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philosophe et écrivain canadien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Alain Deneault, né le en Outaouais, est un philosophe québécois et docteur en philosophie de l'université Paris-VIII en 2004[1],[2]. Il a été directeur de programme au Collège international de philosophie à Paris de 2016 à 2022. Il enseigne la philosophie et la sociologie au campus de Shippagan de l'Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick[3],[4].
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Université Paris-VIII (doctorat) (jusqu'en ) Centre Marc-Bloch |
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Directeur de thèse |
Après des études en journalisme au Collège algonquin d’Ottawa (1987-89) et quelques cours de littérature à l’Université de Montréal (1990), Alain Deneault migre en France et suit des cours d’esthétique à l’Institut d’études théâtrales (I.E.T.) de La Sorbonne (Université de Paris-III Sorbonne nouvelle) tout en fréquentant le Collège international de philosophie (CIPh). Après des séjours à Berlin et Montréal, il s’inscrit aux études supérieures en 1997 à l’Université de Vincennes à Saint-Denis (Université de Paris-VIII) et obtient en 1998 son diplôme d’études approfondies (DEA)[5], puis, en 2004, le doctorat « Lieux et transformations de la philosophie », tous deux sous la direction de Jacques Rancière[6].
Alain Deneault a poursuivi des études postdoctorales au Centre canadien d’études allemandes et européennes (CCEAE) de l’Université de Montréal (2004-2006) [7]ainsi qu’à la Chaire de recherche du Canada en Mondialisation, citoyenneté et démocratie (MCD)[8] au département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal (2006-2007).
Sa thèse, intitulée « La Définition de l’économie au vu des quatre concepts fondamentaux de la Philosophie de l’argent de Georg Simmel », cherche à repérer les concepts opérationnels de l’œuvre économique de Simmel, soit l’assomption (die Erhebung), le prélèvement ou le dégagement (die Enthebung), les plans (die Zweckreihen) et le comble (das Erfülltsein)[9]. L’argent apparaît comme un objet de pensée permettant le recoupement entre les plans transcendant et immanent de l’effort d’évaluation[10].
Au terme de son engagement doctoral, tout en signant des articles reprenant des éléments de sa thèse, Alain Deneault se lance dans une activité intellectuelle publique[11],[12]. Dès 2004 paraît Paul Martin et Compagnies : Soixante thèses sur la légalité des paradis fiscaux (VLB Éditeur)[13], un livre annonciateur des thèmes qu’il développera pendant plus de quinze ans par la suite : le coût social des paradis fiscaux pour les populations[14], l’univers juridique parallèle dont jouit l’oligarchie mondiale[15], l’exploitation de l’Afrique et d’autres régions du Sud et de l’Est par les multinationales des mines et du pétrole[16], la médiocrité culturelle de l’establishment médiatique[17], l’idéologie du management[18] et le fondement colonial du Canada[19].
Après la publication de ce livre, il fait paraître chez Écosociété une série d’études sur les pratiques très controversées d’instances privées et publiques participant à la mondialisation industrielle, consumériste et capitaliste. Noir Canada : Pillage, corruption et criminalité en Afrique paru en 2008[20] porte sur le rôle pernicieux d’entreprises canadiennes soutenues par l’État canadien en Afrique, en particulier des sociétés minières, menant à des actes de corruption, de pollution massive, d’atteintes à la santé publique, tout en évoquant le soutien qu’elles apportent à des dictatures ou à des seigneurs de guerre engagés dans de terribles conflits. Étudiant les activités douteuses de certaines sociétés minières en Afrique, en Amérique latine et en Europe de l'Est, Alain Deneault montre que ces pratiques sont permises par un système législatif et financier qui a fait du Canada un refuge pour les compagnies minières du monde entier[21]. L’essai Paradis fiscaux : la filière canadienne, publié en 2014, porte pour sa part sur le rôle méconnu de banques, avocats et politiciens de carrière canadiens dans la création des paradis fiscaux caribéens, dans les années 1960 . Son étude traite dans les derniers chapitres de la façon dont le Canada s’est lui-même inspiré de ses créatures à la fin du XXe siècle, offshorisant des pans entiers de sa législation[22]. En 2017 enfin, il fait paraître, chez Écosociété toujours, mais en coédition avec la maison d’édition française Rue de l’Échiquier, le livre De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit, une étude sur le pouvoir souverain qu’ont acquis les entreprises multinationales au XXe siècle à partir du cas de la firme Total. Le livre s’intéresse également aux différents moyens que conçoivent de telles entités pour se jouer du droit à l’échelle internationale[23]; Dans l'État des pouvoirs 2020 (publication annuelle du groupe de réflexion Transnational Institute), il écrit un chapitre sur ces grandes entreprises devenues des « pouvoirs souverains privés » en se basant sur le cas de Total[24]
Ces titres ont souvent, chez Écosociété, leur version courte : Noir Canada se trouve résumé et synthétisé dans Paradis sous terre (avec William Sacher, coédité par Rue de l’Échiquier en 2012)[25], Paradis fiscaux : la filière canadienne trouve son pendant court dans Offshore (2010) et Une Escroquerie légalisée (2016) tandis que les thèses principales de De quoi Total est-elle la somme ? sont reprises dans Le Totalitarisme pervers (Écosociété/Rue de l’Échiquier, 2018)[26]. Un recueil de textes divers est aussi paru en 2011 et dans une réédition en 2018, sous le titre Faire l’économie de la haine[27].
