Siège de Salins (1674)
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Le siège de Salins de 1674 est un conflit de la seconde conquête de la Franche-Comté que subit la cité de Salins dans le comté de Bourgogne (Franche-Comté), du 4 au [1]. Avant-dernier siège de l'histoire de la ville de Salins[2], il oppose les Français conduits par le duc de la Feuillade à la garnison comtoise commandée par le conseiller au parlement Charles Pelissonnier. Cette bataille est décisive dans le sens ou Salins représente la dernière réserve de soldats du comté de Bourgogne après la chute de Besançon.
Date | 4 au 21 juin 1674 |
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Lieu | (Empire espagnol) |
Issue | Victoire française décisive |
Royaume de France | Comté de Bourgogne Monarchie espagnole Saint-Empire |
François d'Aubusson de la Feuillade | Charles Pelissonnier Jérôme de Boutechoux-Chavannes |
8 000 fantassins 5 000 cavaliers |
2 500 hommes 280 hommes |
Entre 2 000 et 3 000 morts ou blessés | Entre 100 et 500 morts ou blessés |
Batailles
Coordonnées | 46° 56′ 22″ nord, 5° 52′ 38″ est |
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Le , 6 000 hommes entrent en Franche-Comté sous la conduite du duc de Navailles. Le Magistrat de Salins réclame des soldats et de l'argent au gouverneur du comté de Bourgogne, don Fransisco Gonzalès d'Alveida, qui fait expédier la garnison de Lons-le-Saunier. Le , le comte de Vaudémont arrive à Salins pour assurer sa défense, mais devant le péril imminent que courait Arbois, il s'y rend accompagné de la garnison et des bourgeois de Salins.
Après la victoire au siège d'Arbois, le comte veut libérer Poligny, ce qu'il réussit. De retour à Salins, il fait préparer la défense de celle-ci.
Côté français, après la victoire des Français à Dole, le roi Louis XIV rentre à Paris et laisse l'armée sous le commandement du duc de la Feuillade. Le reste de l'armée française peut maintenant s'en prendre à la ville de Salins, dernière place majeure du comté de Bourgogne.
Le commandement des troupes comtoises est multiple et complexe. Dans la ville même de Salins, il est double. Il y a d'une part :
Les forts entourant Salins, Saint-André, Belin, Saint-Martin et de Bracon, sont sous les ordres du mestre de camp Guillaume de Pontamougeard[3], ce commandement étant indépendant de celui de la ville.
On trouve enfin deux corps de troupes autonomes : un détachement de l'armée impériale commandé par le comte de Berg et une troupe de renfort venant de Mont-sous-Vaudrey, commandée par le célèbre capitaine Lacuzon.
Le , les Français se présentent aux portes de la ville vers les 8 heures du matin et s'emparent du couvent des Carmes, que le commandant de la garnison s'empresse d'incendier, ainsi que les faubourgs « Chantave » et « Galvot ». Les jours suivants se succèdent sans combats.
Le , les assiégeants, qui dressaient des tentes au pied du mont Ivory, sont délogés à coups de canon depuis le fort Guyon. Le lendemain, c'est une batterie installée dans les vignes de « Pré-Moreau » et une autre « Derrière-les-Peteaux » qui forcent les Français à reculer. Le , les Français récupèrent les troupes qui venaient de faire tomber Dole et établissent trois batteries composées chacune de trois canons portant des boulets de 25 livres, l'une sur la montagne Saint-André, l'autre contre le fort de « Champ-Reffond » et la troisième contre le fort de Bracon.
Le 12, les canons de Bracon et de « Saint-André » tirent sur les Français, qui ripostent pendant 36 heures. Ils arrivent ainsi à percer la muraille au niveau du fort de « Champ-Reffond », obligeant les troupes de Salins à se retrancher plus bas dans la ville, où ils sont assaillis par l'infanterie et la cavalerie. Une heure après, la redoute de « la Croix-Beschet » tombe. L'assaut est donné contre le fort Saint-André et dure jusqu'au lendemain à 4 heures du matin, sans succès. Le 16, les Français ne peuvent forcer la résistance de la redoute de « Montrond » et du fortin de l'ermitage Saint-Jean ; mécontents, ils se vengent en canonnant toute la journée la ville et ses forts. Le 17, les assiégés tentent une sortie et détruisent une partie du camp ennemi. Dans le même temps, plusieurs jeunes gens de la ville sous la conduite d'un capitaine assaillent, vers la porte « Oudin », quelques compagnies d'infanterie qui sont contraintes de fuir.
