Suisse normande
région naturelle de Normandie De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La Suisse normande est une région naturelle de Normandie, à cheval sur le Calvados et l’Orne.
Suisse normande | |
Boucle de l'Orne. Vue de Saint-Omer. | |
Pays | France |
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Région française | Normandie |
Département français | Calvados Orne |
Villes principales | Athis-de-l'Orne, Clécy, Condé-sur-Noireau, Pont-d'Ouilly, Putanges-Pont-Écrepin et Thury-Harcourt |
Coordonnées | 48° 55′ nord, 0° 30′ ouest |
Géologie | Massif armoricain Précambrien Cambrien |
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Le nom de « Suisse normande » ou de « petite Suisse » a été donné à plusieurs régions de Normandie, au XIXe siècle, comme un peu partout en Europe à cette époque.
Le terme fait référence à la découverte des paysages des Alpes et de la Suisse par les naturalistes et les premiers « touristes », surtout à la fin du XVIIIe siècle, et à la diffusion des images de la Suisse qui s'ensuivit[1]. Suisse Tourisme a recensé, en 1992, 190 régions dans le monde qui portent le nom de « Suisse », et l'œuvre de l'artiste George Steinmann, Das Gleichgewicht der Dinge (l'équilibre des choses), s'en fait l'écho près du parlement suisse à Berne. Pour la France, c'est la « Petite Suisse du Nord », en Avesnois, qui y est représentée.
En Normandie, il semble que ce soit la région de Bagnoles-de-l'Orne qui ait eu la première ce qualificatif, et ce avant même 1821, car on peut lire à cette date, à propos du site de la station thermale :
Du haut des montagnes qui bordent ce vallon, la vue se prolonge sur des sites variés et pittoresques qui ont mérité à ce beau pays le surnom de Suisse normande.[2]
En 1828, Jean-Frédéric Galeron (1794-1838), historien de Falaise et membre de la Société des Antiquaires de Normandie alors récemment créée, parle d'une « petite Suisse », dans sa Statistique de l'arrondissement de Falaise pour désigner les hauteurs de Saint-Clair, Clécy et Athis et le secteur de Pont d'Ouilly :
« En arrivant de Falaise, au point où la route commence à descendre, au-dessous de l’église, on découvre tout à coup devant soi un vaste horizon de montagnes. Les hauteurs de Saint-Clair, celles de Clécy, celles d’Athis, se montrent dans l’éloignement, à quatre ou cinq lieux. Le sol est partout tourmenté et bizarre. (…) C’est une petite Suisse pour les habitants de Falaise qui n’ont jamais vu le soleil se coucher que derrière le rocher de Noron. Aussi les voit-on quelquefois se diriger vers les hauteurs du Pont-d’Ouilly, quand ils veulent admirer un peu en grand les effets de la nature[3]. »
Mireille Thiesse évoque Frédéric Galeron au sujet de son livre Voyage en Suisse normande médiévale dont elle reconnaît l'anachronisme du titre, car il n'y avait évidemment pas de « Suisse normande » au Moyen Âge[4].
Avec le développement du tourisme, le nom a été donné également aux environs de Dieppe (la vallée d'Arques)[5], aux coteaux entre Trouville et Cabourg[6], à la région de Mortain et de Vire[7], voire au Bocage de façon générale[8]. Dans son Voyage en France 2e série, d'abord publié en 1893 dans le journal Le Temps, Ardouin-Dumazet écrit qu'il s'agit de « la chaîne de hautes collines, profondément découpées, servant de ligne de faite, de Fougères à la forêt d'Ecouves » et, bien qu'il épingle « l'exagération locale » à propos de la comparaison avec la Suisse, il note que « l'ensemble est un fort joli pays, digne d'être mieux connu et d'attirer les touristes et les peintres »[9].
