Picardie
région historique et culturelle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La Picardie (en picard : Picardie, prononcé [pika(ː)rdi]) est une entité géographique et culturelle, située au nord de la France et partiellement en Belgique, bordée par la Manche. Les premières mentions de cette province datent du Moyen Âge : elle connaît sa première existence officielle au XIIIe siècle à travers la nation de Picardie de l'université de Paris, et rentre dans l'administration française au XIVe siècle[1]. Contrairement à des régions comme la Normandie, la Bretagne ou la Champagne, la Picardie ne fut jamais érigée en duché, comté, ou principauté, et les définitions de la Picardie fluctuèrent ainsi au cours des siècles dû à l'ancienne instabilité politique de la zone qu'elle recouvre.
La première description géographique de la Picardie apparaît à la fin du Moyen Âge central, et y range alors les évêchés d'Amiens, Beauvais, Arras, Tournai et Thérouanne[2]. Au Moyen Âge tardif, on y place aussi Saint-Quentin, Douai, Abbeville, Béthune, Clermont ou encore Noyon, Valenciennes, Boulogne-sur-Mer, Hesdin, Laon[3],[4]. On définit alors une Haute et une Basse Picardie, la Haute se veut proche de l'Île-de-France, tandis que la Basse, que Barthélémy l'Anglais cite comme le Hainaut[2], se veut proche de la Flandre et du Brabant.
Pendant l'Ancien Régime, la Picardie est en général définie par treize pays traditionnels, toujours distribués selon une Haute et une Basse Picardie, la première regroupe les pays à l'intérieur des terres et la seconde les pays maritimes. Elle est partagée entre les gouvernements de Picardie et d'Île-de-France. Le gouvernement de Picardie contient la moitié nord de la Haute-Picardie, tandis que le gouvernement de l'Île-de-France détenait la moitié sud, incluant des villes comme Beauvais, Noyon ou Laon. Cette description de la Picardie, que l'on retrouve au XIXe et au XXe siècle dans les mémoires et compte-rendus de la société des antiquaires de Picardie[5], et de la Société historique de Haute-Picardie[6], s'étend de Senlis jusque Calais, de Soissons et Laon, jusque Abbeville et Boulogne-sur-Mer.
Chez des historiens et des géographes comme Robert Fossier, Albert Demangeon ou Philippe Pinchemel, on substitue à la Picardie d'Ancien régime, l'idée d'une Picardie ethnique, identifiée notamment par la langue picarde, qui comprendrait donc Senlis et Soissons, que la tradition populaire attribuait historiquement à la Picardie en raison de leur parler[7], et dont la limite septentrionale serait la frontière linguistique avec le flamand, s'étendant donc sur Calais et Tournai. Au XXe siècle, le géographe Albert Demangeon démontre l'existence d'une Picardie géographique à travers ce qu'il intitule « la plaine picarde », qui est la vaste plaine de craie s'étendant de Beauvais à Arras, de Cambrai et Laon, jusque Abbeville et le Boulonnais[8].
De 1972 à 2015, une région du même nom est créée, rassemblant les trois départements de la Somme, l'Oise et l'Aisne. Cette région regroupait donc la plus grande partie de la Picardie selon sa définition d'Ancien régime.
Aujourd'hui, la Picardie, dans ses multiples définitions, est en grande partie contenue dans la région Hauts-de-France et répartie sur ses cinq départements, une partie de la « Picardie ethnique » ou linguistique fait partie de la région Wallonie, en la province de Hainaut, et une petite partie du Beauvaisis historique figure dans la partie septentrionale du département du Val-d'Oise, autour de Beaumont-sur-Oise et de L'Isle-Adam.
« Picard » désigne des hommes avant de désigner un territoire. À la fin du XIe siècle que le mot « Picard » apparaît pour la première fois dans un texte avec la mention de la mort de « Guillaume le Picard » en 1098 au cours de la première croisade[9].
Au XIIIe siècle, les étudiants des diocèses de Beauvais, Noyon, Amiens, Laon, Arras, Thérouanne, Cambrai, Tournai, ainsi qu'une partie des diocèses de Liège et d'Utrecht de l’Université de Paris sont regroupés dans un groupe appelé « nation picarde », basé sur des critères linguistiques.
La province de Picardie n'émerge réellement qu'à la fin du Moyen Âge (fin du XVe siècle), lorsqu'elle devient la marche frontière entre les Pays-Bas bourguignons et le royaume de France. Un gouvernement de Picardie est alors créé et subsiste jusqu'à la Révolution française.
Le mot signifie en picard « piocheur », au sens de laboureur. Les Parisiens appelaient « piocheurs » tous les agriculteurs vivant au nord des zones forestières du Senlisis et du Valois (où les paysans étaient bûcherons).
À Paris, le néologisme fit florès parce qu'il associait en un jeu de mots la pique et une province réputée pour sa hardiesse militaire (sa milice s'était illustrée à Bouvines en 1214, quelques années avant l'apparition du mot). Il perdura dans ce sens les siècles suivants à cause du caractère montré par les Picards, du genre « tête de pioche », dans leur attachement aux libertés communales acquises par les villes drapières défendues par une milice bourgeoise
La définition des territoires composant la Picardie est variable au cours du temps, les descriptions viennent différer d'une époque à une autre, voire au sein d'une même époque[10].
La première description géographique de la Picardie nous est due à Barthélémy l'Anglais, celui-ci inclut alors les villes d'Amiens, Arras, Beauvais, Tournai et Thérouanne. Son traducteur, Jean Corbechon, rentre dans une description plus précise à la fin du XIVe siècle, dans laquelle il inclut les villes de Saint-Quentin, Clermont, Douai, Abbeville, Noyon, Saint-Omer ou Béthune[3]. Paradoxalement, les deux dernières villes mentionnées seront décrites vers les époques moderne et contemporaine comme faisant partie d'une section traditionnelle de l'Artois intitulée Artois « flamingant » et composé des bailliages de Béthune, Aire et Saint-Omer[11], par opposition à un Artois dit « wallon », c'est-à-dire roman, composé du reste du comté, et où le dialecte local fut de tout temps le picard[12].
Jean Lestocquoy écrit dans son Histoire de la Picardie que « les gens du Moyen Âge placent tout naturellement en Picardie les côtes de l'actuel Pas-de-Calais, Boulogne, Hesdin, Audincthun, Saint-Omer, Thérouanne, Enguinegatte, Aire-sur-la-Lys, Saint-Pol, Arras et l'Artois, le Pays de l'Alleu, Lille et Douai, Hornaing, Valenciennes et Tournai. »[4]
De même, de 1347 à 1558, les anglais appelleront « Picardy » leur enclave de Calais et du Calaisis[13].
On atteste de manière sûre qu’Arras est considérée comme ville de Picardie à cette époque, on peut lire chez Jean Froissart[14] :
« Si se départirent sur la darraine semaine d'août ; et s'en virent à Arras en Picardie et de là à Saint-Omer. »
Ou encore[15] :
« grand plaisir à voir draps et hautes lices ouvrés à Arras en Picardie »
Du Xe siècle au XIIIe siècle, Arras fut un centre culturel important[16], la ville s'élève au rang de capitale littéraire de la Picardie à cette époque[17],[18].
Au XVe siècle, le poète François Villon parle de « Picardes de Valenciennes »[19]. Le calendrier de Louis XI, rédigé à Tournai en 1507, indique par ailleurs que « le Roi Loys étant allé vers Boulogne, Hesdin et autres lieux de Pycardie pour les réduire et mettre en son obéissance, ceux d'Arras..... se tournèrent contre lui »[20].
Après le Moyen Âge tardif, vers la Renaissance et le XVIIe siècle, on qualifie désormais de Picardie tout ce qui appartenait au roi de France et qui se situait au sud des anciens Pays-Bas, et le terme de Picardie se « restreint à la seule partie du domaine linguistique incluse dans le royaume de France avant le rattachement de l'Artois et de la Flandre au XVIIe siècle »[21]. Albert Demangeon l'appelle la Picardie royale dans sa célèbre thèse La Plaine picarde[22]. Tandis que l'Artois, la Flandre romane, le Hainaut et le Cambrésis, étaient vues après leur annexion comme des « provinces réputées étrangères »[23],[24], bien qu'elles fussent intégrées au royaume de France, et fassent également partie du domaine picard. Ces dernières restèrent séparées par une frontière à la fois douanière et fiscale du reste du royaume par ce que l'on appelait alors les cinq grosses fermes[23], et dont la Picardie « royale », « non étrangère » par opposition, faisait partie
La Picardie, à l'instar de plusieurs autres provinces, était subdivisée en Haute et en Basse-Picardie. La carte de 1694 de Jean-Baptiste Nolin nous donne la décomposition suivante[25] :
Cette définition est partagée avec le Dictionnaire universel de la France de Robert de Hesseln. Elle est aussi reprise par Auguste Janvier dans sa Petite Histoire de Picardie.
L'agrégée de lettres et docteur d’État Françoise Morvan conforte par ailleurs cette description de la Picardie dans sa préface aux Contes de Picardie d'Henri Carnoy, publiée en 2016[26].
