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La culture populaire, parfois abrégée en « pop culture », représente une forme de culture dont la principale caractéristique est d'être produite et appréciée par le plus grand nombre, à l'opposé d'une culture élitiste ou avant-gardiste qui ne toucherait qu'une partie aisée et/ou instruite de la population[1]. Elle ne doit pas être confondue avec la culture de masse ou la culture médiatique.

La culture populaire est l'objet d'un grand nombre d'études, notamment dans le cadre des Cultural Studies, mais bien que le sujet soit abondamment étudié et décrit, il n'existe pas de définition qui fasse l'unanimité au sein de la communauté scientifique[2]. La culture populaire se définit souvent indirectement, par opposition à d'autres formes de cultures.

On peut également mentionner que la culture populaire, contrairement à une forme de culture jugée plus élitiste, se veut accessible à tous et, même si elle ne se prive pas pour autant de références plus ou moins explicites à de nombreuses autres œuvres (courant dans les émissions et séries télévisées, par exemple), elle demeure compréhensible et appréciable à plusieurs niveaux sans nécessairement exiger des connaissances culturelles approfondies au préalable.

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Historique

La culture populaire dans le monde antique

La culture populaire dans le monde antique est souvent associée à l'expression latine panem et circenses Du pain et des jeux »). Les combats de gladiateurs, les affrontements entre bêtes féroces, les courses de chars et de chevaux, les représentations théâtrales apparaissent comme la préfiguration de la notion de culture populaire fabriquée par l'élite dans un but de distraction et surtout de régulation sociale[3].

La culture populaire dans le monde rural européen

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Les géants de Catalogne.

Les traditions populaires du monde rural ont été généralement décrites sous le terme de folklore, terme savant à l'origine, passé depuis dans le langage courant avec une forte connotation de mépris ou de dévalorisation. C'est ainsi que les musées qui remettent cette culture à l'honneur parlent généralement de « traditions populaires » et guère de « folklore ».

L'année est rythmée par le calendrier rural, en particulier les moissons. Les grands évènements sont les foires, les fêtes religieuses et les mariages. Au quotidien, les veillées sont le lieu de transmission d'une culture orale de contes et légendes.

Ces contes et mythes populaires seront collectés et transcrits dans toute l'Europe et notamment par :

L'industrialisation

À partir du XVIIIe siècle, l'industrialisation des pays occidentaux amène la naissance d'une culture ouvrière dont la solidarité est une forte composante. Certains loisirs sont encouragés par le paternalisme de l'époque : sports, colombophilie, jardins ouvriers et fanfares, afin de détourner l'ouvrier de la fréquentation du bistrot. Le syndicalisme se développe, entrant parfois en opposition avec des traditions religieuses toujours fortes.

L'industrialisation est également l'occasion d'un brassage de cultures, dû à des flux migratoires vers les régions industrielles demandant de la main-d'œuvre, ainsi qu'au développement des chemins de fer.

L'alphabétisation

Au cours du XIXe siècle, la plupart des pays occidentaux s'engagent dans l'alphabétisation de la population. Elle se généralise un peu plus tôt dans les pays de religion protestante, où chacun doit être capable de lire la Bible.

En France, en 1881-1882, les lois Ferry instituent l'école gratuite et l'instruction obligatoire, qui permettra l'accès de tous à la culture écrite. L'école institue également le français comme langue unique, interdisant l'usage des langues régionales.

Les mouvements d'éducation populaire prennent leur essor, militant pour une diffusion de la connaissance au plus grand nombre afin de permettre à chacun de s'épanouir et de trouver la place de citoyen qui lui revient.

La culture de masse

Au début du XXe siècle, les droits aux congés payés sont acquis en Allemagne, puis en France et en Belgique, permettant à une part croissante de la population de partir en vacances.

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, en négociant l'annulation de la dette française envers les États-Unis, Léon Blum doit accepter, dans les accords Blum-Byrnes de , que les films hollywoodiens puissent être projetés dans les salles de cinéma françaises. Il s'ensuit une diffusion de l'American Way of Life, qui participe à une certaine forme de développement de la culture de masse de la culture américaine.