Plutôt réservé au départ à la haute société, et au domaine thermal et balnéaire, comme à Bagnoles-de-l'Orne[10], le terme « Suisse normande » a été popularisé notamment par les compagnies du chemin de fer qui rendent les sites accessibles à un plus grand nombre et l'utilisent à des fins promotionnelles. Une affiche des Chemins de fer de l'État, non datée, mais des années 1900, fait la promotion des « voyages à prix réduits » et montre, sous le titre « La Suisse normande », une vue de la vallée de l'Orne à Clécy. Dans ces mêmes années, ce sont les cartes postales qui commencent à fixer le nom, bien qu'on trouve aussi parfois celui de « petite Suisse » ou de « petite Suisse normande ». Et les hôteliers mettent eux-aussi à profit cette image flatteuse : dans les années 1900, Clécy possède un « hôtel de la petite Suisse » et un « hôtel des Alpes normandes »[11].
Dans l'immédiate après-guerre, Clécy a un maire ambitieux, Adolphe Martin, qui veut faire de sa commune une station de tourisme en s'appuyant sur la loi du 24 septembre 1919. Dès 1920 il s'engage dans ce sens, en réalisant notamment un réseau d'eau potable et d'évacuation des eaux usées, fait rare pour l'époque, et le Syndicat d'Initiative de la Suisse normande est créé le [12]. En 1932, Adolphe Martin, invite alors Gaston Gourdeau, sous-secrétaire d’État au tourisme, qui visite Thury-Harcourt, la Roche d'Oëtre, Falaise, et déclare solennellement Clécy capitale de la Suisse normande[13],[14]. En 1933, l'abbé Joseph Delacotte rédige un guide touristique intitulé « La Suisse normande » où il écrit[15] : « La Suisse Normande n'est pas une contrée renfermée dans des limites précises » et « il faut tout d'abord corriger cette opinion qu'ont beaucoup de gens que la Suisse normande est le pays compris dans toute la région de Mortain et des environs de Vire.» Et à partir de 1935, le dynamique syndicat d'initiative de la Suisse normande fait réaliser 74 panneaux indicateurs, à son entête, qui présentent aux touristes les sites à visiter[13]. Le nom de « Suisse normande » est cette fois bien ancré dans le territoire.
Pourtant, cette longue histoire du nom a été oubliée au fil du temps, et on peut lire par exemple, en 1975, dans l'introduction d'un mémoire d'étudiant [16] :
« Un ministre, dont on a oublié le nom, en visite à Clécy, donne à la région le surnom de « Suisse normande ». Cette appellation ambitieuse et démagogique ne rend pas compte de la réalité (…) celle de « Val d'Orne » aurait été beaucoup plus juste. Mais le surnom de « Suisse normande » crée une image de marque favorable à la promotion touristique de cette région. »
On comprendra, à la suite de ce qui précède, que la Suisse normande n’ait pas réellement de limites précises, encore aujourd’hui. En 2003, Pascale Jenvrin et Bertrand Morvilliers écrivaient[17] :
« Le pays que nous vous proposons de découvrir est encore en train de se définir. Ses limites sont volontairement un peu floues et peuvent se caractériser par opposition avec les pays alentour : ce n'est ni la plaine de Caen, ni le Pré-Bocage, ni les Bocages virois et ornais… c'est entre ces pays-là, au milieu. »
La carte, en vis-à-vis, présentait par conséquent un territoire au contour flou, autour des vallées de l'Orne et de ses affluents, entre Argentan, Falaise, Flers, Condé-sur-Noireau et Caen. Autrefois, avant qu'on ne parle de la Suisse normande, par exemple sur la carte d'Amédée Tardieu de 1827, cet espace était partagé entre le Cinglais, le Bocage et l'Houlme[18].
La Suisse normande se situe donc aux confins nord-est du massif armoricain. À l'ouest, elle est bordée par le Bocage virois, le Mortainais et le Domfrontais. À l'est et au nord, elle est bordée par des régions naturelles faisant partie de l'ensemble géologique sédimentaire du bassin parisien : la plaine de Caen, les campagnes de Falaise et d'Argentan.
En 1998, une Charte paysagère en Suisse normande est réalisée sur le territoire de 63 communes du Calvados et 43 communes de l'Orne, entre Falaise et Flers, sur 900 km2 et pour 41 000 habitants[19]. C'est sans doute la première fois qu'une délimitation institutionnelle de la Suisse Normande est effectuée. Notons qu'elle a le paysage pour objet. Elle sera reprise en 2017, pour une partie seulement, dans l'Atlas des paysages de l'Orne, qui définit une « unité paysagère » intitulée Suisse normande[20].
