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jouet traditionnel russe, série de poupées de tailles décroissantes placées les unes à l'intérieur des autres De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les poupées russes ou matriochkas (en russe матрёшка, matriochka, au pluriel матрёшки, matriochki) sont des séries de poupées de tailles décroissantes placées les unes à l'intérieur des autres. Le mot matriochka est dérivé du prénom féminin Matriona, traditionnellement associé à une femme russe de la campagne, robuste et aux formes généreuses, prénom de même étymologie que мать (« mère ») et матрона (« matrone »). On parle aussi parfois de poupée gigogne, en référence à la marionnette de la Mère Gigogne, qui représente une grande et forte femme entourée d'enfants.
Une poupée russe est une figurine creuse en bois et façonnée au tour, qui s'ouvre en deux horizontalement, révélant ainsi à l'intérieur une figurine similaire de taille plus petite. Cette seconde figurine renferme elle-même une autre figurine, et ainsi de suite. Une série comporte le plus souvent 5, 7 ou 10 poupées mais peut aller pour les grands modèles jusqu'à 64.
Les plus prisées sont fabriquées en tilleul mais la plupart sont en bouleau. Elles sont presque exclusivement tournées, de forme ovale épaulée, arrondie vers le haut pour la tête et fuselée vers le bas. Elles ne possèdent pas de mains, exceptées celles qui sont peintes.
La beauté de l'objet réside dans les peintures de chaque poupée, qui peuvent être extrêmement élaborées. Une série de poupées russes suit souvent un thème particulier. Il peut s'agir par exemple de jeunes paysannes en robes traditionnelles, mais le choix du thème reste très libre, les poupées pouvant représenter des personnages de contes de fée tout comme des dirigeants soviétiques voire d'autres pays.
La poupée la plus grande est traditionnellement une femme vêtue d'un sarafan (robe traditionnelle russe) et tenant un nid. Les autres poupées peuvent être des deux sexes, la plus petite étant habituellement un bébé qui ne s'ouvre pas. On offrait jadis ces poupées lors des noces comme symboles de prospérité et d'une nombreuse descendance, mais la tradition est récente, car elles ne sont pas attestées avant la fin du XIXe siècle.
Le « père » des matriochkas est Sergueï Malioutine, artisan populaire œuvrant sur le domaine d'Abramtsevo appartenant à l'industriel et mécène russe Savva Mamontov. Malioutine s'est inspiré d'une série de poupées de bois japonaises représentant les Shichi-fuku-jin : « Sept Divinités du Bonheur ». La plus grande poupée représentait Fukurokuju, un dieu chauve à l'air heureux et au front particulièrement haut, et à l'intérieur étaient emboîtées les six autres divinités. Malioutine dessina le croquis d'une version russe de ces poupées-gigognes, qui fut sculptée par Vassili Zvezdotchkine dans une boutique de jouets de Serguiev Possad et peinte par Serguei Malioutine, puis vendue chez Anatoli Mamontov à Moscou. Cette première série comptait huit poupées : la plus grande était une fille portant un tablier, et les autres alternaient ensuite un garçon et une fille, pour finir avec un bébé. En 1900, Maria Alexandrovna Mamontova, épouse d'Anatoli Mamontov, présenta ces poupées à l'Exposition universelle de Paris et elles remportèrent une médaille de bronze[1]. Peu de temps après, de nombreuses autres régions de la Russie se mirent à élaborer divers styles de matriochkas. On distingue aujourd'hui plusieurs régions possédant un style notable : Serguiev Possad, Semionovo, Polkholvsky Maidan et Kirov[2].
Selon l’agence de presse Novosti[3], « on aurait conservé la première matriochka, façonnée au début du XXe siècle : une paysanne tenant un coq. La poupée « mère » fut appelée « matriona » et ses « filles » reçurent le diminutif de « matriochka ». Le coq était jadis un symbole de fécondité, en Russie et dans toute l’Europe, notamment en France : gage de prospérité et de fécondité, son effigie caracole en girouette sur les clochers. » Toutefois le concept d'objets emboîtés était déjà présent en Russie à la fin du XIXe siècle, pour les œufs de Pâques : on peut notamment citer le premier œuf de Fabergé, datant de 1885, qui renfermait un jaune, contenant une poule, renfermant à son tour un pendentif de rubis et une réplique miniature de la couronne impériale.