Le 18, les Français canonnent sans cesse la ville. La veille, 300 femmes et jeunes filles, qui portaient des vivres à la garnison du fort Saint-André, sont prises sous le feu des Français. Le 19, les canons français prennent pour cible le fort Saint-André et la redoute de « Montrond ».
Le 20, le fort étant en feu, Pontamougeard et le comte de Berg décident de l'abandonner à l'ennemi et d'envoyer la garnison à Salins. Perçu par les autres soldats comtois comme un signe de défaite, un mouvement de panique s'empare des garnisons des forts de Bracon, de Saint-Martin et de « la Rate », qui tombent tous entre les mains des assaillants. Forts de ce succès, les Français tentent d'entrer en ville, mais ils sont repoussés par les milices venues sur les remparts.
Devant le péril imminent, les magistrats, les notables et le conseiller du roi (d'Espagne) se réunissent à la maison de la ville et conviennent d'envoyer un tambour auprès du duc pour demander une trêve et proposer une capitulation. La trêve est accordée à la condition que la ville et la garnison envoient des otages. Le duc de Feuillade acceptait les termes de la capitulation si le dernier fort encore debout se rendait. Pendant les négociations, Lacuzon, n'acceptant pas la reddition, continue de faire tirer ses canons depuis la tour de Cicon, qu'il était chargé de défendre[4].
Après bien des tergiversations, du fait que le fort dont il s'agit était le fort Belin, sur lequel la ville n'avait aucune autorité car il ne dépendait que de Pontamougeard, le commandant Pourtier, son subalterne, quitte son fort non sans avoir fait jeter la poudre des munitions dans les citernes, vider les tonneaux de vin et distribuer la farine. L'ancienne ville libre qu'était Salins tombe le , et en 1678, le traité de Nimègue permet le retour de la Franche-Comté à la France, définitivement, cette fois-ci.
1° Que S. M. T. C. ne souffriroit aucune liberté de conscience dans la ville et ressort d'icelle, la religion de laquelle demeureroit dans la pureté ancienne.
2° Que tous les sieurs Ecclésiastiques demeureroient dans leurs dignités, bénéfices et revenus desquels ils étoient eu possession, en jouiroient dans toute la province, soit que leur revenu dépende tant du domaine des Sauneries qu'autres.
3° Que tous monastères et maisons religieuses demeureront sous la protection de S. M., avec interdiction sous grosses peines qu'il ne soit attouché à iceux monastères, ni aucuns biens y enfermés, non plus qu'à l'honneur des religieuses, ni d'aucune femme ou fille de la ville.
4° Que la ville de Salins et tous les particuliers d'icelle jouiront de tous les avantages, franchises, privilèges et immunités, sous la domination de S. M. T. C., desquels ils jouissoient ci-devant sous la domination de S. M. C., sans exception ni réserve.
5° Que tous les habitans de Salins et du ressort seront conservés dans tous leurs biens qu'ils possèdent et jouissent, tant dans la ville qu'ailleurs, et donnera S. M. sauve-garde à toutes personnes qui le demanderont, comme il sera trouvé convenir pour son service.
6° Que les sanctuaires, toutes les cloches et le métal de quelqu'espèce qu'il soit, demeureront à ceux à qui ils appartiennent, sans en pouvoir exiger aucune chose, à quelque prétexte que ce soit, dont néanmoins on accordera pour les cloches.
7° Quant aux armes des particuliers, quoique l'on eût demandé qu'ils en pourroient garder pour leur commodité et usage ordinaire, suivant leurs anciens privilèges, néanmoins le Duc de la Feuillade n'auroit accordé que l'épée et les pistolets aux gentils-hommes, avec le pouvoir de chasser sur leurs terres.
8° Et au regard de l'entretien et réparation des murailles de la ville, jaçoit l'on ait demandé que S. M. en demeureroit chargée ainsi que de toutes les fortifications qu'elle y voudroit faire, le Duc de la Feuillade auroit laissé cet article au choix du Roi.
9° Que toutes personnes qui se sont retirées hors de la province ou en quelque autre endroit du pays, pourront retourner dans ladite ville et ressort avec leur bagage en toute sûreté.
