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maison d'édition française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les éditions Maugard sont une maison d'édition implantée à Rouen, active des années 1930 aux années 1970. Son existence date de 1911 (imprimerie). La raison sociale actuelle de cette maison porte la dénomination : Les Affiches de Normandie.
Éditions Maugard | |
Repères historiques | |
---|---|
Création | 1911 |
Fondée par | Henriette Maugard |
Fiche d’identité | |
Siège social | Rouen (France) |
Langues de publication | français |
Site web | www.affichesdenormandie.fr |
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Ses tendances éditoriales contribuent à mettre en valeur le patrimoine régional et régionaliste de la Normandie.
Elle est née le 16 août 1884 à Épreville-en-Lieuvin dans l'Eure[1], d'un père cultivateur au hameau du Pasche à Épreville, âgé de vingt-quatre ans et marié avec Alphonsine Augustine Régnier depuis le 8 novembre 1883, à Saint-Étienne-l'Allier (Eure).
Le 10 novembre 1903, Henriette épouse Abel Émile Constant Maugard à Lieurey dans l'Eure. Ce dernier est né le dans cette commune de Lieurey. Il est principal clerc de notaire, et demeure alors à Brionne, même département.
Les deux époux créent ensemble l'entreprise d'imprimerie et d'édition à Rouen. Mais la guerre emporte le lieutenant Abel Maugard, du 41e régiment d'Infanterie territoriale, le 14 avril 1917, à la suite d'une tuberculose subaiguë[2]. Veuve, Henriette Maugard reprend seule les rênes de l'entreprise. Femme de caractère, aux dires de ses proches, elle dirige la maison d'édition rouennaise avec M. Barus, son directeur[3].
Henriette Maugard est morte le 13 mars 1966, à Rouen.
À partir de septembre 1966, l'entreprise est gérée par M. et Mme A. Gilbert, jusqu'en mai 1994. La périodicité du journal est hebdomadaire à compter du [4].
La maison est d'abord fondée comme l'imprimerie des Affiches de Normandie dont le siège est situé rue aux Juifs, puis aux 86-94 boulevard des Belges à partir de 1920. Elle publie notamment le bulletin d’annonces légales Les Affiches de Normandie, qui n'a pas cessé depuis. Journal consacré à la publicité légale de la Seine-Inférieure (ancien nom de la Seine-Maritime) et comportant une part consacrée à la vie littéraire et culturelle, son rythme de parution est bi-hebdomadaire, le mardi et le vendredi[5].
L'entreprise déploie donc deux volets : la parution d'un journal habilité pour la publicité légale, et l'édition de livres. Selon le peintre Jacques Lebourgeois (1926-2012), également chroniqueur du journal : « Mme Maugard se vouait corps et âme à son entreprise. C'était sa raison d'être. Je la revois encore derrière sa banque, comme une simple hôtesse d'accueil »[3].
Les activités d'éditions régulières ont existé de 1931 jusqu'à la fin des années 1970. La première publication semble avoir été l'album consacré au Ve Centenaire de Jeanne d'Arc pour lequel Edmond Spalikowski réunit une petite équipe dont certains membres sont toujours restés fidèles à l'éditeur.
Spalikowski, né en 1874, est médecin et écrivain, esthète et critique d'art. Homme de réseaux, fondateur des Archives provinciales des sciences, membre de la Commission départementale des antiquités de la Seine-Inférieure, membre de l'Association des Écrivains normands, reçu à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen en 1936[6], il met ses relations à la disposition d'Henriette Maugard tout en bénéficiant de la caisse de résonance d'une maison d'édition.
Celle-ci se trouve donc au cœur d'un réseau de sociabilité savante à encrage local et au rayonnement régional, principalement la Basse-Normandie.
Sa notoriété est établie : en 1940, Le Lexovien, journal de Lisieux, écrit par exemple : « On se souvient certainement du succès obtenu par le recueil de contes normands de Jean Gaument et Camille Cé, publié sous ce titre, il y a quelques années déjà. La première édition, depuis longtemps épuisée, a suggéré à l'éditeur rouennais bien connu, Maugard, d'en donner une nouvelle édition luxueusement présentée »[7].
De 1931 à 1939, les éditions Maugard publient au moins vingt-six titres. Sous l'Occupation, six livres. De 1945 à 1959, vingt-trois titres[8]. Quelques-uns encore dans les années 1960-1970.