« Carnoy prend soin de rappeler à ce sujet que la province de Picardie comportait, avant la Révolution, trois régions : la Haute-Picardie, les pays réunis à l'Île-de-France et la Basse-Picardie. Chacune de ces trois régions comprenait quatre ou cinq subdivisions : pour la Haute-Picardie, l'Amiénois (autour d'Amiens), le Santerre (autour de Péronne), le Vermandois (autour de Saint-Quentin), la Thiérache (autour de La Fère) ; pour les pays réunis à l'Île-de-France, le Laonnais (autour de Laon), le Noyonnais (autour de Noyon), le Beauvaisis (autour de Beauvais), le Valois (autour de Compiègne), le Soissonnais (autour de Soissons) ; pour la Basse-Picardie, les pays reconquis (autour de Calais), le Boulonnais (autour de Boulogne), le Ponthieu (autour d'Abbeville), le Vimeu (autour de Saint-Valéry) »
— Françoise Morvan, Contes de Picardie, Introduction
À cette définition à treize pays, s'ajoutent plusieurs définitions incluant aussi l'Artois en Picardie à la même époque. On peut citer Charles du Fresne du Cange et Pierre Nicolas Grenier[27], ou encore l'Armorial de La Planche. On peut aussi remarquer dans ce dernier que les comtés de Flandre gallicane et d'Artois, ainsi que les châtellenies de Hainaut, y sont présentés comme des « Additions au Gouvernement de Picardie »[28],[29],[30]. Adrien de Valois, dans Notitia Galliarum ordine litterarum digesta, inclut dans la Picardie le Ternois en plus des treize pays cités plus haut. Il y détaille aussi ce qu'il appelle le Senlisien, à savoir pays de Senlis, il décompose aussi le Beauvaisis en Vendelais, pays de Breteuil, en Chambliois, pays de Chambly, et en Bray[31]. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs descriptions du Hainaut notent que cette région s'appelait antérieurement la Picardie inférieure[32],[33].
« Le Pays de Picardie est un nom général, on ne trouve point dans l'Histoire aucun Seigneur qui en ait jamais porté le titre, mais seulement des membres qui le composent, comme étaient les Comtes de Vermandois, d'Artois, de Boulogne, de Ponthieu, et de Thiérache ; le vulgaire y met aussi les villes de Laon, Soissons, Senlis, Noyon, Beauvais et Compiègne, à cause du langage des habitants qui en approche, comme faisant aussi partie de la Gaule belgique, mais étant du Gouvernement de l'Île-de-France. »
— Armorial de La Planche
En 1905, Albert Demangeon publie une thèse sur la Picardie qu'il intitule La Plaine picarde, cette thèse, restée célèbre, est considérée dès sa publication comme un modèle de géographie régionale[34]. Michèle et Jean Sellier notent en 1973 dans leur Guide politique de Picardie qu'« Albert Demangeon a donné de la Picardie, sous le terme de plaine picarde, une définition fondée sur la nature de son sol »[8]. Demangeon définit la Picardie comme étant la vaste étendue de plaine de craie, s'étendant du Boulonnais à la Thiérache, du pays de Bray à la Flandre. À la Picardie d'Ancien Régime se substitue chez Demangeon une Picardie géographique, dans laquelle figure les cinq départements de la Somme, de l'Oise, du Pas-de-Calais, de l'Aisne et du Nord, en partie ou en totalité. La Plaine picarde s'étend donc sur le Cambrésis, le Beauvaisis, l'Amiénois, le Ponthieu et le Vimeu, mais encore l'Artois dans sa majeure partie, le Vermandois et le Laonnois dans sa moitié nord. Le Valois et le Soissonnais, quant à eux, ont une agriculture similaire à celle de la « plaine picarde » bien qu'ils en soient géologiquement distincts[35].
Demangeon écrit d'abord que « La Picardie est un domaine linguistique. L'instinct populaire et les documents historiques la définissent comme l'extension d'un dialecte. » Et il énonce « Le populaire a toujours attribué Senlis à la Picardie. »[36] Jacques de Wailly note en 1968 dans son ouvrage Le folklore de Picardie qu'on doit, avec Demangeon, « rechercher une Picardie moins officielle, mais plus ethnique, une Picardie linguistique. »[37]
Robert Fossier, dans son Histoire de la Picardie, partage la même idée qu'Albert Demangeon :
« La Picardie n'est-elle pas tout d'abord une province linguistique, un ensemble de « pays » où s'entend « un dialecte rude et âpre, plein et lourd, aux syllabes sonores... ». Au XIXe siècle, le parler picard est encore communément employé dans les campagnes : de ce fait la coutume populaire a toujours attribué Senlis à la Picardie. Il s'agit d'un parler d'origine romane, stabilisé entre le Xe et le XVe siècle, aux règles phonétiques complexes, aux adjectifs expressifs et nuancés, et dont l'accent peut changer d'un village à un autre. C'est en dialecte picard que se transmettent et se répètent dans les veillées d'hiver au cœur des communautés villageoises légendes, contes, dictons, chansons et comptines. »
— Robert Fossier, Histoire de la Picardie, p.371
Philippe Pinchemel écrivait à ce sujet dans Visages de la Picardie, qu'il existe trois Picardie : selon la linguistique, selon la géographie, et enfin la Picardie royale, il écrit donc : « Première en date, une Picardie linguistique, illustrée par cette « nation picarde » de la Sorbonne, qui ne trouve sa limite septentrionale qu'au contact du Flamand, et englobe, vers le sud, Senlis et Soissons, villes de la haute Picardie. »[38]
A travers les différentes définitions de la Picardie, on observe une multitude de pays traditionnels cités comme des pays picards ou de Picardie. A l'époque moderne, la province de Picardie se voit définie, dans le contexte militaire et politique de cette époque, selon treize pays du Valois jusqu'au Calaisis, du Boulonnais jusqu'au Soissonnais, neuf sont dits de Haute-Picardie, et quatre de Basse-Picardie[39]. Huit de ces pays relevaient du gouvernement de Picardie, et cinq de celui d'Île-de-France, circonscriptions administratives alors en vigueur[39].
Le géographe Albert Demangeon indique qu'il arrive que l'on désigne comme wallon un pays picard, il en tient l'exemple de l'Artois wallon[40], et dans cet « essaim de dénominations » concernant les pays liés à la Picardie, il écrit[41] :
« A côté de la Picardie, se rangent le Boulonnais, le Ternois, l'Artois, le Cambrésis, le Vermandois, l'Amiénois, le Ponthieu, le Beauvaisis, Le Noyonnais, le Laonnais ; puis l'on rencontre l'Arrouaise, le pays de Thelle ; puis d'autres comme le Vimeu, le Santerre, la Thiérache, le Bray; d'autres enfin, plus jeunes, le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, l'Aisne, l'Oise. »
— Albert Demangeon, La Plaine Picarde, p.419
L'expression de « pays picard » est, par exemple, aussi employée par Robert Loriot pour qualifier le Hainaut[42] ; de même, Corblet cite le Tournaisis parmi les pays de la Picardie du Moyen Âge tardif[43].
En Belgique se trouve une petite partie de la Picardie, autour du Tournaisis et du Hainaut propre, et des régions du Pays Blanc, Pays Vert et du Pays des Collines.
Le terme de Wallonie picarde a aussi fait son apparition de nos temps modernes pour qualifier les alentours de Tournai ainsi que des trois derniers pays cités précédemment.
L'idée de changer d'appellation en Picardie wallonne ou Picardie hennuyère a été lancée en octobre 2004 par le ministre de la Santé, Rudy Demotte[44].
Si elle a été suivie par certains acteurs, l'idée n'a pas eu un grand succès car la population n'était pas du tout associée au projet mais aussi parce qu'aucun autre parti que le PS n'avait été consulté.
Le président de la fédération Hainaut occidental du MR, Jean-Luc Crucke avait d'ailleurs mis ce petit texte critique sur son site web[45] :
« Wallonie picarde ? Picardie wallonne ? Qu’en dites-vous ?
Hainaut Occidental : parlons-en ! Certains voudraient le débaptiser et dénommer « Picardie wallonne » ou « Wallonie picarde ». Nul ne contestera nos origines picardes mais faut-il un renouvellement de façade ? La fédération MR s’est prononcée : aucun changement d’identité ne peut intervenir sans l’aval et la consultation de la population concernée. L’essentiel ne se situe pas dans une opération marketing mais dans un travail de fond.
À cet égard, il nous faut constater que ce n’est pas le boulot qui manque et que ni la Wallonie, ni le Hainaut, ni le Hainaut occidental, ne se portent au mieux de leur forme. »
L'initiative du nom Wallonie picarde revient au Conseil de développement (organe représentant les différents acteurs des forces vives couvrant le territoire) dans le cadre d'une réflexion sur l'identité du territoire et un projet de région. Dans ce cadre des forums de sensibilisation ont été lancés pour associer la population dans ses diverses composantes à ce projet qui se veut mobilisateur.
Progressivement, les associations de Wallonie picarde adaptent leur dénominations :
Un axiome primordial à prendre en compte, lorsque l'on analyse la Picardie, est qu'elle ne fut jamais érigée en duché ou en comté, ses frontières ne furent ainsi jamais véritablement fixées et fluctuèrent à chaque époque en fonction des aléas politiques.
« Depuis un siècle et plus, dit-on, un prix attend l'historien ou le géographe qui pourra, sans défaut, définir les limites de la Picardie : car on la cherche en vain parmi les principautés médiévales ; aucun bailliage royal ne l'engloba toute ; généralités et gouvernements de la royauté moderne en déplacèrent les limites au gré de l'avance ou du recul des frontières militaires ; peu de régions françaises y subirent un arbitraire plus flagrant [...]
