Le Refuge est l'ensemble des pays qui ont accueilli les réformés français qui ont fui la France à la suite des persécutions. Myriam Yardeni considère, dans son ouvrage Le Refuge protestant, paru aux PUF en 1985, que cette émigration fut continue entre 1560 et 1760.

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La croix huguenote.

Les causes

Lorsque le roi Louis XIV décide de révoquer l’édit de Nantes accordant la liberté de culte aux Huguenots, l’article 10 de l’édit de Fontainebleau, promulgué en octobre 1685, précise : « Faisons très expresses et itératives défenses à nos sujets de ladite R.P.R. de sortir, eux, leurs femmes et enfants, de notre dit royaume, ... sous peine de galères pour les hommes, et de confiscation de corps et de biens pour les femmes. », 200 000 huguenots (sur les 800 000 que comptait alors la France peuplée de 19 millions d'habitants) préfèrent néanmoins prendre le chemin de l’exil plutôt que de se convertir. L’interdiction formelle d’émigrer, sous le coup de laquelle ils étaient, les force donc à s’expatrier dans les plus grandes difficultés. Ils voyagent la nuit et se cachent le jour, ayant recours, une fois qu’ils ont quitté leur région, à des passeurs.

Les destinations

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Sur les Pas des Huguenots et des Vaudois du Piémont, panneau au long du chemin pédestre sur la commune de Bellevue (canton de Genève, en Suisse)

Leur destination fut les principaux territoires protestants européens :

Dans une moindre mesure,

  • les pays scandinaves – Danemark, Suède ;
  • les colonies britanniques d’Amérique du Nord ;
  • les colonies néerlandaises de Surinam et du Cap de Bonne-Espérance ;
  • et, pour un petit nombre, la Russie.

Certains se sont établis en Alsace, rattachée à la France par le traité de Westphalie signé à l’issue de la guerre de Trente Ans, abandonnant, à cette occasion, le calvinisme pour le luthéranisme.

En Allemagne, des villes telles que Neu-Isenburg, Offenbach ou Hombourg, sont fondées dans les environs de Francfort-sur-le-Main pour y accueillir les réfugiés[3].

A leur arrivée en Suisse, les réfugiés recevaient une attestation délivrée par un prédicant ou une autorité laïque. Ceci permettait de distinguer les persécutés des profiteurs. Certains en ont fait commerce en les revendant ou en les falsifiant. La peine encourue pouvait être la mise au pilori et le fouet [4].

Le grand refuge

On distingue le « grand Refuge » du XVIIe siècle, désignant l’exode et l’installation dans les pays d’accueil à la suite de l’édit de Fontainebleau à cause du nombre très important – environ 200 000 – de personnes concernées par opposition au « Refuge » du XVIe siècle, plus limité, indiquant une installation hors de France pour raison d’oppression religieuse dès les années 1530, avant même l’époque des guerres de religion.

Les mentions « au Refuge », « parti au Refuge » ou « religionnaire fugitif » dans les registres de l’époque indiquent que les personnes concernées ont fui la France pour un motif religieux et se sont réfugiés dans un des pays mentionnés.

Annexes

Bibliographie

  • Charles Weiss, Histoire des réfugiés protestants de France, depuis la révocation de l'édit de Nantes jusqu'à nos jours, Charpentier libraire-éditeur, Paris, 1853, tome 1 (lire en ligne)
  • Charles Weiss, Histoire des réfugiés protestants de France, depuis la révocation de l'édit de Nantes jusqu'à nos jours, Charpentier libraire-éditeur, Paris, 1853, tome 2 (lire en ligne)
  • Charles Weiss., Les Réfugiés Huguenots, en Allemagne, Angleterre Amérique, Editions Ampelos (lire en ligne)
  • Charles Weiss, Les Réfugiés Huguenots, en Suisse, Hollande, Russie et Scandinavie, Editions Ampelos (lire en ligne)
  • Georges Ascali, L'Affaire des prophètes français à Londres, dans Revue du dix-huitième siècle, 1916, p. 8-28 (lire en ligne)
  • Mickaël Augeron, Didier Poton et Bertrand Van Ruymbeke, dir., Les Huguenots et l'Atlantique, vol. 1 : Pour Dieu, la Cause ou les Affaires, préface de Jean-Pierre Poussou, Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne (PUPS), Les Indes savantes, 2009
  • Mickaël Augeron, Didier Poton et Bertrand Van Vuymbeke, dir., Les Huguenots et l'Atlantique, vol. 2 : Fidélités, racines et mémoires, Paris, Les Indes savantes, 2012.
  • Mickaël Augeron, John de Bry, Annick Notter, dir., Floride, un rêve français (1562-1565), Paris, Illustria, 2012.
  • Eckart Birnstiel (ss. dir.), La Diaspora des Huguenots. Les réfugiés protestants de France et leur dispersion dans le monde (XVIe – XVIIIe siècle), Paris, Honoré Champion, 2001 (ISBN 2745304259)
  • Géraud Dumons (Capitaine Rey Lescure), « Les réfugiés du Pays castrais », dans Revue historique, scientifique et littéraire du département du Tarn, 1910, tome 27, p. 35-48, p. 154-169, p. 232-251, p. 342-352, 1911, tome 28, p. 25-44, p. 174-181, p. 291-306, p. 368-377, 1912, tome 29, p. 29-44, p. 161-178, p. 254-266, p. 336-346, 1913, tome 30, p. 27-52, p. 192-208, p. 282-293, , 1914, tome 31, p. 59-76, p. 147-180 [L'ensemble de ces articles a été imprimé dans un livre posthume paru à Mazamet en 1924, après sa mort au cours de la Première Guerre mondiale]
  • Jean Valat, Mémoires d'un protestant du Vigan. Des dragonnades au Refuge (1683-1686), présentation et notes : Eckart Birnstiel, Véronique Chanson, avant-propos : Patrick Cabanel, Paris, Les Éditions de Paris, 2011 (ISBN 978-2-84621-152-9)
  • Myriam Yardeni, Le Refuge protestant, Paris, Presses Universitaires de France, coll. L’historien, Paris, 1985 (ISBN 2130390072)
  • Myriam Yardeni, Le Refuge huguenot : assimilation et culture, Paris, Honoré Champion, 2002 (ISBN 2745305379)
  • Jean-Yves Grenier, Katia Béguin, Anne Bonzon, Dictionnaire de la France moderne, Paris, Hachette, 2003 (ISBN 2-01-145279-1)
  • Michelle Magdeleine, Base de données du refuge Huguenot, éditeur Yves Krumenacker, sur un site du Laboratoire de recherches historiques Rhône-Alpes (LARHRA)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

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