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historien français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Roland Émile Mousnier, né le à Paris et mort le à Draveil[1], est un historien français, spécialiste du XVIIe siècle en France et des études comparatives entre les civilisations, et un intellectuel de la droite catholique.
Président Comité français des sciences historiques | |
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Professeur des universités |
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Université de Paris Université de Strasbourg (d) |
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histoire sociale de la France moderne (approche prosopographique) et théorie de la société d'ordres. |
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Roland Mousnier est élève aux lycées parisiens Janson-de-Sailly et Condorcet (classes préparatoires)[2].
Il suit des cours à la Sorbonne, à l'École pratique des hautes études et est reçu à l'agrégation d'histoire et géographie en 1931[3].
Entre 1932 et 1947, il est professeur dans l'enseignement secondaire : lycée Corneille à Rouen (1932-1937), lycée Janson-de-Sailly[4] (1937-1940) puis Saint-Louis[5] (1940-1947) à Paris[6]. En 1934, il épouse à Rouen Jeanne Lecacheur (1891-1973).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint la Résistance : selon l'historienne américaine, Sharon Kettering, Roland Mousnier est arrêté par la Gestapo à Rouen et échappe de peu à la déportation en Allemagne[6].
Sa thèse sur La vénalité des offices soutenue en 1945[7], il devient d'abord maître de conférences puis professeur à l'Université de Strasbourg (1947-1955) puis à la Sorbonne (1955-1977). Très intéressé par l'histoire sociale, il va aux États-Unis apprendre la sociologie et l'anthropologie.
Roland Mousnier n’appartient ni à l’École des Annales, ni au courant marxiste. Il exerce un magistère très important à la Sorbonne où il incarne une histoire sociale différente de celle préconisée par l’École des Annales, ce qui n'exclut pas des convergences car Mousnier pratique comme Lucien Febvre une histoire-problème : son étude des institutions est liée à celle de la société[8] et s'attache à la formulation d'une théorie de la société « d'ordres ».
Pour des historiens rétifs au primat de l'économie et de la géographie historique qu'incarnaient alors les travaux de Fernand Braudel, l'œuvre de Mousnier présente l'intérêt d'être à la fois novatrice par son approche prosopographique de la société et attachée à rendre compte des aspects politiques et institutionnels du passé.
Roland Mousnier entretient ainsi une polémique célèbre avec l'historien soviétique et marxiste Boris Porchnev pour savoir si les révoltes paysannes du XVIIe siècle en France reflétaient ou non une lutte des classes, car il nie que l'idée de classe ait été claire en France à cette époque et il assure que les insurgés n'ont jamais affiché la moindre idéologie révolutionnaire. À son avis, les classes sociales ne se sont pas manifestées dans la société française comme un facteur important avant le XVIIIe siècle et l'arrivée d'une économie plus orientée vers le marché.
Il est élu en à l'Académie des sciences morales et politiques, dans la section d'histoire et géographie, en remplacement d'Adrien Dansette[9].
Il est secrétaire général du syndicat autonome des professeurs de facultés des lettres à la fin des années 1950[10].
En , il se prononce avec 163 autres universitaires, au nom de la construction de l'Europe, pour la ratification du traité instituant la Communauté européenne de défense[11].
Dans le contexte de la guerre d'Algérie, au nom d'une certaine idée de Dieu, il prend parti pour l'Algérie française et pour l'armée[12]. Il cosigne en 1956 un appel de professeurs de lettres de la Sorbonne affirmant leur « adhésion réfléchie à l'effort militaire qui est demandé au pays » par le gouvernement, disant leur conviction à la fois de « la nécessité de profondes réformes économiques, sociales et politiques » en Algérie et des « bienfaits de l'œuvre entreprise depuis 125 ans », et dénonçant la « disposition d'esprit qui, réservant sans critique toute sévérité à la France, dispense parfois aux crimes des fellaga une indulgence inadmissible »[13]. Quatre ans plus tard, il cosigne le Manifeste des intellectuels français pour la résistance à l'abandon. Et déclare :
« La France est en guerre. Des départements français, ceux qui composent l'Algérie, sont attaqués par des factieux, instruments de l'étranger, spécialement des marxistes-léninistes, et qui pratiquent toutes les méthodes de la guerre subversive, la calomnie, le dénigrement, la démoralisation, le massacre, les supplices, la terreur. Le devoir de tout Français est le combat, sur tous les terrains, pour la victoire de la France et l'intégrité de son territoire. L'appel à l'insoumission et à la désertion est un acte de trahison, qui doit être châtié comme tel. Vive l'Algérie française[14]. »
Dans son livre L'Affaire Audin, Pierre Vidal-Naquet rapporte que Mousnier aurait dit au sujet du militant communiste Maurice Audin, assassiné à Alger par les parachutistes français, "je ne reproche qu'une chose aux paras, c'est d'avoir laissé échapper Maurice Audin, et s'ils ne l'ont pas laissé échapper, tant mieux !"[15]
En 1967, dans le contexte des débats issus du IIe concile œcuménique du Vatican, il signe une pétition de laïcs catholiques, initiée par la revue Itinéraires de Jean Madiran et adressée à l'épiscopat, demandant le rétablissement de l'expression « consubstantiel au père » dans le Credo en français (remplacée par l'expression « de même nature »), aux côtés notamment d'autres intellectuels comme Louis Salleron, Henri Massis, François Mauriac, Stanislas Fumet ou Gustave Thibon[16]. En 1969, en réaction à mai 1968, il accepte d'enseigner à la Faculté libre internationale pluridisciplinaire (FACLIP) de François Natter. Il collabore à la revue maurrassienne Anthinéa, fondée en 1971[17].
Le , avec trente-quatre autres historiens, Roland Mousnier est signataire d'un texte rédigé à l'initiative de Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet : « Les camps nazis et les chambres à gaz. La politique hitlérienne d’extermination : une déclaration d’historiens ». Ce texte dit notamment : « Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu’il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz »[18].
En , il signe un appel d'universitaires en faveur de la réforme du Code de la nationalité, lancé par Maurice Boudot, Michel Crouzet, Claude Polin, Claude Rousseau et Jacques Robichez[19].
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