Maugard est l'éditeur de nombreux ouvrages sur la Normandie et sur l'histoire de Rouen. Ses éditions originales, toujours de grande qualité, attachent une importance particulière au graphisme de la couverture et aux illustrations intérieures. Elles sont recherchées et appartiennent souvent au domaine de la bibliophilie.
Les thèmes privilégiés puisent dans le patrimoine littéraire, historique, urbain et architectural de la Normandie, mais Henriette Maugard publie aussi la thèse de l'historien Roland Mousnier ou les écrits de Paul Leroy dont le propos est plus général.
Le filon régionaliste, matrice de prédilection de l'éditeur, comble un lectorat attaché à la tradition et nostalgique des mœurs qui disparaissent avec le temps et avec les évolutions mentales, urbaines et sociales.
Ainsi, dans Le Lexovien (Lisieux), on trouve ce genre d'éloges à propos de l'ouvrage de Jean Gaument et de Camille Cé (1936) : « Les chandelles éteintes, ce sont de vieux souvenirs dont la lueur passagère illumina un instant de pauvres existences et que deux auteurs, fins et subtiles observateurs, ont replacées dans leurs véritables cadres normands. Tout ce qui se rapporte à la vie provinciale, à cette existence ignorée des petits, prend tout de suite une importance, lorsque des écrivains comme Jean Gaument et Camille Cé prennent la peine de la raconter »[7].
Mais il suscite aussi des critiques acerbes, par exemple à propos du livre d'Edmond Spalinowski, l'un des premiers édités par Maugard : La Normandie rurale et ignorée (1932).
Dans le Mercure de France du 1er mai 1935, le chroniqueur de la rubrique « Folklore », le très sérieux Arnold van Gennep, éreinte sévèrement Spalinowski :
« Admettons que ce soit de la vulgarisation ingénue. De quelle Normandie s'agit-il ? De chacune et de toutes. On a là un bel exemple de ce blocage contre lequel il faut lutter sans cesse et qui rend inutile la consultation des trois quarts des publications folkloriques du dernier siècle et du début de celui-ci. L'auteur évoque ainsi par juxtaposition de matériaux pris de droite et de gauche : le village ; la maison ; la vie rurale ignorée ; les figures et les choses qui s'effacent, les coutumes ancestrales ; ce qui subsiste et ce qui meurt. Il donne aussi quelques chansons, qui ne sont pas normandes caractérisées, telles La Renveillée, le Retour de Noces, La fille au pied de la Tour, etc., sans même en donner les titres. Aucun index : illustrations documentaires passables. Pourtant, peu de provinces autant que la Normandie, si variée et encore si riche (en un mois à Bagnoles j'ai recueilli la matière d'un volume), donneraient lieu à des travaux originaux et sérieux[9]. »
C'est encore à la maison Maugard que l'on s'adresse pour la réalisation de publications locales savantes. La Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure, dans les années 1930, lui confie l'impression de son « bulletin annuel » tiré à 300 exemplaires[10].
Cette maison est la première éditrice de Jean de La Varende (1887-1959), avec la publication de Pays d’Ouche en 1934, dont le manuscrit avait été refusé par les éditeurs parisiens. La publication de ses nouvelles par l'éditeur rouennais lui assure une notoriété certaine.
Henriette Maugard publie également son roman Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, en 1936. L'ouvrage est donné comme prix Goncourt par les rumeurs et les pronostics, mais c'est le Belge Charles Plisnier qui est couronné avec Faux passeports (éditions Corrêa). Le livre est, cependant, réédité chez Plon l'année 1937.
Le passage de La Varende chez l'éditeur parisien laisse Henriette Maugard quelque peu désabusée. Elle confie ce témoignage acide, en 1952 dans le recueil de Pierre Dolley, L’œuvre de La Varende devant l’opinion[11] : « Car avant de s’adresser à une maison d’édition de province, La Varende, avait bien entendu, fait le tour de tous les éditeurs parisiens... Or donc le vicomte[12] s’en revint en ses terres de Chamblac avec ses petits bateaux et ses manuscrits sur les bras ».
Une recension des titres de la maison Maugard fournit un total de soixante ouvrages, dont l'essentiel est publié en une trentaine d'années. Un auteur accapare 15 % des titres : Edmond Spalikowski, l'un des moteurs de l'influence intellectuelle de l'éditeur rouennais.
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