Une telle indécision, une si réelle confusion dont pâtit jusqu'à la répartition même des cadres de cette collection, pourraient n'avoir qu'une explication : la Picardie n'existe pas. Pourtant, il ne s'agit pas d'un mythe commodément imaginé pour désigner ce qui n'est ni la Flandre, ni la Normandie, ni la « France » »
— Robert Fossier, Histoire de la Picardie
La première trace attestée de la Picardie se situe à l'extrême fin du XIe siècle, lorsqu'un « Guillaume le Picard » meurt à Jérusalem[48].
La présence d'hommes Homo heidelbergensis vraisemblablement, il y a 450 à 300 000 ans, est attestée dans la Somme grâce à des fouilles archéologiques réalisées à Abbeville, Amiens (Jardin archéologique de Saint-Acheul) et à Cagny, village voisin. Au Paléolithique moyen, entre 90 000 et 35 000, l'Homme de Néandertal s'installa dans la région y apportant la civilisation dite du Moustérien. On a retrouvé des sites levaloisiens dans l'Oise (Cantigny et Bracheux), dans la Somme à Ault, Rollot et Villers-Bocage. Vers 35 000, l'Homo sapiens arriva au Paléolithique supérieur. On a retrouvé des sites d'occupation humaine et de débitage de silex du Magdalénien et du Périgordien dans les vallées de l'Oise et de la Somme.
Pendant la période de l'Hallstatt (~750 / 700 av. J.C.), la production de sel à l'embouchure de la Canche s'effectuait par chauffage dans des « barquettes » de terre cuite. Des objets archéologiques mis au jour montrent que la région est en contact avec la civilisation grecque : l'étain était acheminé par la Somme jusqu'à l'oppidum de Vix (Côte-d'Or) et, de là, jusqu'à la Méditerranée. À Thiverny près de Creil, on a retrouvé des poteries peintes de type vixien. Vers 500 av. J.C., cette voie commerciale fut délaissée au profit de la voie maritime[49].
C'est aux Belges, installés sur le territoire des Armoricains vaincus, que l'on attribue l'aménagement du trophée et du sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre (Somme) où s'entassent des milliers d'ossements humains. Un autre enclos sacré a été mis au jour à Gournay-sur-Aronde (Oise).
Le peuple celte des Belges s'installe en Normandie entre le VIe et le IIIe siècle av. J.-C. Le témoignage de Jules César (dans La Guerre des Gaules) nous permet d'identifier les différents groupes gaulois occupant la région. En 56 ou 57 av. J.-C., ces populations se regroupent pour résister à l'invasion des légions romaines. Après la défaite gauloise d'Alésia, les peuples de Normandie continuent quelque temps la lutte mais, en 51 av. J.-C., toute la Gaule est soumise à Rome.
Le territoire de la Picardie fut intégré par les Romains dans la province de la Gaule belgique dont la capitale fut Durocortorum (Reims), sous le règne d'Auguste. Dans le courant du Ier siècle, les Romains fondèrent les premières villes :
et des agglomérations secondaires comme Noviomagus (Noyon), Rodium (Roiglise ou Roye), Tornacum (Tournai). Le territoire de la Picardie était traversé par plusieurs voies romaines dont la plus importante la Via Agrippa de l'Océan reliait Lugdunum (Lyon) à Gesoriacum (Boulogne-sur-Mer).
À partir du milieu du IIIe siècle, le nord de la Gaule subit des raids de marins saxons et francs. Des invasions de Francs et d'Alamans se produisirent en 275-276. Les élites municipales délaissèrent progressivement les villes et se réfugièrent dans leur villae à la campagne. Les villes réduisirent leur taille et s'entourèrent de remparts comme à Amiens, Beauvais et Senlis. À la charnière des IIIe et IVe siècles les villes prirent le nom du peuple gaulois dont elles étaient le chef-lieu, ainsi Samarobriva devint Ambianorum, Nemetocenna devint Atrebatum, Caesaromagus devint Bellovacum etc.
En mai 346, à Ambianorum (Amiens), un légionnaire romain, Martin, partagea, aux portes de la ville, son manteau avec un pauvre, puis se convertit au christianisme. La région fut évangélisée à cette période et la tradition chrétienne fait de Rieul de Senlis, Lucien de Beauvais, Firmin d'Amiens, Quentin, Crépin et Crépinien de Soissons, Fuscien, Victoric d'Amiens et Gentien de Sains-en-Amiénois (Somme) et de l’enfant Juste de Beauvais, les propagateurs de la foi nouvelle. Des diocèses furent créés, ainsi le premier évêque d'Amiens dont l'existence est historiquement attesté, en 346, fut Euloge.
À la suite de la conquête des Gaules par les Romains, de nouvelles cultures vont voir le jour, les langues celtiques locales vont disparaitre au profit de nouvelles langues latines, les langues gallo-romanes. Là où certaines régions verront une latinisation de leur langue (Poitevin pour les Pictons, Limousin pour les Lémovices), les différentes civitas de la future Picardie se verront unie par une nouvelle langue, ce que l'on nommera plus tard le Picard.
Cette langue romane fait partie des langues d'oïl, et se verra influencée par les langues germaniques au nord (francique) en raison de l'installation de Francs dans la région, et de proximité avec les autres tribus germaniques au nord.
Dès 486, le Nord de la Gaule passe sous le contrôle du chef franc Clovis. La colonisation franque fut assez dense dans la partie est et quasiment nulle en Picardie. A l'inverse, c'est au début du haut Moyen Âge que s'installent des tribus thioises dans le nord du territoires des Atrebates, des Morins et des Menapiens, ce qui laisse une toponymie flamande très vivace (par exemple Béthune, Nortkerque, Mazingarbe, Westrehem, Oblinghem, Isbergues, etc.).
En revanche, le Boulonnais se verra colonisé par les Saxons, tribu germanique différentes des Francs. Malgré cela, la région a très tôt été picardisée, dès les VIIIe – IXe siècles.
On doit la première apparition officielle de la Picardie à l'Université de Paris. Au XIIIe siècle, vers 1259[50], celle-ci répartissait jadis ses étudiants entre quatre nations, à savoir les Nations de France, de Normandie, d'Angleterre et enfin de Picardie. Ces Nations regroupaient les étudiants en fonction de leur diocèse d'origine, ainsi la Nation de Picardie regroupait dix diocèses, puis douze à partir du XVe siècle. On y trouve les diocèses d'Amiens, Arras, Beauvais, Cambrai, Laon, Noyon, Thérouanne, Tournai, et enfin Liège et Utrecht. La Nation était elle-même divisée en Haute et Basse Picardie. La Haute contenait les diocèses d'Amiens, Arras, Beauvais, Noyon et Thérouanne, tandis que la Basse contenait ceux de Cambrai, Tournai, Laon, Utrecht et Liège[51].
Au XVe siècle, plusieurs universités se formèrent dans les anciens Pays-Bas bourguignons, attirant bon nombre d'étudiants, et notamment ceux issus de leur ressort, à savoir des diocèses composant aussi ladite Nation de Picardie de l'Université de Paris, ce qui fit un grand tort à cette dernière. Afin de pallier ce manque d'étudiants en la Nation picarde, et ne pouvant s'opposer à la croissance des universités des Pays-Bas, l'Université de Paris choisit de permettre aux élèves des diocèses de Soissons et de Senlis, originellement contenus dans la Nation de France, et qui voudraient devenir agrégés au Corps de l'Université, de rejoindre la Nation qu'ils aimaient le mieux entre celles de France et de Picardie. Les étudiants hésitèrent peu et choisirent la Nation de Picardie, en raison de la facilité de parvenir plutôt aux charges dans une Nation moins nombreuse[52]. Ainsi les diocèses de Soissons et Senlis rejoignirent également la Nation de Picardie.
Jusqu'à ce que l'Université de Paris donne vie à cette Nation, le nom de Picardie n'était qu'une expression populaire[53]. C'est par la Nation que le nom de Picardie passa en usage, devint plus fréquent, et devint employé par les savants[53].
Blanche Wissen, professeure à l'Université de Montréal[54], énonce que le rôle des universitaires picards à cette époque est fortement documenté, et que la Nation de Picardie s'illustre assez vite par sa langue et son sens critique, ainsi que par un esprit batailleur[55]. Elle énonce par ailleurs qu'« Arras, son histoire, ses éléments culturels constitutifs et sa configuration représente la clé de voûte de l'identité linguistique picarde, et littéraire »[56].
Au point de vue ecclésiastique, le territoire « picard » faisait partie, au Moyen Âge, de la Belgica secunda, ou « Deuxième Belgique », c'est-à-dire de la province ecclésiastique de Reims, et il englobait donc les diocèses suivant : Amiens, Arras, Beauvais, Cambrai, Laon, Noyon, Senlis, Soissons, Thérouanne et Tournai[57].
La Picardie n'entrera qu'au XIVe siècle dans la nomenclature administrative[58]. Dom Grenier, dans son Introduction à l'histoire générale de la province de Picardie, explique qu'il y eut un gouvernement militaire de Picardie au Moyen Âge, comprenant d'abord les bailliages d'Amiens, Lille et Douai, alors qualifiés frontières d'Artois et de Flandre[59].
