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Le Printemps berbère (en Tamazight : Tafsut Imaziɣen) désigne l'ensemble des manifestations se tenant le en Kabylie et à Alger. Les revendications en sont la reconnaissance de l'identité berbère, notamment à travers l'officialisation de la langue amazighe en Algérie. Il s'agit du premier mouvement populaire d'opposition aux autorités depuis l'indépendance du pays en 1962.
Face à l'ampleur des manifestations, le gouvernement décide d'employer la force. La répression du printemps berbère mène ainsi à des milliers d'arrestations et à de nombreux morts.
Depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, l'arabe succède au français comme langue officielle. La politique linguistique algérienne se traduit par une arabisation massive de l'administration et de l'enseignement. C'est dans ce contexte que naissent les revendications culturelles amazigh, considérant que les langues berbères sont mises à l'écart par l'État, notamment en Kabylie, où se trouve la plus importante concentration de berbérophones.
En décembre 1979, la décision du gouvernement de renforcer l'arabisation de l'école, au détriment des langues berbères, alimente encore davantage les revendications et contribue à leur intensification jusqu'à l'éclatement du printemps berbère[1].
Le déclenchement des manifestations vient de l'annulation, décidée par le wali de Tizi Ouzou, d'une conférence sur la poésie kabyle ancienne censée être donnée en avril 1980 par Mouloud Mammeri à l'Université de Tizi Ouzou. Cette décision des autorités est largement rejetée par les étudiants et la population kabyle. Des manifestations éclatent alors le 20 avril à Alger et en Kabylie[2].
Le mouvement berbère en faveur des 26 détenus se poursuit jusqu'à leur libération au mois de juin. Il tient ensuite des assises au mois d'août lors du Séminaire de Yakouren et décide de capitaliser l'avancée de ses idées dans le corps social en multipliant les activités de terrain par la voie pacifique[3].
Dès la rentrée universitaire d', chaque campus universitaire du centre du pays se dote d'un collectif culturel chargé de la promotion des activités culturelles berbères en milieu universitaire. En janvier 1981, de nombreux lycées suivent. Théâtre, chansons engagées foisonnent et expriment un bouillonnement inattendu chez les descendants de « l'Éternel Jugurtha ». Mais c'est le succès considérable des « cours sauvages de berbère » animés par Salem Chaker à la faculté centrale d'Alger et par Mustapha Benkhemou à l'université de Bab Ezzouar et dans les Instituts de Boumerdès qui pousse les autorités algériennes à intervenir. Une grossière provocation policière est le prétexte à l'arrestation de 22 étudiants dont 3 récidivistes (Arezki Ait Larbi, Mustapha Bacha et Salah Boukrif), ainsi que Mustapha Benkhemou et Abderrezzak Hamouda (le fils du colonel Si El Haoues) de M'chounech dans les Aurès.
À Béjaia un grand soulèvement commence à partir du , autour de la revendication amazigh à laquelle s'ajoute la dénonciation du détournement du projet d'université vers une autre wilaya. La répression est féroce : des dizaines de jeunes — essentiellement des lycéens — sont arrêtés. Figurent aussi parmi les personnes arrêtées trois étudiants de Tizi-Ouzou et anciens détenus de Berrouaghia (parmi les 27) : Tari Aziz, Idriss Lamari et Djamel Zenati.
Politiquement, le Printemps berbère est le premier mouvement populaire spontané. Il ouvre la voie à une remise en cause du régime algérien. Ces émeutes préfigurent celles de Constantine en 1986 et d'Alger en 1988.
Sur le plan social, le mouvement traduit l'émergence d'une génération d'intellectuels engagés dans le combat démocratique (Tahar Djaout, Ferhat Mehenni…).
Sur le plan culturel, le Printemps berbère brise le tabou linguistique et culturel : il est la traduction d'une remise en cause de l'arabisation intensive de l'administration au détriment du berbère. Cette prise de conscience identitaire a également touché le Maroc voisin, où ces événements sont commémorés chaque année par les étudiants berbérophones.
Naissance du Mouvement culturel berbère et naissance de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme.
Le printemps berbère a été l'objet de nombreuses études et a renforcé l'intérêt pour la recherche sur la culture berbère[4].
Après le Printemps noir en 2001, le président Abdelaziz Bouteflika annonce que le tamazight devient une « langue nationale en Algérie » après une modification de la Constitution et l'ajout de l'article 3bis en 2002. Le Premier ministre algérien d'origine berbère (chaoui) et quelques députés ont même prononcé une partie de leurs discours en tamazight. Depuis 1995, un haut commissariat à l'amazighité (HCA) existe, créé avec pour mission de soutenir académiquement et administrativement l'enseignement de tamazight. Un établissement critiqué pour son immobilisme par les dirigeants du mouvement berbère. La télévision publique diffuse, depuis 20 ans, un journal télévisé en langue amazighe à 19 h, copie conforme de l'édition arabophone du JT protocolaire de 20 h. Depuis ces deux dernières années, la langue tamazight est étudiée dans les établissements scolaires primaires et secondaires, et sera même en examen de BAC dans la Kabylie. Une chaîne de télévision a été lancée, dans la foulée de l'élection présidentielle d', débouchant sur la reconduction d'Abdelaziz Bouteflika. Son audience est inconnue jusque-là.
Le , une grande avancée eut lieu. Le directeur de cabinet d'Abdelazziz Bouteflika annonce lors d'une conférence que le tamazight sera reconnu en tant que langue officielle et nationale via un décret présidentiel qui sera présenté au parlement au cours de l'année[5], modifiant ainsi la constitution.
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