Chez Lux Éditeur, durant la décennie 2010, Alain Deneault fait aussi paraître une série d’essais caustiques sur l’idéologie du management et l’état de la culture : « Gouvernance » : Le management totalitaire en 2013[28], suivi de La Médiocratie en 2015[29], Politiques de l’extrême centre en 2016[30], puis Bande de colons : Une mauvaise conscience de classe en 2020[31]. Ce dernier livre présente le Canada comme une colonie dont les classes sociales se présentent sous trois catégories : les colonisateurs que sont les grandes entreprises à chartes, les transnationales minières, pétrolières et céréalières ; les colons qui forment aujourd’hui les classes moyennes, et enfin les colonisés que forment les peuples autochtones[32].
Dans le cadre de son engagement au Collège international de philosophie de Paris comme directeur de programme, l’auteur a fait paraître aussi chez Lux les premières livraisons d’un « feuilleton théorique » sur la notion d’économie. Ce travail archéologique cherche, d’abord, à repérer les moments où le sème économie s’est trouvé investi dans des disciplines étrangères aux contemporaines « sciences économiques », par exemple en théologie, en rhétorique, en esthétique, dans les sciences de la nature, en biologie, en psychologie et en psychanalyse, en mathématique et en logique, ou encore dans les sciences sociales[33]. Cette mise en relation des différentes acceptions du mot économie, ni synonymique ni homonymique, consiste, d’une part, à reconnaître les différents usages du mot et, d’autre part, à voir la signification transversale qui les lie. Il en dégage une lecture conceptuelle visant à affranchir le terme économie des définitions exclusives qu’en donnent aujourd’hui, souvent de manière idéologique, les sciences économiques. Ensuite, ce travail cherche à comprendre les raisons du devenir hégémonique de la discipline des sciences dites économiques dans le traitement et le devenir du mot[34].
Deneault a aussi consacré plusieurs essais à des questions de société, tels La médiocratie (2015) et Bande de colons (2020). Il déplore notamment l'éparpillement de la gauche en une multitude de causes identitaires qui risquent de nous faire « perdre jusqu’au sens des causes sociales ». Dans Mœurs. De la gauche cannibale à la droite vandale (2022), l'auteur dit avoir « tenté de rendre justice à la complexité de certains problèmes qu’on avait tendance à beaucoup simplifier dans des considérations à la fois stridentes et aveuglément polémiques[35]. »
L'essai Noir Canada : Pillage, corruption et criminalité en Afrique, publié en 2008 par Alain Deneault en collaboration avec Delphine Abadie et William Sacher, fait état d’allégations troublantes à partir de très nombreuses sources publiques (rapports de l'ONU, dépositions faites auprès d'assemblées législatives, rapports d'ONG , livres, documentaires, etc.) portant sur des agissements de compagnies minières canadiennes à l’étranger[36]. Dès sa publication, l'ouvrage fait l'objet de poursuites en diffamation intentées par les deux sociétés minières impliquées, qui réclament 11 000 000 $CA d'indemnités[37].
Au bout de trois ans de procédure, les auteurs et les éditions Écosociété parviennent à un règlement à l'amiable avec la société minière Barrick Gold[38]. L’ouvrage est retiré de la circulation[39]. Dans la déclaration publique accompagnant le règlement à l'amiable, Barrick Gold déclare avoir présenté des documents « indiquant qu’elle n’avait pas été impliquée dans les conflits au Congo » bien qu'elle ait acquis une concession d'exploration de 82 000 km2 auprès des régimes de Joseph Mobutu puis de Laurent-Désiré Kabila[40]. Comme ils l'ont fait dans l'introduction du livre, l'auteur et les chercheurs de Noir Canada ont réitéré la nécessité d'en appeler à la création, au Canada, d’une commission indépendante enquêtant sur la présence controversée d’intérêts miniers canadiens à l’étranger.
L'affaire a toutefois secoué le public québécois et est à l'origine de la loi 9[41] (loi modifiant le code de procédure civile pour prévenir l'utilisation abusive des tribunaux et favoriser le respect de la liberté d'expression et la participation des citoyens au débat public)[42]. Elle a aussi inspiré le film documentaire Le Prix des mots[43] (2012), du réalisateur Julien Fréchette[44], qui montre l'impact de cette poursuite sur la vie personnelle des auteurs[45],[46].
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