Selon les lettres des premiers lieutenants-généraux et gouverneurs de la province, leurs provisions et les Chroniques de Jean Froissart, la Picardie se limitait à ce qui était au-delà de la Somme. Le 28 mai 1319, Gaucher V de Châtillon devient lieutenant du Roi monseigneur en frontières d'Artois et de Flandres. Pierre de la Palu devient gouverneur des bailliages d'Amiens, Lille et Douai sous le nom de capitaine des frontières de Flandres, autrement dit de gouverneur des Marches de Flandres[59].
En 1349, Charles Ier de Montmorency est fait capitaine-général pour sa Majesté sur les frontières de Flandre et de la Mer et en toute la langue picarde. En 1350, Édouard Ier de Beaujeu est fait capitaine pour le Roi aux parties de Picardie, de Boulogne et de Calais[60].
De 1350 à 1352, Geoffroi de Charny est fait capitaine-général des guerres de Picardie et visita à cette occasion en 1351 Boulogne, Guînes et des frontières[60]. En 1351, le comte d'Angoulême, Charles de la Cerda, est qualifié lieutenant pour le Roi en parties de Picardie, de Boulonnais et d'Artois. Gui de Nesle est ensuite capitaine général et souverain en parties d'Artois et de Boulonnais. Le gouvernement militaire de Picardie comprenait alors, à cette époque, les bailliages d'Amiens, Lille, et Douai, ainsi que l'Artois, le Boulonnais et le Calaisis[60].
Tandis que le Roi Jean II le Bon est en captivité, Charles V le Sage, duc de Normandie, est fait régent du royaume de France. Il décide de réunir le Beauvaisis, le Vermandois et d'autres lieux voisins au gouvernement militaire de Picardie. C'est Robert de Fiennes qui en est fait gouverneur en 1358. Les lettres du régent lui donnent pouvoir par-dessus tous les autres lieutenants et capitaines desdits pays. En sa qualité de lieutenant du Roi et de M. le Régent du royaume de France en pays de Picardie, de Vermandois et de Beauvaisis[60].
De même, en 1359, Guy V de Châtillon-Saint-Pol, comte de Saint-Pol, qui est lieutenant en parties de Picardie, de Beauvaisis et de Vermandois outre la rivière d'Oise. Les lettres qui le confirment dans cette lieutenance indiquent aussi que Tournai était alors partie de Picardie[61].
Il est aussi à préciser que si aucune entité administrative ne portait le nom de Picardie en dehors du domaine militaire, on retrouvait les bailliages d'Amiens et de Vermandois aux XIIIe et XIVe siècles. Celui d'Amiens semble s'être étendu sur les actuels département de la Somme, de l'Oise et du Pas-de-Calais[62]. Le bailliage de Vermandois s'étendait principalement sur Noyon, Saint-Quentin, Laon et Soissons, soit une partie de l'Oise et l'Aisne[63].
Le traité d'Arras, signé le , mit fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Il joue un rôle important dans le destin du futur gouvernement de Picardie. Par ce traité, le roi Charles VII cédait à Philippe le Bon les villes de la Somme, le comté de Mâcon et le comté d'Auxerre. Le Comté de Vermandois, occupait une partie importante de la Picardie comme le dit l'Armorial de La Planche, il avait pour capitale Saint-Quentin, incluse dans les villes de la Somme, mais il possédait aussi le Valois, le Laonnois et le Soissonnais dont les villes resteraient, suivant le traité, des possessions françaises. Le comté se retrouve ainsi démembré entre la France et les Pays-Bas bourguignons. Ce traité donnait surtout une indépendance de fait au duc de Bourgogne.
La mort de Charles le Téméraire en 1477 mit fin à la rivalité franco-bourguignonne, Louis XI récupérant le duché de Bourgogne et les villes de la Somme, la Picardie se trouva définitivement rattachée au royaume de France, et au domaine royal en 1482. Cette rivalité se ranima au XVIe siècle avec les descendants de Marie de Bourgogne, fille du Téméraire et de Maximilien de Habsbourg, les monarchies de Habsbourg d'Autriche et Habsbourg d'Espagne.
L'Ordre des Chartreux subdivise le territoire en différentes provinces dites cartusiennes, la Picardie a alors donné son nom à l'une d'entre elles. Correspondant a peu près aux contours de la Nation picarde en 1411, la province de Picardie se partage en deux, l'une reçoit le nom de province de Picardie rapprochée, Picardia propinquior, et l'autre prend celui de Picardie éloignée ou extérieure ou encore Picardie du Nord, en latin : Provincia Picardiae remotioris. Après 1474, cette dernière est appelée Teutonie, latin : Provincia Teutoniae.
La province cartusienne de Picardie compte de nombreuses chartreuses répertoriés dans le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, l'Aisne, l'Oise mais aussi dans les Ardennes. Parmi elles, le Val-Saint-Esprit et le Mont-Sainte-Marie de Gosnay, Notre-Dame de Macourt de Valenciennes, le Mont-Saint-André de Tournai, mais aussi le Mont-Renaud de Noyon ou le Val-Saint-Pierre de Braye-en-Thiérache. La première chartreuse de la province est fondé en 1132 au Mont-Dieu, située dans le Rethélois aux Ardennes[64].
Statut | Gouvernement général militaire |
---|---|
Capitale | Amiens |
Langue(s) | Picard, français, flamand |
Religion | Catholicisme |
1557 | Bataille de Saint-Quentin |
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1790 | Dissolution des gouvernements généraux |
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La Picardie sera entre 1477 et 1790 un Gouvernement général militaire du royaume de France, situé au nord-ouest du territoire et bordé par la Manche. Ce gouvernement administratif aurait comporté à sa création :
Le Calaisis après sa reconquête de 1558, puis l'Artois en 1678, seront rattachés à ce gouvernement général lors de leurs annexions définitives à la France. Le Calaisis y restera attaché et sera compté comme un pays de la province de Picardie tandis que l'Artois finira par en être détaché pour avoir son propre gouvernement en 1764. Le Calaisis sera donc considéré comme partie de la province de Picardie quand l'Artois sera considéré comme partie des Pays-Bas français. Ce terme, qui ne désignait aucune entité administrative en soit, est un terme qu'on employait pour regrouper l'Artois, le Hainaut, le Cambrésis et la Flandre française qui étaient les provinces conquises par la France vers le nord sur les Pays-Bas, ces « Pays-Bas » devenant ainsi les « Pays-Bas français ».
Il semblerait qu'à un moment donné, le gouvernement de Picardie ait fini par perdre une partie des territoires de la Haute-Picardie au profit du gouvernement de l'Île-de-France, afin d'accroître le rayon d'influence de la capitale. Les pays concernés seraient donc le Soissonnais, le Valois, le Laonnois, le Beauvaisis et le Noyonnais. Certains documents donnent la date de 1624, tandis que d'autres indiquent plutôt le début du XVIIIe siècle.
Certaines cartes permettent de retracer une certaine évolution du gouvernement de Picardie au cours du XVIIe siècle.
Les cartes ci-dessus, réalisées par un certain Jocudus Hondius en 1600 et mises à disposition par la BNF, montrent un gouvernement de Picardie en possession des villes de Soissons, Laon, Compiègne et Noyon. En revanche, il ne comprend pas encore le Boulonnais ni le Calaisis. Plus étonnant, des villes comme Rethel, ainsi que l'actuel département des Ardennes sont affichés comme des villes du gouvernement de Picardie sur cette carte. On observe même une pointe qui s'étend dans l'actuelle Wallonie, et qui montre que la commune d'Orchimont, actuellement dans la Province de Namur en Belgique, se trouvait à cette époque dans le gouvernement de Picardie. D'autres villes comme Crèvecœur-le-Grand figurent en Île-de-France alors qu'on les retrouve dans le gouvernement militaire picard à la veille de la Révolution française.
La carte ci-dessus aurait été réalisée au milieu du XVIIe siècle, quelques décennies après celles de Jocudus Hondius. On peut supposer qu'elle date d'après 1624, en suivant ce qui a été évoqué précédemment. On y observe une Haute-Picardie plus réduite, le gouvernement a, cette fois-ci, perdu Soissons, Noyon, Laon, ainsi que le morceau d'Ardenne qu'il possédait. Rethel est finalement revenue au gouvernement de Champagne tandis que le morceau wallon est à présent soit une possession luxembourgeoise ou bien indiqué comme partie d'Allemagne. À défaut d'en avoir perdus, le gouvernement a cependant gagné des territoires, notamment le Boulonnais et le Calaisis, ainsi que le Cambrésis. Ces différentes cartes nous montrent une évolution récurrente des territoires inclus dans le gouvernement militaire, impliquant une certaine instabilité quant à des frontières qui semblent évoluer assez arbitrairement.
Ainsi, de nombreux documents se chargeant d'exposer des descriptions des provinces de Picardie et d'Île-de-France ne manqueront pas de souligner cette nuance. Car le gouvernement général était une entité administrative qui avait la particularité, contrairement aux généralités ou aux diocèses, d'emprunter le nom d'une province et non celui d'une ville, ce qui pouvait être source de confusion. Ainsi Robert de Hesseln, dans son Dictionnaire universel de la France, citait la Picardie comme une "province dont la plus grande partie forme un des grands gouvernements généraux militaires du royaume. La Picardie septentrionale est celle qui compose le gouvernement général militaire de Picardie ; et la méridionale fait partie du gouvernement général militaire de l'Île-de-France". Ce dernier nous fait d'ailleurs dans son ouvrage le commentaire suivant sur ce dernier gouvernement : "L'Île-de-France, considérée comme gouvernement général militaire, est beaucoup plus étendue que ne l'est la province ; outre toute l'étendue de l'Île-de-France, il comprend une grande partie de la haute Picardie : à savoir, le Beauvaisis, le Valois, le Soissonnais, le Noyonnais et le Laonnois"[66].
