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anarcho-syndicaliste, espion, écrivain (1916-1993) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Ramón Rufat Llop, né à Maella le et mort à Vilanova y la Geltrú le , est un militant anarcho-syndicaliste, agent des services secrets républicains pendant la guerre d'Espagne et combattant anti-franquiste.
Secrétaire-général de le CNT de l'intérieur Vice-secrétaire du Mouvement libertaire |
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Naissance | Maella, Aragon, Espagne |
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Décès |
(à 76 ans) Vilanova i la Geltrú, Catalogne, Espagne |
Pseudonyme |
R2 |
Nationalité | |
Activités | |
Enfant |
Pierre Rufat, Hélène Rufat Perelló |
Organisation | |
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Conflit | |
Mouvement | |
Lieu de détention |
Fils d’un maçon aragonais, sa mère décède de la grippe de 1918 alors qu’il a 20 mois. En 1926, il est envoyé suivre l’enseignement gratuit à Calanda, dans la province de Teruel. Peu de temps avant les élections de , Ramon Rufat rejoint les Jeunesses libertaires.
Lors du soulèvement fasciste, il va à Barcelone en pour rejoindre la colonne Durruti[1] des miliciens de la Confédération nationale du travail (CNT) qui partent libérer Saragosse (Aragon). En , il est l'un des fondateurs de "Los Hijos de la Noche"[2] sur les fronts d'Aragon et de Catalogne[3], un groupe spécial qui devient en 1937 le Service Spécial d'Information Périphérique (SIEP)[4]. Rufat est l'un des 17 membres[5] de ce groupe le plus sélectif des services d'intelligence de la Seconde République espagnole[6].
Entre et , il effectue plus de 50 missions d'incursion derrière les lignes fascistes d'Aragon et de Catalogne[7]. Il recueille des renseignements en se faisant passer pour un officier fasciste, mais en refusant toujours de tuer ou de blesser quiconque[8]. Peu à peu, il constitue et anime un vaste réseau d’agents clandestins, de passeurs et d’exfiltration de militants et de familles coincés en zone fasciste[9]. Ses renseignements ont contribué aux tentatives d’assassinat de Francisco Franco à Salamanque en janvier 1937 puis pendant les obsèques d’Emilio Mola en [10]. Sur le front du Levant, les informations qu’il fournit à l’armée républicaine sont essentielles pour les offensives de Saragosse ( et ), la Bataille de Belchite (), la Bataille de Teruel (), l’Offensive d'Aragon (), puis la Bataille de l'Èbre ()[11].
Sachant la guerre perdue dès l'automne 1938, Rufat refuse pourtant d’abandonner le combat. Il est dénoncé puis capturé par les fascistes alors qu’il traverse le Guadalaviar (Turia) dans la sierra de Albarracín au début de l’offensive de Catalogne le [9].
Le , il est condamné à deux peines de mort, l'une pour "espionnage" et l'autre pour "perversité" en raison de son activité politique[12]. En , la Croix-Rouge de Belgique fournit à l’Espagne un bateau de vivres en échange d’une liste de 100 personnes à gracier. Rufat figure dans le haut de la liste, sa peine est commuée à la prison à vie[13]. Après plusieurs camps de concentration, interrogatoires, tortures et simulacres d'exécution[14], il parvient à falsifier son dossier pénitentiaire et à sortir sous liberté conditionnelle le [15]. Il se rend le jour même au Comité national de la CNT, avec lequel il est resté en contact pendant son incarcération. Il est immédiatement désigné vice-secrétaire du Mouvement libertaire, une structure de coordination qui réunit la Confédération nationale du travail (CNT), la Fédération anarchiste ibérique (FAI) et la Fédération ibérique des jeunesses libertaires (FIJL).
Également chargé de la propagande, il relance les publications clandestines de la résistance intérieure du Mouvement libertaire et de la CNT, en particulier Solidaridad Obrera, Fragua Social, Tierra y Libertad qui avaient été interdits[16]. En , la CNT-ML (intérieur) tient clandestinement son congrès national à Carabaña (environs de Madrid) avec de nombreux délégués régionaux et réaffirme la ligne d'union antifasciste[17]. Cela se traduit par sa participation à l’Alliance Nationale des Forces Démocratiques (ANFD) et la désignation de Horacio Prieto et de José Expósito Leiva comme représentants de la CNT au gouvernement républicain en exil de José Giral[18]. C’est « l’âge d’or » de la résistance anarchiste au franquisme, avec une large diffusion de la presse clandestine en régions, les premières grandes grèves en 1945 à Barcelone puis en Biscaye, les premières manifestations, puis la reprise de la guérilla urbaine, notamment avec des attaques de banques[19].
Après l'arrestation de Siegfried Catalán, il devient secrétaire général de la CNT[20]. Il poursuit la lutte révolutionnaire dans la clandestinité[21] jusqu'à son arrestation en même temps que la majeure partie du neuvième Comité national le à Madrid par la Brigade politico-sociale franquiste[22].
Rufat est condamné par le conseil de guerre du à 20 ans de prison[23]. Interrogé et torturé à Madrid, il est ensuite incarcéré dans les prisons d'Alcalá de Henares, Ocaña, puis 11 ans à El Dueso. Jusqu'à sept comités nationaux de la CNT se retrouveront simultanément à la prison d’Ocaña. La résistance anarchiste continue de s’organiser de l’intérieur des prisons franquistes. Obtenant la liberté provisoire en 1958, 20 ans après son arrestation en 1938, il s'échappe pour recommencer une nouvelle vie en France.
En France, il travaille pour l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) du Ministère des Affaires étrangères[24]. Il participe à la création des revues Polémica[25] et Anthropos[26] et publie dans de nombreuses autres revues en français et en espagnol. De retour à Barcelone en 1976, après la mort de Franco, il découvre que, selon les archives, il aurait été fusillé à deux reprises en 1938 et en 1940. Il a alors bien du mal à faire reconnaître aux nouvelles institutions démocratiques que, malgré ses activités clandestines, il est toujours en vie[27]. Ce qui le conduit à consacrer la fin de sa vie à écrire « l’histoire des vaincus »[9], notamment en collaborant à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) de l’Université de Nanterre[28]. Beaucoup de ses manuscrits, textes et mémoires restent non publiés bien qu'il ait remporté le premier prix Juan García Durán en 1986[29].
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