Le développement massif de la culture de masse aux États-Unis, et ce qu'on a appelé « l'américanisation » du monde dans les années 1930, va amener de nombreux intellectuels et sociologues à se pencher sur l'influence de la culture de masse sur nos modes de vie.

Pour autant l'expression de « culture de masse » revêt, au même titre que celle de « culture populaire » une connotation trop souvent péjorative aux yeux de certains.

Ainsi serait-elle assimilée, de façon plus ou moins implicite, à une forme de culture « facile », américanisée[4], régie par de grandes multinationales, surmédiatisée et globalement inférieure à la « vraie culture », plus difficile d'accès. Les avocats de cette culture tiennent pour argument que cette dévalorisation qualitative est relativement peu justifiable, bien qu'omniprésente, lorsque l'on sait que de nombreux artistes tels que Elvis Presley ou les Beatles peuvent tout à fait être rattachés à une forme de culture de masse, quand on connaît l'importance de leur médiatisation à leurs époques respectives : cette médiatisation n'a pour autant jamais nui à la qualité artistique de leurs productions, pas plus qu'elle ne les a empêchés d'être reconnus, avec le temps, comme de grands artistes. Ainsi, la qualité des œuvres culturelles ne dépendrait donc en rien de leur accessibilité auprès du public.

Cet argument n'est cependant tenable qu'à condition de tenir ces musiciens pour des musiciens de qualité, ce qui exige un gage d'objectivité. Or, c'est bien trop souvent les mêmes partisans de cette culture qui la jugent. Elvis Presley et les Beatles peuvent tout aussi bien être considérés sous un autre angle, selon lequel ils seraient les premiers véritables produits de masse dont la popularité repose moins sur leurs qualités que sur leur image.

Néanmoins, l'opposition d'une culture dite « basse » à une véritable culture est tout aussi absurde. Car là encore, ce sont ceux qui revendiquent leur culture comme supérieure qui la jugent telle.

La médiation culturelle

En France, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Gouvernement essaye de redonner un intérêt à l'art et à la culture. En 1959, André Malraux, alors devenu le tout premier ministre de la culture sous la présidence de Charles de Gaulle, lance la création des Maisons de la Culture afin de valoriser l'art et la culture dans toutes les provinces françaises et plus seulement en région parisienne. Il veut donner un intérêt à l'art en province. Cependant, il ne valorise pas l'apprentissage de la culture à l'école. Pour Malraux, il suffit de placer les gens face à une œuvre d'art pour qu'il la comprennent. Il y a donc deux approches de la culture selon lui : une sensible (où on apprécie l'art tel qu'il est sans l'analyser ou sans le comprendre) et une intellectuelle (où des médiateurs essayent de faire aimer l'art au plus grand nombre).

Dans les années 1970, le Gouvernement français se rend compte que l'ouverture de structures ne suffit pas à la démocratisation de la culture. Il emploie alors des animateurs culturels[5] afin de favoriser le lien entre la population et l'art et afin de regrouper différentes classes sociales. C'est un processus difficile à mettre en place puisque que les plus riches stigmatisent les plus pauvres et ne veulent pas être mélangés avec eux. La démocratisation de la culture pour toutes les classes sociales est donc très compliquée à mettre en place pour des raisons sociales. À la fin des années 1970, des émeutes éclatent dans les cités.

Bourdieu va alors intervenir. Selon lui, il faut rendre accessible les grandes œuvres d'art au plus grand nombre. Il va scinder la notion de culture en deux sens différents : la culture anthropologique et la culture cultivée.

La culture anthropologique définit la culture comme étant personnelle à chaque individu, elle est donc différente d'une personne à une autre. Elle ne sert qu'à conforter les individus dans leur propre culture sans les cultiver davantage.