Dates | Changements apportés | Constitution | Illustrations |
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1477 | À la suite de la reconquête des villes de la Somme, le Gouvernement de Picardie est recréé. | ||
1483 | Beauvaisis, Senlisis et une partie du Vermandois rejoignent l'Île-de-France[67]. | Amiénois, Laonnois, Ponthieu, Santerre, Soissonnais, Valois (en partie), Vermandois (en partie), Vimeu, Thiérache | |
Vers 1545 | Perte du Laonnois, du Soissonnais, du Valois et de la Thiérache pour la Picardie[68]. | Amiénois, Ponthieu, Santerre, Vermandois (en partie), Vimeu | |
1567 | Retour du Beauvaisis à la Picardie[68]. | Amiénois, Beauvaisis, Ponthieu, Santerre, Vermandois (en partie), Vimeu | |
1569 | Charles IX donne à Léonor d'Orléans-Longueville, gouverneur de Picardie, le Boulonnais et le pays Reconquis (Calaisis)[67]. | Amiénois, Beauvaisis, Boulonnais, Calaisis, Ponthieu, Santerre, Vermandois (en partie), Vimeu | |
De 1585 à 1600 |
|
Amiénois, Beauvaisis, Laonnois, Ponthieu, Santerre, Soissonnais, Thiérache, Valois (en partie), Vermandois, Vimeu | |
Vers 1614 |
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Amiénois, Boulonnais, Boulonnais, Calaisis, Calaisis, Ponthieu, Rémois, Santerre, Thiérache, Vermandois (en partie), Vimeu | |
Vers 1622-1624 | Amiénois, Boulonnais, Calaisis, Cambrésis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu | ||
1640 | À la suite de l'annexion de l'Artois à la France, celui-ci est annexé au Gouvernement de Picardie[68]. | Amiénois, Artois, Boulonnais, Calaisis,Cambrésis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu | |
De 1668 à 1694 |
En 1668, les communes de Gravelines en Calaisis, Landrecies et Le Quesnoy en Cambrésis, passent toutes les trois du Gouvernement de Picardie au Gouvernement de Flandre française[68]. |
Amiénois, Artois, Boulonnais, Calaisis, Cambrésis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu | |
Vers 1753 | Le Boulonnais semble devenir un Gouvernement autonome mais restera assimilé au Gouvernement de Picardie par bon nombre de cartographes. | Amiénois, Artois, Calaisis, Cambrésis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu | |
Entre 1753 et 1765 | Le Cambrésis quitte le Gouvernement de Picardie pour être rattaché au Gouvernement de Flandre française, de même que le Hainaut français | Amiénois, Artois, Calaisis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu | |
De 1765 jusque 1789 | L'Artois quitte le Gouvernement de Picardie et devient un gouvernement autonome[68]. | Amiénois, Calaisis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu |
La Picardie fut, en juillet 1789, le point de départ de la Grande Peur qui prit naissance dans les villages autour d'Estrées-Saint-Denis, sur le Plateau picard.
Lors de la création des départements, en 1790, la majeure partie des régions de la Picardie forma le département de la Somme, le reste étant partagé entre les départements de l’Aisne (Thiérache et partie du Vermandois), de l’Oise (parties de l’Amiénois et du Santerre) et du Pas-de-Calais (Artois propre, Ternois, Boulonnais, Calaisis, parties du Ponthieu et du Marquenterre).
Le département de l'Aisne nouvellement crée se révéla être une pépinière d'acteurs de la Révolution : Condorcet, Camille Desmoulins, Saint-Just, Fouquier-Tinville et Gracchus Babeuf furent parmi les acteurs les plus influents de cette période.
Les Carmélites de Compiègne, par contre furent victimes de la Terreur, tandis que André Dumont, député montagnard de la Convention nationale fut envoyé du 30 juin 1793 au 28 juillet 1794, en mission dans les départements de la Somme et de l'Oise où il mena une lutte constante contre le clergé et les aristocrates.
La Grande Guerre fut, pour la Picardie, un véritable cataclysme. La partie de la région comprise entre Arras, Cambrai, Amiens, Montdidier, Noyon et Saint-Quentin fut anéantie. Des centaines de villages furent détruits dont 200 lors de la seule opération Alberich de février-mars 1917. Plusieurs batailles majeures de la guerre se déroulèrent en Picardie notamment en 1916, 1917 et 1918.
L'entre-deux-guerres est une période de reconstruction pour la Picardie. Certains secteurs classés Zone rouge ne devaient pas être reconstruits, mais, la détermination des habitants de retour dans leur village, obligea les autorités à engager des opérations de déminage puis de reconstruction. Saint-Quentin, Chauny, Noyon, Albert, Saint-Pol-sur-Ternoise, Péronne, Ham, Roye, Montdidier, Moreuil, n'étaient plus qu'un amas de ruines. La reconstruction se déroula des années 1920 jusqu'au début des années 1930.
Créée par décret du 2 juin 1960, regroupant les départements de l'Aisne, de l'Oise et de la Somme, dont le chef-lieu était Amiens, la région Picardie ne correspondait pas à la Picardie culturelle, Arras, Montreuil ou encore Boulogne étaient rattachées à la région Nord-Pas-de-Calais.
En Picardie, la Délégation régionale au Tourisme, les Comités départementaux et régional du Tourisme, ainsi que les offices de tourisme et syndicats d'initiative ont mis en place le label Tourisme et Handicap depuis 2003. En leur apportant la garantie d'un accueil adapté, le label Tourisme et Handicap répond à la demande des personnes à besoins spécifiques qui veulent pouvoir choisir leurs vacances, se distraire, partir seules, en famille ou entre amis, où elles le souhaitent et comme tout le monde. Plus de cent-quarante structures touristiques et de loisirs sont labellisées en Picardie en 2010.
La Picardie compte 72 parcs et jardins ouverts au public. Le Comité régional du tourisme a développé une série d'outils[70] pour assurer la promotion de cette filière ainsi qu'un festival[71].
Dans le cadre de la réforme territoriale de 2015, la région Picardie a fusionné avec la région Nord-Pas-de-Calais, le 1er janvier 2016. La nouvelle région ainsi formée s'appelle les Hauts-de-France, après avoir porté provisoirement le nom Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
La Picardie se caractérise sur le plan géo-morphologique par l'omniprésence de la craie dans sa partie septentrionale et par le calcaire du bassin parisien dans sa partie méridionale.
Sur le plan hydrographique, la Picardie est partagée entre deux bassins versants : le bassin de la Somme et le bassin de la Seine avec son affluent l'Oise et ses sous-affluents (Aisne, Thérain, etc.)
Albert Demangeon, dans sa thèse sur la Picardie, appelle la plaine picarde le grand plateau de craie s'étendant de Beauvais jusque Lens et Lille, d'Abbeville et Montreuil jusque Vervins et Laon, et passant par Cambrai, Arras, Saint-Quentin et Amiens[72]. Cette plaine s'étend pour l'essentiel sur les départements de la Somme, du Pas-de-Calais, et sur des parties non négligeables de l'Oise, l'Aisne et du Nord.
La Picardie se caractérise par l'importance numérique de sa population rurale et l'absence de très grandes agglomérations. La ville la plus importante est Amiens avec 133 448 habitants (270 000 hab. pour la communauté d'agglomération Amiens Métropole). Cette situation était déjà celle de la Picardie sous l'Ancien Régime.
L'économie de l'ancienne province de Picardie reposait très largement sur l'agriculture : céréales, plantes tinctoriales ou textile qui alimentaient une industrie textile à la fois urbaine et très répandue en milieu rural.
Les armoiries de la Picardie se blasonnent ainsi : |
Une autre version des armoiries de la Picardie se blasonne ainsi : |
Le drapeau picard reprend fidèlement les armoiries picardes, elles ont été établies à partir des armes de la « nation picarde » de l'université de Paris qui nous sont connues par des sceaux datant du XVIe siècle. Les fleurs de lys symbolisent l'appartenance au royaume de France, les lions rappellent les liens de la Picardie avec les provinces du nord : Flandre, Brabant, Hainaut, Luxembourg.
Cependant, le drapeau rappelant les armoiries de la Picardie est utilisé lors de manifestations culturelles ou de loisirs, par des particuliers voire certaines collectivités, et orne des lieux picards emblématiques. La gendarmerie nationale utilisait les armoiries de la Picardie sur son uniforme dans les trois départements picards : Aisne, Oise et Somme.
Réveillez-vous Picards est un ancien chant guerrier picard, actuellement hymne régional de Picardie, et serait issu de l'air chanté avant 1479 par les bandes de Picardie, qui sont à l'origine, entre autres, du régiment de Picardie. Il aurait été composé par un certain sieur de Blancousys à La Neuville-sous-Oudeuil, dans le Beauvaisis, en Picardie, et aurait été exécuté par Louis XI à Péronne, toujours en Picardie.
La devise de la Picardie est celle de la ville d'Abbeville, « Fidelissima »[73],[74], en français « très fidèle »[75], sous entendu « à la France ».
