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petit élément de revêtement, souvent en bois, pour les façades et les toits De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Un bardeau, un tavaillon, un tavillon, une ancelle ou une essente, un essi[1], selon les régions, est un petit élément de revêtement en bois permettant de protéger des intempéries les toitures et les façades. Cette planchette en forme de tuile est utilisée comme matériau de couverture et de bardage.
Une couverture de tavaillons sert à la fois d'isolant thermique traditionnel et de protection contre les intempéries. Il est répandu dans de très nombreuses régions du monde, en particulier en France dans le massif du Jura, les Vosges, les Alpes, les Pyrénées, la Creuse, mais aussi l'île de la Réunion et la Corse.
Les bardeaux sont faits de planchettes de bois (châtaignier, épicéa ou mélèze en général) refendues dans le fil.
En Normandie, les plaques de bois en forme d'ardoise sont appelées « essentes » ou aissantes[2] et un bardage de tuiles de bois, de planches, d'ardoises ou de tuiles est un « essentage » ou « aissantage ». L'origine du tavaillon semble remonter au XIIIe siècle (dictionnaires Le Robert) dans le Jura suisse.
Le confectionneur et poseur de bardeaux s'appelle le « bardelier »[3], et le poseur de tavaillons s'appelle le « tavaillonneur ».
La couverture des toits à l'aide de planchettes de bois remonte au Néolithique.
Au Moyen Âge, l'utilisation des tavaillons était très courante dans toute l'Europe et constituait, avec le chaume, l'essentiel des couvertures. Peu à peu avec l'apparition des moyens de transport en volume, ces toitures sont remplacées par des toitures en tuiles de terre cuite, en ardoises, voire en tôles, pour des raisons tant économiques que pratiques. À partir du XVIIe siècle, les tavaillons, plus courts, plus résistants, se répandent de plus en plus, au détriment des ancelles.
En zone de montagne (Jura et pays de Savoie), cette pratique a perduré. Une enquête patrimoniale et architecturale a montré que le tavaillon est solidement ancré dans l'histoire de l'architecture des pays de Savoie. Cette technique ancienne suscite un important regain d'intérêt depuis les années 1970.
Longtemps délaissés, ils reviennent à la mode, en partie grâce à la convergence de plusieurs facteurs : la recherche de l'« authentique », du traditionnel, naturel et du typique dans l'utilisation des matériaux, la préservation du patrimoine et leur adéquation avec les nouvelles valeurs du développement durable, de la protection de l'environnement et de l'écocitoyenneté.
Le tavaillon a pour lui des arguments importants, tels l'authenticité, l'esthétisme, la durabilité, le confort hygrométrique et acoustique, le respect de l'environnement et du patrimoine.
L'utilisation du tavaillon est dorénavant régie en France par un cahier des règles professionnelles tant au niveau de sa fabrication que de sa pose. Le centre technique du bois et de l'ameublement a aussi officialisé l'utilisation du tavaillon en épicéa pour la couverture des toits. Cette réglementation est nécessaire car il n'existe pas un savoir-faire unique et figé ; de plus, il était important de faire reconnaître cette technique par les assurances et les bureaux de contrôle.
Ce sont des éléments traditionnels de couverture du Jura et dans les Alpes[4]. En Pays de Savoie, plus de 120 000 m2 de toitures sont couvertes chaque année de tavaillons, en particulier dans les secteurs des Aravis, d'Abondance et du Massif du Mont-Blanc. La surface couverte a doublé en cinq ans et une enquête marketing a montré que 74 % des occupants de logements couverts de tavaillons n'auraient pas préféré un autre matériau[réf. nécessaire].
Quelques toits du Mont-Saint-Michel sont recouverts de tavaillons qui viennent des villages du Haut-Doubs.
Dans les Balkans, et notamment en Albanie, les toits en bardeau de bois sont très courants, à l'exception du versant adriatique où il laisse la place à la tuile romaine.