Pendant la Perestroïka, les matriochkas représentant les dirigeants de l'Union des républiques socialistes soviétiques devinrent une variété courante. Les poupées représentaient, par ordre croissant ou décroissant, Mikhaïl Gorbatchev, Léonid Brejnev, Nikita Khrouchtchev, Staline et Lénine. Iouri Andropov et Konstantin Tchernenko n'apparaissent presque jamais à cause de la brièveté de leurs mandats. Des versions plus récentes commencent avec Vladimir Poutine puis continuent avec Boris Eltsine, Gorbatchev, Brejnev, Khrouchtchev, Staline et Lénine.
Les matriochkas sont utilisées métaphoriquement comme exemple-type de conception dans ce qu'on appelle le principe des poupées russes. On parle de ce principe lorsqu'on observe une relation de type « objet à l'intérieur d'un objet similaire », que l'on retrouve aussi bien dans la nature que dans des objets créés par l'homme. On peut citer entre autres le matrioshka brain, une mégastructure fondée sur la sphère de Dyson.
Cette métaphore se rapproche de celle de l'oignon. Lorsqu'on épluche la couche extérieure de l'oignon, on trouve un oignon semblable à l'intérieur. Ce genre de structure est par exemple employée par les stylistes.
L'expression est utilisée par François Jacob pour décrire le principe majeur de l'organisation de la matière, quand il énonce que « c’est par l’intégration que change la qualité des choses[4]. »
Les poupées matriochka sont une représentation traditionnelle de la mère portant un enfant à l'intérieur d'elle et peuvent être perçues comme une représentation d'une chaîne de mères perpétuant l'héritage familial à travers l'enfant dans leur ventre. De plus, les poupées matriochka sont utilisées pour illustrer l'unité du corps, de l'âme, de l'esprit, du cœur et de l'esprit[5],[6],[7].
Dans le domaine de l'informatique, la représentation de la poupée russe est similaire à la notion de fonction récursive :
Parfois, pour résoudre un problème informatique, une solution rapide et efficace est de résoudre une petite portion du problème, puis de dire qu'on va appliquer « le même raisonnement sur le reste du problème ».
Exemple : Pour déterminer quel est le plus jeune élève, dans une classe de 30 élèves, on pourrait écrire un programme qui fait chaque comparaison une à une, 30 fois d'affilée — un calcul qui serait linéaire.
Ou alors, on peut choisir une méthode récursive (en « poupée russe »). Le programme se résumera alors à deux instructions :
Ce programme est « récursif » car l'instruction 2 va relancer un calcul identique, mais sur un plus petit nombre d'élèves (ici, 29 élèves), et ainsi de suite. On a imbriqué un problème plus petit pour résoudre le « grand » problème.
Les poupées russes sont également un symbole de la Russie dans la culture populaire.
Depuis le conflit en Ukraine commencé en 2014, une image de poupée russe aux dents de vampire, symbolisant la Russie, est utilisée en Ukraine sur les dépliants, autocollants et affiches de la campagne « N'achète pas russe ! ». Après le début de la crise de Crimée et la rumeur d'intervention militaire russe en Ukraine en 2014, on a ajouté aux images de poupée russe une arme et un treillis.[réf. nécessaire]
En 2020, le Consortium Unicode a approuvé la poupée matriochka (🪆) comme l'un des nouveaux caractères emoji dans la version 13[8]. L'émoji de la poupée matriochka, ou poupée gigogne, a été présenté au consortium par Jef Gray[9],[10], en tant que symbole non religieux et apolitique de la culture russo-européenne de l'Est et de l'Extrême-Orient[11].
Le plus grand ensemble de poupées matriochka au monde est un ensemble de 51 pièces peintes à la main par Youlia Bereznitskaia de Russie, achevé en 2003. La poupée la plus grande de l'ensemble mesure 53,97 centimètres ; la plus petite mesure 0,31 centimètres. Côte à côte, les poupées s'étendent sur 3,41 mètres[12].
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