La Picardie est un territoire essentiellement rural cependant quelques espaces se démarquent[76] :
Nom | Code Insee |
Département | Superficie (km2) |
Population (dernière pop. légale) |
Densité (hab./km2) |
Modifier |
---|---|---|---|---|---|---|
Amiens | 80021 | Somme | 49,76 | 133 625 (2021) | 2 685 | |
Beauvais | 60057 | Oise | 33,31 | 56 677 (2021) | 1 702 | |
Saint-Quentin | 02691 | Aisne | 22,56 | 52 958 (2021) | 2 347 | |
Valenciennes | 59606 | Nord | 13,82 | 42 991 (2021) | 3 111 | |
Arras | 62041 | Pas-de-Calais | 11,63 | 42 600 (2021) | 3 663 | |
Boulogne-sur-Mer | 62160 | Pas-de-Calais | 8,42 | 40 910 (2021) | 4 859 | |
Compiègne | 60159 | Oise | 53,10 | 40 394 (2021) | 761 | |
Creil | 60175 | Oise | 11,09 | 36 106 (2021) | 3 256 | |
Cambrai | 59122 | Nord | 18,18 | 31 425 (2021) | 1 729 | |
Maubeuge | 59392 | Nord | 18,85 | 29 066 (2021) | 1 542 | |
Soissons | 02722 | Aisne | 12,32 | 28 705 (2021) | 2 330 | |
Hénin-Beaumont | 62427 | Pas-de-Calais | 20,72 | 26 035 (2021) | 1 257 | |
Laon | 02408 | Aisne | 42,00 | 24 021 (2021) | 572 | |
Abbeville | 80001 | Somme | 26,42 | 22 595 (2021) | 855 | |
Nogent-sur-Oise | 60463 | Oise | 7,46 | 21 382 (2021) | 2 866 | |
Denain | 59172 | Nord | 11,52 | 20 640 (2021) | 1 792 | |
Saint-Amand-les-Eaux | 59526 | Nord | 33,81 | 15 980 (2021) | 473 | |
Senlis | 60612 | Oise | 24,05 | 15 255 (2021) | 634 | |
Méru | 60395 | Oise | 22,83 | 14 320 (2021) | 627 | |
Caudry | 59139 | Nord | 12,94 | 14 070 (2021) | 1 087 |
En Belgique, les communes les plus peuplées sont, dans l'ordre : Mons, La Louvière, Tournai, Ath et Soignies.
Les trois principales villes de Picardie sont respectivement Amiens, première métropole de la région regroupant 181 658 habitants en 2021[77], Mons qui comptait 95 705 habitants la même année[78] et Beauvais qui comptait elle, 56 677 habitants[79].
Capitale de la Picardie, Amiens est située au centre ouest de la région, première ville de France en nombre d'inscriptions au patrimoine de l'Unesco, Amiens est célèbre pour sa cathédrale Notre-Dame, joyau de l'art gothique et l'une des plus vastes cathédrales du monde.
Surnommée la « petite Venise du Nord » en raison des nombreux canaux qui la traversent et des hortillonnages (ensemble de jardins flottants couvrant 300 hectares), Amiens offre un riche patrimoine et des quartiers pittoresques, témoins d'une histoire bimillénaire. Depuis 1992, le label « Ville d'art et d'histoire » récompense la protection et la mise en valeur de ce patrimoine.
Capitale du Beauvaisis, Beauvais est une célèbre pour sa cathédrale d'architecture gothique, encore inachevée à ce jour (elle ne possède pas de nef) mais au chœur gothique (ou art français) le plus haut du monde, typique de l'apogée de cet art en France. La plupart des œuvres de la cathédrale datent du XVIIe siècle.
Beauvais possède quatre fleurs depuis 2004, a gagné le Grand Prix National de Fleurissement de 2006, le prix Fleur d’Or en 2009 et représente la France au concours 2010 de l’Entente Florale Européenne avec Guyencourt-Saulcourt, organisés par l'association « Concours des villes et villages fleuris ». La ville possède également quatre arobases attribués par l'association Ville Internet[80],[81], deux prix « Territoria »[82],[83], l'écolabel Pavillon Bleu d'Europe depuis 2005[84] pour le Plan d'eau du Canada, le trophée Éco Actions pour la catégorie « sensibilisation/éducation » de 2008 décerné par l'association « Les Éco Maires »[85] et le label Tourisme et Handicap en 2010.
Capitale littéraire de la Picardie[17], Arras a une position centrale en Artois, traversée par deux chaussées romaines, Arras est reliée à Houdain et Amiens. Arras est membre du réseau des sites majeurs de Vauban. Elle compte 225 monuments classés ou inscrits aux monuments historiques, ce qui fait d'elle la 7e ville française en nombre de monuments, équivalent à ceux de Rouen et Strasbourg. L'importance de ce nombre est due au classement de chaque façade de ses deux places principales. Comme de nombreuses villes de la région Hauts-de-France, Arras possède ses géants, Colas et Jacqueline, et leur fils Dédé. À l'été 2015, un quatrième géant a rejoint définitivement la famille, l'ami Bidasse.
La ville est également connue pour être le berceau de la culture littéraire picarde, avec ses trouvères comme Jean Bodel ou Adam de la Halle. Ce qui en fait pour certains la capitale littéraire de la Picardie, ou encore la clé de voute de l'identité picarde[86].
Résidence royale depuis les Mérovingiens, elle est souvent surnommée « la Cité Impériale » du fait de son passé étroitement lié au Second Empire, trente éléments du patrimoine civil de Compiègne sont protégés au titre des monuments historiques, dont trois ont disparu : une maison à colombages, le pont Jeanne-d'Arc et l'enseigne de l'auberge des Trois-Lurons. Trois monuments seulement sont classés, à savoir le château, l'hôtel de ville et l'hôtel d'Agincourt, rue Fournier-Sarlovèze. Quinze objets protégés sont des maisons d'habitation ou des immeubles, dont l'intérêt réside le plus souvent davantage dans leur importance historique que dans leur architecture. Un nombre important d'hôtels particuliers et maisons à colombages remarquables ne sont ni classés ni inscrits.
On retrouve à Compiègne un beffroi, l'un des rares de l'Oise avec celui de Clermont (les autres ayant disparu à la suite de ravages), ainsi que des Géants, Flandrin, Langlois et Lansquenet, comme le souhaite la coutume populaire du Nord de la France.
Capitale de la Basse-Picardie au Moyen-Age[2], Mons est la plus grande ville picarde de Belgique, avant Tournai et Ath, la ville est aussi la capitale du Borinage, une région marquée par son héritage et son patrimoine minier. La ville est riche en folklore et de nombreux musées, on y retrouve aussi un beffroi.
La Picardie compte plusieurs parcs naturels régionaux tels que : le parc naturel régional Baie de Somme - Picardie Maritime, le parc Naturel Régional Oise-Pays de France, le parc naturel régional de l'Avesnois ou le parc naturel régional Scarpe-Escaut. Ils présentent des richesses très variées, qu'il s'agisse du patrimoine culturel ou du patrimoine naturel.
La Picardie compte plusieurs forêts notamment situés à l'est de la région : la forêt de Compiègne, la forêt d'Ermenonville, la forêt de Mormal, la forêt de Crécy, la forêt d'Hesdin ou encore la forêt de Saint-Amand-les-Eaux.
Du fait de la diversité des biotopes de la région, la Faune de Picardie présente une grande variété ; la Baie de Somme et la Baie d'Authie héberge une importante colonie de Phoque veau-marin (Phoca vitulina), seul site français où l'espèce est présente en permanence et s'y reproduit. C'est Picardie Nature qui en assure la protection et le suivi depuis plus de dix ans. La population de phoques en Baie de Somme n'est présente que depuis peu, il n'existait qu'une dizaine d'individus sédentarisés dans les années 1980-1990. On peut apercevoir les phoques à marée basse lorsqu'ils se "relaxent" sur les reposoirs.
La province de Picardie fut, du XVe au XVIIe siècle, une marche frontière qui subit les exactions anglo-bourguignonnes, bourguignonne puis espagnoles. Cette situation façonna la mentalité et les traits de caractère des Picards.
Le picard fait partie de l'ensemble linguistique de la langue d’oïl (comme le français) et appartient à la famille des langues gallo-romanes. C’est d’ailleurs à la langue d’oïl que l’on fait référence lorsque l’on parle d’ancien français. Certains linguistes classent le picard dans le sous-groupe septentrional de la langue d'oïl[87].
La langue picarde, telle qu’elle est et a été parlée, est quelque peu différente de ce qu'on appelle « picard » dans l'histoire de la littérature. Dans ce cas, il s’agit d’un ensemble de variétés utilisées à l’écrit (scriptæ) dans le Nord de la France dès avant l’an 1000 et bien sûr marquées par des traits dialectaux picards.
À l'échelle locale, on a conscience de parler picard à Lille dès le XIIIe siècle, dans le Livre Roisin, coutumier lillois rédigé vers 1283, un serment juridique à prononcer sur les reliques explicite : « Et s'il fust aucuns qui devant eschevins plaidast et ne seuist riens dou langage pikart, si doit-il y estre rechus à son sierment faire par le langage que il mius set. »
La Picardie, telle que la concevaient les gens du Moyen Âge, ne renvoyait à aucune entité féodale ou administrative, Fossier souligne d'ailleurs que c'est en vain que l'on peut rechercher une principauté, un comté ou un duché de Picardie[88]. La Picardie représentait un concept ethnique et linguistique. Dans cette « grande Picardie », comme la définit Gossen, se rejoignaient, selon le chroniqueur Jean Froissart, Tournai, Arras, Lille, Douai, Béthune, Saint-Omer, Saint-Quentin, Péronne, Amiens, Corbie ou Abbeville, où le dialecte picard était déjà parlé, formant ainsi une unité linguistique la séparant du normand, du français parisien, du champenois ou du wallon[89].