La culture « cultivée » (souvent dite « élitiste » car elle crée des barrières sociales à cause de l'absence d’ascenseur social dans les banlieues : on ne s'approche pas de l'art si on n'y a pas été éduqué).

En 1981, lorsque François Mitterrand arrive à la présidence de la France, il fait de la culture un des piliers de son programme, il augmente le budget alloué à la culture par l’État et nomme Jack Lang au ministère de la culture.

Ce dernier va améliorer les décisions prises par Malraux durant son mandat. En effet, il va apporter son soutien aux arts contemporains, aux arts plastiques, aux Cités de la musique (il créera d'ailleurs la Fête de la musique en 1982), il apporte également son soutien aux artistes en essayant de leur donner une certaine notoriété. Il y a donc une véritable ouverture vers des arts jusqu'alors jugés illégitimes.

Jack Lang crée également les Fonds régionaux d'art contemporain (FRAC), en 1982, afin de décentraliser l'art en France et de le rendre accessible à toutes les régions françaises.

Malheureusement, la médiation culturelle connaît un recul. En effet, de plus en plus d'artistes deviennent directeurs d'institutions de l’État (théâtres, cinémas…). Il y a donc médiation par l'artiste lui-même qui transforme donc la médiation en spectacularisation[6] et ne parle que de ce qu'il connaît (son art) à des gens qui ont déjà une certaine culture artistique.

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Domaines culturels

Musique

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Rouget de Lisle chantant La Marseillaise, lithographie de Wentzel.

La lithographie de Wentzel dépeint Rouget de Lisle en train de chanter La Marseillaise, tandis que l'éventail musical se déploie au-delà de ce moment historique pour embrasser une diversité de genres. Les chants régionaux, tels que le Kan ha diskan ou la polyphonie corse, illustrent les traditions locales, tout comme les hymnes nationaux et les marches populaires qui accompagnent les grands moments collectifs. Les comptines, souvent chantées d'une génération à l'autre, apportent une touche ludique et éducative, tandis que la musique traditionnelle, le folk et la danse traditionnelle perpétuent les racines culturelles. Au-delà, la pop, la variété et la musette dessinent le paysage de la musique contemporaine et populaire, suivies par les genres plus modernes comme le jazz, le rock, le blues, et le rhythm and blues. Le reggae, avec ses rythmes envoûtants, et le rap, avec son expression rythmique et poétique, complètent ce panorama riche et varié.

Tradition orale

Les contes et légendes, ainsi que les proverbes, jouent un rôle essentiel dans la transmission de la culture et des traditions. En France, la diversité linguistique est particulièrement riche avec la présence de nombreuses langues régionales telles que l'alsacien, le basque, le breton, le catalan, le corse, le flamand et l'occitan. Chacune de ces langues contribue à préserver un patrimoine culturel unique et à enrichir le tissu social du pays.

Littérature

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Don Quichotte, image d'Épinal.

La littérature populaire, également appelée paralittérature[7], englobe diverses formes d'écrits destinés à un large public. Parmi ses principales manifestations, on retrouve le roman populaire et les romans-feuilletons, souvent publiés en série dans des journaux ou des magazines, ainsi que la littérature de gare, caractérisée par des ouvrages accessibles et divertissants vendus dans les gares et autres lieux de passage. La romance, qui explore principalement les relations amoureuses, fait aussi partie intégrante de cette catégorie. Les pulps, des magazines bon marché diffusant des histoires sensationnelles, occupent une place importante dans cette tradition. La science-fiction et le fantastique, avec leurs mondes imaginaires et leurs récits spéculatifs, sont également des genres prédominants de la paralittérature. Enfin, la fanfiction, où des amateurs créent des histoires à partir d'univers existants, complète ce panorama de la littérature populaire.

Arts visuels

Les arts visuels incluent une variété d'expressions culturelles et festives telles que la kermesse, le guignol, et le théâtre. Le cinéma, notamment le cinéma de genre, occupe une place importante, tout comme l'animation, qui englobe les images de synthèse et les dessins animés. Des spectacles populaires comme le cirque et le catch apportent également une dimension divertissante. Les événements festifs tels que les fêtes foraines, le Fest-Noz, et la Fête de la musique rassemblent des communautés autour de la culture et du divertissement.