Sur le plan institutionnel, le territoire de la Suisse normande est aujourd'hui partagé entre :
Les principales villes sont Condé-sur-Noireau (4 681 habitants en 2016), Athis-de-l'Orne, Clécy, Pont-d'Ouilly, Putanges-Pont-Écrepin et Thury-Harcourt.
La Suisse normande est située au point de rencontre des deux grands ensembles géologiques : les roches anciennes et dures du massif armoricain et les roches récentes et tendres du bassin parisien.
Les rivières, l’Orne et ses affluents, se sont encaissées dans les roches tendres, laissant apparaître les roches dures qui forment les reliefs qui caractérisent la Suisse normande et sont à l'origine de son nom, en particulier les barres gréseuses, comme les rochers des Parcs à Clécy. Sur ces pentes fortes, la végétation a du mal à s'installer. C'est ce qui explique la présence des rochers dont certains sont devenus célèbres : la Roche d'Oëtre, le rocher du Lion, le rocher du Noireau… En faisant obstacle aux rivières, les roches dures sont également à l'origine des méandres qui, avec les rochers, forment la plupart des grands sites paysagers de la Suisse normande : boucle du Hom, Rouvrou, Clécy. Dans certaines parties, la rivière est enserrée dans de véritables gorges. C'est le cas de la Vère et de l'Orne, notamment à Thury-Harcourt[21].
Les zones de pente sont importantes, les sols peu épais et desséchants. Les plus fortes, autrefois pâturées par les moutons, ont été abandonnées par l'agriculture à partir de 1950 et se sont progressivement couvertes de boisements spontanés.
Sur les collines à la végétation dense, les champs pentus et de taille modeste sont très souvent bordés d’épaisses haies ou de murets, formant un bocage très varié. Le Mont Pinçon, qui culmine à 362 m d’altitude, est le point le plus élevé de la Suisse normande.
Le climat de la Suisse Normande est de type océanique avec été tempéré mais des hivers assez rigoureux.
Olivier Cantat, maître de conférence à l'université de Caen, a étudié les particularités et discontinuités climatiques de la Normandie, notamment sur les escarpements rocheux de la Suisse normande. Il a ainsi relevé un certain nombre d'espèces thermoxérophiles, réclamant des sols secs et peu profonds assortis d'un bon ensoleillement, tels le Genévrier, la Spargoute printanière (ou Spergule de Morison), voire des espèces méditerranéennes comme la catapode des graviers. On y observe aussi des populations de lézard vert[22].
Site Natura 2000 Trois secteurs remarquables des vallées de l'Orne, du Noireau et de la Rouvre, plus le tunnel des gouttes et une partie de la vallée de la Laize ont été réunis pour former un site Natura 2000 appelé Vallée de l'Orne et ses affluents. Son rôle est de sauvegarder les biotopes des cours d'eau ainsi que ceux des pentes et gorges les bordant[23]. La surface du site est de 2 115 hectares et couvre une partie des territoires des communes suivantes :
Le style architectural et les matériaux employés (églises, maisons et corps de ferme) sont sensiblement les mêmes que ceux des autres régions du massif armoricain, telle la Manche : murs en grès, granit roux d'Athis de l'Orne ou schiste brun, toiture en ardoise, schiste ou tuile pour les toits les plus anciens.
Le tourisme vert, ou écotourisme est une des activités principales de la Suisse normande.
Un circuit touristique de 65 kilomètres, reliant notamment Thury-Harcourt, Flers et Putanges-Pont-Écrepin et fléché par des panneaux indicateurs, permet de relier les principaux sites du territoire en voiture ou à moto[27].
La Suisse normande possède de nombreux sites touristiques :
Les paysages de la Suisse normande, son relief, son réseau très dense de petites routes, chemins et cours d'eau, ont permis le développement de nombreuses activités de plein air :
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