Il n'est pas possible de définir avec une certitude exacte les délimitations précises du picard à l'époque médiévale, cependant le picard semble bien avoir été parlé à Laon et à Soissons au Moyen Âge[90], Gossen note que le Nouveau dénombrement du Royaume par généralités, élections, paroisses et jeux de Saugrain, publié en 1720, situait encore en Picardie les élections de Beauvais, Compiègne, Senlis, Soissons, Laon, Noyon, Crépy-en-Valois, Clermont et Guise[89].
La Picardie linguistique était très étendue, elle comprenait Lille, Tournai, Valenciennes, Laon, Soissons et Senlis[91]. Mais vers le sud, le dialecte picard fut par la suite refoulé jusque sur les bords de l'Oise[89], et seules les anciennes élections de Clermont, Beauvais, Noyon et Guise figurent encore aujourd'hui en intégralité dans le domaine linguistique picard. Jules Corblet, dans son Glossaire étymologique et comparatif du patois picard, estime que l'idiome picard était compris dans l'ancienne Picardie du XIVe siècle, et qu'il comprenait par conséquent l'Amiénois, le Ponthieu, le Boulonnais, le Vimeu, le Marquenterre, le Santerre, le Vermandois, la Thiérache, le Pays reconquis, le Tournaisis, l'Artois, la Morinie, le Laonnois, le Senlisis, le Soissonnais, le Valois et le Calaisis[43].
L'aire linguistique du picard dépasse de loin les limites de la province de Picardie ; elle réunit outre les trois départements de l'ancienne Picardie administrative, les départements du Pas-de-Calais, en totalité, et du Nord (excepté la région de Cassel) et une partie de la Wallonie (province de Hainaut). Aussi, le Picard était encore parlé jusqu'au début des années 1980 dans le « hameau Picard » de Friedrichsdorf en Allemagne[92].
On a recensé plusieurs coiffes féminines :
Les vêtements féminins se composaient le plus souvent :
Les vêtements du dimanche étaient souvent, pour les femmes, de couleur noire ou sombres à motifs fondus ; les coiffes blanches étaient très simples, ornées ou non de dentelles. Les jeunes filles, en revanche, s'habillaient de couleurs vives.
Les vêtements masculins étaient moins variés :
Le dimanche, les hommes portaient un « capieu » (chapeau) en feutre mou. La « rouillère » était une sorte de blouse large, en toile, en général de couleur bleue. Les hommes étaient chaussés de sabots, de galoches ou de gros souliers ferrés[93].
Le ballon au poing est un sport collectif populaire en Picardie et inscrit en 2012 sur la liste de l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel français. Comme son nom l'indique, le joueur n'utilise pas de raquette pour frapper la balle, mais utilise son poing. C'est un jeu de gagne terrain se disputant sur un terrain, appelé ballodrome, de 65 mètres de longueur sur seulement 12 de largeur.
Très bien implanté en Picardie, le siège de la Fédération française de ballon au poing fondée en 1935 se trouve logiquement à Amiens. Cette fédération qui porte de 1935 à 1972 le nom de Fédération française des ballonnistes regroupe plus de quarante clubs pour environ 2 500 licenciés. L'implantation est exclusivement picarde avec 39 clubs dans la Somme. Un championnat de France se tient toutefois chaque année. La grande finale se dispute traditionnellement à la 15 août sur le ballodrome d'Amiens situé à La Hotoie. La finale de la Coupe de France se tient aussi à La Hotoie en septembre. On organise également des compétitions en salles l'hiver avec un règlement adapté.
La balle à la main est un sport collectif populaire en Picardie et plus particulièrement autour de Corbie et deux communes de l'Oise. Comme le ballon au poing, ce sport est classé depuis 2012 sur la liste de l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel français.
C'est un jeu de gagne-terrain qui se déroule sur un ballodrome de même taille que celui du ballon au poing.La balle à la main est l'ancêtre direct du jeu de paume tel qu'il était pratiqué au Moyen Âge. Ce sport est en voie de disparaître du fait du faible nombre de joueurs.
La balle au tamis est un jeu issu du jeu de paume, entre la longue paume et la balle à la main.
Le but du jeu est de faire écraser au sol le ballon dans le camp adverse, et si celui-ci n'est pas repris à la volée ou au rebond, le point de contact au sol est marqué au sol et fait déplacer le filet, ce qui réduit le terrain adverse.
Ce sport est joué dans le Vimeu, exclusivement à Tours-en-Vimeu.
Le javelot tir sur cible est un jeu individuel, en doublette ou en triplette où le but est de lancer un javelot sur une cible. Le lanceur est positionné sur une planche à 8m de la cible qui fait 160cm[94].
Le jeu est pratiqué dans le Pas-de-Calais autour d'Arras, de Valenciennes, d'Hesdin ou dans la Somme à Albert ou Pont-de-Metz (périphérie d'Amiens).
La longue paume est un jeu de gagne-terrain en 1 contre 1 ou alors en équipe de 2, 4 ou 6.
Ce sport est considéré comme l’ancêtre du tennis dont celui-ci a gardé quelques règles. Le but est de renvoyer la balle tirée par l’adversaire et le plus loin possible dans son camp afin de gagner du terrain. Pour cela, on joue avec une raquette. Il n’y a pas de filet pour délimiter les camps.
Ce jeu est joué essentiellement dans le nord de l’Oise ,dans le centre-est de la Somme et à Beauvois-en-Vermandois dans l’Aisne
La Picardie est une région comportant quelques clubs populaires:
La gastronomie picarde repose sur les quatre principaux produits de ses terroirs : la pomme, le lait, la viande et les fruits de mer. Ces abondants produits constituent la base de nombreuses spécialités régionales.
On peut citer parmi les spécialités locales les plus notables : le gâteau battu, la flamiche aux poireaux, la crème Chantilly, le Haricot de Soissons, le macaron d'Amiens et la tuile d'Amiens[95],[96]. Pour les fromages : le Rollot, le Maroilles et le Dauphin[97]. La région produit également plusieurs bières[96].
Un estaminet est, en Picardie, un petit café populaire servant en général de la bière et proposant aussi du tabac et des jeux traditionnels[98]. Les estaminets font partie du patrimoine culturel de cette région.
La Picardie est parfois surnommée « terre de cathédrales »[99]. L'architecture monumentale de cette région est marquée par l'art gothique, et se traduit notamment par la plus forte concentration de cathédrales au monde[100]. Ces dernières offrent des exemples de gothique primitif à Noyon, Laon et Senlis[101], de gothique classique à Soissons[102], et de gothique flamboyant à Amiens et Beauvais[103],[104].
Nous pouvant aussi cité les diocèses de Tournai, Arras, Cambrai et Thérouanne[57], dont les cathédrales gothiques ont disparu, à l'exception de celle de Tournai pour la partie belge de la Picardie.
La Picardie est aussi une terre de beffrois, comme avec celui d'Arras[105]. En Europe, un beffroi est une tour, propriété communale, le plus souvent, qui symbolisait au Moyen Age, les libertés communales, servait à surveiller les alentours et permettait d'alerter la population en cas de danger, grâce à la présence de cloches.
Hormis Compiègne, on constate une absence de beffrois dans le sud de la Picardie, il faut savoir que tout comme les cathédrales du nord, les beffrois au sud de la région ont été pour la plupart ravagés, on en retrouvait même à Crépy-en-Valois, Senlis, Laon, Noyon ou encore Villers-Cotterêts.
L'architecture de l'habitat traditionnel se caractérise par des maisons longues, en torchis (peintes en blanc près du littoral) s'élevant sur un seul niveau. À cette architecture en torchis s'est substituée une architecture de brique lors de la reconstruction de l'entre-deux-guerres.
Les matériaux peuvent être la mémoire d'une région. Au delà de l'esthétique, ils représentent le "bon sens" des constructions anciennes. Leur structure est liée à des matériaux locaux adaptés aux besoins économiques et aux intempéries. Traditionnellement, les murs des maisons étaient en torchis. Les maisons en briques sont plus récentes et occupent l'est de la Picardie dont les villages ont subi les destructions de la première guerre mondiale[106].
La ferme picarde se caractérise par un aspect original : des bâtiments rangés autour d'une petite cour intérieure, formant un quadrilatère tout à fait clos. La grange, à travers laquelle il faut passer pour pénétrer dans la cour, donne sur la rue. Cette ferme picarde est plus ou moins répandue sur les cinq départements des Hauts-de-France. Albert Demangeon note qu'on la retrouve au Sud à Beauvais et Clermont, au sud-ouest jusque la Bresle, vers l'Est, sa présence s'étend jusque Noyon, Saint-Quentin, Cambrai et Douai. Au Nord, la région minière et industrielle n'en est pas la limite, mais l'interrompt momentanément, car on la retrouve aussi dans le pays Wallon. Au Nord, la ferme picarde apparaît au delà de la Lys, de la Ternoise et de la Canche mais seulement par îlots. Elle est, en revanche, complètement absente dans les Bas-Champs picards. Demangeon note que l'on a aussi retrouvé la ferme picarde plus au Sud, à l'Ouest de Luzarches et à Saint-Martin-du-Tertre en Val-d'Oise, ainsi que dans la vallée de l'Oise, en aval de Compiègne[107].
