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Les samedis communistes, ou soubbotniki (singulier : soubbotnik) sont les samedis (en russe : суббота, soubbota) durant lesquels les volontaires travaillent bénévolement.
Ils sont instaurés et encouragés par le pouvoir soviétique dans les premiers temps de la Russie soviétique (1919) et dans le cadre du « communisme de guerre ». Ses pays satellites reprennent également cette tradition. De nos jours, les Subbotniki rassemblent des volontaires lors de journées de travail communautaire dans les espaces publics.
Les soubbotniki ou samedis communistes sont nés en 1919 ; Lénine en parle dans sa brochure La Grande Initiative du , où il appelle les subbotniki « les réels débuts du communisme »[1]. Ils s'inscrivent à l'origine dans les efforts du communisme de guerre[2].
L'idée vient à Lénine quand le 12 avril 1919, les ouvriers du dépôt de chemins de fer Moscou-Sortirovotchnaïa sur la ligne Moscou-Kazan réparent, sans se faire payer et en dehors de leurs heures de travail, les trois locomotives d'un convoi militaire nécessaire sur le front de l'Est[3],[1].
Le premier samedi communiste panrusse eut lieu le . Des actions symboliques du « travail libéré et joyeux » se déroulent sur la place du Palais d’Hiver (où l'enceinte est détruite) et sur le Champ de Mars (où l'on plante des arbustes) à Petrograd[4]. Lénine participa lui-même aux travaux de déblaiement d'un chantier au Kremlin de Moscou, scène immortalisée par un célèbre tableau de Vladimir Krikhatsky, qui montre le dirigeant soviétique en train de porter une lourde poutre de bois, inspiré de la photographie ci-contre. À la suite de cela, la pratique est institutionnalisée en Union soviétique et elle se poursuit actuellement régulièrement en Biélorussie[1].
Les travailleurs communistes ou sympathisants travaillent gratuitement ces jours-là, au-dehors des heures rémunérées (car le samedi était une journée travaillée) ou en offrant le salaire de ce jour, afin d'aider à l'« exaltante édification du socialisme ».
Les travaux effectués sont de divers ordres : nettoyage des rues, de l’espace urbain et du lieu de travail (ramassage des ordures dans les parcs publics, repeinte des bancs et des clôtures, recouvrement des arbres de chaux, nettoyage des monuments…) ou main-d'œuvre supplémentaire dans les kolkhozes et sovkhozes[1].
Cette manifestation au départ spontanée s'est petit à petit transformée en une corvée obligatoire imposée par le régime dictatorial[5].
À l'apogée du pouvoir soviétique, le soubbotnik annuel obligatoire est institué et appelé « soubbotnik de Lénine » (Leninskii soubbotnik). Il devait se tenir le 22 avril, date que Khrouchtchev avait entre-temps fait fête nationale en l'honneur de Lénine[6]. Le 12 avril 1969, pour célébrer le 50e anniversaire du premier soubbotnik, l'Union soviétique relance le concept et des millions de citoyens se portent volontaires pour un travail supplémentaire au moins jusqu'en 1971[7].
La participation aux soubbotniki a été massive : selon la sociologue Christel Lane, en 1975, environ 140 millions de personnes y auraient pris part – sur une population totale de 240 millions d’habitants, et encore en 1981, 119 millions de personnes[1].
La Grande Encyclopédie soviétique indique que « la fréquence des soubbotniki communistes n’a jamais été stable. Parfois, on organisait des subbotniki toutes les fins de semaines, tandis que l’année suivante, il n’y en avait que quelques-uns »[8]
Certains pays communistes adoptèrent l'habitude des soubbotniki, telle que la R.D.A., et soumirent également la population à des pressions pour sa participation « observée et enregistrée ». En Tchécoslovaquie, le nom donné à ces journées d'actions collectives non-rémunérées était (en) Action Z, qui ont organisé des travaux à grande échelle et permis à l'Etat l'économie de milliards de couronnes[9],[10].
Dans la même veine, il y eut aussi les dimanches communistes, les voskresniki (du russe voskresenye qui signifie dimanche)[1].
Ces dernières années en Biélorussie post soviétique, « les soubbotniki républicains ⟨ont été⟩ consacrés à l’édification de la bibliothèque nationale en 2003 ; à la restauration du mémorial de Khatyn en 2004 ; à celle des monuments commémorant les sacrifices des Soviétiques lors de la Grande Guerre patriotique en 2005 ; à la construction du complexe sportif et culturel Minsk-Arena en 2006 et 2008 ; à la rénovation de l’hôpital des enfants Zoubrenok, des bâtiments des écoles et à la construction d’orphelinats en 2007. Lors de ces soubbotniki nationaux, plusieurs millions de personnes sont mobilisées »[1].
De nos jours en Russie, il existe encore des missions Soubbotnik dans certaines villes, mais cela se produit sans pression, véritablement sur une base volontaire et tourne souvent autour de la collecte des ordures et des matières recyclables, le nettoyage des espaces publics ou la fixation d'équipements publics[11],[12]. L'inscrivant dans une démarche contemporaine, le soubbotnik devient un « flashmob » deux samedis de chaque saison[13].
En Biélorussie postsoviétique, il est désigné « par soubbotnik tout travail « volontaire » requis sur les lieux de travail ou d’habitation, même s’il n’est pas effectué le samedi »[1].
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