Montréal, au Conseil de la santé au Canada, à la section francophone de l'Association canadienne pour l'éducation des adultes, aux Charités fédérées francophones, au Conseil canadien du développement social et au Comité consultatif de l'administration de la justice au Québec, où elle est vice-présidente. Elle cofonde de plus la Ligue des jeunes francophones et œuvre auprès de nombreuses associations caritatives.
En 1961, elle met sur pied la section québécoise de La Voix des femmes, un organisme féminin luttant contre l'armement nucléaire et pour la paix[8]. De plus, Thérèse Casgrain cumule le poste de présidente de la Ligue des droits de l'homme et s'implique au sein du Comité du secours médical du Québec au Viêt-Nam.
Dans les années 1960, elle s’engage pour les droits des femmes autochtones[22]. Thérèse Casgrain incite en effet Mary Two-Axe Earley à présenter un mémoire à la Commission royale d'enquête sur la situation de la femme au Canada afin de dénoncer le fait que, par la Loi sur les Indiens, une femme autochtone qui épouse un Blanc perd son statut alors que l'inverse ne se produit pas.
En 1969, elle est élue présidente de la section québécoise de l'Association des consommateurs du Canada. Avant son arrivée à la tête de la section québécoise, cette dernière était dominée par des éléments anglophones et sa langue de travail était l’anglais, une situation que son prédécesseur, le professeur David MacFarlane, qualifiait d’« indéfendable ». Plusieurs membres de l’organisation ont misé sur Casgrain pour régler ce problème[23]. De plus, grâce aux démarches de l'Association, un ministère de la Consommation est instauré au fédéral.
Le , elle est nommée sénatrice par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau[15]. Comme l'âge limite pour un tel poste est alors fixé à 75 ans, elle n'y siègera que neuf mois[24]. À un journaliste qui le lui fait remarquer, elle répond : « Vous seriez surpris, jeune homme, de ce qu'une femme peut faire en neuf mois[25]. » Guy Bouthillier considère qu'elle devait cette nomination au fait qu'elle était une amie de Trudeau, une femme de gauche, défenderesse des droits et des libertés et qu'elle pourrait prendre la défense de Trudeau dans le contexte de la crise d'Octobre[26].
Durant la campagne référendaire de 1980, elle prend position pour le Non. Dans l'affaire des Yvettes, elle réprimande Lise Payette, alors ministre de la Condition féminine[27].
Thérèse Casgrain meurt le à l'âge de 85 ans[28]. Ses obsèques ont eu lieu le suivant, en l'église Saint-Léon de Westmount, en présence d'une foule nombreuse, parmi laquelle de nombreux dignitaires dont Monique Bégin, Jeanne Sauvé, Jean Marchand, Jean-Pierre Côté et Ed Schreyer[29]. Elle est inhumée au cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal.
Dans diverses villes du Québec, selon la base de données de la Commission de toponymie du Québec[39], une douzaine de rues rendent hommage à Thérèse Casgrain. Un parc public de Montréal porte également son nom[40]. Depuis 1982, un mont situé au nord de La Malbaie, dans Charlevoix (Québec), porte aussi son nom[41],[42].
Le Fonds Thérèse-Casgrain est conservé à Ottawa par Bibliothèque et Archives Canada et le fonds d'archives de la Fondation Thérèse F.-Casgrain est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[46].
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