La maison en pierre à également sa place dans l'architecture picarde, ce type de construction est plus récent, c'est pour l'ensemble les métairies construites à la fin du XIXe et début du XXe siècle. La construction est plus chère qu'une construction en brique cuite. Elle démontre l'augmentation du niveau de vie des paysans au cours du siècle dernier. Les ouvertures sont plus larges, et les pièces plus nombreuses et nettement plus grandes que dans les constructions en pisé ou en brique crue.
En France, on assista au maintien tardif d'un système agricole préindustriel dans lequel le poids des pratiques coutumières, par exemple pour les modes de faire-valoir et de transmission du foncier, s'est manifesté jusque dans l'après-deuxième Guerre mondiale. Cette permanence pèsera tardivement sur la morphologie de l'habitat rural : les effets de la révolution industrielle sur les matériaux et les techniques employés dans le bâti rural ne se généraliseront qu'après la guerre de 1914-18 et, surtout, après la deuxième Guerre mondiale.
L'arrivée des techniques industrielles sera alors brutale et la rupture dans la transmission des savoir-faire traditionnels du bâtiment sera flagrante en France aux alentours de 1950. A cette époque, l'abandon des liants aériens à base de chaux grasse en pâte, de la maçonnerie de terre crue, des appareils en pierre, de la charpente façonnée à la main deviendra quasi général[106].
Nous retrouvons en Picardie de nombreux pignons à couteaux, ainsi que de nombreux bâtiments en rouges barres.
Saint-Nicolas, évêque de Myre fut le saint patron choisi par la nation de Picardie de l'Ancienne université de Paris, ce qui a vraisemblablement étendu le culte de ce saint en Picardie et auprès des picards[108],[109]. Pinchemel cite par ailleurs Saint-Nicolas comme le patron des « waidiers » d'Amiens[110]. En la nation de Picardie, la tribu d'Amiens célébrait aussi le saint Firmin d'Amiens[111].
On retrouve de nombreux édifices dédiés au culte de Saint-Nicolas dans les pays picards, comme la grande église Saint-Nicolas-en-Cité à Arras, et les églises de Cavillon et Ville-le-Marclet dans la Somme.
Le culte de Saint-Nicolas est également visible dans la littérature picarde, comme dans Le Jeu de Saint-Nicolas, de Jehan Bodel, trouvère picard arrageois.
Bien que la célébration de la Saint-Nicolas soit de plus en plus rare en Picardie, elle subsiste encore dans certains pays picards, et notamment en Artois, où chaque années, Saint-Nicolas descend du beffroi d'Arras, cette tradition reste très ancrée dans la culture locale[112]. Les coquilles de Saint-Nicolas sont d'ailleurs fabriqués à Tincques à l'ouest d'Arras[113].
Dans le folklore picard, le géant est une figure gigantesque qui représente un être fictif ou réel. Hérité de rites médiévaux, la tradition veut qu’il soit porté, et qu’il danse dans les rues les jours de carnavals, braderies, kermesses, ducasses et autres fêtes. Sa physionomie et sa taille sont variables, et son appellation varie selon les régions.
Chaque géant a son histoire, les géants naissent, sont baptisés, se marient et ont des enfants comme les humains. Le géant, en tant que représentant des habitants du lieu où il vit, est enraciné dans la tradition et fait partie de la culture populaire.
Les cabotans sont le nom donné aux marionnettes du théâtre de marionnettes Chés Cabotans d'Amiens, ils ont eu un grand succès à Amiens pendant le XIXe siècle et au début du XXe siècle avant de décliner avec la Première Guerre mondiale et l'arrivée du cinéma[114].
Lafleur et sa femme Sandrine parlent en picard et les autres personnages parlent en français. Ce sont des marionnettes en bois (chés tchots conmédiens d'bos) avec des costumes typiques. La devise de Lafleur est « Bien boère, bien matcher et ne rien foère » (Bien boire, bien manger et ne rien faire)[115].
« La Picardie est la terre de nos origines littéraires, écrit Ad. van Bever. La littérature en langue d'oïl, si riche, si diverse, témoigne du plaisir qu'hommes et femmes, quelle que soit leur appartenance sociale, ont ressenti à écouter ces histoires et ces chansons. »[116]
— Chantal Vieuille, Histoire régionale de la littérature en France.
La Picardie a vu naître plusieurs grands auteurs au cours de son Histoire.
La Picardie au Moyen Âge tardif parmi les grandes aires de production musicale. Les musiciens picards se rattachent de près ou de loin à l'école franco-flamande et cultivent plusieurs genres parmi lesquels la messe, le motet, la chanson polyphonique, a capella, la danse instrumentale ou encore la variation[160]. On peut citer plusieurs grands noms de musiciens de la mouvance picarde parmi lesquels Josquin des Prés, originaire du Vermandois et que Jacques Chailley cite comme « l'un des plus grands musiciens de tout les temps » ou Guillaume Dufay, originaire de Cambrai ou Laon, et qui est un des plus importants musiciens de son époque[160]. Gilles Binchois, Jean Mouton, Loyset Compère, Antoine Busnois, Antoine Brumel ou Antoine de Févin sont encore plusieurs noms se rattachant à la production picarde[160].
Les villes picardes révèlent ainsi des compositeurs de renom : Jacob Obrecht, maître de chant à Cambrai, Josquin des Prés, chanoine de Saint-Quentin, Jean Mouton, maître de Chapelle à la cathédrale d'Amiens, et enfin Roland de Lassus, de Mons[161]. Vers 1140, à Beauvais, la jeunesse de la ville compose un drame musical, Le jeu de Daniel, pièce entièrement chantée et jouée aux instruments et que l'on a parfois qualifier de « premier opéra »[160]. Les airs s'y mélangent, on y côtoie aussi bien le style noble apparenté au chant grégorien, que des styles plus enjoués et rythmés, proches du style des trouvères[160].
Le folklore picard comprend, à l'instar d'autres régions, une culture musicale. Le chant Réveillez-vous Picards, composé au XVe siècle près de Beauvais, fait office d'hymne régional[162]. Parmi les autres chants folkloriques originaires de Picardie, on trouve notamment La belle est au Jardin d'amour, et Jésus-Christ s'habille en pauvre. Ce dernier s'est d'ailleurs fait connaître en Angleterre et dans le monde anglo-saxon sous le nom de Picardy[163].
On peut aussi citer Roses of Picardy, une chanson populaire britannique de la Première Guerre mondiale ; celle-ci rend hommage à la flore picarde[164],[165].
Du Moyen Âge, et ce jusqu'au XVIIIe siècle, la Confrérie du Puy Notre-Dame d'Amiens est une confrérie de laïcs présentant chaque année des poèmes en l'honneur de la Vierge Marie qui se voyaient ensuite adaptés en tableau. Plusieurs villes picardes connaîtront de telles assemblées, comme Abbeville, proposant également des puys, dont certains sont exposés au Musée de Cluny[166].
Vers la fin du Moyen Âge, la Picardie se voit aussi représentée au sein du mouvement des Primitifs flamands avec Simon Marmion, peintre originaire d'Amiens. Au XVIe siècle, François Dubois peint le célèbre tableau Le Massacre de la Saint-Barthélémy, illustrant les barbaries du . À l'instar de Jean Calvin, autre Picard, il ira se réfugier à Genève, où il finira ses jours.
La ville de Beauvais offre deux peintres de renoms illustrant le maniérisme du Nord, du XVIe au XVIIe siècle, avec Antoine Caron et Quentin Varin. Caron est une figure majeure du maniérisme du Nord à la française ; la peinture de Varin, maniériste également, s'inspire d'abord de la peinture flamande, puis de la seconde École de Fontainebleau et de la peinture italienne. Au siècle suivant, le peintre Pierre Patel sera un représentant majeur de l'Atticisme en peinture.
Les Frères Le Nain, trio de peintres originaires de Laon au tournant des XVIe au XVIIe siècle, font preuve d'un réalisme très marqué, leurs œuvres illustrant souvent des scènes paysannes appelées bambochades, issues des peintures hollandaise et italienne[167]. Ces trois peintres furent formés par un maître étranger, que l'on suppose flamand[168],[169] ou néerlandais, en raison des traits stylistiques de leurs œuvres, les rapprochant plutôt d'un Frans Hals que du Caravage[170].
Au XVIIIe siècle, les peintres picards s'inscrivent dans le mouvement rococo avec Quentin de La Tour, célèbre portraitiste, surnommé « le prince des pastellistes », en plus de son Autoportrait au jabot de dentelle, il a notamment peint les portraits de personnages illustres comme Rousseau, Voltaire, D'Alembert, de Madame de Pompadour ou d'Isabelle de Charrière.
Parmi les grands noms de la peinture issus de la Picardie, l'on pourrait citer le senlisien Thomas Couture et ses Romains de la décadence, œuvre monumentale exposée au Musée d'Orsay. S'ajoute également le célèbre Henri Matisse, élevé à Bohain-en-Vermandois.
La Picardie est aussi représentée dans la peinture, voici une liste de plusieurs tableaux la représentant :
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