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genre littéraire De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le roman picaresque (de l'espagnol pícaro, « misérable », « futé ») est un genre littéraire né en Espagne au XVIe siècle et qui a connu sa plus florissante époque dans ce pays.
Un roman picaresque se compose d'un récit sur le mode autobiographique de l’histoire de héros miséreux, généralement des jeunes gens vivant en marge de la société et à ses dépens. Au cours d’aventures souvent extravagantes supposées plus pittoresques et surtout plus variées que celles des honnêtes gens, qui sont autant de prétextes à présenter des tableaux de la vie vulgaire et des scènes de mœurs, le héros entre en contact avec toutes les couches de la société.
Le roman picaresque se rattache directement à des modèles beaucoup plus anciens. Dans l’Antiquité gréco-romaine, le roman avait déjà les mêmes caractères. L’Âne d’or d’Apulée, qui en est l’exemple le plus célèbre, est fait lui aussi d’une extrême variété d’épisodes, souvent reliés entre eux par des liens légers ou arbitraires. Le personnage principal traverse une série d’aventures, qu’aucune existence humaine n’aurait pu connaître dans la réalité ; et il s’y ajoute encore plus d’un récit gratuitement introduit par un personnage épisodique. L’œuvre d’Apulée continuait, elle-même, la tradition des « fables milésiennes », fables qu’elle se contentait parfois de recoudre entre elles, de même que les grands poèmes homériques semblent bien avoir recousu entre eux des chants épiques de l’âge antérieur. Ces œuvres trouvaient leur raison d’être profonde et durable dans un effort de l’art littéraire pour s’égaler à la diversité de la vie, diversité qu’aucun des autres genres n’était à même d’embrasser.
Le roman picaresque est généralement porté par une vision critique des mœurs de l’époque. Mais les éléments sociaux ou moraux sont bientôt doublés par l’élément esthétique du roman picaresque, dont la structure très libre permet à l’auteur d’introduire à chaque instant de nouveaux épisodes, sans les faire sortir de ce qui précède. Ce manque de logique et de nécessité interne dans le développement finit par distinguer le roman picaresque.
À la différence des autres genres littéraires comme la tragédie, la comédie, le discours ou l’histoire, qui s’astreignaient tous à des lois précises de développement, de construction, et parfois même n’hésitaient pas à faire violence à la réalité pour la soumettre à l’harmonie de l’art, le roman fonctionnait sans règles. Toute peinture de la société, pour être un peu vaste et foisonnante, devait échapper aux règles habituelles, et trop étroites, de la composition afin de pouvoir représenter l’infinie diversité de la vie et du monde social. Le roman picaresque a su contourner l’écueil qui menaçait le roman psychologique dont les personnages peu nombreux, l’action simple et rectiligne, le milieu uniforme ou à peine caractérisé, les réalités quotidiennes estompées, sinon pudiquement oubliées, risquaient de l’appauvrir en en faisant un double, ou un substitut, de la tragédie.[réf. nécessaire]
Six caractéristiques constitutives distinguent le roman picaresque :[réf. nécessaire]
Le picaresque s’est également exporté en France avec, par exemple, le dialogue philosophique entre Jacques le Fataliste et son maître de Denis Diderot, ou l’Histoire de Gil Blas de Santillane de Lesage. Ce genre littéraire a eu une postérité, il en subsiste des traces jusque dans le Bildungsroman allemand comme le Wilhelm Meister de Goethe.
On peut aussi voir l'influence de sa philosophie dans de nombreux westerns, où un homme du peuple, souvent un petit malfrat au grand cœur, se dresse contre l'autorité établie pour redresser des torts[réf. nécessaire]. En 2000, le roman Allah n'est pas obligé de l'écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma a pu être décrit comme présentant un style picaresque[1].
Kvachi Kvachantiradze est un roman écrit par Mikheil Javakhishvili en 1924. C'est, en bref, l'histoire d'un escroc, le Géorgien Felix Krull, ou peut-être un Don Quichotte cynique, nommé Kvachi Kvachantiradze : coureur de jupons, tricheur, auteur de fraude à l'assurance, braqueur de banque, associé de Raspoutine, cinéaste, révolutionnaire et proxénète.
Les douze chaises (1928) et sa suite, Le petit veau d'or (1931), d'Ilya Ilf et Yevgeni Petrov (connus ensemble sous le nom d'Ilf et Petrov) sont devenus des classiques de la satire russe du XXe siècle et la base de nombreuses adaptations cinématographiques.
La Famille de Pascal Duarte (1942) de Camilo José Cela[2], Homme invisible, pour qui chantes-tu ? (1952) de Ralph Ellison et The Adventures of Augie March de Saul Bellow (1953) faisaient également partie de la littérature picaresque du milieu du XXe siècle[3]. Shining with the Shiner (1944) de John A. Lee raconte des histoires amusantes sur le héros folklorique néo-zélandais Ned Slattery (1840–1927) survivant grâce à son intelligence et battant «l'éthique du travail protestant». Il en va de même pour Les Confessions de Félix Krull (1954) de Thomas Mann, qui, comme de nombreux romans, mettent l'accent sur le thème d'une ascension charmante et espiègle dans l'ordre social. Under the Net (1954) d'Iris Murdoch[4], Le Tambour (1959) de Günter Grass est un roman picaresque allemand. The Sot-Weed Factor (1960) de John Barth est un roman picaresque qui parodie le roman historique et utilise l'humour noir en utilisant intentionnellement de manière incorrecte des dispositifs littéraires[5].
D'autres exemples des années 1960 et 1970 incluent L'Oiseau bariolé (1965) de Jerzy Kosinski, Les Aventures singulières du soldat Ivan Tchonkine (1969) de Vladimir Voinovich et Le lièvre de Vatanen (1975) d'Arto Paasilinna.
Les exemples des années 1980 incluent le roman de John Kennedy Toole, La conjuration des imbéciles, qui a été publié en 1980, onze ans après le suicide de l'auteur, et a remporté le prix Pulitzer de fiction en 1981. Il suit les aventures d'Ignatius J. Reilly, un slob bien éduqué mais paresseux et obèse, alors qu'il tente de trouver un emploi stable à La Nouvelle-Orléans et rencontre de nombreux personnages colorés en cours de route.
Les exemples ultérieurs incluent Baudolino d'Umberto Eco (2000), et The White Tiger d'Aravind Adiga (Prix Booker 2008)[6].
William S. Burroughs était un fan dévoué des romans picaresques et a donné une série de conférences sur le sujet en 1979 à l'Université Naropa du Colorado. Il dit qu'il est impossible de séparer l'anti-héros du roman picaresque, que la plupart d'entre eux sont drôles et qu'ils ont tous des protagonistes étrangers par nature. Sa liste de romans picaresques comprend le roman de Pétrone, le Satyricon (54-68 apr. J.-C.), The Unfortunate Traveler (1594) de Thomas Nashe, Maiden Voyage (1943) et A Voice Through a Cloud (1950) de Denton Welch, Two Serious Ladies (1943) de Jane Bowles, Mort à crédit (1936) de Louis-Ferdinand Céline, et même lui-même[7].
Dans la narration latino-américaine contemporaine, on trouve Hijo de ladrón (1951) de Manuel Rojas, El roto (1968) de Joaquín Edwards, Hasta no verte Jesús mío (1969) d'Elena Poniatowska, Las aventuras, desventuras y sueños de Adonis García, el vampiro de la colonia Roma (1978) de Luis Zapata et Un hijo de perra (2017) de José Baroja, entre autres[8].
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