Jeux

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Exemples de sports : escrime, athlétisme, rugby à XV et cyclisme.

Jeux vidéo

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Capture animée du jeu Prince of Persia, typique du jeu de plate-forme en 2D avec des pièges à éviter et des ennemis à éliminer.

Art

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Graffiti historique de Gavrilo Princip à Belgrade (Serbie).

Artisanat

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Séance photographique du modèle : Lisa Trent, en .

Nouvelles technologies

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Critiques de la notion

Le problème de définition du populaire

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William Hogarth, An Election Entertainment (v. 1755). Représentation satirique dans le style rococo d'un banquet d'élection.

À l'heure de la démocratie établie, le « populaire » se définit difficilement : ce qui serait dit « populaire » se définirait par sa capacité à toucher tout le monde à l'exception de ceux qui en font un rejet (conservateurs d'(ancien) ordre élitiste établi, marginaux, etc.). D'où vient cette difficulté : de plus en plus, au XIXe siècle et au XXe siècle, la culture d'un pays ne se définit plus en fonction de sa culture officielle (celle des élites et des dirigeants) mais grâce aux différentes productions culturelles reconnues et aux mœurs ancestrales ou nouvelles connues.

Selon Pierre Bourdieu :

« Le culte de la culture populaire n'est, bien souvent, qu'une inversion verbale et sans effet, donc faussement révolutionnaire, du racisme de classe qui réduit les pratiques populaires à la barbarie ou à la vulgarité : comme certaines célébrations de la féminité ne font que renforcer la domination masculine, cette manière en définitive très confortable de respecter le « peuple », qui, sous l'apparence de l'exalter, contribue à l'enfermer ou à l'enfoncer dans ce qu'il est en convertissant la privation en choix ou en accomplissement électif, procure tous les profits d'une ostentation de générosité subversive et paradoxale, tout en laissant les choses en l'état, les uns avec leur culture ou leur (langue) réellement cultivée et capable d'absorber sa propre subversion distinguée, les autres avec leur culture ou leur langue dépourvues de toute valeur sociale ou sujettes à de brutales dévaluations que l'on réhabilite fictivement par un simple faux en écriture théorique. »

 Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes, Seuil, 1997.

Études dans le champ de l'industrie culturelle

Les sciences de l'information et de la communication ont mis en évidence le faux débat démagogique entre culture populaire et art savant instauré par les médias et les grands groupes de communication. La confusion entre « arts et traditions populaires » et « culture populaire industrialisée » pollue ce débat. Theodor W. Adorno a ébauché une critique dans son essai traduit en français par « La Production industrielle de biens culturels » (« Kulturindustrie ») dans La Dialectique de la raison. Il a aussi problématisé une coupure esthétique entre musique populaire (liée à l'industrie du disque) et musique savante[Note 1].

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Sociologie des cultures populaires

Les sociologues Claude Grignon et Jean-Claude Passeron notent l'ambivalence des intellectuels face aux cultures populaires (lecture populiste célébrant l'authenticité des goûts du peuple par opposition aux faux-semblants des pratiques cultivées, lecture misérabiliste propre à la théorie de la légitimité culturelle) : « de même que les cécités sociologiques du relativisme culturel appliqué aux cultures populaires encouragent le populisme, pour qui le sens des pratiques populaires s'accomplit intégralement dans le bonheur monadique de l'autosuffisance symbolique, de même la théorie de la légitimité culturelle risque toujours, par sa systématicité énonciative, de conduire au légitimiste qui, en sa forme extrême du misérabilisme n’a plus qu’à décompter d’un air navré toutes les différences comme autant de manques, toutes les altérités comme autant de moindre-être – que ce soit sur le ton de l’élitisme ou sur celui du paternalisme[8] ».

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Notes et références

Voir aussi

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