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mouvement paramilitaire préfasciste italien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
« Squadrisme » est le terme par lequel on désigne les forces paramilitaires luttant par la violence contre les mouvements sociaux suscités par les socialistes et les communistes après la Première Guerre mondiale en Italie. Nées avant le fascisme italien, elles en sont devenues une forme de bras armé. Ces mouvements paramilitaires furent dirigés par les chefs locaux (les ras, du nom des chefs éthiopiens) des Faisceaux italiens de combat.
Avant même la montée du mouvement fasciste, il existait des regroupements, plus ou moins spontanés, de militants qui, au travers de l'usage de la violence, réagissaient aux actions des mouvements de gauche. Ces mouvements étaient composés de squadre d'azione (littéralement : « escouades d'action ») d'où le nom de squadrismo, appelé aussi squadracce, qui constituaient le bras armé du mouvement fasciste, agissant en dehors de toute légalité.
Le premier squadrisme s'inscrit dans la tradition de formation d'une élite combattante qui était celle des faisceaux d'action révolutionnaire et fut un phénomène citadin. Mais apparut également un squadrisme agraire orienté vers la répression des grèves d'ouvriers agricoles. Les propriétaires recrutèrent d'anciens combattants inoccupés, lesquels ne tardèrent pas à rejoindre les faisceaux italiens de combat. Mais ces squadristes des petites agglomérations n'étaient pas tous contrôlés par le mouvement mussolinien et se tinrent parfois longtemps à l'écart de celui-ci. Décentralisé, le mouvement s'est rapidement étendu, sans que Mussolini ne le contrôle véritablement, à toute l'Italie, le « fascisme agraire » du nord atteignant les villes et le sud[1].
Le mouvement squadriste naquit au début de l'été 1920, timidement d'abord puis avec une intensité croissante au fur et à mesure que se développaient les effectifs des faisceaux italiens de combat et que se renforçait l'appui logistique et financier fourni à ces derniers par les possédants et les représentants de l'appareil d'État désireux de réprimer toute tentative de révolution communiste[2]. Il commença en Vénétie où la « lutte contre le bolchevisme » servit de prétexte à l'écrasement des socialistes et des minorités slaves. Il se poursuivit avec des affrontements armés contre le mouvement paysan des braccianti (les travailleurs sans terre), en 1920. Il prit ensuite sa pleine puissance avec les actions sanglantes menées dans les zones urbaines contre les socialistes et anarchistes, tenus pour responsables du climat d'agitation sociale du mouvement ouvrier qui a culminé lors du biennio rosso[3].
Indépendamment de la répression de ses opposants, le squadrisme contribua à la mise en place du régime fasciste à trois niveaux : indirectement par la création du parti fasciste et des syndicats fascistes, directement par la pression exercée sur Mussolini pour qu'il mette en place une dictature.
Les « expéditions punitives » contre les adversaires du parti fasciste sont régulièrement organisées[6] avec l'utilisation dans le « meilleur des cas » de la matraque et de l'huile de ricin qui avaient pour effet d'éliminer l'opposant pour quelques jours en plus de l'humiliation ainsi infligée, certaines expéditions furent des actes criminels destinés à éliminer physiquement l'opposant politique[7],[8]. Dans ce cas, lors de leurs expéditions, de l'essence pouvait être ajoutée à l'huile pour que l'humiliation soit mortelle.
Période | Forces de l'ordre | Socialistes | Fascistes | |||
---|---|---|---|---|---|---|
Morts | Blessés | Morts | Blessés | Morts | Blessés | |
1920 | 51 | 437 | 172 | 578 | 4 | 57 |
De janvier à | 21 | 53 | 48 | 149 | 35 | 146 |
Mussolini, pour calmer et contrôler la situation, a institué en janvier 1923 la (MVSN) la Milice volontaire de sécurité Nationale, un instrument pour canaliser les squadres d’actions et discipliner le phénomène du squadrismo[10]. Dans le même temps, il déclare que « quiconque touche à la milice recevra du plomb[11] » et en effet la violence continue de manière ciblée, comme en témoigne le fait que, «près de Ferrare, des squadristi d'Italo Balbo tuent don Giovanni Minzoni[12]. La dénonciation de l'usage de la force pendant les élections de 1924, prononcée par Giacomo Matteotti le à Montecitorio, marque l'incurable diversité politique, philosophique, morale et on dirait presque anthropologique de Matteotti et de Mussolini et condamne le premier comme l'obstacle irréductible à la conquête du second du pouvoir absolu[13].
La théorie classique du squadrisme, exprimée par le slogan « Des coups, des coups et encore des coups, des coups en quantité », peut à l’occasion devenir une très bonne théorie coloniale[14]. Même en Libye, à la fin, aux actions squadristes, visant en particulier les journaux d’opposition et la Chambre du Travail de Tripoli, succède la réorganisation du Parti dans le sens de sa « normalisation ». La concentration des pouvoirs implique plus rapidement qu’en métropole un tel processus[15].
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