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Le territorialisme se dit d'une tendance particulière à se centrer sur un territoire et à le défendre.
En zoologie et éthologie, le terme définit les espèces animales territoriales, définissant et défendant un territoire, généralement contre leurs propres congénères, qui sont aussi des compétiteurs. Toutes les espèces ne sont pas territoriales, mais certaines le sont très fortement, marquant leur territoire avec des marques physiques (griffures sur les arbres, sur le sol…) ou odorantes (urine, glandes odoriférantes…). Ces espèces attaquent généralement, ou au moins dissuadent tous ceux de leurs congénères tentant de pénétrer leur territoire, sauf les membres du sexe opposé dans les espèces dont les membres vivent seuls et à la saison du rut. Le territorialisme peut être porté par un groupe (les chimpanzés défendent ainsi collectivement leur territoire contre les empiétements des autres groupes de chimpanzés) ou par un individu isolé (les chats sauvages, par exemple).
Dans son essai d'éthologie humaine et d'anthropologie salué par la communauté scientifique, les Enfants de Caïn (en anglais African Genesis: A Personal Investigation into the Animal Origins and Nature of Man), Robert Ardrey avance que la nature humaine est territoriale, animée par « une appétence meurtrière », sans qu'il y ait à exagérer les choses jusqu'à la psychopathie.
La colonisation de l'espace, depuis les premiers essais jusqu'à SpaceX et les projets militaristes[1] ou lunaires[2] actuels en vue de Mars[3], étendant le domaine de la lutte territorialiste.
Le régime de la propriété privée, le marketing, la publicité, le management et l'économie occupent des territoires. Les multinationales se déploient à travers le monde, en jouant sur les fiscalités et autres législations, jusqu'à l'idée d'un totalitarisme pervers[4].
On songe aux notions de cocooning[5],[6] et de housing[7], à caractère territorialiste, ainsi qu'à la géographie de la mondialisation[8] et à sa gouvernance[9], sans parler de toutes les problématiques autour des délocalisations[10], de l'épuisement des ressources planétaires et de la publicité[11].
Il y a aussi la question du développement des métiers de la surveillance et des agents de sécurité[12],[13].
Otto Gross, révolutionnaire libertaire freudo-marxiste, fait du propre et de l'étranger des notions psychiques fondamentales, fondamental en cas de viols[14].
La Russie de Vladimir Poutine emploie toujours certaines de ses méthodes pour gérer son territoire[15].
La Chine et la Corée du Nord sont des régimes sous surveillance territoriale énorme[13].
Il existe un courant de pensée, appelé « école territorialiste », apparue en Italie autour d'Alberto Magnaghi, professeur à l'Université de Florence, qui entend critiquer et repenser la notion de développement durable en liaison avec un fort ancrage local, économique et culturel[16], dans le cadre de l'altermondialisme et du localisme. On songe aussi aux ZAD.
Ce mouvement se fonde sur une critique d'une vision strictement environnementale du développement durable. L'école territorialiste met plus l'accent sur la nécessité d'un développement local et qualitatif, et a élaboré le concept de « développement local durable ». L'objectif est d'arriver à un équilibre entre trois objectifs : un développement orienté vers les besoins fondamentaux (qui ne se réduisent pas aux besoins matériels) ; l'autonomie politique, économique et sociale des communautés locales ; et l'amélioration de la qualité de l'environnement. Ces trois objectifs doivent se construire autour d'une relation forte avec l'héritage apporté par les identités locales (avec une référence au biorégionalisme et à Patrick Geddes). Quoi que les territorialistes soient régulièrement cités en France pour leurs écrits sur la "biorégion urbaine", ils resteraient, selon Mathias Rollot, un courant à part, qu'il importe de bien différencier du mouvement biorégionaliste lui-même[17].
Les monothéismes prosélytes (diaspora juive, colonisation chrétienne et islamique) sont territorialistes, à chercher à balayer les paganismes et à s'enraciner dans les cultures locales.
Le djihad politique de Daesh est territorialiste, et ainsi le nationalisme juif a compté parmi ses courants le sionisme territorialiste, et le néo-sionisme constitue bien un territorialisme.
Des personnes luttent actuellement au nom de leur imputée racisation[18], dans les contrées occidentales, notamment depuis 2020[19]. La question d'un racisme systémique[20] est au cœur des débats, à la suite des épisodes coloniaux et nazi ces derniers siècles, jusqu'à l'instauration de groupes de parole non-mixtes[21]. C'est ainsi qu'on parle inversement de racisme antiblanc[22] et que se développe une mouvance identitaire[23], jusqu'aux thèses du Grand Remplacement ou d'une contre-colonisation[24].
Au-delà du souverainisme et au protectionnisme, le territorialisme se dit de l'attitude consistant à une forte polarisation sur la revendication ou la défense de frontières données, généralement dans un but nationaliste et étatique.
Tout autour de la Terre, la décolonisation eut lieu sous le coup de mouvements nationalistes locaux, tels que le FLN en Algérie ou les Viet Cong au Vietnam. Il s'agissait de libérer leurs terres de l'invasion étrangère, et retrouver leur souveraineté (autodétermination territoriale du régime politique local).
Le pangermanisme nazi exagéra la notion d'espace vital (Lebensraum) dans la mémoire occidentale, mais des génocides ou ethnocides sont perpétrés tout autour de la Terre depuis la nuit des temps[25], avec par exemple récemment le massacre des Tutsis par les Hutus en Afrique, au Rwanda.
Le terme s'utilise aussi pour désigner une attitude valorisant fortement le lien entre une population et un territoire. Le traditionalisme met régulièrement en avant, le lien entre un peuple et sa terre. Par exemple, les Amérindiens prirent les armes contre les colonisateurs euro-américains, au nom de « leurs terres ancestrales, la terre de leurs ancêtres »[26]. De manière générale, les croyances non monothéistes se réclament d'un certain ethnicisme[27].
Ainsi, dans « Purification ethnique, savoir récursif et dilemmes du territorialisme »[28], Tania Murray Li indique en 2003 que « l’Indonésie compte plus d’un million de réfugiés internes qui fuient la violence intercommunautaire ou sa menace », et dénonce « les apologistes des savoirs autochtones [qui] insistent sur les liens profonds qui existent entre les peuples autochtones et un sol qui leur est propre […]. Reprises par les peuples autochtones, les hypothèses territorialistes peuvent servir à justifier l’exclusion ethnique et aller dans le sens de droits différentiels fondés sur des hiérarchies d’appartenance. [Il faut] regarder en face les violences qui peuvent en découler »[28].
L'universalisme, notamment occidental avec l'idéologie des droits de l'homme (cf. droit-de-l'hommisme), est parfois critiqué comme un expansionnisme, ce qui engage les territoires et leurs cultures. En Occident notoirement : l'anarchisme de droite d'Aymeric Taillefer ou national, ou l'ethnonationalisme de Nouvelle Droite[29]. Mais également le racialisme évoqué plus haut[30] ou le pouvoir chinois[31], ou encore l'islamisme et l'indigénisme[32].
Dans le cadre de la même définition du territorialisme (l'exaltation d'un lien entre un territoire et une population sans revendication d'indépendance nationale), Liisa Malikki parle en 1992 de « métaphysique territorialiste », pour la valorisation de ce qui est « d’origine » et « chez soi » par rapport à ce qui vient de l’extérieur[33].
D'une autre manière, Gilles Deleuze et Félix Guattari ont conceptualisé la territorialisation et la déterritorialistion dans la série Capitalisme et schizophrénie I & II (l'Anti-Œdipe, Mille Plateaux).
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