Le tavaillon et le tavillon diffèrent par leur technique de pose : le tavaillon est posé bord à bord, avec un recouvrement vertical, quand le tavillon est posé avec un double recouvrement, vertical et latéral, étant de ce fait plus adapté à des toits courbes[5].
Leurs dimensions et leurs formes sont variables suivant les régions :
Ils sont en principe cloués avec ou sans pré-perçage, mais quelquefois posés comme en Franche-Comté. Ils sont, dans ce cas, lestés avec de grosses pierres ou maintenus en place par des rondins. Dans les deux cas ils sont posés avec un recouvrement vertical et avec (ou sans) recouvrement latéral. On en compte généralement près de 100 unités au mètre carré mais jusqu'à 250 unités (recouvrement latéral). En Norvège, le tavaillon local, plus épais, en bois rouge de Furu (Spon), est fixé à l'aide de chevilles de bois.
À épaisseur égale, les toitures en bois sont dix fois plus isolantes que la tuile, vingt fois plus que l'ardoise, trente-cinq fois plus que la pierre ; en effet, de tous les matériaux de toiture, le bois est, de très loin, le meilleur isolant thermique. Or la méthode de pose des tavaillons par recouvrement (vertical, latéral ou les deux) crée des épaisseurs variant de 5 à 12 centimètres, ce qui accroît d'autant le différentiel thermique avec les autres matériaux bien plus fins.[réf. nécessaire]
Le bois choisi dépend de la région : l'épicéa ou mélèze dans les zones montagneuses, chêne ou châtaignier en plaine. Les bardeaux réunionnais sont réalisés à partir de Tamarin des Hauts, Bois de benjoin, Bois de fer, camphrier, filao, de natte.
Leur durée de vie est variable et fonction :
Le pire ennemi du tavaillon est l'humidité et les champignons lignivores. Pour accroître la durée de vie du toit, on peut retourner les tavaillons. Cependant, on considère que les toitures réalisées en chêne ou en châtaignier peuvent atteindre 100 ans, 80 ans pour le mélèze, 40 ans pour le pin et 25 ans pour l'épicéa ou le sapin.
Les tavaillons sont des tuiles de bois fendues avec des outils spécifiques. On trouve des tavaillons sciés qui résistent moins longtemps, la fibre du bois étant interrompue, l'eau y pénètre plus facilement. Les tavaillonneurs travaillent le bois vert.
Les outils traditionnels sont :
À l'origine, tous les bardeaux étaient fendus. Ils mesurent généralement de 25 à 35 cm de long et de 6 à 10 cm de large. Ils sont posés à la manière des lauzes, c'est-à-dire qu'il faut tester les bardeaux pour qu'ils ne boitent pas, qu'ils posent franchement sur les précédents. Ils sont fixés à l'aide de pointes ou d’agrafes.
Les bardeaux sciés mesurent de 40 cm à 60 cm (voire plus). Les largeurs vont de 10 cm à 18 cm en fonction des essences. Ils sont sciés en sifflet, c'est-à-dire que leur épaisseur est souvent de 5 mm au petit bout et de 15 mm à 20 mm au gros bout. Ils sont assez rapides à poser (cœur vers le bas) et sont plus étanches et isolants que les bardeaux fendus.[réf. nécessaire]
Il existe une polémique sur la différence de longévité entre ces deux types de bardeaux. Il est reconnu que le bardeau fendu en châtaignier aurait une durée de vie d'un siècle (comme l'ardoise). Nous avons moins de recul pour le bardeau scié. Certains avancent donc que le bardeau fendu favorise l'écoulement de l'eau et que, comme les fibres ne sont pas coupées, le bois absorberait moins l'humidité. Les autres affirment que les bardeaux fendus se creusent rapidement car l'eau circule toujours sur la partie tendre de la fibre (la pousse d'été des cernes annuelles). Dans tous les cas, on peut admettre que, dans des conditions de pose (avec lame d'air au-dessous), de pente et d'exposition correctes, les bardeaux de châtaignier durent au moins de soixante à quatre-vingts ans.[réf. nécessaire]
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