10° Que ceux qui par appréhension de la guerre ou autrement ont déposé quelques choses dans la ville, les pourront retirer en toute liberté et sûreté, sans en pouvoir payer aucune chose aussi bien que leurs personnes la part qu'ils trouveront convenir ; hors marchandises de contrebande.
11° Que la noblesse qui a droit d'entrer dans les états de la province sera conservée dans toutes ses prérogatives et privilèges comme du passé.
12° Que les revenus des Sauneries et puits à muire demeureront chargés du payement que l'on est obligé d'y faire a ceux qui ont vendu leurs quartiers ou portion d'iceux ou autres, comme aussi de toutes dettes, rentes, hypothèques, pensions, gages et autres charges quelconques sans exception ni réserve.
13° Que les Sauneries et puits à muire demeureront et seront conservées à l'avenir au même état qu'elles sont à présent.
14° Que tout sel et effets existant tant aux Saunerics et puits à muire qu'ailleurs appartenant aux intéressés à la ferme des Sauneries tant habitans dudit Salins qu'autres, leur demeureront propres, avec pouvoir de vendre dans la province ceux destinés pour icelle, et en distraire ceux destines pour les pays des Suisses et en recevoir le prix comme de choses à eux appartenant.
15° Que les mêmes octroys accordés aux habitans de Salins, tant pour réparation de ponts, pavés, entretien de fontaines et autres dont ils feront paroître, leur seront conservés aussi bien que l'ordinaire du sel tant pour ladite ville que ressort, suivant le prix ancien et conformément à la patente octroyée à la province par S. M. C.
16° Que toutes charges de justice tant du Bailliage que Sauneries et tous autres offices que S. M. C. a accordés sur lesdiles Sauneries et puits à muire et bailliages, soit en survivance ou autrement, demeureront à ceux qui en ont été pourvus avec les gages et revenus en dépendans.
17° En cas S. M. trouve à propos de mettra des commandans dans la ville et dans les forts, que les uns et les autres seront de religion catholique et payés par S. M. et de ses deniers à la décharge entière de la ville.
18° Ne pourront être distraits les habitans de ladite ville hors de la province pour plaider soit en matière bénéficiaire ou civile, conformément aux souveraines ordonnances.
19° Sera permis aux habitans de ladite ville de Salins qui ne voudront demeurer, de se retirer de la province pour aller où bon leur semblera avec leurs familles et biens en toute liberté et assurance.
20° La garnison que S. M. mettra dans la ville et dans les forts ne sera nullement à la charge des habitans, mais à la seule charge du Roi.
21° S.M. continuera à la ville l'avantage d'avoir à perpétuité un professeur de philosophie en son collège,
22° Que tous prisonniers de l'un et l'autre des partis qui se trouveront avoir été arrêtés depuis la dernière guerre, seront respectivement renvoyés sans rançon.
23° Que M. le Conseiller Pelissonier qui est ici commis pour les affaires de S. M. C, pourra retourner aux Pays-Bas avec sa femme, sa famille, meubles et bagages, dans six mois, par telle route qu'il trouvera à propos. Auquel effet ils lui seront donnés en cas de besoin tous passe ports nécessaires, pendant lequel tems de six autres mois après il lui sera permis de vendre et retirer tous les biens et effets qu'il peut encore avoir en cette province.
Signé Le Duc. De La Feuillade, le .
Le lendemain, 500 Français entrent et défilent dans Salins, qui devient définitivement française. Le siège de Salins sera le plus coûteux en vies humaines pour la France ; entre 2 000 et plus de 3 000 morts, selon certaines sources. Il est, de même, le plus important et le plus symbolique siège de la campagne, puisqu'il s'agit de la dernière grande ville comtoise à tomber. C'était aussi la dernière réserve de soldats du comté de Bourgogne. Avec la prise de Salins, sans intervention extérieure de l'Espagne ou du Saint-Empire, il n y a plus de possibilité de contre-attaque, voire de résistance : le destin de la province est scellée.
À partir de ce moment, restent les secteurs de Saint-Claude et Luxeuil, qui tomberont dans les semaines suivantes. Le dernier coup de mousquet de la campagne comtoise de la guerre de Hollande sera donné au château de Sainte-Anne, qui se rendra le .
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